3 ème PARTIE : CONCLUSION & PROSPECTIVES
I. I NTEGRATION DE N OUVEAUX M ATERIAUX
humains dans l’équipe mais aussi continuer à collaborer avec d’autres équipes de recherche aussi bien en interne au LAAS qu’à l’extérieur. En effet, il est important de réunir, dans le cadre de ce type de projet très pluridisciplinaire, toutes les compétences nécessaires au développement de ces nouveaux micro/nanosystèmes.
I. I
NTEGRATION DEN
OUVEAUXM
ATERIAUXDans cette perspective, nous envisageons de travailler d’une part, à court terme, dans la continuité d’une étude déjà commencée, qui consiste à maitriser l’intégration de différentes couches sensibles avec des matériaux innovants par des techniques (comme le jet d’encre) qui permettent un très bon contrôle de leur positionnement et de leur morphologie.
D’autre part, à plus long terme, nous prévoyons de travailler sur le développement de nouveaux matériaux sensibles nanostructurés parfaitement contrôlés (structure, état de surface, taille, positionnement, reproductibilité). Ces deux approches se baseront sur des collaborations existantes mais aussi sur de nouvelles collaborations notamment en interne au laboratoire.
I.1. Intégration des Matériaux sensibles
Dans le cadre de la thèse de P. Yoboue, nous avons démarré une étude sur l’intégration de ZnO nanoparticulaire commercial par la technique du jet d’encre avec une machine automatique permettant un bon contrôle du dépôt et de sa morphologie. Cette étude préliminaire n’a été réalisée que sur des structures de test comprenant une couche d’oxyde de silicium et des électrodes interdigitées en Ti/Pt. Cela correspondait en fait à la face supérieure de nos capteurs de gaz mais sans résistance chauffante et sans membrane.Il est donc nécessaire de poursuivre cette étude en montrant qu’il est possible de réaliser ces dépôts sur substrat de silicium de 4 voire 6 pouces (à grande échelle) de manière reproductible sur nos capteurs à membrane tout en conservant les mêmes caractéristiques. En effet, la température de substrat étant un facteur important, nous devrons mettre en place une procédure spécifique qui tient compte de la structure complète du capteur. Le fait de réaliser ces dépôts avant découpe, collage et montage des capteurs en boitier peut s’avérer être un verrou non négligeable à lever aussi bien pour la reproductibilité que pour la sensibilité des capteurs (notion de pollution et/ou de détérioration de la couche sensible à éviter au cours du procédé de fabrication et d’assemblage).
Une fois optimisée, la technique du jet d’encre pourra être utilisée pour réaliser des dépôts de différents matériaux sensibles sur des plateformes chauffantes multi‐cellules et réaliser ainsi de manière parfaitement contrôlée, un microsystème de détection sélectif ou encore « nez électronique intégré » puisque l’on pourrait également imaginer pouvoir déposer successivement des matériaux sensibles et des matériaux poreux agissant comme filtres catalytiques. Une étude systématique sera malgré tout nécessaire pour chacune des encres développées en essayant d’optimiser les paramètres de dépôt en fonction des morphologies visées et des performances de détection à atteindre. Cette approche pourra sans nul doute être proposée aux entreprises partenaires intéressées pour une éventuelle industrialisation avec une étude spécifique à chaque application.
I.2. Couches sensibles Nanostructurées
Actuellement, en collaboration avec les chimistes du LCC, nous avons utilisés comme matériau sensible au gaz, des nanoparticules et des nanobâtonnets de SnO2 (et de ZnO) comme nous pouvons le voir sur la Figure 73.
FIGURE 73 : DIFFERENTES NANOSTRUCTURES D’OXYDES METALLIQUES SYNTHETISEES AU LCC : A) NANOPARTICULES SPHERIQUES DE
SNO2, B) NANODOTS DE ZNO, C) NANOBATONNETS DE ZNO, D) NANOFILS DE ZNO.
Ces matériaux sont actuellement synthétisés et déposés au LCC sur nos plateformes chauffantes. Une étude, déjà initiée, permettra de montrer que la sensibilité et la sélectivité de ces matériaux sont étroitement liées à leur morphologie et qu’il est donc possible de réaliser des capteurs de gaz différents à partir d’un même matériau de base. L’étude sur l’intégration par la technique du jet d’encre est bien entendu associée à ce travail pour bien contrôler les dépôts.
b) c) d)
Par ailleurs, nous avons très récemment dans la littérature que les matériaux dits « composites » (association de deux ou plusieurs oxydes métalliques, ou encore d’oxydes métalliques avec des alliages de type Ferrites) pouvaient être extrêmement intéressants pour la détection de gaz. Ces matériaux pour la plupart obtenus en couche mince, pourraient être élaborés par des techniques différentes permettant une nanostructuration contrôlée. En collaboration avec nos partenaires chimistes (LCC, CIRIMAT, IM2NP), nous essaierons donc à moyen terme de trouver les associations pertinentes de matériaux sensibles pour une détection toujours plus sensible (avec des seuils de détection bien inférieurs au ppm) et surtout plus sélective de gaz.
Enfin, dans le contexte des « nanocapteurs », la majorité des équipes de recherche ont développé des capteurs à base de « forêt de nanofils » enchevêtrés de manière non contrôlée, difficilement reproductible. Il est clair que l’intérêt d’utiliser des structures de type nanofils est de profiter d’un rapport surface/volume intrinsèque extrêmement important, ce qui est très favorable à la détection (grande surface d’échange avec le gaz ). Dans notre prospective, en collaboration avec une équipe du LAAS qui développe des nanofils de semiconducteurs [263], une des voies technologiques possible consiste à réaliser des "nanocapteurs" à base de nanofils de semiconducteurs ou d'oxydes métalliques de manière contrôlée. En effet, nous pourrions détecter un gaz par la simple mesure de résistance d'un nanofil (ou de nanofils en parallèle), ou bien d'une évolution du courant drain‐source d'un nanotransistor ou encore du décalage de la fréquence de résonance du nanofil.
Un premier travail consistera à bien établir les procédés de fabrication, de manipulation et d’assemblage/interconnections et de méthodes de caractérisation du nanofil pour les applications de détection. Nous pourrons d’ailleurs à très court termes, caractériser électriquement sous ambiance contrôlée (faire des mesures de résistances sous différentes ambiances gazeuses) des dispositifs déjà disponibles au laboratoire pour d’autres applications. Il faudra ensuite proposer des solutions technologiques de manière la plus robuste possible pour la réalisation de dispositifs dédiés à la détection de gaz compte tenu de l'état de l'art et des capacités technologiques du laboratoire.
Il sera important dans un premier temps de bien comprendre le comportement électrique (mais aussi thermique et mécanique) d’un nanofil, et de son interface avec les contacts métalliques, en fonction de sa structure, de sa morphologie, de son excitation et de son environnement. Nous pourrons bien entendu réaliser une étude comparative en faisant varier ces différents paramètres de base. Une des premières pistes pourrait être l’utilisation
de pièges en surface [264]. Un travail important de modélisation et de simulation devra être mené pour bien comprendre et évaluer les lois de comportement mais aussi pour tenter d’évaluer la transduction la plus efficiente possible.
Une fois cette première étape réalisée, il sera particulièrement intéressant d’étudier le comportement de plusieurs nanofils mis en parallèles et si possible verticaux comme le montre la Figure 74, pour en extraire un signal moyenné reproductible et exploitable d’un point de vue métrologique. Ces nanofils placés verticalement dans un canal microfluidique, permettraient de réaliser des capteurs beaucoup plus sensibles avec des seuils de détection beaucoup plus bas (au niveau du ppb) que nos capteurs actuels. FIGURE 74 : SCHEMA DE PRINCIPE DE RESEAU DE NANOFILS VERTICAUX DANS UN CANAL A plus long terme, nous pouvons imaginer réaliser des micro/nanosystèmes de détection en faisant croître, dans un même canal de mesure, différents types de nanofils (matériaux différents) ou encore des nanofils composites ce qui nous permettrait de bénéficier des performances en sélectivité de structures variées (multicapteurs) démontrés précédemment. La notion de réversibilité pourrait être améliorée en utilisant l’effet joule, c’est‐à‐dire en injectant des « pulses » de courant dans les nanofils.
Enfin, toujours en utilisant l’effet joule, certains nanofils pourraient être utilisés pour mesurer la température ambiante dans le canal ou encore son refroidissement en fonction du débit de gaz. Nous pouvons donc envisager une évolution vers un canal instrumenté de capteurs différents pour une détection en phase gazeuse mais aussi en phase liquide vers le multicapteur ultrasensible et sélectif pour de la détection chimique ou biologique.