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Les nouvelles constructions : de rares opportunités pour montrer l’exemple

1. Le développement urbain intégré : une approche pertinente pour adapter Paris au

1.2. Les nouvelles constructions : de rares opportunités pour montrer l’exemple

Encerclée par la ceinture du boulevard périphérique, Paris ne dispose presque plus de foncier constructible. Le principal gisement de terrains à bâtir résulte de la conversion de friches ferroviaires et industrielles dont le nombre n’est pas infini. Si la création de nouveaux espaces verts est une des priorités de la municipalité elle est en concurrence avec des enjeux tout aussi nécessaires que sont la création de nouveaux logements, d’équipements publics, de zones de logistiques pour le fret…

1.2.1. Les nouvelles ZAC comme laboratoire d’un urbanisme post Plan Climat

Les projets de ZAC initiés ces dernières années font partie des dernières opportunités de construction intramuros. Il est intéressant d’étudier comment les principes bioclimatiques sont pris en compte dans ces nouveaux projets. Conçues comme de véritables laboratoires de la ville de demain, les ZAC de Saint Vincent de Paul, Bercy Charenton et Clichy Batignolles mettent à l’épreuve du réel les principes de l’urbanisme durable. La Ville a fixé de hautes exigences environnementales dans le cahier des charges des projets. Il convient de renseigner plus précisément le cas du renouvellement de l’ancien hôpital Saint Vincent de Paul qui a été le plus suivi à l’occasion du stage.

66 Aujourd’hui connu pour accueillir le site des “Grands Voisins”, écosystème des initiatives écologiques et solidaires et exemple réussi d’une occupation temporaire, les bâtiments de l’ancien hôpital vont peu à peu se vider pour laisser place aux travaux d’aménagement de la ZAC. La Ville de Paris a souhaité dans son cahier des charges que Saint Vincent de Paul soit le premier quartier neutre en carbone de la capitale. L’empreinte écologique de l’opération est calculée en coût global, c’est à dire qu’elle prend en compte les GES émis lors de la construction et de l’exploitation des bâtiments. Si une grande partie des discussions s’est portée sur le choix d’une stratégie énergétique pour le quartier, la réflexion autour des matériaux de construction a été primordiale.

En effet, le choix des matériaux doit prendre en compte les émissions grises33, les

propriétés thermiques, les caractéristiques esthétiques, le coût… Si l’impératif d’isolation thermique a longtemps été uniquement envisagé pour se protéger des températures hivernales, aujourd’hui le confort d’été intérieur rentre en ligne de compte.

En effet, la parenthèse architecturale qui s’est affranchie des contraintes climatiques locales pendant les trentes glorieuses à une époque où l’énergie était bon marché, a pris fin. Dans le contexte actuel, les architectes renouent avec les principes bioclimatiques et construisent en prenant en compte les éléments naturels comme le vent et le soleil. Une vigilance particulière est portée au confort d’été intérieur pour éviter les solutions de maladaptation34

comme l’usage de la climatisation par exemple. En effet, en plus de consommer de l’énergie, la climatisation réchauffe l’air extérieur et accentue le phénomène d’ICU.

L’albédo35 d’un matériau peut également être un critère de choix et contribuer à diminuer le

phénomène d’ICU en évitant le recours à des matériaux qui stockent la chaleur pendant la journée. L’environnement urbain est une mosaïque de matériaux avec des albédos plutôt faibles, comme celui de l’asphalte compris entre 0,05 et 0,2 ou la pierre entre 0,2 et 0,4. Pour limiter l’ICU il faut favoriser l’emploi de matériaux clairs qui réfléchissent les rayonnements vers l’atmosphère comme la couleur blanche qui renvoie entre 50% et 90% des rayonnements reçus. Ce qui explique pourquoi de nombreuses villes du pourtour de la méditerranée sont peintes en blanc.

33 C’est l’énergie intrinsèque dépensée lors du cycle de vie d’un matériau : extraction, production, transport sur

le site du chantier, entretien et recyclage.

34 Mesures d’adaptation inadéquates pouvant conduire à une augmentation du risque de conséquences

néfastes associées au climat, à une augmentation de la vulnérabilité aux changements climatiques ou à une dégradation des conditions de vie, à présent ou dans le futur. (GIEC, 2013)

35 Du grec albus qui signifie blanc, l’albédo est le rapport entre le rayonnement solaire réfléchi et le rayonnement

reçu. Il varie entre 0 et 1. Un albédo élevé correspond à un fort pouvoir réfléchissant. Par exemple, de la neige fraîche a un albédo compris entre 0,8 et 0,9.

67 A la Direction des Constructions, du Patrimoine et de l’Architecture, l’équipe de la Passerelle Transition Écologique travaille sur l’étude de nouveaux matériaux adaptés et économes en ressources pour les futures constructions de la Ville.

1.2.2. Des opérations de renouvellement moins ambitieuses mais précurseuses

Contrairement aux ZAC, les opérations de renouvellement ou de modification d’un bâtiment existant ne partent pas d’une feuille blanche. De ce fait, la palette des solutions techniques disponibles n’est pas aussi large. Néanmoins, la Ville de Paris veille à diffuser les innovations de manière plus diffuse à travers des appels à projets innovants comme “Réinventer Paris” ou “Parisculteurs”. Sous l’impulsion de la collectivité, des équipes pluridisciplinaires sont invitées à proposer des projets à fort caractère innovant sur des sites appartenant à la mairie et plus exceptionnellement à des partenaires extérieurs36 dans le

cas de l’appel à projet “Parisculteurs”. Les jurys de sélection des lauréats sont nés après l’adoption du Plan Climat qui fixe un nouveau cadre de référence pour l’ensemble des actions menées par la Ville. Si une attention particulière a été portée sur les ambitions environnementales des projets elles n’étaient pas la priorité. La dimension innovante et la solidité financière du projet ont souvent été les critères décisifs. Dans le cas des