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QUOI DE NOUVEAU DANS LA RECHERCHE FRANÇAISE EN INFORMATION ET COMMUNICATION ?

Bernard Miege

Ce n’est pas la première fois qu’on me sollicite d’établir une évaluation de la contribution des chercheurs français à la connaissance de l’évolution des phénomènes d’information et de communication. De plus, si la demande m’a été plusieurs fois adressée, il est vrai dans des contextes différents, je me suis trouvé régulièrement dans la situation d’étayer mes propos à partir d’un bilan scientifique des avancées et des apports de la recherche. Ce positionnement récurrent avait de quoi me faire hésiter à accepter l’aimable proposition qui m’est faite d’intervenir dans ce Colloque franco- mexicain sur un tel sujet. Plusieurs raisons m’ont finalement convaincu de ne pas refuser de tenter à nouveau l’exercice, je les cite successivement :

1° la situation est profondément évolutive, et je ne peux me limiter aux diagnostics déjà formulés ;

2° l’immaturité des sciences de l’information et de la communication (SIC), et la nécessité de soutenir et de conforter régulièrement l’édification en cours de l’interdiscipline expliquent largement que la demande soit en quelque sorte régulièrement émise ;

3° la connaissance validée selon les méthodes universitaires en vigueur n’a que peu de poids face aux enjeux sociaux qui ne cessent de s’affirmer, exacerbant les exigences mises en elle ( tout se passe comme si, au fur et à mesure des avancées, qui ne peuvent s’opérer qu’ » à petit pas », les questionnements se faisaient à chaque fois plus pressants, ceux-ci sans rapport avec les travaux réalisés) ; et

4° le cadre transnational, ou plutôt binational, de la discussion, qui, comme je l’ai souvent vérifié est d’un apport irremplaçable, permettant une prise de distance et un décentrement à chaque fois heuristique, surtout pour des universitaires et publicistes français qui, consciemment ou non, continuent à considérer que les questions qu’ils se posent et les problématiques qu’ils bâtissent sont universalisables sans précautions.

Si toute évaluation est à réactualiser au fur et à mesure des productions scientifiques et en relation avec les questionnements émergents, elle comprend nécessairement aussi une part de normativité. On peut difficilement interroger les travaux d’une « regroupement » scientifique sans se placer, pour partie du moins, du point de vue de ses propres angles d’approche. Je ne saurai ni dissimuler ni excuser ce biais, qui me paraît méthodologiquement difficilement évitable, et qui surtout ne doit pas être récusé : si le positionnement, théorique et institutionnel qui est le mien explique pour une large part, les évaluations auxquelles je procède, ces évaluations ne trouvent leur sens qu’à partir de ce que je suis, et de ce qu’est ma production scientifique.

Cependant, avant de procéder à cette évaluation, il me paraît indispensable d’indiquer ce que sont les principales caractéristiques de la communication en France, au moins de ce qui est au centre de la « communication moderne », dont les sciences de l’information et de la communication (SIC) entendent rendre compte. Si nécessaire soit-elle, cette mise en référence est souvent négligée, surtout par ceux, de plus en plus nombreux comme je le montrerai, qui limitent leurs investigations et réflexions à un domaine étroitement délimité.

le système des médias est marqué par un déclin maintenant irréversible de la presse quotidienne (la France est au 25 ème rang mondial pour la lecture de ce type de presse), que ne compense pas le développement des magazines, et notamment les magazines spécialisés, et par celui, ambigu, de la presse gratuite, actuellement en plein essor. Quant à la radiodiffusion, sa fragmentation désormais engagée reste mesurée : les chaînes généralistes, et particulièrement les chaînes hertziennes, privées et publiques, conservent de fortes audiences, y compris pour l’information.

La faiblesse de l’information de presse a, depuis vingt-cinq ans, laissé le champ libre à la communication organisationnelle, émanant aussi bien des entreprises que des institutions sociales ou des collectivités publiques. Les grandes organisations, entre autres, ne se contentent pas d’une communication destinée à séduire, elles produisent et diffusent de l’information, souvent avec la collaboration de journalistes qualifiés.

L’importance des industries du secteur des télécommunications et la place occupée par les opérateurs français de télécommunications en Europe, ont régulièrement mis au premier plan la question des supposées nouvelles techniques de l’information et de al communication (TICs) ; paradoxalement, celles-ci n’ont connu pour le moment qu’une croissance relative, en tout cas inférieure à celle des pays de l’Europe du Nord.

Les industries culturelles, de tradition ancienne, ont connu une expansion incontestable dans la dernière période (surtout le cinéma, les programmes télévisuels et les magazines), au point d’occuper une position forte sur les marchés extérieurs, du moins en Europe. Plusieurs groupes de communication, dont le « cœur financier » est d’origine française, en totalité ou en partie sont avantageusement positionnés sur les marchés internationaux.

L’indécision de l’action publique est observable, tant en communication audiovisuelle que dans le domaine des télécommunications. Les réglementations successives ont grandement favorisé la libéralisation économique des médias et des TICs, sans que parallèlement soient assurées la continuation et l’adaptation des missions de service public, en rupture avec une histoire où celles-ci, dépendantes de monopoles publics, avaient été profondément enracinées dans la vie politique, culturelle et informationnelle.

DES TRAITS RECURRENTS.

La recherche ne saurait épouser précisément les contours et les particularités du champ qu’elle a pris pour objet de connaissance, à partir de méthodologies relevant d’une approche scientifique. Dans le passé, tout comme aujourd’hui, les SIC se sont trouvées/ se trouvent toujours en décalage avec des composantes essentielles du champ de l’information et de la communication. On rappellera que les sources théoriques, différentes et même hétérogènes au moins au départ, ne favorisaient pas la rencontre entre les premiers chercheurs ou auteurs : les fonctionnalistes, important leurs approches d’Outre- Atlantique, concentraient leurs travaux sur la presse et la radiodiffusion ; ceux qui se référaient à la pensée cybernétique, se limitaient à la communication téléphonique et aux interactions hommes/ machines ; quant aux structuralistes, leurs intérêts les portaient en priorité vers la question du langage ou vers les éléments « extra- linguistiques » dans la communication ordinaire, ainsi que vers l’analyse des fondements structuraux des productions culturelles. Ces perspectives très différentes n’incitaient guère à des échanges et surtout à des recherches de synergies.

La situation changea quelque peu à partir de la décennie quatre-vingt, grâce à l’apport d’autres courants théoriques (les différentes pragmatiques, la sociologie des

placés pour appréhender avec finesse les pratiques des récepteurs, les stratégies des acteurs dominants ou le rapport à la technique.

Cette divergence entre les théories fondatrices ne s’est pas résorbée, mais se effets se sont atténués. Elle est toujours présente, quand bien même elle ne donnerait plus guère lieu à des affrontements ou à des querelles ouvertes. Elle est pour une large part à l’origine de la diversité des objets de recherche, voire de la tendance spontanée à découper des micro- domaines, par exemple en fonction de délimitations professionnelles, sans les replacer dans une démarche plus globale..

Cet aspect est souvent reproché aux SIC par ceux qui, de facto, entendent se passer d’elles ou voudraient y importer des modes de pensée en provenance des sciences qui se présentent comme « exactes » (cette exigence, notons-le, aboutirait à les instrumentaliser ou à faire d’elles des auxiliaires dans les traitements modélisateurs de la communication, auxquelles se prêtent par ailleurs les sciences cognitives). Ce reproche n’est pas acceptable, ni théoriquement ( quelles sont les sciences humaines et sociales, et même les sciences biologiques, physiques ou logico- mathématiques qui reposent sur un socle théorique unifié ? est-ce même envisageable ?, etc.), ni pratiquement ( les SIC, si elles sont toujours dans une phase d’édification, et ce depuis …trente ans, ont été suffisamment confortées comme regroupement universitaire, pour résister dorénavant à des remises en cause qu’impliquerait leur asservissement aux procédures en vigueur dans les sciences informatiques).

Après avoir évoqué le cadre théorique de l’émergence des SIC, il convient de mettre l’accent sur un certain nombre de traits observables depuis les premiers temps :

Un regroupement académique beaucoup plus orienté vers la formation que vers la recherche.

La création officielle des SIC, en 1975, a répondu surtout à des exigences formulées par des universitaires isolés dans leurs établissements universitaires, et à qui avaient été confiés les premières filières de formation professionnalisées. Cette prime à la formation et aux formateurs s’est trouvée renforcée ensuite par la nécessité d’accueillir des cohortes nombreuses d’étudiants et par l’accent – justifié- mis sur la professionnalisation des études (en 1 er, 2 ème et 3 ème cycles). Sous l’emprise de la nécessité, ou par choix, ou par le fait de l’isolement, une proportion importante d’universitaires de la génération intermédiaire (ceux qui ont commencé leur carrière entre le milieu des années quatre-vingt et le milieu des années quatre-vingt-dix), ont négligé ou même abandonné leurs tâches de recherche. Cette situation est à coup sûr préjudiciable pour les Sic, y compris pour leur enseignement ( sur quoi des enseignements qui ne bénéficient pas d’une longue tradition universitaire peuvent- ils s’appuyer, sinon sur les acquis de la recherche ?) ; elle l’est également pour la recherche, qui ne bénéficie des contributions que d’une partie de ses membres. A l’avenir, ce déficit a de fortes chances de se réduire, en raison des incitations faites désormais aux nouveaux « entrants » de se consacrer autant à l’enseignement qu’à la recherche.

Une organisation de la recherche encore insuffisante.

L’organisation en équipes et même en laboratoires, l’accent mis sur le rôle structurant des programmes de recherche et la nécessité de constituer des pôles forts essaimant en réseaux ne sont pas des injonctions récentes. Ces perspectives sont tracées telles quelles dans un rapport emblématique publié en 1982 sous la signature conjointe d’Armand Mattelart et d’Yves Stourdzé ( Mattelart & Stourdzé, 1982), à partir de propositions formulées dans plusieurs groupes de travail. Ce programme ne s’est pas réalisé, loin s’en faut. Mais si certains responsables des carences organisationnelles actuelles sont aisément identifiables (le Centre National de la Recherche Scientifique porte une grande part de responsabilité

dans ce déficit), pour le reste les torts semblent largement partagés entre les services du Ministère de l’Education Nationale, ceux du Ministère de la Recherche, et les universités d’une part, les universitaires eux-mêmes d’autre part. L’éclatement, la dispersion et la désorganisation s’expliquent également par une certaine incapacité (ou une réticence) des enseignants- chercheurs eux-mêmes à travailler en équipe, sur des programmes de moyenne durée, avec des objectifs évaluables. A l’imitation des littéraires et de quelques autres, beaucoup de spécialistes d’information et de communication préfèrent encore cultiver leur isolement et ne perçoivent pas les avantages d’un travail socialisé dont ils craignent la bureaucratisation. Globalement, malgré des progrès notables, les laboratoires et les équipes pèsent encore d’un poids insuffisant dans les productions académiques.

La séparation en général peu fondée entre information et communication. Nous n’entendons pas reprendre ici la discussion théorique sur la question de l’articulation entre information et communication ni surtout nous engager dans le débat public, assez piégé, sur la même question. Nous nous contenterons de renvoyer à tel ou tel article sur ce point (cf. entre autres, Miège in Réseaux N° 100, 2000), non sans réaffirmer ici combien sont assez incompréhensibles, sur le plan réflexif cela s’entend, les distinctions irréductibles qui sont faites entre :

Information journalistique et Information professionnelle spécialisée,

Communication interpersonnelle etCommunication médiatée( voire médiatisée) Les Canaux de communication et la Communication en tant qu’échange social,

L’ Information comme contenu et les supports ou canaux de Communication chargés de la véhiculer ou de la diffuser.

Certes, ces oppositions ont des bases (ou des origines) d’ordre socio- professionnel, mais d’un point de vue théorique, leur séparation est souvent très préjudiciable ; elle consacre une dichotomie fond/ forme, contenu/ support que presque toute la recherche s’est efforcée de discuter et de critiquer comme superficielle ; elle se révèle inopérante avec l’essor des TICs et en dehors du cadre de la communication dite de masse.

L’inclination répétitive à traiter de la complexité des phénomènes en recourant à des théories générales.

Cette tentation, récurrente, n’est pas propre à l’information et à la communication, mais elle s’y trouve particulièrement à l’aise. La liste serait longue à dresser de tous ceux, publicistes, essayistes, écrivains ou même scientifiques renommés intervenant à partir de l’aura acquise dans une spécialité relevant des sciences biologiques, mécaniques ou informatiques, qui se sont efforcé de proposer des théories englobantes ; ils sont souvent encouragés à la faire par les succès éditoriaux (relatifs) qu’ils rencontrent et aussi par la reconnaissance que la pensée française conserve dans certaines régions du monde. Toujours est-il que ces productions sont, pour un temps, mises sur le devant de la scène culturelle, elles ne font pas vraiment l’objet de discussions argumentées ; et elles disparaissent sans qu’on éprouve le besoin de vérifier leur conformité aux évolutions qu’elles annoncent souvent imprudemment. Et surtout, elles donnent rarement lieu à des tentatives de validation, appuyées sur des méthodologies définies avec la rigueur indispensable à un programme de recherche. Au mieux, les auteurs qui entrent dans cette catégorie acceptent le débat d’idées, mais le plus souvent ils se contentent d’avancer des positions qui ne se confrontent à rien.

On doit reconnaître que la recherche n’est pas restée démunie ni inactive face à ces approches qui vont jusqu’à faire de la communication la clé de voûte du développement des sociétés ; des critiques précises ont montré la vacuité de certaines thèses apparemment séduisantes et s’attachant à fournir des explications sur des questions de grande ampleur tant d’un point de vue philosophique que sociétal ; mais pour autant, la tentation généraliste demeure, et réapparaissant sous des formes renouvelées, elle continue à attirer divers cercles intellectuels et à être soutenue par des éditeurs.

Il ne serait guère nécessaire d’y faire référence si ces productions se présentaient, non seulement comme des productions discursives à côté d’autres, mais surtout comme des productions académiques aptes à rendre compte d’évolutions complexes et d’enjeux de premier plan. En d’autres termes, elles réussissent à entretenir la confusion des esprits, à pénétrer des travaux d’ordre universitaire et à jeter le doute chez certains sur la nécessité de conduire des analyses fondées sur des méthodologies éprouvées, en tout cas opposables.

La (lente) construction de l’interdiscipline des sciences de l’information et de la communication.

Que les SIC soient dans la nécessité de faire appel aux diverses sciences humaines et sociales, et même à nouer des relations de coopération avec les sciences informatiques (pour la recherche de l’information ou la mise au point d’interfaces dans la communication hommes/ machines) est maintenant admis assez largement. Mais ce qui l’est moins c’est l’emploi de méthodologies inter- sciences, faisant intervenir de façon articulée des approches relevant de deux voire d’un plus grand nombre de disciplines : par exemple sémiologie et sociologie pour l’étude des discours des médias, entre histoire des médias et évolution des procédés argumentatifs ou rhétoriques, etc. De telles synergies ne sont plus exceptionnelles, mais elles ne sont pas encore suffisamment pratiquées ; le plus souvent les approches sont juxtaposées, elles se côtoient sans que soient recherchée systématiquement la mise en œuvre de démarches coordonnées et en correspondance sur des objets communs. Cette orientation se justifie d’autant plus que les chercheurs en information et communication ne sont désormais plus seuls à s’intéresser aux phénomènes info- communicationnels ; les approches mono- disciplinaires, développées à partir des disciplines traditionnelles, se sont multipliées, entraînées par l’exacerbation des enjeux de toutes sortes et soutenues par le discours politique sur la « société de l’information » ; comment marquer la différence de la part des SIC, sinon en mettant en œuvre des méthodes d’analyse propres à favoriser une élaboration théorique à la hauteur des questions posées ?

Une recherche impulsée par la demande institutionnelle et professionnelle, plus que par la demande « sociale ».

En soi, que la recherche en information et communication ait réussi à se lier à des demandes provenant d’entreprises ou de milieux professionnels, et concernant généralement les modalités de l’insertion des TICs dans la société, n’est pas une limitation ou une entrave ; la recherche appliquée ou finalisée n’est critiquable que si elle s’en tient aux questions qui lui sont posées par les commanditaires, si elle ne s’inscrit pas dans des perspectives théoriques qui les dépassent ; que des équipes aient pu ainsi depuis 2 décennies mener des travaux empiriques sur l’émergence des médias successivement apparus et sur la formation des usages des nouvelles techniques, que des doctorants aient trouvé de ce fait des moyens de mener des enquêtes approfondies donnant à leurs recherches doctorales une dimension qu’elles n’auraient pas eu si elles en étaient restées à une approche conceptuelle, est plutôt à mettre à l’actif de ces travaux ; cette catégorie de recherches a pour le moins évité le risque de généralisme que nous avons critiqué précédemment.

Mais, quelque soient les apports de ces travaux, ils ne peuvent à eux seuls constituer une orientation suffisante, et ce pour au moins deux raisons :

D’une part, ils s’inscrivent nécessairement dans le court terme, au mieux dans le moyen terme ; de ce fait, leurs problématiques, situées dans l’actualité quand ce n’est pas dans la réflexion stratégique, présentent l’inconvénient de confiner les SIC dans « une science de l’actuel » ; les questions posées ne permettent pas toujours une prise de distance historique, non pas à la manière d’un Mc Luhan et de quelques autres auteurs faisant des médias le pivot de l’anthropologie culturelle et le fondement des stades du développement des sociétés humaines, mais de façon à replacer la communication moderne dans des mouvements de longue durée des sociétés.

D’autre part, ils délaissent de facto les autres composantes de la demande sociale, et particulièrement de celle provenant des citoyens. Ce décalage doit interroger les chercheurs, et ce d’autant plus qu’ils éprouvent généralement beaucoup de difficultés à faire reconnaître, dans les médias et dans le débat social, la légitimité de leurs productions encore considérées comme relevant de la réflexion philosophique ou politique, et non d’une approche scientifique : c’est par exemple le cas de questions aussi essentielles que celle de l’influence des médias, pour laquelle les travaux universitaires ont du mal à être opposés aux points de vue relevant du sens commun.

Ces diverses caractéristiques sont encore très prégnantes ; mais il faut désormais leur adjoindre d’autres tendances qui se sont affirmées dans les dernières années, non seulement en raison des avancées de la recherche, mais surtout à cause des évolutions rapides marquant l’information et le communication.

DES TENDANCES RECENTES ET QUELQUES PERSPECTIVES.

Une effervescence qui confine à l’éparpillement.

Les occasions d’échanger sur les thèmes les plus divers se sont multipliées, et les séminaires, journées d’études, colloques ne manquent pas, de même que les réunions de collectifs ou de groupes thématiques ; il y a même à certaines périodes abondance et concurrence. De même, les possibilités de publication se sont élargies, et les ouvrages portant sur le champ – souvent de qualité inégale et parfois peu diffusés- ne connaissent pas (pour l’instant ?) les difficultés éditoriales de la plupart des sciences humaines et sociales. Mais ce serait faire preuve d’un optimisme béat que d’en rester à ce constat. En effet, cette évolution traduit aussi une forte propension à la dispersion : ces occasions de discussion et ces rencontres demeurent cloisonnées, et le risque est grand que leur contribution à la construction de l’interdiscipline soit peu efficiente. L’édification des SIC est loin d’être