CHAPITRE IV. TECHNIQUES FONDAMENTALES 2. NOTIONS FONDAMENTALES D’ANALYSE
2. NOTIONS FONDAMENTALES D’ANALYSE CHAPITRE IV. TECHNIQUES FONDAMENTALES
Illustration
Rest aussi muni de la fonction valeur absolue (x7→max{x,−x}), prolongeant celle deQ, et v´erifiant : (1) ∀x∈R, |x|= 0⇔x= 0 (axiome de s´eparation) ;
(2) ∀x, y∈R, |xy|=|x||y|(homog´en´eit´e) ;
(3) ∀x, y∈R, ||x| − |y||6|x+y|6|x|+|y| (seconde et premi`ere in´egalit´es triangulaires1).
Cette fonction valeur absolue permet de d´efinir ladistancede deux nombres r´eelsxetypard(x, y) =|x−y|.
L’applicationd :R2→R+ v´erifie, pour tous r´eels x,y et z: (1) d(x, y) = 0⇔x=y (axiome de s´eparation) ;
(2) d(x, y) =d(y, x) (sym´etrie) ;
(3) d(x, z)6d(x, y) +d(y, z) (in´egalit´e triangulaire).
Soitxun r´eel. On appelle partie positive dexet on note x+ le r´eel max(x,0). On appellepartie n´egative dexet on note x− le r´eel min(x,0).
D´efinition (Parties positive et n´egative d’un nombre r´eel)
2.a
Soitx∈R. Exprimer |x|en fonction dex+ etx−, et r´eciproquement.
Exercice (Parties positive et n´egative et valeur absolue)
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2.1.2. La droite num´erique achev´ee. Intervalles. Le corps des r´eels v´erifie la propri´et´e fondamentale sui-vante : toute partie non vide et major´ee deRadmet une borne sup´erieure (dansR)2.
En vue d’unifier et simplifier certains r´esultats, sur les suites notamment3, on introduit la droite num´erique achev´ee.
On introduit deux symboles +∞et−∞. On appelledroite num´erique achev´ee l’en-semble
R=R∪ {−∞,+∞}
On prolonge la relation d’ordre 6en posant
∀x∈R, x6+∞ et ∀x∈R, −∞6x D´efinition (Droite num´erique achev´ee)
2.b
Si A⊂Rn’est pas major´ee (resp. minor´ee), on pose supA= +∞(resp. infA=−∞)4.
1. La seconde se d´eduit de la premi`ere.
2. De mani`ere duale, toute partie non vide et minor´ee deRadmet une borne inf´erieure (dansR).
3. Par exemple : toute suite croissante tend vers sa borne sup´erieure.
4. On a simplement pris les bornes dansR. En fait, toute partie deRadmet une borne sup´erieure et une borne inf´erieure.
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CHAPITRE IV. TECHNIQUES FONDAMENTALES 2. NOTIONS FONDAMENTALES D’ANALYSE On prolonge partiellement `a Rles op´erations d’addition et de multiplication sur R, comme on s’y attend.
Par exemple, 3 + (+∞) = +∞, −2(−∞) = +∞, ou (−∞)(−∞) = +∞. On a cependant aussi des formes ind´etermin´ees, comme−∞+ (+∞), 0(+∞), 0(−∞).
Soita, b∈R, o`ua6b.
On d´efinit comme attendu les intervalles ]a, b[, [a, b[, ]a, b], [a, b]. Par exemple : [a, b[={x∈R, a6x < b}.
On d´efinit aussi [a,+∞[, ]a,+∞[, ]− ∞, a], ]− ∞, a[, et ]− ∞,+∞[. Les intervalles ]a, b[, ]a,+∞[, ]− ∞, a[ et ]− ∞,+∞[ sont ditsouverts. Les intervalles∅,R, [a, b], ]− ∞, a], [a,+∞[ sont ditsferm´es.
D´efinition (Intervalle)
2.c
Nous donnerons une d´efinition plus g´en´erale et satisfaisante des notions d’ouverts et ferm´es lors du cours sur les fonctions. Observons ici que∅etRsont les seuls intervalles ouverts et ferm´es, et que des intervalles sont ni ouverts ni ferm´es, comme [0,1[ par exemple.
Lalongueur d’un intervalleI (non vide) est sup(I)−inf(I).
Unsegment est un intervalle du type [a, b].
D´efinition (Segment)
2.d
Un intervalle est un segment si et seulement si il est ferm´e, born´e, et non vide.
Soit (a, ε) ∈ R×R∗+. Repr´esenter les ensembles {x ∈ R,|x−a| 6 ε} et {x ∈ R,|x−a|< ε}.
Exercice (Interpr´etation graphique d’in´egalit´es)
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2.2. G´en´eralit´es sur les fonctions 2.2.1. Vocabulaire standard.
Nous ne ferons pas de distinction entre les notions de fonction et d’application. Tout au plus se permettra-t-on de parler d’une fonction sans pr´eciser sa source, qui dans ce cas, doit ˆetre une partie de sonensemble de d´efinition (i.e.l’ensemble des points o`u la fonction est d´efinie).
Par exemple, l’ensemble de d´efinition de la fonction tangente est R\ {π2+kπ, k∈Z}.
Dans le cas d’une fonction f : I→R d’une variable r´eelle et `a valeurs r´eelles, nous avons l’habitude de repr´esenter son graphe (ou courbe repr´esentative).
Repr´esenter le graphe de la fonctionf :x7→ √1+xx . Exercice (Exemple de graphe)
9
On appellevaleur absolue def et on note|f|la fonctionx7→ |f(x)|.
D´efinition (Valeur absolue d’une fonction)
2.e
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2. NOTIONS FONDAMENTALES D’ANALYSE CHAPITRE IV. TECHNIQUES FONDAMENTALES
On peut d´efinir les applicationsf+ :x7→max(f(x),0) et f− :x7→min(f(x),0) d’une fonction.
1Exprimer|f|en fonction de f+et f−, et r´eciproquement.
2Tracer le graphe de sin+ sur [−3π,3π].
Exercice (Parties positive et n´egative d’une fonction)
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Soit a ∈ R. En prenant un exemple pr´ecis (et int´eressant) pour la fonction f et pour a, tracer sur un mˆeme dessin les graphes de f, x7→f(x) +a, x7→f(x+a), x7→f(a−x),x7→f(ax),x7→af(x).
On pourra par exemple prendref :x7→ x23 +x2+12, eta= 2.
Exercice (Translation ou dilatation de l’argument ou de la valeur d’une fonction)
11
On peut r´esoudre graphiquementdes ´equations et in´equations du typef(x) =λet f(x)>λ.
Illustration
On peut aussi lire graphiquement sif est injective, surjective ou bijective :
Illustration
Pour deux fonctionsf etgdeIdansR, on peut d´efinir leur sommef+get leur produitf g(ouf×g) par :
On peut aussi dans certains cas d´efinir la compos´ee de deux fonctions (voir le cours sur les applications).
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CHAPITRE IV. TECHNIQUES FONDAMENTALES 2. NOTIONS FONDAMENTALES D’ANALYSE On d´efinit sans difficult´e la croissance, la d´ecroissance, la monotonie, la stricte croissance, la stricte d´ ecrois-sance et la stricte monotonie def.
Par exemple,f est dite strictement d´ecroissante si :
On d´efinit aussi ais´ement le fait quef soit major´ee, minor´ee, ou born´ee.
f est born´ee si et seulement si|f|est major´ee.
Fonction born´ee
2.1
SoitT ∈R∗+. On dit qu’une fonctionf de domaine de d´efinitionDestT-p´eriodique (ou que T est une p´eriode de T) si D est invariant par translation par T (i.e.
{x+T, x∈ D}=D), et si, pour toutx∈R,f(x+T) =f(x).
D´efinition (P´eriodicit´e d’une fonction)
2.f
Les fonctions sinus, cosinus, tangente, sont p´eriodiques, ainsi que les fonctions constantes.
Exemple (Fonctions p´eriodiques)
i
2.2.2. Parit´e, imparit´e, parties paires et impaire. Ici,f d´esigne une fonction d´efinie sur un domaine centr´e en 0.
On dit que f :I→R est paire (resp.impaire) si, pour tout x∈I, f(−x) =f(x) (resp.f(−x) =−f(x)).
D´efinition (Parit´e, imparit´e)
2.g
Illustration
La fonction cosinus est paire, sinus et tangente sont impaires.
Exemple (Fonctions paires ou impaires)
ii
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2. NOTIONS FONDAMENTALES D’ANALYSE CHAPITRE IV. TECHNIQUES FONDAMENTALES
On suppose I centr´e en 0. Soitf :I→Rune application. La fonctionf s’´ecrit de mani`ere unique comme somme d’une fonction pairefp et d’une fonction impairefi.
Proposition (Parties paire et impaire)
2.a
Dans ce contexte,fp etfi sont respectivement lesparties paire et impaire def. D´efinition (Parties paire et impaire)
2.h
D´emonstration
2.3. D´erivation, ´etude d’une fonction Nous recensons ici les propri´et´es fondamentales de la d´erivation.
On consid`ere deux fonctions d´erivables5, deI dans R, ainsi qu’une fonction d´erivableϕ d’un intervalle J surI.
On rappelle que si f est d´erivable ena∈I, alors la tangente au graphe def en son point d’abscisseaest de pentef0(a), et donc d’´equation
y=f0(a)(x−a) +f(a).
Illustration
5. Bien entendu, toutes les fonctions ne sont pas d´erivables !
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CHAPITRE IV. TECHNIQUES FONDAMENTALES 2. NOTIONS FONDAMENTALES D’ANALYSE
Soitα, β∈R.
(1) (lin´earit´e de la d´erivation)αf+βg est d´erivable sur I, et (αf+βg)0=αf0+βg0.
(2) d´eriv´ee d’un produit f g est d´erivable surI, et (f g)0 =f0g+f g0. (3) (d´eriv´ee d’une compos´ee)f◦ϕest d´erivable, et
(f ◦ϕ)0=ϕ0×(f0◦ϕ).
Th´eor`eme (Op´erations alg´ebriques et d´erivation)
2.b
Il faut noter que la d´erivabilit´e deαf+βg, def g et def ◦ϕne sont pas suppos´ees par hypoth`eses, mais qu’elles font partie des conclusions.
(1) f est constante si et seulement sif0= 0
(2) f est croissante si et seulement sif0>0 (i.e.f0(x)>0 pour toutx∈I).
(3) f est strictement croissante si et seulement si (f0 > 0 et f0 n’est jamais identiquement nulle entre deux points d’annulation def0)
Th´eor`eme (Croissance et d´eriv´ee)
2.c
Par exemple la fonction f : R→R (que vous devez proposer) d´erivable, et dont la d´eriv´ee s’annule une infinit´e de fois, est strictement croissante :
Illustration
Bien sˆur, on a des assertions analogues pour la (stricte) d´ecroissance.
Ainsi, l’´etude du signe de f0 nous informe sur les variations def, informations que l’on peut synth´etiser et enrichir sur untableau de variations.
De telles ´etudes, que l’on peut parfois r´eduire par des arguments de sym´etrie ou de p´eriodicit´e, permettent d’´etudier les extremums de fonctions, ou de montrer des in´egalit´es :
Montrer que pour toutx∈R+ : sin(x)6x.
Exercice (In´egalit´e par ´etude de variations)
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2. NOTIONS FONDAMENTALES D’ANALYSE CHAPITRE IV. TECHNIQUES FONDAMENTALES Dans le cas o`u f est bijective de I sur son image, on peut s’int´eresser `a la d´erivabilit´e de sa bijection r´eciproque f−1:
Soitfune fonction deIdansR. On supposefcontinue surI, strictement monotone.
La fonctionf admet alors des limitesmetM aux bornes deI, l’imageJ =f(I) de f est un intervalle d’extr´emit´esmetM.
De plus, f|J est bijective, et sa bijection r´eciproque, not´ee abusivement f−1, est continue, strictement monotone, de mˆeme monotonie quef.
Th´eor`eme de la bijection continue
2.d
Soit f une application continue de I dans R, strictement monotone. On notef−1 sa bijection r´eciproque (avec un l´eger abus). Soita∈I,b =f(a)∈J =f(I). Sif est d´erivable ena, et sif0(a)6= 0, alorsf−1est d´erivable enb, et :
(f−1)0(b) = 1
f0(f−1(b))= 1 f0(a).
Th´eor`eme de d´erivabilit´e de la r´eciproque (fonctions usuelles)
2.e
La conditionf0(a)6= 0 permet d’´eviter une tangente verticale pour le graphe def−1en son point d’abscisse b. Cette formule seretrouve facilement graphiquement :
Illustration
Sif est une application d´erivable deIdansRdont la d´eriv´ee ne s’annule pas, alors sa bijection r´eciproque est d´erivable en tout point, et
(f−1)0= 1/(f0◦f−1).
Si f est en outre ind´efiniment d´erivable, alorsf−1 l’est aussi.
D´erivabilit´e globale de la r´eciproque
2.2
Enfin, sif0 est elle-mˆeme d´erivable, on peut d´efinir la d´eriv´ee secondef00 def, et on peut parfois d´eriver f de nombreuses fois (on note f(k) la d´eriv´ee k-i`eme de f, de sorte que f(0) =f, f(1) =f0, et, si elle existe, f(2) =f00 sif est deux fois d´erivable.
2.4. Primitives, formules d’int´egration Nous supposons connu le symbole int´egral, bien que la pr´esentation f d´esigne ici une fonction continue deI dansR.
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CHAPITRE IV. TECHNIQUES FONDAMENTALES 2. NOTIONS FONDAMENTALES D’ANALYSE
On appelle primitive de f sur I toute fonction de I dans R, d´erivable sur I, de d´eriv´ee ´egale `af.
D´efinition (Primitive)
2.i
Si F est une primitive de f ∈ C(I,R), alors les primitives def sont lesF+λ,λ∈R. Le fait d’ˆetre sur un intervalle est primordial.
En particulier, si deux primitives d’une mˆeme fonction continuef sur Ico¨ıncident en un point, alors elles sont ´egales.
Par exemple, sia∈I, il existe au plus une primitive def s’annulant ena.
Soita∈I. La fonctionFa d´efinie par :
∀x∈I, Fa(x) = Z x
a
f(t)dt est l’unique primitive def surI s’annulant ena.
Th´eor`eme (Expression int´egrale de la primitive s’annulant ena)
2.f
On en d´eduit plusieurs corollaires, le premier sera qualifi´e de th´eor`eme ´etant donn´e son importance :
Soitf ∈ C(I,K),aet bdeux points deI. SiF est une primitive def surI, on a : Z
[a,b]
f =F(b)−F(a) Th´eor`eme (Primitives et int´egrale)
2.g
Soitα, βd´erivables sur un intervalleJ `a valeurs dansI. Montrer que la fonction
ϕ : J → K
x 7→ Rβ(x) α(x)f(t)dt
est d´erivable surJ et exprimer sa d´eriv´ee en fonction def,αet β.
Exercice (D´erivation d’une fonction d´efinie par une int´egrale `a bornes variables)
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On suppose queI=R.
1On supposef impaire. Que dire des primitives def?
2On supposef paire. Combienf admet-elle de primitives impaires ?
3On supposef T-p´eriodique. `A quelle condition n´ecessaire et suffisantefadmet-elle (au moins) une primitiveT-p´eriodique ?
Exercice (Primitives des fonctions paires, impaires, p´eriodiques)
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Ecritures´ Rb
af(t)dt= [F(t)]ba= [F(t)]t=bt=a. La notationR
f, ouR
f(x)dx, d´esigne (abusivement) une primitive def (cf. Maple). On ´ecrira par exemple Z
cos(x)dx= sin(x) +C (C∈R)
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