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Notion et identification des risques

Partie II Les implications des exigences en capitaux propres

4.2 Les risques bancaires et leur estimation

4.2.1 Notion et identification des risques

La banque, pareille à n’importe quelle autre firme, exerce une activité commerciale contre une rémunération lui permettant de réaliser un gain. Elle n’offrirait pas ses services, elle n’effectuerait aucune activités lucratives sans que des évaluations concernant l’avenir soient réalisés. Si elle prend le risque de perdre les capitaux investis dans la production, c’est uniquement dans l’espoir de pouvoir gagner par cette activité. La notion de risque découle de la crainte d’un possible écart entre l’objectif bancaire visé et celui qui est atteint et qui mènerait à des pertes bancaires importantes, voire à la faillite.

Avant d’atteindre son objectif, la banque doit être à même d’appréhender toutes les variables qui sont capables d’influencer ses activités, de prévoir leur impact, de mesurer et contrôler leurs résultats, et finalement de s’engager dans des procédures de régulation. Cela implique que les responsables des banques fournissent un effort permanent pour réduire la probabilité d’apparition d’une éventuelle perte. Dans une approche financière, le risque peut être défini ex

ante comme étant la volatilité de la valeur d’une action ou des fonds propres, d’un actif, d’un

portefeuille d’actifs, d’une unité de la banque ou de l’ensemble de celle-ci (Mikdashi 1998, p. 81). En terme général, le risque est le danger d’une réduction de la valeur du portefeuille d’une banque suite aux changements dans l’environnement des affaires (Pyle 1998, p. 8). Dès lors, l’identification des évènements à l’origine des pertes des valeurs des actifs, représente la première mesure contre une défaillance bancaire.

Le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire classifie les événements susceptibles de provoquer des pertes potentielles dans les catégories des risques de crédit, des risques de marché et des risques opérationnels (BIS, 2001b, p. 3).

Le risque de crédit est inhérent aux pertes résultant de la défaillance d’une contrepartie de la

banque. Dès le moment où le débiteur ne peut plus honorer ses engagements, c’est-à-dire payer le principal et les intérêts, la banque s’expose à la faillite1.

1 Un cas particulier du risque de crédit est le risque-pays. Il résulte de l’incapacité ou du refus d’un pays à

honorer ses engagements financiers externes envers d’autres pays ou envers des agents économiques privés, opérant dans ce pays. Le risque-pays s’applique aux différentes formes d’endettement et ses composants dépendent de la situation économico-politique.

Le risque de marché représente le danger de pertes sur des positions bancaires, dues aux

facteurs externes de la banque tels que les fluctuations des taux d’intérêt, des taux de change, des prix des actifs ou des modifications de politique économique1. Le risque de marché se transforme souvent en un risque de liquidité. Ce type de risque est propre à la fonction de transformation. Il se présente sous deux conditions. D’une part, l’actif de la banque doit être moins liquide que son passif et d’autre part, la liquidation de l’actif doit entraîner des pertes pour la banque. On rappelle que le risque de liquidité auquel s’expose la banque est la conséquence d’un brusque accroissement des retraits des dépôts du passif par un grand nombre de déposants. Si la banque peut répondre à cette demande supplémentaire de liquidité, il n’y a pas de risque de liquidité. Mais si la banque est obligée de vendre ses actifs en faisant des pertes importantes, elle peut faire faillite. L’effet de domino et l’effet d’information, suscités par la défaillance de la banque peuvent créer un mouvement de panique et pousser d’autres banques à la faillite. On se dirige alors vers une propagation globale du risque de liquidité qui peut mettre en péril le système bancaire. Ce danger représente le risque systémique. Le risque de liquidité s’apparente au risque de solvabilité.

Mis à part des effets dus aux risques de marché et de crédit, la solvabilité des banques est menacée du risque opérationnel. Il est associé au « risque de pertes directes ou indirectes d’une inadéquation ou d’une défaillance attribuable à des procédures, personnes, systèmes internes ou à des évènements extérieurs » (BIS, 2001a, p. 24)2.

Dans le cadre de cette analyse, il faudra souligner que l’interdépendance est une des caractéristiques des risques bancaires. Par exemple, un mouvement des taux d’intérêt dans la mauvaise direction peut mettre en difficulté l’emprunteur d’une banque qui a prêté à taux variable. La défaillance du débiteur peut se transformer en risque d’insolvabilité pour la banque au cas où celui-ci serait un gros client. D’où une autre caractéristique relative aux frontières très floues entre les divers risques. C’est pourquoi, les mesures pour gérer les risques bancaires doivent nécessairement être globales.

1 Le crash de 1987 ou la crise du Mexique étaient des exemples d’une situation où l’effondrement des prix sur

les marchés obligataires a entraîné la faillite des banques.

2 La définition du risque opérationnel doit encore être affinée pour répondre aux besoins de la pratique bancaire

Une autre caractéristique est liée au caractère endogène du risque. Quel que soit le type de risques, il n’est jamais totalement subi par la banque. Le risque résulte, en grande partie, de décisions prises par la banque elle-même dans le but d’optimiser le rapport entre la rentabilité et les coûts. Quant aux autres aspects susmentionnés des risques, la responsabilité relève de la dynamique de l’environnement économique.