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Il existe plusieurs manières de percevoir et d’analyser les espaces urbains. Par exemple, nous pouvons distinguer le mobile de l’immobile, l’environnement urbain global de ses objets, le dominant du résiduel, etc. Pour tout ce qui concerne la percep- tion des objets, il est possible d’étudier l’espace en termes de distance, de profondeur, de taille ou de mouvement perçu des objets isolés. Selon Benedikt, pour comprendre la perception de l’environnement urbain, celui-ci doit être vu comme [9] :

– un élément substantiel plutôt que comme un élément vide, – étant défini par des surfaces visibles,

– ayant des qualités topologiques et formelles, normalement appréciées pendant le mouvement continu à travers l’espace par un observateur constamment immergé dans l’environnement.

Pour Sitte, les espaces urbains peuvent être divisés en plusieurs ensembles com- plémentaires [116] : le sol, le « plafond » et les éléments pleins. Le sol est un élément sur lequel repose les éléments pleins. Il est représenté par plusieurs caractéristiques comme sa hauteur, sa couleur et sa texture. Le « plafond » est un autre nom pour dé- signer le ciel : c’est un objet uniforme, homogène. Les éléments pleins représentent tous les obstacles du monde visuel autres que le sol qui cachent le reste de la ville et découpent le ciel. Les éléments pleins sont divers et variés, puisqu’il peut s’agir de bâtiments, de monuments, de végétation, de tous les éléments constituant un écran à la lumière. Tous ces objets ont la particularité de pouvoir être représentés par des vo- lumes, des primitives géométriques. Néanmoins, ces trois éléments de base permettent d’en définir un quatrième entièrement complémentaire : l’espace ouvert urbain.

La notion d’espace ouvert urbain est définie par Teller en ces termes [120] : “Urban open spaces can be understood in a variety of ways depending on the scientific approach to define and describe them. [...] From a mor- phological point of view, [these] are usually defined as the empty space, or the void, separating the built volumes and surfaces. Obviously, the shape of such spaces is characterised by a relation of strict duality with the ‘filled elements’ that surround them, like the buildings, the vegetation or fences.”2 [121]

2« Les espaces ouverts urbains peuvent être compris de différentes manières selon l’approche scien-

Dans les environnements urbains, les espaces ouverts comprennent tous les espaces tels que les places, les rues, les zones de recul devant les bâtiments exceptionnels, les espaces verts, ainsi que les espaces naturels comme les berges des fleuves, etc. Ils constituent le lieu privilégié de la vie urbaine, que ce soit en termes d’espace public, d’espaces de rencontre ou simplement de lieux de détente. Ainsi, ils doivent être consi- dérés comme des éléments de la composition urbaine à part entière plutôt que comme un « espace résiduaire d’aménagement ». La prise de conscience de ce phénomène a amené une recrudescence d’intérêt pour les espaces ouverts en tant que tels auprès des acteurs de terrain.

L’aménagement de l’environnement urbain est au cœur des discussions sur le dé- veloppement urbain durable en Europe. Près de 80 % de la population de l’Union Eu- ropéenne vit dans des villes. L’espace urbain est par conséquent le lieu où les pro- blèmes sur l’environnement affectent le plus la qualité de vie des citoyens3. Un outil

d’analyse de la perception visuelle des espaces urbains permet de réaliser différentes analyses ayant pour but l’étude de la perception d’un projet, l’étude de l’histoire d’un espace, l’étude de l’organisation sociale d’un quartier ou, pour rentrer dans le cadre du développement durable, la protection du patrimoine urbain. Un outil d’analyse de la perception visuelle le long de parcours urbains permettrait d’apporter des résultats complémentaires en proposant une analyse au plus près de l’observateur et de l’expé- rience qu’il pourrait avoir des espaces urbains.

Un outil d’analyse des espaces ouverts urbains le long de parcours pourrait avoir de multiples applications. L’une d’entre-elles serait d’analyser des parcours, mais aussi de proposer des études d’espaces urbains. En effet, les variations perceptibles des espaces ouverts ne sont pas véritablement analysées par les méthodes actuelles. Ces variations permettraient de mettre en avant un ensemble de suppositions sur l’expérience. Par la suite, notre outil peut être utilisé pour étudier l’impact environnemental des projets ur- bains. Ce type d’étude est un sujet très sensible en Europe depuis les années soixantes- dix [12]. Dans un tel cadre, il semble nécessaire de mettre au point des outils pour vé- rifier que les projets urbains, comme la nouvelle gare de Liège ou le nouveau musée de Bilbao, n’altèrent pas le patrimoine. Les problèmes liés à la protection du patrimoine urbain ont été étudiés dans le cadre du programme SUIT (Sustainable development of Urban historical areas through an active Integration within Towns) supporté par le programme européen sur l’environnement et le développement durable. Nos travaux développés entre le CERMAet le LEMA ont notamment été possibles grâce à ce projet.

définis comme l’espace laissé, ou le vide, séparant les volumes construits et les surfaces. Bien sûr, la forme d’un tel espace est caractérisé par une relation de strict dualité avec les éléments pleins qui les entourent, comme les bâtiments, la végétation ou les obstacles. »

3EUROPA : The European Union On-Line. http://europa.eu.int/comm/environment/urban/home_en.htm.

1.2 Caractérisation de la perception dynamique des