II.1. PRINCIPE D’EXTRACTION DE MOBILITE
II.1.2. Notion de mobilité
Pour les transistors à effet de champ, l’élément le plus important pour décrire le transport
de charges dans le canal est la mobilité. Comme montré précédemment dans l’équation II.6, le
terme µ
nreprésente la mobilité moyenne des électrons dans la couche d’inversion. La valeur de la
mobilité dépend de plusieurs paramètres tels que le champ électrique, le dopage et la température.
Figure II.4. Mécanismes de
dégradation de la mobilité des porteurs : avec (1) collisions sur les phonons (2, 3 et 5) collisions coulombiennes et (4) collisions sur la rugosité de surface [Munteanu 06] [Lundstrom 00].
On considère qu’il existe trois grandes familles de mécanismes d’interaction qui influent sur
la mobilité, comme le montre la figure II.4 : les collisions coulombiennes avec des charges telles
que les dopants ionisés (correspondant à la mobilité μ
c), les collisions avec les vibrations du réseau
cristallin, c’est-à-dire avec les phonons (μ
ph) et les collisions avec la rugosité de surface (interactions
avec la surface Si/SiO
2) (μ
sr). Pour définir la mobilité effective des porteurs nous utilisons la loi de
Matthiessen [Matthiessen 64]. Il se rajoute à celles-ci une quatrième famille, l’interaction avec les
défauts neutres (μ
neu), c’est-à-dire avec des variations locales de la structure de bande non chargée.
Notons que les termes de mobilité µ
phet µ
Cdécrits par l’équation II.7 ont une dépendance en
température très différente [Ando 82] [Erginsoy 50], comme le montre l’équation II.8 ci-après. En
revanche, le terme de mobilité µ
srdépend quant à lui de la tension de grille V
G(peu de dépendance
en T), alors que le terme µ
neune dépend ni de la tension V
Gni de la température T.
1
µ
tot=
1
µ
ph+
1
µ
C+
1
µ
neu+
1
µ
sr(II.7)
µ
ph= α
ph300
γT
γ(II.8.a)
µ
C= α
CT
300 (II.8.b)
N+ N+
(Grille) V
GS(Source) (Drain) V
DS(Substrat) V
BSI
DSSubstrat type-p
-+ -+ + + + + + -- -- -+ + +1 5
4
3 2
Chapitre II : Extraction de mobilité – Méthodes classiques et magnétorésistance
50
µ
neu= α
neu(II.8.c)
où µ
totest la mobilité effective totale, T la température, µ
srest la mobilité due à la rugosité de surface,
µ
ph, α
phet γ sont les paramètres dus à la composante phonon, µ
cet α
csont ceux dus aux interactions
coulombiennes et µ
neuet α
neureprésentent les interactions avec les défauts neutres.
En pratique, les mécanismes d’interaction dominant peuvent être alors obtenus en analysant
la dépendance en température de la mobilité totale µ
tot, afin d’extraire les éléments de mobilité
associés (
phet
C). On peut ensuite étudier leurs variations avec la géométrie en comparant les
résultats obtenus pour des transistors de dimensions différentes. Ce point sera détaillé plus loin
dans le cas des transistors à triple grille (voir chapitre III).
II.1.2.1. Mobilité phonon
L’interaction avec les phonons décrit l’interaction des électrons avec les vibrations du
réseau cristallin. Pour cela, deux types de phonons sont distingués selon la température. A basse
température (typiquement inférieure à 100K) les collisions prépondérantes se font avec des
phonons de type acoustique [Barral 08] [Kireev 78]. Cela entraine principalement des transitions
intra-vallées. La mobilité peut alors s’écrire à l’interface canal/diélectrique sous la forme :
µ
ph∝N
inv1 3
T
(II.9)
où N
invest la densité de porteurs dans la couche d’inversion et T la température.
Par ailleurs, lorsque la température atteint des valeurs élevées, ce sont les transitions
inter-vallées par absorption ou émission de phonons optiques qui deviennent prépondérantes. Nous
parlons alors d’interaction phonon de type optique [Barral 08]. Cela est d’autant plus vrai que le
matériau est dense (contient plusieurs atomes par maille). La mobilité peut s’exprimer de la façon
suivante [Kireev 75] [Dollfus 99] [Lundstrom 00] :
µ
ph∝ N
inv1τT
−n(II.10)
où τ représente le temps de relaxation et n une constante dépend de l’orientation cristallographique.
Pour notre étude, la mobilité de phonons est particulièrement intéressante car elle dépend
de la contrainte mécanique. La dépendance principale provient des modifications de structure de
bande induite par la contrainte et notamment pour le silicium de la levée de dégénérèscence entre
bandes équivalentes induites par des contraintes autres qu’hydrostatiques (Fig. II.5). Cette levée de
dégénérescence réduit fortement la probabilité de transition d’une vallée de la bande de conduction
à une autre et se traduit par une augrmentation à la fois du temps d’intéraction (
ph) et de la mobilité
phonon (µ
ph).
Chapitre II : Extraction de mobilité – Méthodes classiques et magnétorésistance
51
Figure II.5. Représentation schématique de l’interaction phonon porteur dans le cas d’un cristal de silicium relaxé (à
gauche) et dans le cas contraint (à droite). Tirée de [Ortolland 06a].
II.1.2.2. Mobilité coulombienne
Les sites chargés situés dans le canal (dopants ionisés) ou à proximité immédiate (charges à
l’interface oxyde/canal), créent un potentiel parasite capable de changer la trajectoire des porteurs.
La mobilité correspondante est appelée « mobilité coulombienne ». Ces collisions sont
prépondérantes pour les basses températures, lorsque les collisions avec les phonons sont
« gelées ». Elles sont prépondérantes à faible inversion et directement proportionnelles au champ
effectif appliqué (perpendiculaire au sens de transport) et à température [Jeon 89] :
µ
c∝ T
N
cs(II.11)
où N
csest la concentration de charges de surface, comprenant la charge fixe de l’oxyde, la charge
d’états d’interface et la charge localisée due aux impuretés ionisées.
Dans la littérature, des travaux basés sur l’impact de la contrainte mécanique sur la
diffusivité des dopants [Lee 12] [Cowern 94] [Wang 05], ont montré que la contrainte mécanique
peut affecter l’energie d’activation des dopants (le dopage et éventuellement la concentration de
défauts neutres) et leur diffusion lors des recuits utilisés pendant la fabrication (figure II.6). Il est
donc important de disposer de techniques d’extraction de mobilité qui tiennent compte
correctement de la variation possible de la longueur effective du canal. Cette variation de longueur
est négligeable pour les canaux longs. Elle peut devenir très importante dans les transistors à canal
court. Un exemple marquant en a été fourni dans [Lee 12] pour des transistors pMOS à canal SiGe
contraint en compression ou non contraint sur isolant. L’effet principal de la contrainte était
comme attendu une augmentation de la mobilité pour les canaux longs. En revanche, c’est la
diffusion plus faible du bore depuis les S/D vers le canal qui expliquait l’amélioration des
performances des transistors courts, avec une longueur effective réduite, un canal moins dopé, un
courant de fuite réduit et des interactions coulombiennes importantes.
Chapitre II : Extraction de mobilité – Méthodes classiques et magnétorésistance
52
Figure II.6. Schéma illustrant la
diffusion du bore retardée dans le canal par la contrainte comparé à son homologue non contraint [Lee 12].
II.1.2.3. Mobilité surface rugueuse
La rugosité de surface à l’interface oxyde de grille/canal (qui dépend principalement des
conditions du procédé) constitue une source importante de collisions. Les collisions avec la surface
rugueuse varient peu avec la température. Elles sont dominantes en forte inversion (fort champ
électrique transverse). Cette dépendance en champ peut être modélisée par [Jeon 89] :
µ
sr∝ 1
E
eff2(II.12)
où µ
srétant la mobilité due à la surface rugueuse et E
effle champ électrique effectif (transverse).
En résumé, comme nous l’avons évoquée précédemment la contribution relative de ces
trois mécanismes de collision dépend de la température et du champ effectif (ou de la concentration
de porteurs dans le canal). A température ambiante et à faible champ, la mobilité est dominée par
les collisions avec les phonons et avec les charges coulombiennes, alors qu’en forte inversion, les
collisions sont dominées par la rugosité de surface. A basse température, seules les collisions avec
les charges coulombiennes et avec la rugosité de surface sont significatives. La figure II.7 résume
de façon schématique les composantes de ces différents mécanismes en fonction de la température
et du champ effectif.
Canal
Canal
non-contraint
contraint
S/D
(région p+)
S/D
(région p+)
Profil abrupt de dopage
Faible diffusion dans le canal
Chapitre II : Extraction de mobilité – Méthodes classiques et magnétorésistance
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Figure II.7. Evolution de la
mobilité effective et de ses
différentes composantes en fonction du champ effectif [Takagi 94].
II.2. METHODES DE CARACTERISATION ET METHODOLOGIES
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Compréhension de l'apport des contraintes mécaniques sur les performances électriques des transistors avancés sur SOI
(Page 56-60)