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CHAPITRE 2 : ÉTAT DES CONNAISSANCES

3. LE CONCEPT D’HÔPITAL PROMOTEUR DE SANTÉ

3.5. Les normes du concept HPS

Pour guider l’implantation des projets HPS, l’OMS a élaboré en 2004 cinq normes décrivant les principes et les actions qui devraient faire partie des soins dans tous les hôpitaux et les agences de santé (WHO, 2004b). Les activités comprennent autant des actions concrètes comme l’évaluation des besoins de patients et l’information concernant la reconnaissance des symptômes de la

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maladie, que des interventions complexes visant à aider le patient à jouer un rôle actif dans la gestion de son état de santé. Le postulat sous-jacent des normes est que leur atteinte par l’organisation hospitalière permettra de maximiser les gains en santé pour le patient, le personnel et la population en général (Groene, 2006; Pelikan, et al., 2006).

D’après la philosophie du Réseau international des hôpitaux promoteurs de santé, les normes concernent les soins aux patients, mais aussi la santé du personnel, les liens de l’hôpital avec la communauté et le développement organisationnel. Un manuel d’auto-évaluation a également été créé sur la base des normes HPS pour soutenir les organisations dans l’évaluation des activités mises en œuvre en lien avec le concept HPS (WHO, 2004a). Son contenu permet d’obtenir des données sur l’implantation des activités de promotion de la santé et de gestion de la qualité dans les hôpitaux conformément à la philosophie du Réseau HPS. Aussi, il est intéressant de noter que les normes HPS tiennent compte des objectifs de l’organisation hospitalière en matière de qualité selon trois perspectives distinctes : la perspective clinique, celle du patient et celle de l’organisation. Les normes HPS établies par l’OMS se déclinent comme suit : 1) politique de gestion; 2) évaluation des besoins des patients; 3) information et intervention auprès des patients; 4) promotion d’un milieu de travail sain et; 5) continuité et collaboration. Chaque norme comprend des sous-normes qui permettent d’opérationnaliser la norme et de la subdiviser en composantes principales. Enfin, chaque sous-norme comporte des indicateurs qui décrivent les exigences requises pour respecter entièrement les normes. Comparés aux normes, les indicateurs procurent une base quantitative pour l’évaluation, le suivi et l’amélioration des soins et peuvent aider les professionnels et les gestionnaires de la santé à mettre en place des objectifs et à évaluer les progrès des activités d’amélioration de la qualité.

Le manuel d’auto-évaluation des normes HPS a été testé dans plusieurs hôpitaux européens pour permettre aux établissements d’évaluer la qualité de leurs services et particulièrement ceux implantés dans le cadre du concept HPS

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(Groene, 2006). Les hôpitaux, les organismes traitant de la qualité et surtout les membres du Réseau international des hôpitaux promoteurs de santé sont encouragés à utiliser cet outil pour notamment habiliter les gestionnaires et les professionnels de la santé à évaluer les activités de promotion de la santé dans les hôpitaux; parfaire la capacité des organisations de santé à améliorer ces activités; formuler des recommandations concernant ces activités; favoriser la participation des professionnels et des patients à l’amélioration de la qualité des soins; améliorer la coordination des soins avec les autres prestataires ainsi que la santé et la sécurité des patients et du personnel, etc.

Selon L’OMS, la réalisation du plein potentiel du concept HPS exige que l’implantation ne se limite pas à de simples projets, mais s’étende à l’échelle des organisations, et ce, de façon globale et intégrée dans les trajectoires de services et les processus de gestion de la qualité (WHO, 2008). Pourtant, bien que l’opérationnalisation du concept HPS ait été jugée « plausible, acceptable et faisable » (Pelikan, et al., 2001) et ce, sur la base des expériences d’implantation des projets pilotes HPS implantés en Europe notamment (Pelikan, et al., 1998), certaines études révèlent que l’adoption du concept HPS et l’application de ses normes constituent un défi pour les hôpitaux (Hibbard, 2003; Johnson & Baum, 2001) et d’autres études montrent que l’implantation du concept HPS en milieu hospitalier requiert du temps (Tountas et al., 2004; Whitelaw et al., 2006). Par ailleurs, plusieurs études ont démontré que le degré de conformité des pratiques en œuvre dans les HPS par rapport aux exigences des normes, était très variable (Groene et al. 2006, 2010 ; Pelikan et al. 2011).

L’étude de Groene et collaborateurs (2010) visant à décrire le processus de mise en place de l’outil d’auto-évaluation de l’OMS et à tester sa validité dans 38 hôpitaux dans 8 pays européens démontre que les normes peuvent être intégrées de façon réaliste aux systèmes existants de gestion de la qualité des établissements surtout pour les trois premières normes à savoir : 1) la politique de gestion; 2) l’évaluation des besoins des patients et; 3) l’information et intervention auprès des patients. En revanche, les normes relatives à 4) la promotion d’un milieu de

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travail sain et 5) la continuité et la collaboration semblent moins faciles à intégrer. Aussi, il semble que les grands hôpitaux disposent de plus de moyens alloués à l’implantation que les plus petits, notamment en ce qui concerne l’offre d’une gamme de services et d’activités promoteurs de santé. Les raisons d’ordre économique justifieraient cette différence. Il faut noter que cette étude a exclu de sa démarche les aspects de participation communautaire et les problématiques environnementales (Groene, Alonso, & Klazinga, 2010). Dans la même continuité, l’étude récente de Miseviciene et Zalnieraitiene (2012), menée auprès des professionnels (280 médecins et 739 infirmières) de trois hôpitaux lithuaniens membres du réseau HPS, révèle que la perception de l’applicabilité des normes varie selon les participants à l’étude. Comparés aux professionnels ayant des responsabilités de gestion qui considéraient que toutes les normes HPS étaient applicables dans leurs pratiques quotidiennes, tous les autres professionnels avaient des perceptions variables concernant l’applicabilité des normes HPS. Aucune différence n'a été observée entre les opinions des médecins et des infirmières concernant l'applicabilité des normes 1 et 2 (politique de gestion et évaluation des besoins). En revanche, un nombre beaucoup plus important d'infirmières, comparativement aux médecins, ont exprimé une attitude positive envers la mise en œuvre des trois normes restantes (c.-à-d. information et intervention auprès du patient, milieu de travail, collaboration avec la communauté) (Miseviciene & Zalnieraitiene, 2012).

Au Québec, les établissements de santé souhaitent avoir des normes plus adaptées à la réalité du système de santé et de leurs milieux cliniques. Ainsi, un outil d’auto-évaluation inspiré de celui de l’OMS a été créé pour les Centres de santé et services sociaux promoteurs de santé (CSSS) au Québec par Dedobbeleer et collaborateurs (2007) afin de répondre à ce besoin d’adaptation des normes HPS aux réalités des CSSS du Québec. Le projet a conduit à des ajustements qui ont été opérés à partir des cinq normes identifiées par l’OMS. Tout d’abord, les cinq normes HPS ont été ramenées à quatre et renommées comme suit : 1) organisation promotrice de la santé ; 2) soins de santé promoteurs ; 3) milieu de travail promoteur de santé et; 4) communauté promotrice de santé. Deux critères

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(organisation apprenante et performante, organisation protectrice de l’environnement) ont été rajoutés à la norme 1 et des questions liées à la qualité des interventions ont été insérées. En second lieu, les normes 2 et 3 de l’OMS (évaluation des besoins des patients; information et intervention auprès des patients) ont été regroupées sous le vocable « soins promoteurs de santé » et constituent la norme 2 de l’outil d’auto-évaluation. Enfin, des questions liées au changement de l’environnement et aux saines habitudes de vie du personnel ont été intégrées aux normes. Cet outil a montré que l’adaptation des normes HPS aux CSSS était non seulement faisable, mais aussi utile et compatible avec les politiques, programmes et services déjà existants au Québec (Dedobbeleer et al., 2009). De plus, les critères associés à chaque norme reflètent les préoccupations actuelles des établissements de santé (Brault, Roy, & Denis, 2008; Davie & Nutley, 2000). L’outil d’auto-évaluation adapté au contexte des établissements de