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Normalement, la capitalisation des régimes de retraite comporte l’accumulation des cotisations salariales, des cotisations patronales et des intérêts que le placement de

Dans le document du Vérificateur général (Page 39-45)

ces fonds rapporte. Bien entendu, ces fonds sont réduits des prestations versées.

LE VÉRIFICATEUR GÉNÉRAL DU QUÉBEC – RAPPORT DE 1997 (I)

2.100 Selon les données fournies au tableau 6, seules les cotisations salariales relatives au RREGOP sont accumulées dans une caisse distincte, soit à la Caisse de dépôt et placement du Québec. Par ailleurs, dans les états financiers des régimes, les sommes à recevoir du gouvernement sont inscrites comme s’il versait ses cotisations à la Commission administrative des régimes de retraite et d’assurances pour les capitaliser.

Comptabilisation par l’employeur des obligations découlant des régimes de retraite

2.101 Les obligations relatives aux régimes de retraite du gouvernement sont de même nature que celles de tout autre employeur. Il s’agit de reconnaître que cette forme de rémunération constitue une dépense pour l’employeur qu’est le gouvernement.

2.102 Ces dépenses, inscrites aux états financiers du gouvernement du Québec, prennent diverses formes :

• la comptabilisation du coût du service courant ;

• l’amortissement des gains et pertes actuariels ;

• l’amortissement des obligations actuarielles non inscrites.

Coût du service courant

2.103 Les coûts relatifs à un régime de retraite peuvent être assumés à la fois par les employés et par l’employeur, dans la même proportion ou non. Par ailleurs, il se peut aussi que l’employé doive verser une cotisation fixée à l’avance tandis que l’employeur assume le solde des coûts du régime : on parle alors d’un régime à solde de coûts.

2.104 Depuis le 1er juillet 1982, les employés qui participent au RREGOP et le gouvernement du Québec assument à parts égales les coûts de ce régime. Par contre, pour ce qui est de la plupart des autres régimes de retraite, les employés absorbent une partie des coûts déterminée à l’avance, et le gouvernement est responsable du reste.

2.105 La part du gouvernement constitue la dépense qu’il doit comptabiliser dans ses états financiers. L’objectif visé par la comptabilisation de cette dépense est de répartir, au fur et à mesure que les employés fournissent leurs services, les obligations relatives aux prestations qui leur seront ultérieurement versées.

2.106 Le service courant est comptabilisé pour tous les régimes. Dans le cas du RREGOP, il l’est depuis l’instauration du régime en 1973 ; pour ce qui est des autres régimes, depuis 1979-1980.

Amortissement des gains et pertes actuariels

2.107 Pour déterminer le montant qu’il convient de comptabiliser chaque année à titre de service courant, il faut faire appel à une méthode d’évaluation actuarielle, ainsi qu’à des hypothèses actuarielles qui sont de deux ordres. D’une part, elles sont de nature économique, comme l’évolution des salaires, les rendements prévus sur les actifs, etc., et, d’autre part, de nature démographique, c’est-à-dire qu’elles touchent les participants eux-mêmes.

2.108 Les hypothèses relatives aux régimes de retraite ont trait à une longue période. On peut donc s’attendre à ce que les résultats réels s’écartent quelque peu des prévisions : on dit alors qu’il se produit des gains ou des pertes actuariels. Ces gains ou ces pertes, constatés à l’occasion d’évaluations actuarielles périodiques, découlent d’écarts entre les prévisions et les résultats réels, et de changements touchant les hypothèses.

2.109 Dans le cas du RREGOP, le passif inscrit au 31 mars 1996 dépasse les obligations du régime de quelque 2,9 milliards de dollars. Ce montant inscrit en trop – qui résulte pour l’essentiel d’obligations réduites par suite de la révision d’hypothèses et de la méthode d’évaluation actuarielle pour se conformer dans ce dernier cas aux recommandations du CCVSP – sera amorti sur une période correspondant à la durée estimative du reste de la carrière active des participants à ce régime, soit environ 16 ans.

Ainsi, en ce qui concerne le RREGOP, les pratiques comptables du gouvernement en matière de gains et pertes actuariels sont adéquates puisque la méthode d’amortissement de ce passif inscrit en trop est conforme aux recommandations du CCVSP.

2.110 Dans le cas des autres régimes – nous l’avons déjà mentionné à maintes reprises – , une partie des obligations actuarielles n’est pas inscrite au passif du gouvernement.

Ainsi, les gains et pertes actuariels ne sont ni calculés ni amortis distinctement par rapport aux obligations non inscrites. Lors des évaluations actuarielles, toute différence constatée entre les résultats réels et les prévisions ou à la suite de la modification des hypothèses est ajoutée aux obligations non inscrites ou déduite de celles-ci.

Amortissement des obligations non inscrites

2.111 Avant 1979-1980, le gouvernement n’inscrivait pas les coûts relatifs aux services rendus par les employés. Au 31 décembre 1978, il avait ainsi accumulé une dette de quelque 7,2 milliards de dollars qu’il a décidé de porter à ses dépenses et à son passif sur une période de 50 ans, soit jusqu’en 2028-2029.

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2.112 L’amortissement des obligations non inscrites dont il est ici question fait l’objet de notre commentaire dans la partie principale de ce chapitre. De fait, cette méthode d’amortissement vise à comptabiliser des obligations qui auraient normalement dû être inscrites à titre de service courant au fur et à mesure que les employés rendaient leurs services.

2.113 À notre avis cependant, cette méthode d’amortissement n’est pas réaliste puisqu’elle ne permet pas une diminution progressive des obligations non inscrites, qui sont plutôt passées de 7,2 milliards en 1978 à plus de 13 milliards de dollars au 31 mars 1996.

2.114 La méthode de comptabilisation des obligations non inscrites a été établie de façon que l’amortissement annuel corresponde à une proportion constante de la masse salariale cumulée des participants au RREGOP, au RRE et au RRF. Comme la masse salariale prévue d’ici la fin de la période d’amortissement croît constamment, l’amortissement annuel des obligations non inscrites croît lui aussi. Par ailleurs, comme nous l’expliquons dans la section qui suit portant sur l’incidence sur les états financiers du gouvernement de la non-capitalisation des régimes de retraite, le gouvernement doit inscrire des dépenses d’intérêt pour les emprunts qu’il effectue auprès des régimes de retraite. L’amortissement inscrit annuellement a été et il est encore insuffisant puisqu’il ne couvre même pas les intérêts annuels qu’il faudrait inscrire sur le montant en question.

2.115 À cause de la méthode utilisée, les obligations non inscrites pour l’ensemble des régimes autres que le RREGOP croissent depuis le début et elles continueront d’augmenter pendant encore plusieurs années. Ce n’est que vers la fin de la période de 50 ans qu’elles commenceront à décroître pour finalement s’éteindre au cours de la dernière année de cette période.

2.116 Le graphique 1 présente l’évolution, depuis le début de cette période de 50 ans, des obligations inscrites relativement à tous les régimes en cause. Il présente aussi l’évolution des obligations totales de ces régimes. À la fin de chaque année financière, la différence entre ces deux éléments représente les obligations non inscrites.

2.117 Les données du graphique 1 démontrent de façon évidente que, loin de diminuer comme il serait réaliste de l’escompter, les obligations non inscrites pour les régimes autres que le RREGOP, représentées par la différence entre les deux zones, se sont accrues jusqu’à atteindre un montant de 13 milliards en 1995-1996.

2.118 Par contre, ce graphique permet de constater certaines diminutions importantes, l’une en 1989 et l’autre en 1992. Ces réductions correspondent aux gains ou pertes constatés lors d’évaluations actuarielles et à la mise à jour consécutive des hypothèses utilisées.

2.119 Par ailleurs, la méthode d’amortissement comporte également une caractéristique que certains n’hésiteraient pas à qualifier d’incongrue. En effet, alors que les régimes en question sont en voie de s’éteindre faute de participants, les dépenses comptabilisées dans les états financiers du gouvernement en fonction de ces régimes vont en s’accroissant.

2.120 Les deux graphiques ci-contre ont été établis à l’aide des tables d’amortissement préparées lors des évaluations actuarielles les plus récentes, pour ce qui est des montants annuels d’amor-tissement, et des dernières pré-visions disponibles relativement au nombre de participants actifs.

Ces graphiques montrent de façon explicite que les montants annuels d’amortissement à comptabiliser pour le RRE s’accroissent dans le temps, alors que le nombre de participants actifs à ce régime diminue rapidement. Tandis que les amortissements annuels passent d’un peu plus de 400 millions en 1996-1997 à 1,1 milliard de dollars en 2028-2029, le nombre de participants actifs prévu diminue d’un peu plus de 20 000 en 1997 à moins de 1 000 en 2008 et il devient nul peu après 2010.

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Incidence sur les états financiers du gouvernement de la non-capitalisation des régimes de retraite

2.121 Comme nous l’avons déjà dit, la capitalisation des régimes de retraite du gouvernement se limite aux cotisations salariales des participants au RREGOP.

Lorsqu’un gouvernement, à titre d’employeur, ne capitalise pas ses régimes de retraite, il doit à tout le moins reconnaître son endettement. Ainsi, les états financiers du gouvernement doivent mentionner une dette importante envers les régimes de retraite qui découle tant du RREGOP que des autres régimes.

2.122 Il s’acquitte de cette dette envers les régimes de retraite au moyen du versement des prestations. Selon les régimes, il assume une partie ou la totalité de ces prestations :

• dans le cas du RREGOP, la partie des prestations versée par le gouvernement correspond à la moitié des prestations calculées sur le service effectué à compter du 1er juillet 1982 et à 7/12 du service effectué avant cette date ;

• dans le cas des autres régimes, il verse le montant total des prestations.

2.123 Comme on le sait maintenant, le gouvernement utilise les cotisations salariales autres que celles qui se rapportent au RREGOP ainsi que les cotisations patronales pour financer une partie de ses activités. Ce fait peut être assimilé à des emprunts auprès des régimes de retraite plutôt qu’auprès d’autres sources. Les emprunts du gouvernement auprès des régimes de retraite, comme les autres, lui occasionnent des dépenses d’intérêts qu’il doit comptabiliser dans ses états financiers. Ces intérêts correspondent en quelque sorte aux revenus de placements que généreraient les montants qui seraient accumulés dans des caisses distinctes si le gouvernement capitalisait ses régimes de retraite.

Rapport à l’Assemblée nationale

Chapitre 3

Administration des sentences

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