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à son utilisation. Il existe précisément sur

la pla¬

nète des terres peu peuplées, peu

civilisées,

peu industrialisées. M. de Michelis indique qu'on en

trouve en particulier en

Afrique,

et que,

dans

ce continent, lespaysà densité

démographique élevée

CORPORATISME ET NATIONALISME 25

pourraient déverser les abondantes réserves hu¬

maines dont ils disposent.

La version italienne du livre de M. de Michelis a

paru en mai 1934. La traduction française a été publiéeaudébut de 1935. Les événementssurvenus

depuis lors jettent sur la doctrine de M. de

Miche-lis unelumière unpeucrue, qui risque de gêner les

yeux trop délicats. En tout cas, le paradoxe que

nous avions cru apercevoir est maintenant dissipé.

Ce corporatisme prétendument international ne

risque certes pas d'entrer en conflit avec les aspi¬

rations et les intérêts du nationalisme italien.

II

Corporatisme

et classe ouvrière

Les discussions soulevées par le principe et les

modalités de la doctrinecorporatisteont amené ses théoriciens à préciser sur quelques points délicats

leur position exacte. En ce qui concerne le sort

réservé par un régime corporatiste aux intérêts et

aux revendications des masses ouvrières, deux questions ont particulièrement retenu l'attention

en ces derniers temps :

En fait, à l'heure actuelle, plusieurs organi¬

sations, divergentes par leur esprit et leur orienta¬

tion, se partagent les ouvriers syndiqués, cepen¬

dant qu'un très grand nombre de travailleurs

demeurent en dehors detouteformation syndicale.

Cette multiplicité et cette inorganisation sont en contradiction avec le principe corporatif qui sup¬

pose, semble-t-il, l'encadrement de la masse des ouvriers, par profession et par région, dans un

organisme unique, en face duquel se placerait l'or¬

ganisme patronal parallèle, cependant que la cor¬

poration jetterait un pont entre ces deux piliers de

l'édifice et dégagerait, au-dessus des oppositions

de classe, le bien commun professionnel. Aussi,

certains corporatistes estiment-ils que le fonction¬

nement correct du système implique la disparition

du syndicalisme facultatifet son remplacement par le syndicat obligatoire et unique. Mais cette solu¬

tion présente des inconvénients graves ; elle subs¬

titue l'artificiel au spontané, elle anéantit ces idéo¬

logies diverses qui donnent à chacune des forma¬

tions syndicales son originalité et son âme. C'est pourquoi les théoriciens récents de la doctrine cor¬

poratiste s'orientent vers des solutions moins radi¬

cales, qui maintiendraient au sein de la corpora¬

tion une certaine dose de liberté syndicale \ Tel serait, par exemple, le système de l'affiliation obli¬

gatoire à un syndicat librement choisi : tous les

ouvriers seraient nécessairement syndiqués, mais

chacun d'eux adhérerait au groupement, confes¬

sionnel ou laïque, réformiste ou révolutionnaire, qui correspondrait à ses préférences personnelles.

Chacun des syndicats ainsi constitués déléguerait

à la corporation des représentants, en nombre pro¬

portionnel à son importance numérique. D'autres,

allant moins loin encore dans la substitution de

l'obligation à la liberté, proposent de conserver le

1 Cf. un curieux essai de description de ce que pourrait être concrètement l'organisation corporative d'une branche particulière de production (sur l'exemple de la menuiserie) dans la brochure de M. Bouvier-Ajam, La question du cor¬

poratisme, 1935, pp. 25 et s.

CRAINTES SYNDICALISTES 31

syndicalisme facultatif en donnant aux syndicats

certainsprivilèges, telque celui dedresser les listes

de candidats entre lesquels s'exercerait le choix de

la masse ouvrière pour l'élection de ses délégués

à la corporation, ou accorderaient aux seuls syn¬

diqués le droit de vote pour cette élection.

Seulement, ces ingénieux systèmes ont suscité

des craintes inattendues mais bien naturelles dans les rangs du syndicalisme chrétien. Les ou¬

vriers catholiques n'ont assurément aucune pré¬

vention contre le principe du corporatisme, qui figure, depuis longtemps, au centre de la doctrine catholique-sociale. Mais lorsqu'ils envisagent,

d'une manière réaliste, les perspectives d'avenir

que leur offre l'avènement éventuel d'un régime corporatif, ils sont amenés à s'apercevoir soit que le syndicalisme confessionnel serait condamné à

disparaître (si l'on adoptait la solution d'un syn¬

dicat obligatoire, unique et nécessairement neu¬

tre), soit qu'en tout cas, il serait, au sein de la corporation, relégué à l'arrière-plan en raison de l'infériorité numérique de ses effectifs.

M. Brèthe de la Gressaye, corporatiste con¬

vaincu, a très loyalement souligné la difficulté, au

cours d'un remarquable article de la revue Politi¬

que \ Le syndicalisme confessionnel n'a aucune

1 Du syndicat à la corporation, Politique, janvier 1935. Cf., du même auteur, La représentation professionnelle et cor¬

porative, numéro spécial des Archives de philosophie du

chance, dans l'avenir prochain, de grouper la majorité des ouvriers ouemployés. Et même, si les

efforts tentés actuellement en vue d'une fusion de la C. G. T. et de la C. G. T. U. aboutissent, comme

il est probable, d'ici peu, la supériorité en effectifs

de la confédération ainsi créée sera écrasante par rapport à la Confédération des travailleurs chré¬

tiens. Dès lors, tout système qui organise, au sein

de la corporation, la représentation ouvrière en fonction du nombre, aboutira à subordonner le

syndicalisme catholique ausyndicalisme laïque. On conçoit que les dirigeants des formations confes¬

sionnelles soient peu enchantés de cette perspec¬

tive et qu'ils préfèrent encore l'inorganisation actuelle, avec la sphère d'action, restreinte mais autonome, qu'elle confère aux groupements ou¬

vriers catholiques.

Il y a plus : si l'on se rappelle que le syndica¬

lisme non confessionnel, quelque différentes que

soient, à l'heure actuelle, ses doctrines, suivant qu'il s'agit de la C. G. T. ou de la C. G. T. U., est du moins unanime dans l'affirmation du principe

de la lutte de classes, on aperçoit qu'ilne sera sans doute pas aisé d'intégrer un tel syndicalisme dans

un système corporatif qui entend nécessairement

faire prédominer sur l'antagonisme de classe la

droit et de sociologie juridique, sur Lacrise de l'Etat, Librai¬

rie du Recueil Sirey, 1934.

ATTITUDE DE LA C.G.T. 33 communauté de l'intérêt professionnel, voire de

l'intérêt national. Or, si le corporatisme a gagné, dans certains

milieux de gauche, des

adhérents (dont le symptôme le plus récent est

ce numéro deL'Homme nouveau déjà signalé, au¬

quel ont collaboré plusieurs jeunes

écrivains néo¬

socialistes), il est incontestable que, dans son ensemble, le syndicalisme ouvrier de gauche y

de¬

meure extrêmement hostile. On s'en convaincra si

l'on se reporte au numéro

spécial de la

revue

L'Homme réel 1 en qui revit un peu de

la

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