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Chez d’autres lecteurs, les prénoms : Mériem et Mehdi pourront cependant ne pas signifier la même notion et la même vision que la notre. Cette appréciation dépend uniquement de la subjectivité et des compétences intellectuelles du lecteur :

« Un nom propre, possède des connotations données par la compétence culturelle, idéologique et encyclopédique du lecteur. tout nom est toujours , à priori un opérateur de classement du personnage ( classement dans une classe sociale , dans un « monde » particulier – pour reprendre un terme zolien – dans une classe géographique ) qui renvoie à un archétype culturel, avant même leur mise en circulation dans un texte romanesque »101 .

Nous estimons que ces deux « prénoms » expriment quelque chose, protège une idée. Ces prénoms à eux seuls nous et nous interpellent.

« Le nom par exemple, peut-être un capital quelque chose à protéger, à faire fructifier, à inscrire, à effacer, à léguer à la postérité etc.… »102 Pour

reprendre ainsi une définition de Philippe Hamon.

Mehdi et Meriem, sont un canevas symbolique, exprimant une dimension universelle. Symbolique d’une part car ces deux personnages n’ont pas longuement « existés » dans le roman, leur présence était plus courte que leur absence. D’autre part ils symbolisent l’union entre l’arabe algérien et la suissesse, c’est le symbole de ce mariage, ce cette alliance.

Leur dimension universelle est ainsi visible et explicite par rapport aux religions. Anna la mère est suissesse, chrétienne, et Nassredine le père est algérien, musulman, les deux religions partout dans le monde se rejoignent à propos de certaines croyances. Pour le christianisme Mehdi est le prénom de jésus christ, Mériem est la vierge Marie, pour les musulmans les deux prénoms sont aussi sacrés l’un que l’autre : Mériem est la mère du prophète « Aissa » et Mehdi est le prénoms d’un imam qui délivrera les musulman dans un autre temps « Mehdi el Mountadar ».

Emile Zola écrit :

101

Philippe Hamon.op.cit.p.111

102

« Nous mettons toutes sortes d’intentions littéraires dans les noms. nous

nous montrons très difficiles, nous voulons une certaine consonance, nous voyons souvent tout en caractère dans l’assemblage de certaines syllabes (…) au point qu’il devient à nos yeux l’âme même du personnage (..) changer le nom , d’un personnage , c’est tuer le personnage »103

Le personnage devient grâce à son nom par la force de le lecture une personne, avec une physionomie, une pensée, puisqu’il pense à travers le narrateur avec un tempérament.

« Le nom du personnage tend donc non seulement à être « foyer » synthétique de la signification du personnage (il focalise l’attention et la mémoire du lecteur »104

Toute une imagination, une invention de l’auteur qui véhicule une idée, une vision souvent implicite et qui ne dépend que du lecteur. Philippe Hamon propose dès lors une combinatoire105 :

Présence du personnage

Appellation Description

Dénomination du du personnage

Personnage (le nom) (le portrait) Absence

Du personnage

« Décrire un personnage sans le nommer, le nommer sans le décrire, décrire un personnage en sa présence, ou décrire un personnage absent. Citer un personnage présent (sans le décrire) et décrire un personnage présent (sans le nommer) »106 Cependant Les Amants désunis obéit à une absence de l’action et de

103

Cite dans l’ouvrage de Philippe Hamon, op,cit .

104 Ibid.p127 105 Ibid.p157 106 Ibid.p157

la description de ces deux personnages, en effet nous proposons une combinatoire mais seulement pour ces deux personnages et ces deux prénoms Meriem et Mehdi : Apparition (absence d’action)

Présence du personnage

Appellation Description

dénomination du personnage

du personnage (le nom) (le portrait

Absence du personnage

(action)

Déroulement des évènements

C’est ainsi que nous nous proposons d’analyser cette partie du roman ou encore ces quelques personnages qui engendrent l’action et les évènements du roman.

Si dans certains romans les personnages font l’action par leur présence, dans Les

Amants désunis certains personnages font l’action par leur absence.

En premier lieu, l’apparition de Mehdi et Mériem a été très brève, le temps dans lequel ils ont été crées couvre aussi bien leur présence que leur absence. Donc ces « deux lexèmes » n’ont pas eu assez de temps pour réer une action. Leur présence et leur apparition dans les premier chapitre n’été pas une action en elle-même.

En second lieu, l’auteur n’a pas jugé important de nommer ces deux personnages juste au début de son roman. L’appellation ou la dénomination s’est faite au début par ce que Hamon appelle les marques instables, c’est-à-dire les surnoms accordés à ces deux personnages.

Pour ce qui est de la description ou encore du portrait, les deux « noms » n’ont pas été décrits, aucun portrait pour les caractériser, ni dans le temps ni dans l’espace. En fait la seule idée que se fera le lecteur par rapport à ces deux personnages, ce n’est ni leur age ni leur physionomie, il aura juste leurs prénoms.

En dernier lieu l’absence des deux personnages est à l’origine de l’action, cependant si l’absence de certains personnages fera taire l’action, l’absence de Mehdi et Mériem, est l’action même. En d’autres termes tout le roman repose sur la disparition des enfants, la haine, mais aussi la recherche des tombes, sans trop nous attarder sur les détails du roman.

Sans la disparition des jumeaux Anna ne serait jamais revenue en Algérie en ayant l’espoir de retrouver les tombes et de pleurer ses enfants.

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