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Nominations et fonctions des serviteurs de l’État impérial

Gouverner l’Empire

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Gouverner l’Empire

Le manuscrit édité ci-dessous est un unicum présent dans la Bibliothèque

ḥasaniyya de Rabat, ancienne Bibliothèque Royale. Il porte la cote 4752. Il a été édité pour la première fois par Aḥmad ʿAzzāwī en 1995 dans ses Nouvelles Lettres almohades264. Ces taqādīm formaient alors la conclusion de sa propre compilation de lettres almohades, compilation qu’il avait constituée en repérant dans l’ensemble des sources éditées, chroniques, anthologies littéraires, dictionnaires bio-bibliographiques (tabaqāt, tarāǧim) ou géographiques, chroniques, les lettres citées, intégralement ou partiellement. À ces extraits prélevés dans des sources de nature non épistolaires, A. ʿAzzāwī a ajouté les documents originaux des archives de Pise, préalablement éditées à la fin du XIXe siècle par Michele Amari, ainsi que les lettres contenues dans plusieurs manuscrits inédits, présents au Maroc, dont le n° 4752 et les annexes (zawā’id) du manuscrit 6148 du ʿAṭā’ al-ǧazīl d’Aḥmad al-Balawī, un kātib almohade du début du

XIIIe siècle. Dans ces Nouvelles lettres almohades, l’auteur n’avait pas cru bon d’insérer les documents édités par Évariste Lévi-Provençal en 1941265. Le second tome des

Nouvelles lettres almohades d’A. ʿAzzāwī, paru en 2006 et intitulé Rasā’il diwāniyya muwaḥiddiya, les intègre et ces deux volumes fournissent donc un ensemble à peu près complet des documents épistolaires officiels (sulṭāniyyāt) de la chancellerie almohade. Plus récemment, A. ʿAzzāwī, prolongeant cette vaste entreprise, a reproduit ces taqādīm dans son ouvrage en plusieurs volumes intitulé al-Ġarb al-islāmī, mais ce faisant, il a fait éclater l’organisation du recueil et il en a détruit la logique sur laquelle va insister mon propre travail. En outre, il met exactement sur le même plan les documents originaux, les citations, partielles ou totales, dans les œuvres d’époque almohade — comme les aḫbar al-Mahdī d’al-Bayḏaq ou la Mann bi-l-imāma d’Ibn Ṣāḥib al-Ṣalā —ou nettement postérieures — comme lesʿIbar d’Ibn Ḫaldūn ou le Nafḥ al-Ṭīb d’al-Maqqarī —, voire les lettres qu’on trouve dans les manuels de chancellerie. La compilation de lettres contenues dans les ouvrages d’A. ʿAzzāwī mérite quelques commentaires : d’abord il constitue de fait un travail d’édition et de repérage très utile ; ensuite il met à disposition des chercheurs intéressés et rend accessible un ensemble de textes qui sans cela seraient probablement restés méconnus et peu exploités. Sans ce travail, toute modestie mise à part, la présente étude n’aurait pas

264 NLA, pp. 409-517.

lieu d’être. C’est sur les conseils de Mannūnī qu’A. ʿAzzāwī a rendu public, plus d’un demi-siècle après la première ébauche d’Évariste Lévi-Provençal, un corpus documentaire dont la richesse est très grande et dont l’exploitation ne fait que commencer. Par ailleurs en regroupant des documents extraits de sources très différentes, il donne une unité artificielle, moderne, à une collection dispersée. Ce faisant, il ne trahit vraisemblablement pas les conceptions qui prévalaient au moment de la rédaction de ces documents, mais il oriente les conditions de l’analyse et de l’étude du corpus.

La traduction proposée est donc le prétexte pour une nouvelle édition de ces documents. On peut s’interroger, alors que tant de textes sont encore inédits dans le monde musulman, sur l’intérêt qu’il y a à rééditer un corpus technique, publié assez récemment. Il ne faudrait pas croire que l’édition d’Aḥmad ʿAzzāwī est mauvaise, au contraire et le mérite de ce chercheur est grand d’avoir attiré l’attention sur l’ensemble exceptionnel que constituent les documents de la chancellerie almohade. Notre dette est grande à son égard. Il faut noter de plus qu’en publiant ces sources, au moment où les historiens de l’Occident médiéval renouvelaient profondément leur approche des textes de chancellerie, il faisait participer les historiens de l’islam médiéval à ce renouvellement historiographique. Cependant son édition ne correspond pas entièrement aux exigences « occidentales » des éditions de sources médiévales et il a porté son attention en aval sur le contenu du manuscrit, plutôt qu’en amont sur sa constitution. Or il n’est pas inintéressant, alors que les chercheurs se plaignent de l’absence d’archives et de la disparition des actes originaux du monde musulman médiéval, de s’interroger sur les logiques de composition et de conservation des recueils qui nous sont parvenus.

A. L’édition scientifique des manuscrits arabes

L’édition d’A. ʿAzzāwī est de très bonne qualité. Il indique en marge du texte les pages du manuscrit, il signale la plupart du temps quand il « corrige » le texte, en précisant en note les modifications qu’il propose. Pourtant la modernisation de l’orthographe et l’adaptation des formes grammaticales en fonction de ce qui est communément considéré comme la norme de l’Arabe classique placent un voile entre le lecteur d’aujourd’hui et le scribe d’hier. En supprimant ou rajoutant des signes vocaliques ou orthoépiques et en modernisant la ligne consonantique, les éditeurs

contemporains gomment les spécificités locales du langage politico-administratif. L’éditeur du manuscrit 4752 a beaucoup plus d’égards pour le manuscrit, qui a l’avantage d’être un unicum, mais il n’en gère pas moins l’original en fonction de ce qu’il considère comme « correct ».

Ainsi les règles d’édition dans le monde arabe actuel ne correspondent pas tout à fait aux règles en vigueur dans les éditions scientifiques telles qu’elles existent par exemple pour les textes latins du Moyen Âge. En raison de la proximité relative, et souvent apparente, entre l’arabe médiéval et l’arabe littéraire contemporain, les éditeurs arabes prêtent peu attention aux éléments qui s’écartent des normes linguistiques qu’ils connaissent et pratiquent, et considèrent que ces écarts relèvent de l’erreur ou de l’idiotisme régional par rapport à une langue arabe dont les normes seraient universelles et intangibles. Aussi n’est-il pas rare que les éditeurs « corrigent » les textes qu’ils éditent sans indiquer leur intervention. Ce faisant ils contribuent au « dogme » de l’immuabilité d’une langue arabe écrite de référence, atemporelle et déracinée de tout contexte géographique, social et culturel. Seules évolueraient les langues dialectales, vernaculaires, mal considérées. Or ce qui est perçu aujourd’hui comme erreur, imperfection ou faute, était souvent hier une pratique d’écriture reconnue et valorisée.

J’ai eu l’occasion de comparer les documents conservés aux archives de Pise avec leurs différentes éditions266, et cette confrontation a révélé l’écrasement progressif des pratiques d’écriture médiévales et la déperdition d’informations dans l’édition moderne des textes du Moyen Âge267. Le taškīl (la vocalisation) du texte édité, quand il existe268, souvent aléatoire, ne correspond généralement pas à celui du texte original, et le contredit souvent. Or les lettrés du Moyen Âge, et les copistes qui les servaient, prêtaient un soin méticuleux à indiquer les signes vocaliques et orthoépiques sur la ligne consonantique, fournissant à l’historien des indications précieuses sur les usages langagiers dans les milieux de chancellerie. Il est du devoir des éditeurs actuels de valoriser le document d’origine et le manuscrit aux dépens des croyances linguistiques actuelles. C’est donc aussi pour les spécialistes de la langue

266 M. AMARI, Diplomi Arabi ; ʿA. al-H. AL-TAZI, Al-tarīḫ al-diblumāsī, t. 6 ; NLA et NLA 2.

267 Voir P. BURESI, « Traduttore traditore », pp. 297-309, « Les plaintes de l’archevêque », pp. 99-135 et « Les documents arabes et latins », à paraître en 2011.

(orale ou écrite) qui s’intéressent aux évolutions historiques dans ce domaine que la présente édition vient compléter celle d’Aḥmad ʿAzzāwī, qui répétons-le, est d’excellente qualité même si elle nous apparaît sur certains points incomplète269.

1.DESCRIPTION PHYSIQUE DU MANUSCRIT

Le manuscrit se trouve à la ḫizānat al-ḥasaniyya de Rabat. C’est un unicum de 47 folios portant le titre de rasā’il muwaḥidiyya dans le catalogue de la bibliothèque et la cote 4752. Ce titre a été attribué pour le catalogue des archives, pourtant, d’après l’unique notice biographique concernant l’auteur de ce recueil, notice se trouvant dans le Barnamaǧ d’al-Ruʿaynī270 il se pourrait que ce recueil de documents d’époque almohade ait porté le titre de Maǧmūʿ Yaḥyá ou Kitāb Yaḥyá, comme nous le verrons plus bas dans la présentation de l’auteur.

Il s’agit d’un volume en bon état, sur papier, d’un format de 21 cm sur 17. La surface couverte par l’écriture est de 18 cm sur 12,5. Il n’y a aucune numérotation visible des pages, mais cela est peut-être dû à l’usure du temps qui a mité le bord de toutes les pages. Pour éviter que les pages soient mélangées, une numérotation en chiffres arabes a été ajoutée récemment au stylo bleu de 1 (f° 2r) à 94 (f° 49r), mais la première, comme la dernière page, sont vierges de toute écriture.

Les pages ont été restaurées par collage d’une bande de papier sur leur pourtour pour renforcer les bords qui sont en état de décomposition avancée. Cette bande de papier recouvre parfois la fin des lignes d’écriture, mais l’écriture apparaît en transparence. Cette restauration est difficile à dater.

Tableau 2 : traces de restauration du manuscrit et numérotation moderne, f° 3v, p. 4.

Ce volume contient quelques cahiers, mais d’une part les coutures ont disparu, d’autre part les cahiers ne sont qu’imparfaitement conservés : se succèdent ainsi un

269 Si ces règles d’édition scientifique des textes arabes pouvaient s’imposer, l’étude des langues arabes et des pratiques d’écriture, ainsi que les comparaisons régionales, seraient grandement facilitées. De nouveaux dictionnaires, complétant les très précieux Dictionnaire arabe-français d’A. de Kazimirski et

Supplément aux dictionnaires arabes de R. Dozy, pourraient être rédigés fournissant ainsi à tous les chercheurs des moyens pour travailler sur des textes, administratifs ou littéraires, souvent obscurs.

270 AL-TUǦIBI AL-RUʿAYNI, Barnamaǧ, n° 86, p. 164. Sur cet ouvrage, voir A. RAMOS CALVO, « Le “Barnāmaǧ” d’al-Tuǧībī », Arabica, 24, 1977 pp. 291-298. Je remercie chaleureusement Ḥāyat Qāra (Université Muḥammad V de Rabat) de m’avoir indiqué cette référence.

cahier de deux folios, puis deux folios isolés, un cahier de deux folios, un cahier de 8, un de 4, un de 8, un de 2, un de 8, un de 2, un de 8 et enfin un folio isolé. L’ensemble est maintenu par une couverture récente en carton, le tout s’insérant dans une boite simple en cuir rouge. L’ensemble du volume, avec la couverture cartonnée a 2,2 cm d’épaisseur (2 cm sans la couverture).

Le papier en lui-même et l’encre sont très bien conservés, à l’exception des bords, mités. Aucun filigrane n’apparaît, les vergeures sont orientées verticalement et il est très difficile de dater le manuscrit. Le nombre de lignes par page est variable en fonction de la présence, ou non, de titres qui sont d’un module plus grand, mais il s’établit entre 20 et 24 lignes. Aucun système de réglure n’apparaît. En revanche pour les marges, il semble que le scribe se règle sur les vergeures verticales et il lui arrive d’allonger certaines lettres pour arriver à la fin de la ligne, parfois modérément, parfois sur plus de la moitié de la ligne. Aussi le nombre de mots par ligne varie-t-il entre 9 et 13, avec une moyenne d’une douzaine environ.

Taqdīm n° 71, f° 45v, p.88

هــــــــتحابا هـــTaqdīmــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــِّنمب n° 76, f° 48v, p. 93

Tableau 3 : Marge verticale, fin de ligne, allongement des lettres.

Outre l’absence de colophon et de marques d’identification, le manuscrit, acéphale et incomplet, présente quelques aspects étranges. En effet la « page » n° 1, f° 2r, est vierge, la copie ne commençant, de manière abrupte, qu’à la page 2, sur le verso du même folio. Aḥmad Šawqī Benebine, le directeur de la ḫizānat ḥasaniyya, qui a eu la gentillesse de regarder le manuscrit avec moi, en a daté grossièrement la facture, d’après son expérience des manuscrits et sa connaissance des archives qu’il dirige, au XVIe ou XVIIe siècle. En l’état actuel de nos connaissances sur les manuscrits maghrébins, nous nous en tiendrons à cette évaluation.

2.LE SYSTEME GRAPHIQUE ET LES PARTICULARITES DE L’ECRITURE

L’écriture arabe est consonantique. La vocalisation (iʿrāb) est un acte interprétatif, comme le prouve suffisamment les débats et les études sur les manuscrits coraniques du VIIe siècle, qui sont totalement dépourvus de points diacritiques et de signes vocaliques. Andreas Kaplony sur le site internet de l’Orientalische Seminar de Zurich donne quelques exemples d’erreurs possibles de lecture en l’absence d’indications précises271. C’est pourquoi, indépendamment du choix que nous avons opéré personnellement pour la traduction, nous avons reproduit le taškīl (la mention des voyelles) tel qu’il apparaît dans le manuscrit, contrairement à Aḥmad ʿAzzāwī, qui l’a largement ignoré et a édité sa lecture du texte plutôt que la proposition originale du scribe. C’est finalement à travers la lecture, ou la récitation, qui unifie consonnes et voyelles, que sont permises la production et la reproduction du texte272. Ces considérations permettent de comprendre partiellement la logique qui a prévalu chez le scribe pour la mention, qui sans cela pourrait paraître aléatoire, du taškīl.

L’écriture du manuscrit est une cursive, tracée dans une encre noire, avec une plume ou un calame souple, à bout rond. Le tracé est régulier, les lignes bien droites, même si on ne repère aucun signe de réglure, mais parfois des signes de relâchement apparaissent, les hampes s’inclinant alors sur la droite, le tracé se faisant plus fébrile, les « simplifications » plus fréquentes.

a. Formes maghrébines

Fā’ et qāf

La première remarque concerne la spécificité maghrébine de l’écriture des lettres fā’ et qāf, respectivement avec un point souscrit et un point suscrit273. Cette pratique permet un dessin particulier du , avec trois points en triangle sous le mot :

taqdīm n° 25, f° 21v, p. 40, l. 14

fī l-tawāfuq

قفاوتلا يف

qāf fā’

271 Pour des exemples et des exercices de déchiffrement de manuscrits sur papyrus, consulter l’excellent site : http://orientx.uzh.ch:8080/aps_test_2/home/

272 Voir B. MESSICK, The Calligraphic State, p. 26.

273 Voir O. HOUDAS, « Essai sur l’écriture maghrébine », pp. 83-112, p. 85-112 ; F. DEROCHE, Le livre manuscrit arabe, pp. 67-112 ; A. KAPLONY, « What Are Those Few Dots For? », p. 94.

Tableau 4 : fā’ et qāf

Il est possible que quelques formes dialectales se soient glissées dans le manuscrit, dans l’utilisation du dal au lieu du ḏal, par exemple dans l’écriture badl au lieu de baḏl dans badl al-ǧuhd274, ou bien li-dalikum au lieu de li-ḏalikum, mais il peut s’agir simplement de l’oubli d’un point275. On peut noter à titre anecdotique un maghrébisme de l’éditeur A. ʿAzzāwī qui transcrit le ẓā’ de ʿan maẓann par un ḍad, ʿan maḍann276.

Le kāf en fin de mot

Un trait graphique, peut-être spécifiquement maghrébin, concerne le dessin en position terminale de la lettre kāf qui apparaît sous deux formes différentes. Il semble en fait que la forme « classique » n’apparaisse que pour le terme ḏalika. En revanche tous les autres kāf en fin de mot sont écrits comme en milieu, ou début de mot.

kāf « normal », taqdīm n° 48, f° 31v, p. 60,

l. 15 mutawalliyyan ḏalika kulli-hi kāf

« coufique », taqdīm n° 25, f° 21v, p. 40, l. 10

wa l-sulūk

هلك كلذ ايلوتم کولُّسلاو

Tableau 5 : Kāf en position terminale

b. Terminaison de certaines lettres

C’est essentiellement dans l’écriture des lettres en fin de mot qu’apparaissent les spécificités des écritures médiévales. Il convient d’abord de noter qu’assez classiquement la ponctuation n’est pas mentionnée sous le yā’ final, qui s’écrit alors comme l’alif maqsūra : ى. Pourtant on trouve quelques exceptions : d’abord le yā’ de

reçoit toujours ses points (en triangle avec le point du fā’), ensuite celui quelques termes comme tastawi (taqdīm n° 4, f° 5v, l. 17), ou al-ra’y al-rāǧiḥ (taqdīm n° 11, f° 12v, p. 22, l. 19). En outre, ces deux lettres (yā’ en fin de mot et alif maqsūra) sont

274Taqdīm n° 61, f° 41r, p. 79, l. 4 et l. 17.

275Taqdīm n° 65, f° 42r, p. 81, l. 6

parfois simplifiées. Nous avons été fidèle à ces occurrences en utilisant un symbole spécifique la boucle repartant vers la droite :

al-latī hiya

يه يتلا

transcrit dans l’édition du texte : ىه ےتلا

taqdīm n° 51, f° 33v, p. 64, l. 9

Tableau 6 : yā’ en fin de mot

L’absence de point n’implique pas cependant l’oubli de toute indication. Ainsi le

taškīl peut être indiqué, même si les points ne le sont pas, comme dans l’exemple suivant wa qawiyyu wa l-ġarību wa l-qaṣiyyu ُُّّىوقلاو بيرغلاو ُُّّىِصَقْلاو taqdīm n° 50, f° 33r, p. 63, l. 12

Tableau 7 : Absence des points du yā’ en fin de mot avec šidda et ḍamma

Si on trouve parfois les points indiqués sous le yā’ en fin de mot, le nūn final lui ne le comporte jamais et est écrit avec une grande régularité comme une grande boucle descendant sous la ligne d’écriture :

Taqdīm n° 50, f° 33r, l. 9

min aḥwa…

وحا نم …

Tableau 8 : nūn en fin de mot

En revanche le hā’ et le tā’ marbūṭā en fin de mot présentent une certaine diversité d’écriture, selon qu’ils sont attachés ou non et que les points sont ou ne sont pas indiqués :

hā’ avec hampe : fa-aʿīnū-hu ُّ هاونيعاف taqdīm n° 50, f° 33r, p. 63, l. 13 simplifié : haḏi-hi هذه idem détaché : ةدضاعملاب bi-l-muʿāḍadat idem, l.14 attaché : ةيليبشا نم min Išbiliyyat taqdīm n° 53, f° 34v, p. 66, l. 15

hā’ en fin de mot tā’ marbūṭa Tableau 9 : hā’ en fin de mot et tā’ marbūṭa

Par ailleurs, il convient de constater que le manuscrit ne comporte aucune abréviation : en particulier pour taʿālá (عت) ou ṣallá Allāh ʿalay-hi wa sallam (معلص), toujours écrits intégralement.

c. Utilisation décorative du point

Le point est utilisé occasionnellement de manière « décorative » pour le ḍād

(ض) et le ẓā’ (ظ) à l’intérieur de la boucle de la lettre, le plus souvent dans les mots formés à partir de la racine WḌḤ : wāḍiḥ, awḍaḥ, ou NẒR, mais aussi plus rarement pour ḌMM, NẒM ou RḌY.

taqdīm n° 55, f°36v, p. 70, l. 9 :

awḍaḥ

taqdīm n° 42, 29r, ligne

10 : li-yanẓura fī f°38r, p. 73, l. 7 : man lā yurḍá

n° 42, f°29r, l. 11 :

fī ḍammi

taqdīm n° 36, f°26v, l. 14 : aʿẓam حضوا يف رظنيل ےضري لَ نم ِّمَض يف مظعا

Tableau 10 : Le point dans la boucle du ẓā’ et du ḍād.

d. Césures et ponctuation

Une autre particularité de l’écriture consiste en la césure de mots, aujourd’hui proscrite des usages orthographiques de la langue arabe. Cette pratique de la césure, qui permet de tirer le profit maximal de la longueur de la ligne obéit à certaines règles : les mots ne sont coupés en fin de ligne qu’après les cinq lettres qui n’admettent pas de ligature postérieure : ز ,ر ,ذ ,دا, ,و. Jamais un mot n’est coupé si cela doit conduire à une modification de la ligne consonantique. On a ainsi une scripta continua, même si, généralement, mais pas toujours, l’espace entre les mots est légèrement supérieur à celui qui sépare deux membres du même mot comprenant l’une des cinq lettres citées.

Taqdīm n° 25, f° 21v, p. 40, l. 8-9 : Exemple de césure de mots qānūni-hā : اهنون/ اق ىلع

Tableau 11 : Césure

En ce qui concerne la ponctuation plusieurs signes apparaissent dans le manuscrit, mais ils ne sont pas fréquents et leur usage n’est pas systématique. Le premier est employé en début et fin de titre, un « c » à l’envers avec un point à l’intérieur ; le second, un hā’, à la fin d’un grand nombre de taqdīm, est l’abréviation d’intihā’ (« fin »), presque systématique après le terme bi-manni-hi (« Par Sa grâce ») ; enfin le troisième est constitué de trois points en triangle dans le corps du texte.

représentés ʘ dans l’édition représenté “ⳝ” pour intihā’ taqdīm n° 34, f°25v, l. 9, représenté “ⳝ” ر ْدَّصلا د ْعب ُهانبتكف

Tableau 12 : Signes de ponctuation

e. Corrections et ratures

Il y a en outre une demi-douzaine de ratures dans le manuscrit, ou de redoublement de termes. ʿAzzāwī a mentionné généralement les redoublements, mais n’a pas pris la peine d’indiquer les ratures. Pour notre part, nous les avons reproduites avec la traduction correspondante barrée, comme le texte original. Dans le manuscrit, le trait de correction est suscrit et placé entre deux symboles qui indiquent le début et la fin de la zone de correction.

Taqdīm n° 2, f° 3v, p. 4, l. 22

هتلَاَء هتناما قلاطاو

f. Rubricages et titres

Il était enfin difficile de savoir dans l’édition d’A. ʿAzzāwī si les titres étaient de lui ou s’ils venaient du manuscrit. Or le scribe établit une claire différence entre les différents taqādīm qu’il espace les uns des autres et qu’il sépare par un titre d’un module supérieur, d’une plume plus épaisse et de couleurs différentes. Les titres ont fait l’objet d’un soin particulier : changement de plume, de couleur, parfois un mince trait sombre souligne le contour du trait de plume. Ils sont généralement de couleur rouge, à quelques exceptions près, dont deux en vert foncé, mais il s’agit peut-être

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