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5. Système d’activités et revenus en 2010

5.8. Revenu global et dépenses des exploitations en 2010

5.8.2. Niveau de pauvreté

Les trois mesures les plus couramment utilisées pour apprécier le niveau de pauvreté sont celles des indices FGT (Foster, Greer et Thorbecke, 1984) : l’incidence, la profondeur et la sévérité de la pauvreté. La mesure se fait par rapport à un seuil de pauvreté. Au Mali, les seuils de pauvreté sont déterminés par l’INSTAT pour l’ensemble du pays22 et mais aussi pour chaque région avec dans les deux cas, un seuil global (qui prend en compte l’ensemble des dépenses) et un seuil de pauvreté alimentaire23.

En 2010, pour la zone rurale, les seuils de pauvreté étaient selon l’INSTAT (voir en annexe Tableau 104) : (i) pour la région de Sikasso le seuil de pauvreté global était de 173 656 Fcfa/pers/an et le seuil de pauvreté alimentaire de 106 544 Fcfa/pers/an ; (ii) pour la région de Mopti, le seuil de pauvreté global était de 121 917 Fcfa et le seuil de pauvreté alimentaire de 98 823 Fcfa/pers/an (INSTAT, 2011). On note que l’écart est important entre les seuils globaux de pauvreté des deux régions : plus de 50 000 Fcfa/pers et par an soit un seuil pour la région de Sikasso égal à 140% de celui de la région de Mopti alors que les seuils de pauvreté alimentaire sont voisins (écart de 7 000 Fcfa/personne et par an, soit moins de 10%). L’évaluation de la pauvreté se fait en utilisant le seuil global de pauvreté. Avant de procéder aux analyses, il faut rappeler que les données utilisées pour les comparaisons qui suivent ont été obtenues selon des méthodes différentes l’une pour l’INSTAT basée sur l’évaluation des dépenses de consommation des ménages (EMEP et ELIM), l’autre pour l’IER basée sur

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En 2010, le seuil de pauvreté pour l’ensemble du pays était de 165 431 FCFA/pers/an (INSTAT, 2011).

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La méthode du coût des besoins de base a été utilisée pour le calcul du seuil de pauvreté alimentaire en 2001 sur la base du coût de la consommation d’un certain nombre de kilocalories (2 450 kilocalories par personne et par jour) permettant à un individu de se maintenir en bonne santé. Ce coût a été déterminé à partir d’un panier de 20 produits les plus consommés représentant près de 80% de la consommation alimentaire des ménages. La valorisation de ce panier pour chaque région a permis de déterminer le seuil de pauvreté alimentaire. Ensuite, le seuil non alimentaire a été calculé comme la dépense non alimentaire des ménages dont la dépense alimentaire est proche (INSTAT, 2011). Les seuils de pauvreté de 2010, ont été obtenus en actualisant ceux de 2006 par le taux d’inflation ; eux même ayant été obtenus par actualisation des données de l’Enquête Malienne sur l’Evaluation de la Pauvreté de 2001 (DNSI, 2003).

l’évaluation des revenus de l’exploitation agricole familiale, chacune des méthodes comportant ses limites et ses biais.

Les revenus moyens par personne obtenus dans le cadre de cette étude sont très nettement inférieurs aux seuils de pauvreté.

Dans Tableau 80 les revenus moyens par personne ont été calculés avec une pondération par le nombre de personnes, ce qui explique les différences avec le revenu moyen présenté ci-dessus (Figure 28). Avec la tendance observée précédemment d’un revenu par personne qui diminue avec la taille démographique des exploitations (en particulier à Yanfolila avec un coefficient de corrélation significatif de -0,2), le revenu pondéré est inférieur au revenu par personne calculé sans pondération. L’impact est le plus fort à Yanfolila et en final, le revenu total moyen par personne pondéré par la population est le même entre les deux zones et voisin de 73 400 Fcfa par personne.

Selon les résultats de l’INSTAT (2011), il y a une forte différence de pauvreté entre les zones rurales des régions de Mopti-Ségou et de la région de Sikasso. Dans cette région l’incidence de la pauvreté est très élevée avec 91 % des individus alors qu’elle est nettement plus faible dans les régions de Mopti-Ségou avec seulement 48% des individus en dessous du seuil de pauvreté. Cette différence s’explique en partie par un seuil de pauvreté globale nettement plus élevé à Sikasso, comme indiqué précédemment. Avec les données de cette étude, la pauvreté est nettement plus accentuée à Bankass avec 78% des personnes en dessous du seuil de pauvreté alors que l’incidence n’était que de 48% dans le cadre de l’étude INSTAT.

Tableau 80 : Mesures de la pauvreté et comparaison avec les résultats de l’MICS/ELIM 2010

La profondeur et la sévérité de la pauvreté qui mesurent l’écart des pauvres au seuil de pauvreté et la pauvreté extrême sont nettement plus importantes dans les deux zones à partir de l’analyse des revenus de l’étude IER 2010, en comparaison aux données de l’INSTAT pour l’enquête par grappe à indicateurs multiples et de dépenses des ménages (MICS/ELIM).

La sévérité (P2) est

particulièrement élevée à Yanfolila avec un taux de 40% contre seulement 16% dans la région de Sikasso. Mais la méthode par les revenus génère certainement une sous estimation des revenus par rapport à son approximation par la consommation, en particulier pour les revenus les plus bas. Par exemple, dans le cadre de l’enquête par les dépenses de consommation sont intégrées des dépenses pour un loyer « théorique » pour ceux qui occupent un logement dont ils sont propriétaires. Dans le cadre de l’enquête revenu, nous n’avons pas estimé certaines « productions » auto-fournies comme par exemple le bois de feu ou le charbon de bois utilisé pour l’énergie domestique. Il y a donc, avec l’enquête de revenu IER une sous évaluation du revenu global par rapport à son approximation par les dépenses de consommation.

L’approche par les revenus utilisée ici amplifie très fortement les niveaux de pauvreté déterminés en utilisant les seuils établis à partir des budgets de consommation.

Mesures de pauvreté MICS/ELIM 2010* Zone rurale de Sikasso Zone rurale de Mopti** Seuil de pauvreté global 173 656 121 917 Seuil de pauvreté alimentaire 106 544 98 823

Incidence (P0) 91,1% 48,3%

Profondeur (P1) 35,3% 14,2%

Sévérité (P2) 16,4% 5,8%

Résultats Etude IER 2010 Yanfolila Bankass Revenu moyen par personne*** 73 954 74 009

Incidence (P0) 95% 78%

Profondeur (P1) 59% 44%

Sévérité (P2) 40% 28%

* INSTAT 2011 tableau A1 14 page 55

** Mopti et Ségou ont été regroupées pour la mesure de la pauvreté *** Revenu moyen pondéré par le nombre de personnes