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Au niveau du canal auditif

3. Particularités chez l’enfant implanté cochléaire

3.2. Au niveau du canal auditif

Qu’il soit implanté ou non, l’enfant sourd a une audition perturbée et moins efficace que celle des normo-entendants. Il faut cependant noter que le canal auditif est en partie réhabilité lorsqu’il y a un implant cochléaire. La perception sonore est améliorée, mais, comme nous allons le voir, elle n’égale jamais l’audition normale. Cela s’explique par le fait que les électrodes placées dans la cochlée sont peu nombreuses par rapport au nombre de cellules ciliées déficientes.

3.2.1. Construction et organisation du monde sonore

L’enfant implanté cochléaire découvre le monde sonore pour la première fois après l’implantation. Il est difficile pour lui de prêter attention à des stimuli qu’il n’a jamais perçus. Il entend des bruits mais ne sait pas que ces bruits sont porteurs de sens et ne cherche donc pas à les identifier. Au début, même lorsqu’il parvient à y être attentif, ces signaux auditifs ne signifient rien pour lui ; mais au fil des mois, il va apprendre à les décoder et à les interpréter.

Il va devoir apprendre à rendre vivant et réel le monde sonore. Cela lui permettra de se représenter son environnement, améliorera ainsi sa compréhension du monde et assurera la construction de la langue.

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Plus l’implantation cochléaire est réalisée précocement, plus vite l’enfant découvre le monde sonore et meilleurs sont les bénéfices apportés.

3.2.2. Perception des éléments suprasegmentaux de la voix

Pour l’enfant implanté, il est parfois encore difficile de distinguer des voix humaines et de mettre du sens sur celles-ci. Ces difficultés sont amplifiées lorsque l’environnement est bruyant parce qu’il doit sélectionner le signal sonore pertinent parmi tous les bruits perçus. Or dans le domaine émotionnel, de nombreuses informations sont transmises par la voix, et plus particulièrement par les éléments suprasegmentaux.

La compréhension de la parole se développe progressivement au fil des années et atteint généralement une efficacité satisfaisante. La reconnaissance des voix humaines et de leurs paramètres, elle, est souvent plus complexe car elle repose sur la perception d’éléments suprasegmentaux tels que le timbre, les variations de fréquences et d’intensité. L’étude de T. VONGPAISAL & al. (2010) rend compte de cet écart concernant la reconnaissance des voix entre enfants implantés et enfants normo-entendants.

Une autre étude, menée par T. GREEN & al. (2004), a montré que la qualité fréquentielle et temporelle du son restitué par l’implant était différente de celle de l’audition normale. Ces informations, bien qu’elles soient essentielles pour assurer une bonne perception de la prosodie, ne sont pas toutes retransmises par l’implant. Cela est directement lié au nombre réduit d’électrodes implantées. La perception prosodique est donc modifiée.

Par conséquent, les intonations ne sont pas toutes aussi facilement reconnues puisqu’elles sont corrélées aux perceptions fréquentielles (hauteurs tonales), elles-mêmes dégradées.

De plus, du fait de la surdité, et malgré l’implant, la perception de l’intensité sonore est également perturbée.

Dans l’audition normale, ces paramètres suprasegmentaux permettent d’inférer un grand nombre d’informations telles que l’identité du locuteur, son intention et son état d’esprit, la distance à un bruit,… Les difficultés perceptives rencontrées par les enfants implantés ont donc un retentissement sur l’accès à ces informations implicites.

29 3.2.3. Perception de la musique

Comme pour la perception des bruits et des voix, la perception musicale reste compliquée avec l’implant cochléaire. Les difficultés sont particulièrement importantes lorsque l’implantation est unilatérale et prive l’enfant de la stéréophonie.

Dans le domaine émotionnel, la musique occupe une place importante puisqu’elle est un langage universel. Elle permet de transmettre rapidement et efficacement des émotions diverses et de les comprendre. D’ailleurs, il peut nous arriver de frissonner en l’écoutant, d’avoir peur ou encore d’avoir envie de danser. Ces réactions émotionnelles prouvent que son contenu peut avoir un effet sur nous. Mais cela va de soi que pour pouvoir ressentir de telles émotions à l’écoute d’une musique, la qualité de l’audition est primordiale. Bien qu’il ne restaure pas une audition naturelle, l’implant contribue d’une certaine façon à la réhabilitation des émotions musicales. Celles-ci restent cependant plus imparfaitement accessibles du fait de l’imprécision de la perception acoustique.

Dans leur étude, S. SHIRVANI & al. (2014), soulignent les faibles capacités des enfants implantés unilatéralement à percevoir les émotions dans la musique. Leur perception temporelle, c’est-à-dire rythmique, est bonne et similaire à celle des normo-entendants ; mais il leur est plus compliqué de percevoir les autres paramètres musicaux, transmis de façon imprécise par l’implant (hauteur, intensité,…). De façon générale, les enfants, qu’ils soient implantés unilatéralement ou normo-entendants, reconnaissent mieux les musiques joyeuses que les musiques tristes. Mais pour les enfants implantés, l’écart entre ces deux scores est plus important.

S. SHIRVANI & al. ont également établi un parallèle entre le traitement de la parole et celui de la musique. En effet, il y aurait des zones cérébrales communes dans ces deux traitements (gyrus temporal supérieur, sillon temporal supérieur et gyrus supra marginal). De plus, la musique peut être comparée à la prosodie du langage, bien que cette dernière possède un sens linguistique. Selon eux, les difficultés à percevoir les émotions musicales pourraient affecter la qualité de vie et les relations sociales de l’enfant implanté unilatéralement.

Une autre étude, menée par P. MARSELLA & al. (2014), a comparé la perception de la musique chez des enfants implantés unilatéralement, bilatéralement, et normo-entendants. Les enfants implantés ont été testé avant leur deuxième implant, puis après. L’activité cérébrale a pu être explorée par un électroencéphalogramme. L’activation corticale avec les deux implants cochléaires était davantage similaire à celle des normo-entendants. Les

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