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Généralités sur l’implant cochléaire

3. Particularités chez l’enfant implanté cochléaire

3.1. Généralités sur l’implant cochléaire

3.1.1. Définition de l’implant cochléaire

D’après la définition donnée par le CISIC (Centre d’Information sur la Surdité et l’Implant Cochléaire), l’implant cochléaire est « un dispositif médical électronique destiné à

restaurer l'audition de personnes atteintes d'une perte d'audition sévère à profonde et qui comprennent difficilement la parole à l'aide de prothèses auditives ». Ce dispositif a été

inventé en France en 1957 par DJOURNO et EYRIES. C’est une solution à long terme, qui nécessite une intervention chirurgicale.

Chez l’enfant, l’implant cochléaire est indiqué en cas de surdité sévère à profonde lorsque :

- le gain prothétique ne permet pas le développement du langage,

- la discrimination aux listes de LAFON (audiométrie vocale) est inférieure ou égale à 50% à 60dB et avec le port des prothèses auditives,

- il y a des fluctuations, en fonction des répercussions de celles-ci sur le développement du langage.

D’après le bilan EPIIC 2014 (Etude Post-inscription des Implants Cochléaires), en France, au cours de ces trois dernières années, environ 500 enfants ont été implantés par an. Pour les enfants, l’implantation est davantage perçue comme une urgence thérapeutique car leur développement général dépend de la qualité de leur audition.

Les bénéfices apportés par cette opération sont très variables d’un individu à un autre. Ils dépendent notamment de la date d’implantation par rapport à la mise en place du langage (implantation pré- ou post-linguale). Le fait que l’implantation soit unilatérale ou bilatérale est aussi un élément important puisque cela détermine la restauration ou non de la stéréophonie. Celle-ci n’est possible que si l’implantation est bilatérale ou s’il y a une prothèse auditive traditionnelle du côté controlatéral à l’implant. Elle permet une localisation et une interprétation des sons plus performantes.

25 3.1.2. Fonctionnement de l’implant cochléaire

L’implantation cochléaire permet de réhabiliter une certaine qualité d’audition en modifiant le fonctionnement physiologique de celle-ci. En effet, le trajet suivi par les ondes sonores n’est plus le même que chez la personne normo-entendante.

Audition normale Audition avec implant cochléaire

Dans l’audition normale, les sons sont amplifiés et acheminés jusqu’au tympan grâce au canal auditif externe (1). En traversant le tympan, ils sont transformés en vibrations mécaniques et traversent la chaîne des osselets située dans l’oreille moyenne (2). Après avoir traversé cette chaîne, les vibrations tapent contre la fenêtre ovale et atteignent l’oreille interne : la cochlée et le vestibule. La cochlée (3) est un colimaçon constitué d’environ 15 000 cellules ciliées. Ces cellules permettent de transformer l’énergie mécanique des vibrations en signaux nerveux. Ces derniers sont acheminés jusqu’au cerveau, et plus précisément jusqu’aux centres auditifs, par le nerf auditif (4). Enfin, les centres auditifs vont décoder le message nerveux reçu afin de pouvoir l’interpréter.

Dans le cas d’une implantation cochléaire, les sons environnementaux, captés par un microphone, sont transformés en signaux électriques et non plus en vibrations mécaniques. Cette transformation a lieu au niveau du processeur, c’est-à-dire dans la partie externe de l’implant (1). C’est l’antenne (2, partie externe) qui va permettre le passage des signaux à la partie interne. Ces derniers traversent la peau sous forme d’ondes radios et arrivent au récepteur (2, partie interne). Le signal électrique est ensuite acheminé jusqu’à la cochlée, ou plus précisément jusqu’au porte-électrodes (3). Le porte-électrodes, comme son nom

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l’indique, contient des électrodes correspondant à de grandes bandes de fréquences, et dont le nombre varie selon les implantations (15 à 22 selon les modèles). En fonction des signaux reçus, certaines électrodes vont être activées et vont elles-mêmes stimuler certaines fibres nerveuses du nerf auditif (4). A ce moment, les signaux peuvent être perçus comme des sons ou des bruits et deviennent potentiellement interprétables par les aires cérébrales.

3.1.3. Limites de l’implant cochléaire

Suivi et rééducation orthophonique

Chez un enfant, après une implantation cochléaire, un suivi et une rééducation orthophonique sont indispensables. Ils ont pour objectif de permettre au patient d’avoir, le plus rapidement possible, une utilisation optimale de son implant. Cela signifie être en capacité d’interpréter tous les bruits et les sons perçus. Contrairement aux bruits (sonnerie du téléphone, eau qui coule,…), les sons ont une valeur linguistique et renvoient donc au langage (phonèmes, intonations).

Contraintes techniques

A cette limite viennent parfois s’ajouter, de façon plus ou moins programmée, des contraintes techniques. Parmi elles, nous pouvons trouver la nécessité de changer les piles de l’implant, de faire des réglages, ou plus rarement, de refaire une intervention chirurgicale. Dans le cas des prothèses auditives conventionnelles, des contraintes techniques sont également présentes. Cependant, les équipes médicales sont souvent plus exigeantes lorsqu’il s’agit d’un implant puisque celui-ci concerne des surdités plus sévères et est une aide plus performante. Lorsque son utilisation n’est pas optimale, cela peut donc davantage nuire au développement langagier et général de l’enfant.

Coût

Il est important de mentionner le coût global de revient particulièrement élevé de l’implantation cochléaire. Le CISIC estime à 45 000€ le coût des bilans pré-opératoires, de l’opération, de l’implant, et de la prise en charge post-opératoire (réglages et rééducation). Il est évident que cette valeur n’est qu’une estimation ; le coût varie d’un sujet à un autre, notamment entre un adulte et un enfant. En effet, les adultes ont généralement une rééducation moins longue que les enfants nés sourds puisqu’ils ont la possibilité de s’appuyer sur ce qu’ils connaissent déjà du monde sonore. Les enfants, eux, ont tout à découvrir et à construire.

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Atteintes concernées par l’implant cochléaire

Les limites de l’implant peuvent varier en fonction de l’atteinte :

- Surdité endocochléaire : Lorsque l’atteinte se situe au niveau de la cochlée, nous parlons de surdité endocochléaire. Dans ce cas, l’implantation ne peut être envisagée que si certaines fibres nerveuses sont préservées et peuvent acheminer le message jusqu’aux centres auditifs.

- Surdité rétrocochléaire : Lorsque l’atteinte se situe au niveau du nerf auditif, nous parlons de surdité rétrocochléaire. Dans ce cas, ce n’est plus une implantation cochléaire qui est indiquée, mais une implantation du tronc cérébral. En effet, les bénéfices apportés par l’implant cochléaire dans ces situations sont moindres et non suffisants. Cependant, pour les enfants, l’urgence fait qu’il est parfois nécessaire de prendre le risque et de tenter une implantation cochléaire. Celle-ci ne peut avoir de conséquences néfastes sur l’enfant, donc même si le bénéfice apporté est moindre, il améliore la perception initiale.

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