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2.2 La vision anglaise du paysage étranger

2.2.1 Le pittoresque illustré : James Pattison Cockburn

2.2.1.1 La nature

Le dessin de Woodfield (Figure 2.3), réalisé par Cockburn en 1830, est représentatif de la nouvelle relation entre l’homme et la nature qu’amène l’esthétique pittoresque. À cette époque, Woodfield appartient à William Sheppard, un riche marchand de bois d’origine anglaise, qui fait l’acquisition en 1816 d’une magnifique villa située sur le chemin Saint- Louis, entourée de jardins et d’arbres fruitiers. Son intérêt pour l’art, l’horticulture et les curiosités de la nature l’amène à créer dans sa résidence un petit musée d’histoire naturelle et à améliorer le domaine avec l’installation de serres et de volières ainsi qu’avec la plantation de plusieurs vignes à raisins43

.

Dans l’illustration de Cockburn, le premier plan est occupé par un homme et une femme de classe sociale élevée qui se dirigent vers l’impressionnante résidence située en arrière- plan. Les deux autres personnages sont possiblement les enfants du couple qui jouent dans le boisé. L’environnement naturel représenté s’insère visiblement dans l’esthétique pittoresque avec ses grands arbres centenaires, ses parcours sinueux et ses bosquets de végétaux bien touffus assemblés de manière irrégulière. Cette vue éloignée de la

42

Lacroix, Ibid.

43 Pierre Savard, « Sheppard, William », Dictionnaire biographique du Canada, Vol. 9, Université

Laval/University of Toronto, 2003-, [En ligne],

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résidence montre que la nature, laissée à elle-même, est appréciée des résidents du domaine. Dans son guide de 1831, Cockburn décrit le domaine de Woodfield comme un environnement pittoresque à souhait avec sa grande résidence de style classique, transformée au fil du temps par les nombreux propriétaires :

« The approach to this pleasant villa is through long and shaded avenues of red oaks […] The villa of Woodfield was originally built by the Catholic Bishop of Samoa, and has been added to by the several subsequent proprietors, which makes it more picturesque than regular, and assimilating in character with the sombre pines and spreading oaks which surround it. The gardens contain the most extensive collection of rare and native plants about Quebec44. »

Notons la présence du chêne, dans la description de Cockburn, qui est considéré par McKay comme un symbole patriotique de la Grande-Bretagne. Cockburn mentionne, en fait, à plusieurs reprises la présence de chênes sur le domaine de Woodfield tout en valorisant le caractère pittoresque du paysage, et donc la présence de nombreuses possibilités de sujets pour le peintre45.

Aussi, Cockburn décrit la résidence comme ayant une architecture classique régulière, mais il précise que les nombreux propriétaires ont transformé son apparence en quelque chose de plus pittoresque. Nous savons que les différents propriétaires ont effectué diverses additions au cours des années, ajoutant des annexes qui donnent un aspect plus irrégulier à la résidence46. LeMoine, qui décrit Woodfield avant l’incendie de 1842, confirme cette affirmation en mentionnant l’ajout d’une serre par M. Sheppard, transformant ainsi l’apparence classique de la résidence :

« Mr. Sheppard improved the house and grounds greatly, erecting vineries and a large conservatory; changing the front of the house so as to look upon a rising lawn of good extend, interspersed with venerable oaks and pine, giving the whole a striking and pleasing aspect. The altercation in the house gave it a

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James Pattison Cockburn, Quebec and its environs; being a picturesque guide to the stranger, Londres, Thomas Cary & Co. 1831, p. 11-12.

45 Ibid.

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very picturesque appearance, as viewed from the foot of the old avenue, backed by sombre pines47. »

Bref, ces deux citations, accompagnées de la représentation de Woodfield par Cockburn, nous permettent d’affirmer que le propriétaire prodigue une apparence naturelle à ses jardins tout en ajoutant certains éléments architecturaux dans le but d’intégrer la résidence à la nature et de créer une relation avec celle-ci. France Gagnon-Pratte démontre parfaitement la place que prend la nature dans les domaines du XIXe siècle : « Cette façon romantique de recréer la villa dans son environnement suppose une communion entre les occupants de la demeure et la nature qui les entoure, communion rendue possible par les prolongements des lieux de séjour dans des serres et de vastes galeries, qui sont de véritables salons dans la nature48. » Elle explique aussi que cette manière de faire est tout à fait dans l’esprit pittoresque, alors très populaire.

Cette représentation du domaine de Woodfield à l’époque de Cockburn adhère parfaitement au mouvement pittoresque par l’organisation irrégulière du paysage et par l’omniprésence de la nature.

2.2.1.2 Le paysage colonial

Tout en essayant de mettre en évidence l’ambiance pittoresque des différents domaines qu’il visite, Cockburn en profite pour représenter, comme l’explique Alain Parent, « des images d’un lieu paisible et prospère […] qui peuvent promouvoir les investissements et l’émigration britanniques vers une colonie dorénavant bien établie, pourvue d’une élite qui sait goûter les plaisirs de la nature et qui ne manque pas d’occasions pour se divertir49 ». Cette élite dont parle Parent est bien illustrée par Cockburn, notamment par la présence de grandes villas, par la représentation de personnages richement vêtus et des activités auxquelles ils participent.

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LeMoine, op. cit., 1882, p. 351-352. 48 Gagnon-Pratte, op. cit., p. 91.

49 Alain Parent, « Entre empire et nation. Gravures de la ville de Québec et des environs, 1760-1833 », Thèse de doctorat, Québec, Université Laval, 2003, p. 195.

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Le dessin nommé Quebec from Pointe à Piseau, datant de 1831, offre une vue du Cap- Diamant et du fleuve Saint-Laurent, puis sur les bateaux et les anses où on entreposait le bois qui était destiné à l’Angleterre (Figure 2.4). Le premier quart du XIXe siècle marque la ville de Québec par sa grande prospérité économique50, élément crucial pour une capitale coloniale. Cockburn le montre de façon claire d’ailleurs par la présence de plusieurs bateaux sur le fleuve qui font le transport du bois vers la mère patrie. À la recherche d’une vue parfaitement pittoresque, Cockburn écrit : « At Point à Piseau, above Sillery cove, from a spot on the left partially cleared, the view of Cape Diamond, with the St. Lawrence, and shipping, is as perfect a composition as any landscape painter could desire51. »

Afin de rendre encore plus romantique et pittoresque le paysage, l’artiste fait l’ajout d’un homme accompagné par un chien comme élément central de l’image, et d’un second groupe comprenant deux autres personnages d’un rang moins élevé ; les classes sociales ne se mélangent pas même lorsqu’elles sont illustrées52

. L’ensemble de l’image présente une activité de plein air où le propriétaire de l’endroit profite des nombreux sentiers pour se promener et admirer la vue sur les nombreuses anses à bois. La falaise, où se situe l’observateur, regroupe les sites des grandes résidences et domaines des riches marchands. La représentation pittoresque des grands domaines de la ville s’accorde bien avec le fait que les Britanniques sont à l’époque propriétaires des meilleurs sites, avec les meilleures vues. En tenant compte de la classe sociale élevée de Cockburn, nous pouvons comprendre le choix de montrer certaines vues ou activités auxquelles seulement la bourgeoisie a accès.

La vue sur le fleuve et sur les anses à bois à partir de la falaise est relativement classique chez Cockburn, qui l’utilise notamment pour représenter le Cap-Diamant à partir de Spencer Wood (Figure 2.5). En 1830, le grand domaine de Spencer Wood appartient à la riche famille anglaise des Perceval, qui impose sa présence sur les hauteurs de Sillery.

50 Parent, Ibid.

51 Cockburn, op. cit., p. 12. 52 Parent, op. cit., p.196.

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C’est une famille distinguée qui organise des réceptions, des bals dansants et des concerts dans leur grande propriété. Comme de nombreux propriétaires des grands domaines de Québec, la famille profite aussi de cette retraite sylvestre pour tenir des expéditions botaniques et étudier les nombreux spécimens que recèle leur vaste parc-jardin53.

Cockburn mentionne dans son guide la présence de Spencer Wood parmi les nombreux domaines placés sur la falaise le long du chemin Saint-Louis et du chemin Sainte-Foy : « These park-like grounds, with a noble avenue leading to the house, remind one of England54. » Le lien visuel entre le pays colonisé et la mère patrie est de nouveau rappelé par l’entremise de l’architecture de la résidence de Spencer Wood. Le dessin de Cockburn, datant de 1829 (Figure 2.6), représente la somptueuse résidence des Perceval55 et illustre le couple se baladant sur le domaine. Ces villas représentées par Cockburn, notamment dans les dessins de Woodfield et de Spencer Wood, sont représentatives, en grande partie, d’une architecture classique relativement conforme. Notons qu’au XIXe siècle, l’architecture palladienne coloniale évoque le classicisme officiel britannique à Québec56. Le pouvoir de l’Empire britannique sur le Bas-Canada peut être exprimé de façon symbolique par ce type d’architecture.

Finalement, l’expression du pittoresque semble être un moyen explicite d’illustrer la ville de Québec, tout en contribuant à présenter une image plaisante et rassurante d’une ville sécuritaire et belle. Ainsi,

« Le pittoresque est une sorte d’idiome pictural dont l’enjeu demeure avant tout identitaire et national. Si le pittoresque permet à l’observateur métropolitain de se familiariser avec l’image du lieu étranger, c’est pour qu’il puisse se l’approprier intellectuellement, et éventuellement plus efficacement lorsqu’il s’agit de l’empire… De cette manière, chez Cockburn : […] la vue urbaine est un véhicule singulièrement apte à exemplifier l’assujettissement

53 Smith, op. cit., p. 18-19.

54 Cockburn, op. cit., p. 11. 55

Michael Henry Perceval décède en fonction le 12 octobre 1829, mais la famille Perceval reste propriétaire de la résidence jusqu’en 1833. Henry Atkinson, riche marchand de Québec, achète la propriété; il la transforme considérablement et y fait l’ajout de nombreuses serres. LeMoine, op. cit., 1882, p. 333. 56 Parent, op. cit., p. 153.

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d’un pays sauvage aux principes du gouvernement, des lois, de la religion, de l’ordre, du commerce et des mœurs britanniques57

. »

Une concordance se forme dans les illustrations de la ville de Québec entre la représentation du paysage transformé par l’esthétique pittoresque et la représentation de la ville, qui se veut ordonnée et sécuritaire. Ayant été conçues pour un public londonien, les vues du paysage canadien réalisées par Cokburn dénotent une certaine préférence pour l’esthétique pittoresque. Le fait d’utiliser cette esthétique permet une plus grande appréciation chez le public anglais qui retrouve, comme l’explique MacLaren, « English landscape qualities in lands that had fallen under British control58. »

Ainsi, le pittoresque est une caractéristique typique du paysage britannique à l’époque et il semble devenir un choix essentiel pour les bourgeois anglais de Québec dans l’appropriation physique et visuelle du territoire ainsi que de leur environnement d’habitation au XIXe

siècle.

2.3 Le pittoresque en architecture

France Gagnon-Pratte et Janet Wright s’entendent pour dire que le mouvement pittoresque teinte et influence l’architecture des résidences de Québec par une transformation des styles et une ouverture des demeures vers la nature59. L’intégration du pittoresque dans l’architecture à Québec est difficile à dater de manière exacte pour Gagnon-Pratte, qui situe son influence entre 1830 et 1870, de même que pour Wright, qui situe ce même mouvement entre 1780 et 186560.

Comme le montre bien Gagnon-Pratte, le pittoresque caractérise d’abord les aménagements paysagers autour des villas classiques, puis influence l’architecture elle- même : « Dans un premier temps, la villa commande un environnement pittoresque. Dans

57 Dans cette citation, Parent parle des vues urbaines réalisées par Cockburn, mais l’observation qu’il propose est parfaitement adaptée pour les vues périurbaines. Parent, Ibid., p. 199.

58 MacLaren, op. cit., p. 98.

59 Gagnon-Pratte, Ibid., p. 82-116; Wright, op.cit., p. 102-127. 60 Wright, Ibid.

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un deuxième temps, cet environnement pittoresque va remodeler l’architecture de la villa et susciter l’implantation d’une série de petites constructions ornementales au bord des plans d’eau, dans les bocages et sur les promontoires61

. » En nous intéressant aux différents styles architecturaux des villas, nous pourrons comprendre l’influence du courant pittoresque au Bas-Canada tout en évaluant l’intégration de cette catégorie esthétique dans le milieu suburbain de ville de Québec.

L’application des principes pittoresques dans l’architecture résidentielle amène au XIXe siècle une popularisation du cottage et de la villa. À Québec, les résidences secondaires (qui deviennent souvent des résidences principales, par la suite) permettent aux propriétaires de sortir de la ville et de s’éloigner de la pollution environnante et des maladies. Or, la recherche de la nature et l’engouement pour l’aménagement paysager sont des éléments de seconde priorité pour les propriétaires, qui s’attardent plutôt à choisir un site et à faire construire leur villa62. Tout le sens de l’esthétique pittoresque est alors basé sur l’achat d’un site impressionnant situé au sommet du cap ainsi que sur la construction d’une majestueuse résidence63

. Frédéric Smith explique que la communauté des grands marchands anglais de l’époque préfère les sites qui se trouvent dans le Haut Sillery, sur le cap, à la proximité des chantiers de bois et des anses situées le long des berges de Sillery64. Le paysage a passablement été transformé depuis la création de ces domaines jusqu’en 1830, mais nous pouvons reconnaître que, dès le départ, le choix du site s’intègre bien dans le besoin d’un retour vers la nature, qui caractérise le mouvement pittoresque.

Comme l’explique Gagnon-Pratte, l’architecture palladienne est très présente au début du siècle, aussi bien dans le milieu urbain que périurbain. Bien qu’au départ la villa palladienne ne soit pas particulièrement conçue pour s’intégrer à la nature, le choix du terrain, beaucoup plus vaste, et l’ajout de dépendances, d’annexes et de serres nous rappellent l’intérêt grandissant des propriétaires à créer une demeure dans l’esprit

61

Gagnon-Pratte, op.cit., p. 91. 62 Ibid, p. 19.

63 Ibid.

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pittoresque. C’est le cas de François-Joseph Perreault, qui ajoute à sa résidence de style classique de l’Asile-Champêtre une serre de chaque côté du corps principal (Figure 2.7), ce qui permet la mise en relation du jardin et de la demeure. Cette villa palladienne, construite sur le côté nord de Grande Allée en 1795, s’inscrit dans la nouvelle pensée romantique du paysage où la nature et les jardins prennent une place considérable dans l’environnement d’habitation65

. LeMoine donne un aperçu de cette vision romantique de l’environnement d’habitation :

« Through an avenue with flowery borders, between lines of lofty vases, filled with blooming plants, the visitor reached the house, which occupied the center of a garden of four acres. Above the door, at the summit of a flight of steps, was inscribed in gilt letters, Asyle Champêtre. The house was a double one with a conservatory at each end, the first erected in Canada, filled with exotic and native plants; […]66

. »

La résidence Marchmont, appartenant à Henry Caldwell et construite entre 1810 et 1819 sur le côté sud du chemin Saint-Louis67, présente aussi un style palladien, transformé par l’ajout d’une galerie entourant trois côtés de la demeure (Figure 2.8). D’après Wright, pour les Britanniques, une large véranda ou une galerie était essentielle à une résidence afin de « jouir de l’air frais et d’accentuer l’aspect pittoresque de leurs bucoliques retraites d’inspiration canadienne68

».

Le concept de villa, découlant du romantisme, permet l’implication de différents styles architecturaux dans l’esthétique pittoresque. « Dès lors, il n’y a rien d’étonnant à ce que les villas néo-classiques de la région de Québec se ressentent, par les annexes qui y sont ajoutées et par l’aménagement de leur environnement, du goût pour le pittoresque69

. »

Dans les années 1820-1830, l’esthétique pittoresque influence l’architecture et « les normes abstraites rigoureusement géométriques de l’architecture classique font place au

65 Martin et Morisset, op. cit., p. 25. 66

P. Bender, Old and New Canada 1753-1844, Montréal, Dawson Bros., 1882, p. 185-188. 67 Gagnon-Pratte, op. cit., p. 273.

68 Wright, op.cit., p. 105. 69 Gagnon-Pratte, op. cit., p. 89.

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respect de la nature et à la création d’effets visuels intéressants70

. » Dans le paysage pittoresque, les éléments architecturaux sont considérés comme des éléments importants, mais plutôt secondaires à la composition. C’est en se fondant harmonieusement et discrètement dans l’ensemble que l’architecture permet à la nature de devenir l’élément central du domaine.

Pendant cette période, les villas néoclassiques sont populaires à Québec et leur architecture s’ajuste au mouvement pittoresque par l’ajout d’effets visuels. Ces villas possèdent souvent les mêmes caractéristiques architecturales de base et ne sont différentes que par l’ajout de détails en façade. Au-delà de cette ornementation, les villas deviennent de plus en plus originales avec l’ajout d’éléments qui établissent la relation avec les alentours. « Dès lors, la rigueur et la symétrie néo-classique cèdent le pas aux concepts romantiques par l’adjonction d’annexes de divers types71. » Les grands blocs réguliers disparaissent pour être remplacés par des bâtiments irréguliers, transformés par des annexes, à la manière de tentacules qui s’étendent vers la nature et s’intègrent aux environs.

Les villas néoclassiques de Québec représentent architecturalement le luxe et le confort, mais les propriétaires prennent aussi soin d’appliquer ces caractéristiques aux alentours de l’habitation, comme l’exprime J. M. LeMoine en parlant du domaine Cataraqui, sur le chemin Saint-Louis : « Charming was the contrast, furnishing a fresh proof of the confort and luxury with which the European merchant, once settled in Canada, surrounds his home. […] Cataracoui has been recently decorated, we may say, with regal magnificence, and Sillery is justly proud of this fairy abode […]72

. » L’idée de « luxe », pour les riches propriétaires de l’époque, peut être associée aux meubles confortables de provenance exotique (Italie, France, Espagne, etc.), à l’abondance de sculptures et d’œuvres picturales dans la demeure, mais elle peut aussi faire partie de l’aménagement paysager. En effet, un domaine luxueux est aussi caractérisé à l’époque par la somptuosité de l’aménagement de la propriété qui offre une grande quantité de végétaux ainsi que par la

70 Wright, op. cit., p. 6.

71 Gagnon-Pratte, op. cit., p.75. 72 LeMoine, op. cit., 1882, p.380-381.

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présence de nombreuses serres regorgeant de fleurs exotiques, odorantes et colorées qui habituellement deviennent l’attrait principal du domaine.

Les villas Beauvoir, de Spencer Grange, Thornhill et Wolfefield présentent toutes les quatre une architecture néoclassique avec quelques ajouts qui contribuent à individualiser chacune des structures. D’ailleurs, Wolfefield (Figure 2.9), propriété de David Munro vers 1823, puis de William Price en 1828, rompt avec la sobriété des villas néoclassiques avec l’ajout d’une grande galerie couverte sur l’un des côtés de la demeure, témoignant ainsi de la recherche pour une plus grande ouverture de la résidence vers la nature. La complexification du plan de la résidence par l’ajout d’ailes et d’annexes exprime cette nouvelle originalité pittoresque de la première moitié du XIXe siècle.

Après 1830, le style néoclassique tend à céder le pas devant des styles plus profondément pittoresques. C’est à cette époque aussi que la stabilité économique et la forte implantation de la bourgeoisie anglaise à Québec permettent la construction d’une grande quantité de nouvelles villas d’après l’esthétique pittoresque73

. Ainsi, cet environnement pittoresque « va par la suite remodeler l’architecture des maisons de campagne. Après les villas palladiennes et néoclassiques empreintes de rigidité et de symétrie, on voit donc apparaître des formes plus irrégulières où l’accent est mis sur le caractère pittoresque : villas de style Italienne, néo-gothique, […], et des résidences plus modestes appelées cottages74. »

« Les valeurs et la conception de l’architecture du mouvement pittoresque — le plaisir de jouir des paysages de la Nature […] et le goût pour l’asymétrie et la diversité — exercèrent une grande influence sur l’architecture pendant tout le XIXe siècle75. » Dans la première moitié du XIXe siècle, il est indéniable qu’une nouvelle relation au paysage s’implante à Québec par l’entremise du courant pittoresque. Afin de recréer un paysage

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