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4. ANALYSES

4.3. A NALYSE EN SUBSTANCE

Nous allons à présent mener une seconde analyse du même corpus, à l’aide d’une autre méthode d’analyse de media framing, afin cette fois-ci de s’intéresser davantage à la substance de ces articles.

Tankard (2001 :95-106) liste également une autre approche de media framing désignée comme : « Framing as a multidimensional concept ». Celle-ci s’inspire des travaux de Swenson (1990) qui s’intéresse dans ses recherches à analyse les framing par les médias américains de l’avortement, en créant huit catégories (ou dimensions) à coder. Nous adaptons ici ces catégories à notre objet d’analyse qui est le racisme :

1 La couleur de peau de l’auteur de l’article

2 Longueur de l’article et suivi de l’histoire (nombre d’articles sur le sujet) 3-4 Termes utilisés pour désigner les tireurs noirs/blancs

5 Historique (casier judiciaire, contexte de vie) du tireur 6 Discussion sur la régulation du port d’arme

7 Discussion du mobile

8 Termes utilisés pour désigner les actes commis

Nous avons ensuite appliqué cette grille d’analyse à chacun des articles de notre corpus (28 articles). Il en ressort cinq éléments intéressants que nous allons développer par la suite. Dans un premier temps, nous nous intéresserons aux termes utilisés pour décrire les suspects blancs/noirs, avant d’observer dans un deuxième temps la mention des mobiles et particulièrement celui de la maladie mentale. Dans un troisième temps nous dresserons la liste du discours des médias sur les casiers judiciaires des tireurs, puis dans un quatrième temps nous relèveront la qualification des crimes et actes des shooters par les médias. Dans un cinquième temps, nous parlerons des différences d’approches entre Fox News et CNN ainsi que leurs similarités. Enfin, dans un sixième temps, nous discuterons les frames qui auront émergé suite à l’analyse.

4.3.1. Désignation et personnalisation des tireurs

Lors de notre analyse des termes utilisés pour désigner les suspects ainsi que leur histoire personnelle, nous nous sommes peu à peu rendu compte que dans le cas des tireurs noirs, bien souvent les descriptions proposées contenaient des témoignages et caractéristiques tendant à construire l’archétype de l’homme noir dangereux et violent (héritage des stéréotypes de l’époque ségrégationniste, Crenshaw 1988 :1337). A l’inverse, la description des suspects blancs fait principalement appel à des termes neutres, et à l’occasion à des termes empathiques.

En effet, dans l’exemple de Radee L. Prince, il est décrit par un de ces anciens collègues comme

« a big guy and very agressive on me » (Fox News 2016b). De la même manière, Henry Bello est évoqué comme « a man who was agressive, loud and threatening » (Fox News 2017a) selon ses anciens collègues. Quant à lui, Cedric Ford est décrit par un de ses collègues comme « a mellow guy…somebody I could talk to about anything » (CNN 2016c).

Si les caractéristiques désignant Cedric Ford peuvent sembler à première vue étranges et contradictoire, nous estimons qu’elles permettent de souligner l’aspect singulier et inattendu des évènements. Nous émettons en effet l’hypothèse que ces descriptions positives renforcent paradoxalement la vision raciste selon laquelle les hommes noirs sont imprévisibles et irrationnels. Celle-ci demanderait cependant à être vérifiée, car nous n’avons recensé ce cas de figure que dans le cas du criminel Cedric Ford.

Les autres termes utilisés dans le cas des suspects noirs (comme illustrés ci-dessus) contribuent systématiquement à (re)créer le stéréotype de l’homme noir dangereux, agressif, impulsif et sombre.

A première vue cependant, les descriptions dressées des hommes blancs semblent quelques peu similaires : Matthew Riehl est décrit par son ancienne université comme une personne

« bizarre…[and] alerted students and faculty to what it called his suspicious behavior » (CNN 2018). John R. Houser est désigné par les journalistes comme « a troubled and erratic man » (Fox News 2015c). John Robert Neumann semble présenter une exception, et on détecte un semblant d’empathie lorsque le journaliste considère le lieu de résidence et de travail du suspect (où s’est déroulé le shooting) et déclare « it’s far from Orlando’s famous them parks » (FoxNews 2017d). Par cette déclaration, le lecteur comprend que l’homme vit dans une zone pauvre et une situation à la limite de la misère, le jugement s’ensuit naturellement moins dur.

Il semblerait donc que pour les deux types de tireurs nous avons des descriptions de personnes aux attitudes peu naturelles, imprévisibles et étranges. Cependant, dans le cas des tireurs blancs uniquement, on parle dans chacun de ces articles (de manière ouverte ou sous-entendues), des problèmes mentaux qu’ils sont susceptibles d’avoir. Nous allons en parler davantage dans la partie suivante.

4.3.2. Mobiles et problèmes mentaux

Dans notre analyse, nous avons cherché à relever toutes les références à de possibles problèmes mentaux dans les articles concernant les suspects. Les résultats sont sans appel. En effet, pour cinq des sept suspects blancs de notre analyse31, on repère des références (fondées ou non) à d’éventuels problèmes mentaux.

Dans le cas de Matthew Riehl par exemple, un homme ayant parlé avec lui « told [the police]

the suspect was acting bizarre and might be having a mental breakdown » (Fox News 2018).

Pour ce qui est de John R. Neumann, il est dit que « Senator Bill Nelson called for more action to address mental health issue » (Fox News 2015d). Il semble assez intéressant dans ces deux cas présents que les références implicites faites à des problèmes mentaux n’aient aucune base

31 Les seuls exclus sont ici Ryan Eliott Giroux (criminel multi-récidiviste) et Geddy Kramer (mineur pour lequel les informations sont plus difficiles à obtenir).

scientifique et médicale. En effet, dans chacun des cas, ce sont des personnalités politiques qui mentionnent l’argument de la santé mentale, quand il n’est fait nulle part ailleurs mention de diagnostics (médicaux) préalables évoquant de tels problèmes. Ivan Lopez à l’inverse et selon son supérieur « was wearing combat fatigue » et était traité en regard de ces problèmes au moment des faits (CNN 2014a).

Ainsi donc, si certains des tireurs ont formellement été diagnostiqués comme ayant des problèmes, un certain nombre d’entre eux ne semble pas l’avoir été au préalable. Et pourtant, la mention fréquente de possibles maladies semble automatiquement mettre en doute la responsabilité de ces hommes, et toute généralisation (telle que « les hommes blancs sont violents ») devient impossible, contrairement pour ce qui est des hommes noirs.

Nous remarquerons enfin de manière assez intéressante que la seule mention de possibles problèmes mentaux pour un tueur noir est faite dans le cas du shooting opéré par Willie Cory Godbolt, lorsque l’article indique : « police is not commenting on…mental state [although] he seems composed for a man accused of committing eight murders » (CNN 2017a). Le journaliste sous-entend donc de manière surprenante (et non fondée) que si l’individu avait des problèmes mentaux, il ne serait pas aussi calme qu’il l’est devant la caméra (CNN 2017a). Il intéressant de considérer cette déclaration et de s’interroger si elle aurait pu être faite dans le cas d’une situation identique, avec comme seul changement la couleur de peau du suspect, et de se dire que le racisme se manifeste encore de manière évidente, quand bien même les médias sont libéraux (CNN). Ce processus paradoxal, tendant à interpréter tous les comportements des hommes noirs comme suspects (par exemple : s’il est calme, il est trop calme et donc suspicieux et s’il est en colère, ça montre qu’il est dangereux) avait d’ailleurs déjà été décrit par le psychiatre Frantz Fanon (1952). En se basant sur sa propre histoire, celui-ci avait mis en avant ce cercle vicieux selon lequel toute action de sa part sera interprétée par les blancs comme infirmant l’idée qu’il se font de lui : une personne colérique, imprévisible et dangereuse.

Nous conclurons cette partie en citant un article du New York Times (2017)32, dans lequel un chercheur en psychiatrie s’intéressant tout particulièrement aux auteurs de mass shootings

32 The New York Times. 2017. «Are Mass Murderers Insane? Usually not, Researchers Say » [En ligne]

https://www.nytimes.com/2017/11/08/health/mass-murderers-mental-illness.html?mtrref=www.nytimes.com&gwh=E3A7744A2F4430354FBC34EDD3F2A4B3&gwt=pay (consultee le 29.05.2018)

s’exprime en ces termes : « The majority of the killers were disgruntled workers or jilted lovers who were acting on a deep sense of injustice [and not mentally ill] ». Selon ses recherches en effet, seul un auteur de fusillade sur cinq aurait eu des signes (et problèmes mentaux) avant-coureurs : dans la majorité des cas, il s’agit d’hommes normaux, qui sous l’effet de la colère (ou de l’injustice), se mettent à rationaliser peu à peu l’idée de la violence (The New York Times 2017). L’invocation quasi-systématique de la raison mentale concernant les fusillades commises par les hommes blancs devient donc douteuse, ne serait-ce que d’un point de vue statistique.

4.3.3. Le paradoxe du casier judiciaire

Nous allons à présent nous intéresser dans un troisième temps aux casiers judiciaires des suspects, et particulièrement de la manière dont ils sont évoqués dans les articles de notre corpus. Nous donnerons tout d’abord une suite d’exemples de casiers judiciaires tels que mentionnés dans les articles pour les suspects blancs, avant de faire de même pour les suspects noirs.

John Robert Neumann (blanc) est dit avoir un « record of minor crimes, none violent, dating back nearly 20 years… traffic violations, DIU, driving with a suspended license, giving deputy a false name, leaving the scene of a hit and run » (Fox News 2017d). John R. Houser (blanc) « had a criminal record but had not been in trouble with the law recently » (Fox News 2015c).

Joseph J. Aldridge n’est dit avoir seulement qu’un « minor criminal history » (CNN 2015c).

Cedric Ford (noir) a un casier judiciaire contenant des condamnations pour « burglary, grand theft, fleeing from an officer, aggravated fleeing, carrying a concealed weapon (...) misdemeanor conviction… and various traffic violations » (Fox News 2016d). Nicholas Glenn (noir) a déjà été arrêté par 16 fois auparavant et a été « a suspect in a 2009… gang rape case » (CNN 2016d). Enfin, Henry Bello (noir) a été arrêté plusieurs fois, l’une pour « misdemeanor, after [a woman told the police] he grabbed her » et l’autre pour « unlawful surveillance… trying to look up [women’s] skirts with a mirror » (Fox News 2017d).

Si à première vue les casiers judiciaires de ces trois suspects noirs semblent être bien plus lourds que ceux des suspects blancs, l’utilisation fréquente de « long (extensive) criminal history » (Radee L. Prince, CNN 2017c ; Nicholas Glenn, CNN 2016d ; Willie C. Godbolt, CNN 2017a)

pour les hommes noirs et « minor criminal history » pour les hommes blancs nous a tout de même interpellé, de même que le détail systématique des casiers des premiers et le flou général entourant ceux des seconds.

Afin d’avoir plus d’information sur les casiers judiciaires des suspects, nous avons été regarder sur d’autres site internet de nouvelles, parfois même étrangers. Les résultats interpellent. En effet, les nouvelles informations rendent le contraste (blancs-noirs) bien plus flou.

Tout d’abord, Nicholas Glenn (noir), décrit par CNN et Fox News comme suspect dans un

« gang rape » aurait vu ces accusations tomber lors de l’enquête judiciaire (Philly.com 201633).

Il ne s’agit pas ici de statuer sur l’implication réelle ou non de l’homme dans cette affaire de viol, mais de mettre en avant le fait que la mention de cette accusation (abandonnée) dans l’article de Fox news contribue à élaborer dans l’esprit du lecteur l’image d’un homme dangereux. Les arrestations concernent quant à elles avant tout la possession illégale de drogues (Philly.com 2016). Si nous ne cherchons en aucun cas à faire la défense de cet auteur de shooting et tueur, nous souhaitons néanmoins élaborer un portrait plus nuancé que celui qui est présenté dans les articles de notre corpus : à l’inverse, John Russel Houser, accusé plusieurs fois (et reconnu coupable, contrairement à Nicholas Glenn) pour des crimes violent ne voit se casier judiciaire pas mentionné. Par ailleurs, il est intéressant de constater que les accusations de viol en 2009 correspondent à sept années avant les faits, là où John Russel Houser (blanc) avait eu sa dernière arrestation quatre années avant son shooting, alors que Fox News déclare à son sujet : « [he] had not been in trouble recently » (Fox News 2015c).

Ce dernier, pour lequel la mention de son casier judiciaire est on ne peut plus vague, disposait néanmoins d’un long casier judiciaire (malgré l’absence de mention « extensive/long criminal history ») incluant : violence, harcèlement, vol (Independent 201534).

Joseph Jesse Aldridge (blanc) est quant à lui décrit comme ayant une « minor criminal history » (CNN 2015c et FoxNews 2015a), or d’après nos recherches, il aurait au préalablement été arrêté

33 Philly.com. 2016. « From foster child to killer, Nicholas Glenn’s path to West Philadelphia rampage » [En ligne]http://www.philly.com/philly/news/20160918_What_we_know_about_the_suspect_in_West_Philadelphia _rampage.html (consultée le 30.04.2018)

34 Independant. 2015. « John Russel Houser : Everything we know about the Lafayette movie theater shooter » [En ligne] https://www.independent.co.uk/news/world/americas/lafayette-theatre-gunman-was-politically-charged-and-mentally-unstable-10414723.html (consultée le 30.04.2018)

pour cause de détention illégale d’arme sous emprise de drogue, lui ayant valu 21 mois de prison et trois années de supervision (NewsLeader 201535). Si ces charges ne sont certes pas pour cause de crimes violent, elles lui ont néanmoins valu l’interdiction formelle et définitive de porter (acquérir) une arme (NewsLeader 2015). Par ailleurs, le fait de détenir une arme offre la possibilité (de fait) de causer la mort d’autrui, et pour ceci, les termes de « minor criminal history » semblent soudainement peu adéquats.

Nous voyons donc de manière frappante que la description de l’historique des suspects fait significativement l’objet de re-narration de la part des médias (ici CNN et Fox News) qui avantage les hommes blancs et dévalorise les hommes noirs.

Nous tenons à présent dans un dernier temps à mentionner le cas de Henry Bello (noir), ayant été accusé de « misdeamanor » et « unlawful surveillance » (FoxNews 2017a). Il se trouve en effet, qu’aucune de ces accusations ne représente des convictions graves (ni des crimes violents), bien que parfaitement illégales et condamnables. Ce que nous voulons ici expliquer, c’est que par l’explication en détails de ces accusations par Fox News (utilisation de miroir pour voir sur les jupes etc), le lecteur sera encouragé à développer une mauvaise opinion sur l’homme et à douter de se moralité, bien plus que pour un autre homme décrit comme n’ayant qu’une « minor criminal history » (comme par exemple Joseph Jesse Aldridge, qui est blanc) alors que le casier d’Henry Bello (noir) pourrait techniquement être décrit de la sorte.

Nous conclurons ici en soulignant que les casiers judiciaires de Nicholas Glenn et Henry Bello, dans la manière où ils sont invoqués et décrits incitent à une forte désapprobation de la part du lecteur, et contribuent du moins inconsciemment à perpétuer le stéréotype de l’homme noir aux pulsions bestiales et prédateur sexuel insatiable.

4.3.4. Libellé des actes et jugements

Nous avons ensuite cherché à relever les différentes expressions et mots désignant les actes commis par les différents criminels de notre corpus36.

35 News Leader. 2015. « Suspect in mass shooting had previous gun conviction » [En ligne] https://eu.news-leader.com/story/news/local/ozarks/2015/02/27/neighbor-suspect-found-dead-just-got-strange-acting/24132739/

(consultuée le 30.04.2018)

36 La totalité des termes désignant les actes figure dans les annexes.

Ainsi donc les actes de Micah X. Johnson sont décrits par le Président Obama comme « vicious, calculated and despicable attack on law enforcement » ainsi qu’une « atrocity » par le chef de la police de Dalla, David Brown (Fox News 2016a). Ceux de Nicholas Glenn sont désignés comme une « senseless attack » par la police de Philadelphia. Enfin, les actes de Gavin Eugene Long sont appelés une « absolutely unspeakable heinous attack » (CNN 2016a).

La fusillade réalisée par Matthew Riehl est qualifiée de « terrible shooting » par le Président Donald Trump (Fox News 2018). Les actes de Ivan Lopez sont décrits comme un « horrific shooting » par le Président Obama et une « terrible tragedy » par le secrétaire de la défense Chuck Hagel (CNN 2014a). Enfin les actes de John Robert Neumann sont désignés par le Sheriff en charge de « tragic shooting » et de « tragedy » par Fiamma, l’ex-entreprise du suspect (CNN 2017c).

S’il est vrai qu’on retrouve pour les deux catégories un certain nombre d’expressions communes, on dénote tout de même un certain nombre de différences. En effet, on remarque que dans le cas des tireurs blancs, les termes désignant les actes ne nous parlent pas de l’auteur, mais insistent au contraire avant tout sur l’aspect tragico-dramatique de la situation (récurrence des termes « horrible », « tragedy », « terrible » etc). Il en transparait donc un certain désarroi, tristesse et incompréhension systématique. Ce qui ne semble pas être le cas pour les tireurs noirs.

Les mots qualifiant les actes de ces derniers dénotent également dans une certaine mesure l’horreur et l’incompréhension, mais nous remarquons qu’ils révèlent aussi fréquemment un jugement sous-jacent de l’auteur. Ce qui nous voulons dire par là peut être expliqué par différents exemples : dans le cas de Micah Xavier Johnson, nous voyons les termes « vicious and despicable attack », qui feront conséquemment penser au lecteur que le suspect est

« vicieux » et « abject ». Dans le cas de Nicholas Glenn, la récurrence de termes « bizarre », fera dire au lecteur des articles que l’homme est étrange, « tordu », etc.

Ce que nous observons par ailleurs, c’est la répétition des termes renvoyant à la haine (« heinous »), absents des descriptions des tueurs blancs. Celles-ci permettent d’insister sur le fait que de tels actes aient été commis par des individus noirs remplis de haine (contrairement semblerait-il aux blancs), ce qui contribue encore une fois à faire perdurer dans les subconscients l’idée (stéréotypée) que les hommes noirs sont violents, haineux et profondément

mauvais (« evil »). S’ensuit donc le soulagement de lire (et voir en image) que la police a arrêté de telles personnes : le bien (blanc) continue heureusement à triompher sur le mal (noir).

Comme évoqué plus haut, les termes employés semblent d’ailleurs être d’autant plus durs lorsqu’il s’agit d’un shooting contre les forces de l’ordre (Micah X. Johnson, Nicholas Glenn, Gavin Long). On n’observe cependant pas ce durcissement des propos à l’encontre des suspects blancs ayant tiré sur la police/armée (Ivan Lopez, Matthew Riehl). Nous estimons que ceci est du moins en partie dû au fait que les suspects blancs sont systématiquement associés à un discours sur les problèmes de santé mentale, absent lorsque les shooters sont noirs. D’autre part, l’absence quasi-totale de journalistes noirs ayant contribué aux articles (cf. Annexe III) semble également aller dans ce sens : la vision stéréotypée des hommes noirs/blancs perdure par la description biaisée de la réalité par une industrie médiatique dominée par les personnes blanches. En conséquence, on remarque une relative neutralité et brièveté dans la mention des violences policières à l’encontre des noirs, mais une forte désapprobation et blâme pour les hommes noirs ayant tiré sur les force de l’ordre. Ce phénomène est particulièrement parlant dans le cas de Micah X. Johnson (CNN 2016b). Suite aux shootings, le chef de la police, Chief David Brown s’exprime en ces termes : « this was a well-planned, well-thought-out, evil traged (…) if there’s someone out there who’s associated with this, we will find you, we will rposecute you, and we will bring you to justice. » (CNN 2016b). Par contraste, dans le même article, les tueries de la police à l’encontre des noirs sont décrits en ces termes: « The shootings occured as many Americans nationwide took the streets to demand answers over the killings of two black men by police in two days. » (CNN 2016b).

4.3.5. Fox News et CNN : opposés en politique, voisins en discours

Dans notre analyse des différents articles, nous avons été surpris de constater combien Fox News et CNN convergent. Fox News, il est vrai donne souvent plus de détails sur les casiers judiciaires des suspect noirs (détails tendant à produire une image négative) et à flouter les casiers des suspects blancs, mais nous remarquons que pour ce qui est de la qualification des actes ainsi que des suspects, les deux médias abondent dans le même sens, et parfois même se complètent. Nous voyons donc que bien qu’opposés dans les idéaux politiques, Fox News et CNN entretiennent tous deux à leur manière la vision stéréotypée noir/blanche héritée de la période ségrégationniste, CNN étant tout de même souvent moins abondante en détails accusateurs.

Nous avons cependant été particulièrement surpris de constater l’absence de naissance de

Nous avons cependant été particulièrement surpris de constater l’absence de naissance de