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3. METHODOLOGIE

3.2. S ÉLECTION DES CAS

Afin de sélectionner les cas que nous allons étudier, nous devons d’abord définir qu’est-ce que nous entendons par shooting, mais aussi à quel genre de shooting nous allons nous intéresser.

Ce que nous entendons donc par shooting, ce sont des violences par armes à feu, commises à un temps donné par une ou plusieurs personnes, et ayant causé une ou plusieurs victimes (blessés et/ou morts), à l’exception des suicides. Cette définition est la plus large possible (et

10 PewReasearchCenter.2017. « Digital News Fact Sheet ». [En ligne] http://www.journalism.org/fact-sheet/digital-news/ (consultée le 22.05.2018)

11 Similarweb. « Mobile App Ranking ». [En ligne] https://www.similarweb.com/apps/top/apple/store-rank/us/news/top-free/iphone (consultée le 09.05.2018)

12 The Huffington Post. 2016. «Here Are 13 Examples Of Donald Trump Being Racist » [En ligne]

http://www.huffingtonpost.com/entry/donald-trump-racist- examples_us_56d47177e4b03260bf777e83 (consultée le 16.12.2016).

correspond à celle de la base de données violencegunarchive.org), afin de ne pas restreindre le nombre de victimes à un nombre arbitraire.

Étant donné cependant que nous nous intéressons à la description médiatique de ces évènements, il est donc central que les shootings que nous décidons d’étudier soient traités par les médias. Pour cela, nous avons décidé de nous intéresser aux évènements les plus marquant (en termes de victimes) afin de nous assurer la médiatisation de ces évènements.

Nous cherchons donc une base de données à partir de laquelle explorer les différents types de shootings qu’il peut y avoir. Pour cela nous avons utilisé la base de données violencegunarchive.org. « Crowd-sourced », ce site base ces faits par recoupement de données provenant de la presse et regroupe toutes les violences opérées par arme à feu depuis 2014 jusqu’au temps présent.

A partir des données disponibles sur le site, nous avons pu estimer en moyenne que le nombre de violences commises sont de l’ordre de 1 à 3 par jour. Si donc le nombre d’évènements recensés sur cette archive est impressionnant, il offre au moins l’avantage d’être complet, contrairement à celle gouvernementale du FBI (Federal Bureau of Investigation) qui n’a plus publié de rapport sur les mass shootings depuis 2014. Cette dernière est une institution considérée comme la principale police judiciaire fédérale et collecte toutes sortes de données criminelles ; notamment les données concernant les mass shootings, qu’elle définit (définition institutionnelle 2013) comme toute violence par arme à feu ayant causé au moins trois morts (sans compter l’auteur, DeFoster et Swalve 2017 :1-12).

Si cette définition officielle permet de nommer légalement ce qu’est ou n’est pas un mass shooting, on se rend compte que dans les faits, la presse américaine utilise les termes techniques

« rampage shooting », « spree shooting », « mass shooting », de manière interchangeable (DeFoster et Swalve 2017 :1-12). Cette définition nous semble par ailleurs quelques peu arbitraire puisqu’un évènement de violence par arme à feu ayant causé peu de morts (moins de trois) mais beaucoup de blessés ne serait pas considéré comme un « mass shooting ».

Nous prenons donc parti dans le cadre de ce mémoire de nous intéresser initialement à toutes les violences commises par arme à feu depuis 2014 (base de données inexistante avant cette

date). Parmi ce nombre effarant d’évènements cependant (1624 shootings en 1870 jours, depuis 201313), nous ne retiendrons que les actes les plus « importants ».

En effet, étant donné que nous étudierons par la suite le discours médiatique opéré sur ces évènements (et plus précisément, sur l’auteur de ces actes), il est nécessaire que l’évènement en question ait été suffisamment important pour générer l’effet médiatique : dans les cas de crimes, le nombre de victimes interagit avec les spécificités d’un cas donné – si un policier est tué, si le shooting a eu lieu dans une école ou pas, etc. (Chermak 1998 :68) A l’inverse, les mass shootings impliquant des gangs ou des familles (un père de famille tuant sa femme et ses enfants avant de se suicider, on parle de « familicide ») sont de loin les plus « classiques » et communs, et pourtant (donc) aussi les moins abordés par les médias (Duwe 2000 :365-366).

Face, cependant à ces différentes catégories de mass shootings, nous avons décidé de ne retenir aucun évènement en lien avec les gangs car ils sont d’une part peu voire pas traité par les médias, et d’autre part, les auteurs sont rarement identifiés. Ensuite, pour ce qui est des décimations de familles entières (généralement par le père et (ex)mari), nous avons décidé de ne retenir aucun cas, étant donné que dans chacun de ces évènements que nous avons observés (2014-2017), nous avons remarqué qu’il s’agissait d’actes commis par un homme blanc14. Il est en est de même pour les auteurs de shootings dans les écoles (2014-2017) : ces trois cas de figures ne seront donc pas retenus pour nos données (souci de comparabilité des cas dans le framing médiatique des agresseurs blancs et noirs américains).

Parmi donc cet ensemble de shootings majeurs (en nombre de victimes, excluant les tueries liées aux gangs ou tueries de famille), nous nous sommes assurés de ne garder que ceux pour lesquels l’auteur des actes a été formellement identifié et étant américain (exclusion des étrangers), de couleur de peau blanche ou noire (exclusion des autres minorités dans le cas de ce mémoire). À la suite de ce tri a donc émergé un ensemble de cas parmi lesquels sept ont été commis par des hommes noirs, et le reste (une vingtaine) par des hommes blancs.

13 The Guardian. 2018a. « Mass shootings in the U.S.: there have been 1,624 in 1,870 days » [En ligne]

https://www.theguardian.com/us-news/ng-interactive/2017/oct/02/america-mass-shootings-gun-violence (consultée le 04.05.2018)

14 Pour une occurrence de 2 à 3 par mois selon nos observations, basées sur les données de gunviolencearchive.org

Pour chacun des cas retenus (shooter), nous avons sélectionné deux articles : un sur le site Fox News15 et un autre sur le site CNN. Nous avons retenu sept shooters blancs (et sept noirs), soit pour un total de quatorze shooters : vingt-huit articles en tout. Pour cette sélection d’articles, nous avons émis les critères inclusifs/exclusifs suivants : (1) tout d’abord, nous avons décidé de nous intéresser uniquement aux articles où le tireur est formellement identifié par son nom (exclusion des articles décrivant une fusillade pour laquelle le tireur est inconnu ou son identité non révélée au public) En effet, le discours raciste (ou pas) ne peut être établi qu’une fois que l’identité du suspect est connue par les médias. (2) Ensuite, nous avons cherché à retenir les premiers articles publiés suite aux évènements, car selon nous les informations (et formulations) seront moins filtrées et le biais du racisme aura plus tendance à transparaitre. (3) Enfin, nous avons également fait attention à ce que les articles retenus ne se centrent pas sur un détail de l’affaire (par ex. si l’arme avait été obtenue légalement ou non), mais qui résume avant tout la situation telle qu’elle semble s’être déroulée.