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II. Historique des Missions

2.2. Népal (2000-2001)

1) Un peu d'histoire

La République Démocratique Fédérale du Népal est un pays d'Asie de 147 179 km2, où vivent

presque 30 millions d'habitants. Elle a pour Capital Katmandou. Au cœur de l'Himalaya, elle est encadrée par la Chine et l'Inde.

De 1996 à 2006, le Népal est en pleine guerre civile. Le Communist Party of Nepal-Maoist a lancé « la guerre du peuple » contre la monarchie népalaise. La guérilla maoïste mène

plusieurs attaques contre des postes de police, des agences gouvernementales et la famille royale. La répression du gouvernement ne se fait pas attendre. Elle est sanglante. Mais l'armée maoïste conquiert progressivement du terrain, si bien qu'en 2004 la monarchie ne contrôle plus que la vallée de Katmandou et les routes. En réponse à cette menace, le royaume déclare l'État d’Urgence, instaure la censure et suppriment des droits fondamentaux.

Début 2006, les principaux partis de l'opposition s'allient et appellent à une grève générale illimitée. Elle est suivie par la majorité de la population. C'est par cette méthode pacifique et grâce aux pressions de la communauté internationale, qu'ils réussiront à obtenir le rétablissement du parlement en Avril 2006. Un accord de paix sera signé en Novembre. 54

Depuis la fin de la guerre, le Népal sort difficilement de la crise politique. La Monarchie a été abolie en 2008 pour être remplacée par une République. Les premières élections générales ont eu lieu en 2013 donnant la majorité à des partis traditionnels, comme le Congrès népalais et le Parti communiste du Népal plutôt qu'aux maoïstes. Les divisions politiques restent importantes au sein du peuple et du gouvernement, maintenant l’inertie dans les institutions du pays. Les tremblements de terre de 2015 ont permis un certain rapprochement des trois principaux partis, et une constitution a finalement été adoptée en Septembre 2015.

En l'an 2000, au moment où PDM décide d'intervenir au Népal, le pays est donc en plein conflit. Cette instabilité a des conséquences graves sur la population. Celle-ci est d’autant plus vulnérable aux catastrophes naturelles, aux inondations et glissements de terrain qui ont lieu chaque année dans le pays. Des milliers de népalais ont besoin d’un abri, de nourriture de médicaments. Le taux de mortalité infantile est alors de 76 pour 1000, l'espérance de vie à la naissance est de 58 ans.55

2) Système de santé

Le système de santé népalais est très déficient. Cela est dû à de nombreux facteurs aussi bien

politiques et culturels que géographiques. Les conditions de vie, de logement, le manque d'équipements sanitaires, la pauvreté contribuent à la prolifération de nombreuses maladies. En 1995, 41% de la population vit sous le seuil de pauvreté. En 2000, la couverture vaccinale n’était correctement réalisée que jusqu’à l’âge de 9 mois. L'éducation pour la santé est quasi- inexistante et les règles d'hygiène basiques ne sont pas connues des populations rurales. Celles- ci continuent à réaliser des ablutions, à laver le linge dans les cours d'eau qui sont extrêmement pollués (déchets industriels, cendres des défunts).

Les structures de soin et les médecins sont trop peu nombreux : « En 2003, le Népal disposait de 10 centres de santé, 83 hôpitaux, 700 cliniques médicales (Heath posts) et 3 158 dispensaires desservant les villages. Le Népal comptait alors 1 259 médecins, soit 1 médecin pour 18 400 personnes »56. Les hôpitaux sont essentiellement à Katmandou, travaillant en collaboration

avec les universités. Dans le district de Solu Khumbu, où PDM est intervenu, il existe un centre de santé et un hôpital situé à Phaplu, pour 110 000 habitants.

Ces dernières années, les aides internationales gouvernementales et non gouvernementales ont permis une amélioration des conditions de soins. En 2014, la mortalité infantile avait diminué à 40 pour 1000, l'espérance de vie remontait à 67 ans. Mais beaucoup de centres de soins en milieu rural ne sont pas fonctionnels, faute de matériel, de médicament, de personnel qualifié. De plus il existe encore des zones montagneuses très reculées, où l'accès au soin nécessite plusieurs heures de marche.

b) Le projet 57

Responsables : Dr Isabelle Morin, Dr François Vié le Sage

Partenaires : Lorraine-Népal, Himalayan Conservation Foundation, District Health Office

Solukhumbu,

Coordinateurs locaux : Pasang Sherpa (secrétaire local de Lorraine-Népal) Mr Hang Pasang Lama (Président de HCF), Dr Mingmar Sherpa (Hôpital de Paphlu)

Le projet Népal est lancé en Avril 2000, à la demande de l'ONG Lorraine-Népal (LN) et

de l’Himalayan Conservation Foundation (HCF). LN est une ONG non médicale fondée en

1995 par Mr Gérard Houé, dont l’objectif principal est l’aide à l’éducation et à l’amélioration de la santé des populations du Solu Khumbu. Elle travaille en collaboration avec l’HCF.

Après quatre missions exploratoires entre Avril et Octobre 2000, il est décidé de débuter un programme sur trois ans.d A l’issue de celui-ci, sa prolongation serait réévaluée. Le projet

était axé sur le dispensaire de la vallée de Sala Besi. Ce dispensaire avait été construit en 2000 par les membres de LN, dans une région montagneuse isolée, d’accessibilité uniquement pédestre. Les difficultés d’accès à ce village ont exclu la population des programmes de dépistage et de vaccination nationaux.

LN devait assurer en collaboration avec HCF: - La construction et l’entretien du centre,

- L’embauche et le paiement des salaires et assurances des différents acteurs et health

workers (assistant sanitaire) népalais,

- L’accréditation auprès des autorités népalaises des structures mises en place, - L’organisation logistique des missions médicales.

L’AFPA-Humanitaire devait y réaliser des consultations de soins primaires, d’éducation sanitaire, de dépistage de la malnutrition et y former le personnel soignant. Les pédiatres français devaient s’y rendre de manière mensuelle, pour une durée de 8 à 10 jours. Quelques missions annuelles de formation spécialisée devaient également y être organisées (ophtalmologie, gynécologie, etc.). Durant l’année, un Health Officer et/ou une sage-femme népalais, engagés par LN et HCF, devaient y assurer une permanence des soins, ceci en collaboration avec les programmes nationaux et les Health Centers du district de Solukhumbu.

Après six missions, PDM a dû se retirer du Népal en Octobre 2001, suite à des attaques maoïstes ayant eu lieu dans la région. Le bombardement de la tour de contrôle de l’aéroport

de Paphlu a eu lieu quelques heures après le décollage de l’avion ramenant l’équipe de PDM à Katmandou. Les combats alentour ont engendré plus de 300 morts. Le fonctionnement des centres a été maintenu grâce à la formation de deux infirmiers et la poursuite des actions de LN.