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MUTATIONS GÉNÉTIQUES ET MALADIES HÉRÉDITAIRES Il existe des formes familiales de cancers colorectaux liées à des mutations

PREMIER DEGRÉ

2.3.5. MUTATIONS GÉNÉTIQUES ET MALADIES HÉRÉDITAIRES Il existe des formes familiales de cancers colorectaux liées à des mutations

génétiques constitutionnelles, c'est-à-dire pouvant se transmettre entre les générations: le syndrome de Lynch, et la Polypose Adénomateuse Familiale (PAF).

Ces altérations génétiques exposent à un risque très élevé de développer un cancer.

Le cancer colorectal dans sa forme héréditaire est une maladie rare (touche moins d'une personne sur 2000). Elle représente moins de 5 % des cas des cancers colorectaux, et survient principalement avant 40 ans, plus particulièrement au niveau du colon droit.

● le ​syndrome de Lynch​, ou cancer héréditaire du côlon non polyposique (Hereditary Non Polyposis Colon Cancer, HNPCC), est lié à des mutations des gènes MMR: gènes protecteurs vis-à-vis des cancers. Cette pathologie est donc responsable de la formation de différents cancers, notamment ceux de l’endomètre, de l'ovaire, et du cancer colorectal. Il représente 3 à 5 % des cas de cancers colorectaux. Le risque de développer un cancer colorectal au cours de la vie est alors de 38 % chez l'homme, et de 31 % chez la femme. [41]

● la ​Polypose Adénomateuse Familiale​ (Familial Adenomatous Polyposis, FAP), ou polypose colique familiale, est une pathologie autosomique dominante liée à la mutation des gènes appelés APC ou MUTYH. Elle est responsable de l’apparition de centaines de polypes au niveau de la paroi interne du côlon et du rectum, dès l'adolescence. Le risque de cancer est près de 100 % chez ces individus, on pratique donc une colectomie totale préventive vers 15-20 ans. Ces polypes ne sont individuellement pas particulièrement à risque de devenir cancéreux, mais c'est leur nombre élevé qui représente un danger. Cette pathologie représente environ 1 % des cas de cancers colorectaux.

2.3.6.

TABAC

Le tabagisme est classé comme cancérogène certain (groupe 1) par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) pour de nombreuses localisations, dont le cancer colorectal, et est considéré comme le premier facteur de risque de cancer évitable. Le tabagisme est clairement associé à un risque dose-dépendant significatif de cancer colorectal.

Ce risque lié au tabac semble plus important pour les hommes et pour les cancers du rectum [47] : En France en 2015, on a estimé que 2608 cas de cancers colorectaux étaient attribuables au tabac, ce qui représente 6,6 % des cas de cancers de cette localisation (8,4 % chez l'homme, et 4,3 % chez la femme) [45].

Ce risque augmente parallèlement au nombre de cigarettes fumées par jour, et surtout à la durée de tabagisme [48]: Les études ont démontré qu'un usage abusif et à long terme de la

cigarette (20 paquets-année, soit un paquet par jour pendant 20 ans ou deux paquets par jour pendant 10 ans) augmente de 2 à 3 fois le risque d'apparition d'adénomes de grande taille (>1cm) au niveau du cancer et du rectum, sources de cancers. [45]

Une étude américaine réalisée en 2009 [49] a démontré que l'incidence du cancer colorectal était environ 30 % plus importante chez les fumeurs actifs que chez les individus n’ayant jamais fumé, et que le risque relatif de cancer colorectal augmentait surtout chez les individus fumant depuis plus de 50 ans.

Selon cette étude, la diminution du risque de cancer colorectal chez les anciens fumeurs est d'autant plus importante que l’arrêt du tabac est ancien, et intervient à un âge jeune: en effet aucun sur-risque n'a été mis en évidence pour les anciens fumeurs ayant arrêté le tabac avant 40 ans, ou n'ayant pas fumé depuis plus de 31 ans. [49]

2.3.7.

ALCOOL

L'alcool est, comme le tabac, classé cancérogène certain par le CIRC; c'est le second facteur de risque évitable après le tabac.

En France métropolitaine, en 2015, on considère que 8,5 % des cancers chez les hommes et 7,5 % chez les femmes sont attribuables à l'alcool. Avec 6 654 nouveaux cas attribuables à l'alcool en 2015, le cancer colorectal représente la deuxième localisation la plus fréquente des cancers attribuables à l'alcool, après le cancer du sein

(cf. figure 20 en annexe 5)​. [45] Ce risque augmente avec la dose totale d'alcool consommée, mais pour le cancer colorectal la relation dose-réponse n'est pas linéaire :

Figure 21 : Risque Relatif (RR) de cancer colorectal en fonction de la consommation d'alcool, relation dose-réponse non linéaire [43]

Dans le cas du cancer colorectal, on considère que le risque est significatif à partir de 30 g d'alcool par jour, soit plus de 3 verres par jour.

Ainsi, à partir de 45 g d’alcool par jour, soit plus de 4 verres, un individu présente au moins 1,5 fois plus de risque de cancer colorectal que les non-buveurs.

Le principal mécanisme de cancérogenèse induit par l'alcool est la production d'un métabolite génotoxique de l’éthanol par l'organisme: l’acétaldéhyde. [42][43][44]

2.3.8.

ALIMENTATION

Une faible consommation de fruits, de légumes, de fibres alimentaires et de produits laitiers, ainsi qu’une consommation élevée de viandes rouges et de viandes transformées sont associées à une augmentation du risque de nombreux cancers, dont ceux du côlon et du rectum.​ (cf. figure 22 en annexe 6)

En 2015 en France métropolitaine, chez les individus de 30 ans et plus, 18 800 nouveaux cas de cancers étaient attribuables à une alimentation sous-optimale, soit 5,4 % des cancers diagnostiqués. [45]

Pour le cancer colorectal, les facteurs de risques alimentaires les plus significatifs sont les suivants :

2.3.8.1.

Sur-consommation de viandes rouges et viandes

transformées

Les viandes transformées, dont la charcuterie, font partie du groupe 1 de la liste de cancérogènes établie par le CRIC, c'est-à-dire sont cancérogènes certains.

Une consommation de 50 g de charcuterie par jour augmente de 16 % le risque de cancer colorectal.

En 2015, en France métropolitaine, on estimait à 3 880 le nombre de nouveaux cancers colorectaux attribués à la sur-consommation de viandes transformées, soit 9,8 % de ces cancers diagnostiqués (11,4 % chez l'homme et 7,8 % chez la femme).

La viande rouge (viande de porc, de bœuf, de veau, d'agneau..) est classée dans le groupe 2A : cancérogène probable. En 2015, en France métropolitaine, elle était responsable de 4,3 % des nouveaux cas de cancer colorectaux diagnostiqués (5,4 % chez l'homme et 3 % chez la femme).

Ces risques sont significatifs dès 100 g de viande rouge consommée par jour, et 50 g de viande transformée. Ils augmentent avec la dose et la fréquence de consommation. [45][51][43] :

Figure 23: Risque Relatif (RR) de cancer et consommation de viandes rouges et charcuterie [43][44]

Plusieurs mécanismes expliquent cette augmentation du risque : production de composés N-nitrosés cancérogènes, production de radicaux libres et de cytokines pro-inflammatoires, apports de sels nitrés. Cette augmentation de risque peut aussi être liée au mode de cuisson de la viande; en effet, la cuisson à hautes températures (supérieures à 200°C), ou exposant directement les aliments aux flammes (barbecue, grillade..), est responsable de la production d'Amines Hétérocycliques (AHC), et d'Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP), cancérogènes. [44][52]

2.3.8.2.

Sous-consommation de fibres alimentaires (fruits,

légumes, légumes secs, produits céréaliers complets)

Avec 2 408 nouveaux cas de cancers colorectaux en France métropolitaine en 2015, la sous-consommation de fibres alimentaires représentait 6,1 % des nouveaux cas diagnostiqués (5 % chez l'homme et 7,4 % chez la femme).

En effet, selon un rapport de 2017 du World Cancer Research Fund et de l'American Institute for Cancer Research, la consommation de fibres alimentaires à hauteur de 10 g par jour, et de céréales complètes à hauteur de 90 g par jour, auraient une action protectrice significative sur le cancer colorectal :

Figure 24: Risque Relatif (RR) de cancer et consommation d'aliments riches en fibres [43][44]

Plusieurs hypothèses pourraient expliquer cet effet protecteur : la fermentation favorisée par les fibres au niveau intestinal conduit à la production de butyrate, qui pourrait avoir un effet anti-prolifératif ; la réduction du temps de transit intestinal et de

l'insulino-résistance, favorisées par les fibres, pourraient également expliquer ce phénomène.[43][44]

2.3.8.3.

Sous-consommation de produits laitiers

En 2015 en France métropolitaine, on estimait à 2,2 % la proportion de nouveaux cancers colorectaux attribués à la consommation de moins de deux produits laitiers par jour, qui correspond à l'apport recommandé (1 portion étant égale à 150 mL de lait, 30 g de fromage ou 125 g de yaourt)

En effet, la consommation de calcium, contenu dans ces produits laitiers, est associée à une diminution du risque de cancer colorectal.

Figure 25:

Risque Relatif (RR) de cancer et consommation de produits laitiers [43][44]

Les hypothèses avancées pour expliquer cet effet sont les suivantes : le calcium pourrait avoir la capacité de lier des acides biliaires et acides gras libres, diminuant leurs effets toxiques sur le côlon et le rectum. Il pourrait également diminuer la prolifération cellulaire et promouvoir la différenciation cellulaire ​via la régulation négative de la production de l'hormone parathyroïde, et inhiber certaines mutations oncogènes. [43][44]