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Multitude de modèles partiels hétérogènes et modèle glo- glo-bal cohérentglo-bal cohérent

Objectifs et défis de la modélisation par points de vue des systèmes complexes,

2.2 Multitude de modèles partiels hétérogènes et modèle glo- glo-bal cohérentglo-bal cohérent

Les concepteurs impliqués dans la modélisation d’un système complexe sont issus de do-maines d’activités distincts et produisent des modèles partiels de ce système, selon leurs points de vue (Figure 2.3).

Ils sont habitués à évoluer dans des environnements dédiés, à utiliser des formalismes, des outils, des langages, des technologies qui leur sont familiers. L’utilisation d’un formalisme unique s’avère trop difficile à mettre en place et à imposer à ces utilisateurs, qui vont produire des modèles spécifiques à leurs points de vue.

La question qui vient naturellement alors est celle de la spécificité des besoins de ces diffé-rents utilisateurs, en termes d’outils de modélisation. La modélisation des systèmes complexes doit prendre en considération les besoins de chaque partie prenante du système en lui fournis-sant un environnement dédié à son point de vue sur le système.

Plusieurs approches ont été développées pour faire face à la modélisation décentralisée des systèmes complexes.

L’approche générale la plus utilisée dans l’industrie est la multi-modélisation [38], large-ment mise en œuvre en génie logiciel. Elle permet aux concepteurs de se concentrer sur diffé-rentes parties du système de manière isolée. Elle consiste ainsi à élaborer des modèles séparés qui correspondent à différents points de vue [110, 132, 39, 40].

La conception de systèmes complexes repose alors sur un ensemble hétérogène de langages, d’outils et d’environnements qui sont utilisés séparément par des concepteurs travaillant sur différents aspects du système [195, 85, 145]. En outre, ces experts en modélisation peuvent être situés dans des zones géographiques éloignées, comme c’est le cas dans le développement distribué et la collaboration de grands éditeurs.

La question qui se pose ici est donc de donner sa place à chaque partie prenante en tant que élément à part entière de la réalisation du système global. En effet, permettre à chaque

stakeholder de travailler dans son environnement propre avec des techniques et des outils liés à

son domaine d’expertise, s’avère une contrainte incontournable.

Question 4. Comment assurer la cohérence de l’ensemble en permettant à chacun de travailler avec ses propres outils ?

Permettre aux parties prenantes d’utiliser des langages spécifiques à leurs domaines métiers, des DSL [42], induit des modèles hétérogènes qui soient conformes à différents méta-modèles (Figure 2.4).

L’objectif que nous poursuivons est de fournir un modèle global du système tout en conservant la production de modèles partiels assurant que les besoins des parties prenantes sont pris en compte.

Dans [85], R. France et B. Rumpe, en 2007, identifient les défis suivants du MDE : "Les principaux défis auxquels les chercheurs sont confrontés lorsqu’ils sont tentés de réaliser la vision de l’IDM peuvent être regroupés dans les catégories suivantes :

• 1- Modélisation des défis linguistiques : ces défis découlent des préoccupations liées à la création et à l’utilisation d’abstractions au niveau des problèmes dans les langages de modélisation dédiés et à l’analyse rigoureuse des modèles

• 2- Séparation des défis des préoccupations : ces défis découlent des problèmes associés à la modélisation de systèmes utilisant des points de vue multiples et se chevauchant qui utilisent des langages potentiellement hétérogènes.

• 3- Manipulation des modèles et défis de gestion : ces défis découlent des problèmes liés (1) à la définition, à l’analyse et à l’utilisation des transformations de modèles, (2) au maintien des liens de traçabilité entre les éléments de modèle pour soutenir l’évolution

FIGURE2.4 – Modélisation d’une voiture selon des points de vue différents, mettant en œuvre plusieurs méta-modèles

du modèle et la conception de l’aller-retour, (3) au maintien de la cohérence entre les points de vue, (4) au suivi des versions et (5) à l’utilisation des modèles pendant le cycle de vie."

Notre objectif de Fournir un modèle global du système tout en conservant la production de modèles partiels assurant que les besoins des parties prenantes sont pris en compte s’inscrit typiquement dans des éléments de réponses à la catégorie 2 de ces défis.

Le défi que nous relevons ne consiste donc pas à fournir des DSL et des environnements dédiés aux parties prenantes (défi 1 identifié par R. France et B. Rumpe dans [85], mais de leur permettre de continuer à évoluer dans leurs environnements propres pour contribuer à un modèle commun par la production de modèles partiels hétérogènes.

Parmi les problèmes qui se posent dans une situation de modélisation multiple, l’un des prin-cipaux concerne l’utilisation conjointe de terminologies et de termes différents pour représenter ou exprimer un même concept. Ce problème, typiquement connu sous le nom de problème d’hétérogénéité est un problème commun largement partagé par la communauté des systèmes logiciels complexes [196], [152].

L’initiative GEMOC a fourni une classification des différents niveaux d’hétérogénéité en génie logiciel. Dans [21], les auteurs proposent une classification à trois niveaux : (i) hétérogénéité des systèmes (comme l’orchestration de sous-systèmes), (ii) hétérogénéité des plates-formes d’exécution (c’est le cas par exemple des moteurs de simulation), et enfin (iii) hétérogénéité de la modélisation qui traite de la coordination des modèles propres à un domaine.

L’un des objectifs que nous nous sommes fixés est de fournir des moyens d’aligner les modèles hétérogènes partiels d’un système, pour fournir un modèle global cohé-rent.

La première solution qui vient à l’esprit est de composer les modèles des différents points de vue en une unique représentation. De façon générale, les approches de composition proposées dans la littérature [73, 131, 200] reposant sur l’élaboration d’un modèle global présentent trois inconvénients majeurs liés à l’hétérogénéité des modèles. Le premier concerne la structure du méta-modèle associé au modèle composé. En effet, il n’y a pas de consensus sur la manière de le construire : à partir de l’union de tous les éléments provenant des modèles sources, ou de leur intersection, ou d’une autre combinaison ? La deuxième question concerne la sémantique utilisée pour représenter un élément d’un modèle composé étant donné que les modèles sources peuvent utiliser des sémantiques différentes. Enfin, un modèle global obtenu par composition peut être énorme dans le cas d’un système très complexe et donc très difficile à maintenir.

Pour assurer une cohérence globale des modèles partiels d’un même système, une solution peut être également de capturer les correspondances inter-modèles. Cette technique est appelée

alignement de modèlespar analogie avec alignement d’ontologies[180].

Le défi consiste ici à réaliser cet alignement (Figure 2.5).

2.3 Evolution des modèles partiels hétérogènes et Gestion de