Com m e la tâche de réaliser la totalité des entrevues a été répartie entre deux intervieweurs, il a donc fallu s'assurer de la pertinence et de la qualité des interventions de chacune de ces personnes de même que de leur respect du protocole d'entrevue établi. C'est ce qui nous a amené à choisir l'enregistrement sur bandes magnétiques pour chacune des entrevues, de même qu'une transcription dactylographiée de toutes les bandes magnétiques, comme m oyens privilégiés pour pouvoir, tout au long de la conduite des entrevues ainsi qu'à plusieurs reprises durant l'analyse, évaluer intégralement les interventions et le comportement des deux intervieweurs en plus des réponses des interviewées.
Au début de la session d'automne de 1983, nous avons pris soin de sélectionner parmi les étudiantes inscrites au cours de didactique du milieu physique (DID 14868) dispensé à la Faculté des sciences de l'éducation de l'Université Laval, cinq enseignantes en perfectionnement, afin de les interviewer, dès le premier cours, avec nos deux questionnaires pour en vérifier la validité. Cette validation devait permettre de déceler les erreurs de forme qui auraient pu causer des malentendus, donner des réponses ou rendre certaines questions ambiguës. De plus, elle devait servir pour les intervieweurs à se familiariser avec le questionnaire de manière à le connaître par coeur, à déceler les moments où il faudrait éventuellement ajouter d'autres questions pour éclaircir certaines réponses de même qu'à s'assurer de la qualité et de la pertinence de ces questions ajoutées.
Après avoir réalisé ces cinq entrevues, que nous avons pris soin d’enregistrer sur bandes magnétiques, nous avons procédé à trois types d'analyse. Tout d’abord, nous avons évalué la qualité du questionnaire pour savoir s'il nous avait bien apporté les résultats escomptés. Ensuite, nous avons étudié ces résultats pour voir si nous ne les avions pas obtenus uniquement parce que certaines questions qui étaient posées ne laissaient d'autre choix à l'enseignante interview ée que de nous les donner. Enfin, grâce à l'enregistrement de ces entrevues, nous avons pu faire après chacune d'elle, une étude critique de s interventions et du comportement de chaque intervieweur.
Comme rien ne nous a semblé anormal dans cette opération de validation, nous avons décidé de conserver ce questionnaire tel quel sans y
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apporter de corrections. Un point est cependant à remarquer: une mauvaise qualité dans notre système d'enregistrement nous a obligé à rejeter deux des cinq entrevues que nous avions réalisées. S'étant avérées inaudibles, elles n'ont donc pu être analysées. Heureusement, cet événement a eu un aspect positif puisque nous avons pris immédiatement les mesures qui s'imposaient pour améliorer notre système d'enregistrement, ce qui nous a évité par la suite de rencontrer à nouveau des problèmes de ce genre.
Les entrevues
La sélection des enseignantes interviewées
Afin de nous constituer un échantillon représentatif des enseignantes du primaire, nous nous sommes fixé l'objectif de réaliser une entrevue avec trente d'entre elles, sélectionnées aléatoirement. Cependant, pour des raisons de temps et drargent, nous nous sommes restreint à ne faire cette sélection que parmi toutes les écoles primaires de la région immédiate de la ville de Québec. Nous incluons dans cette région, les écoles de la C .E .C .Q . et des com m issions scolaires Ancienne-Lorette, Chaudière-Etchem in, La Jeune Lorette, Montcalm et Sainte-Foy.
Pour réaliser la sélection de nos enseignantes, nous avons tout d'abord dressé la liste de toutes les écoles de ces commissions scolaires. Ensuite, nous avons choisi au hasard trente de ces écoles pour leur assigner à chacune un degré, choisi lui aussi aléatoirement. Enfin, une fois cette sélection terminée, nous avons privilégié comme moyen pour prendre contact avec l'enseignante désignée pour le degré choisi dans chacune des écoles, de communiquer avec la direction de ces dernières. Notre approche consistait à leur expliquer en des termes les plus généraux possible le but de notre
recherche et l'aide que nous attendions de leur part pour réaliser ce projet. Une fois ces précisions apportées, nous leur demandions la permission de rencontrer l'enseignante affectée au degré déjà assigné pour leur école. Dans le cas où plus d'une enseignante était affectée à ce degré, nous laissions à la discrétion de la direction, le choix de la personne à interviewer.
Des trente écoles qui avaient été sélectionnées au hasard pour participer à notre recherche, deux n'ont pu être retenues pour des raisons de langue. Parmi les vingt-huit directions d'écoles que nous avons contactées, dix-sept nous ont répondu affirmativement à l'effet qu'elles étaient intéressées à participer à notre recherche; six ont refusé catégoriquement prétextant avoir trop de projets en marche, ne pas avoir le temps ou n'avoir aucun volontaire pour le degré désigné; et cinq n'ont pas donné suite à nos nombreux appels téléphoniques. Com m e nous nous retrouvions avec une possibilité de seulement dix-sept entrevues sur une sélection de trente au départ, nous avons procédé, de la même façon que lors de la première fois, à une nouvelle sélection de treize autres écoles primaires avec chacune un degré respectif. Parmi les directions de ces dernières, six ont répondu affirmativement, trois ont refusé alors que quatre n'ont pas donné de réponse.
Etant donné la quantité de directions d'écoles contactées (quarante et une), de même que la lourdeur des procédures que nous devions utiliser pour obtenir une réponse à nos nombreuses sollicitations, nous avons donc pris la décision de ne plus contacter d'autres directions d'écoles et de nous contenter des vingt-trois entrevues qu'il nous était possible de réaliser. De plus, dans le but d'avoir à notre disposition un plus grand nombre de données recueillies lors d'entrevues, et étant donné que nous n'avons dû apporter aucune modification ni à notre protocole ni à nos questionnaires, nous
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avons décidé d'utiliser aussi, pour fin d'analyse, les réponses obtenues dans les trois entrevues que nous avons pu conserver lors de la validation. Ainsi, nous pouvions prévoir analyser au total vingt-six entrevues.
La conduite des entrevues
Après avoir informé l'enseignante désignée pour chaque école et avoir fixé avec elle un rendez-vous à sa convenance, l'un des intervieweurs se rendait à son école, dans un local de son choix, pour réaliser l'entrevue. Après s'être présenté et avoir essayé de mettre à l'aise l'enseignante, l'intervieweur lui donnait le plus brièvement possible et dans des termes très généraux le but de notre recherche en lui précisant qu'il lui donnerait toutes les informations qu'elle désirerait, une fois l'entrevue terminée. Une fois toutes ces précisions apportées, il lui expliquait qu'elle aurait d'abord à compléter par écrit un questionnaire d'informations personnelles et qu'elle aurait ensuite à répondre oralem ent à quelques questions. Ensuite, il lui dem andait la permission d'enregistrer l'entrevue sur bande magnétique en lui garantissant notre plus grande discrétion concernant sa participation à notre recherche et en lui expliquant que l'utilisation du numéro de code pour le questionnaire écrit et pour l'entrevue lui assurait le plus total anonymat. Enfin, après avoir eu son approbation, il réalisait l'entrevue.
Un point est cependant à remarquer. De toutes les personnes interviewées, aucune n'a refusé de se faire enregistrer même si en général elles semblaient quelque peu mal à l'aise. Nous ne saurions dire, cependant, si cette insécurité qui semblait se dégager de la majorité des interviewées était due à l'intervieweur, à l'appareil d'enregistrement, au contenu de l'entrevue ou à un mélange de tout cela.
Finalement, comme nous l'avions fait pour la validation, nous avons procédé après chaque entrevue, à une analyse en trois points: d'abord, pour vérifier la pertinence des réponses obtenues; ensuite, pour nous assurer du respect du protocole d'entrevue par l'intervieweur; puis, pour évaluer la neutralité, la pertinence et la qualité de ses interventions et de son comportement lors de l'entrevue.