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MOYENS DE COMMUNICATION ET DE FORMATION AU SUJET DES AVC ET PROPOSITION D’AXES D’AMÉLIORATION

Attitude lorsqu'un patient présentant des signes d'AVC aigu appelle au cabinet

B. PRATIQUES EN LIEN AVEC LA PRISE EN CHARGE DE L’AVC A LA PHASE AIGÜE

V. MOYENS DE COMMUNICATION ET DE FORMATION AU SUJET DES AVC ET PROPOSITION D’AXES D’AMÉLIORATION

Plusieurs moyens de communication autour de l’AVC sont déjà mis en place en France mais ont une orientation grand public.

En effet, l’association France AVC, créée en 1998 est une association d’aide aux victimes d’accident vasculaire cérébral. Cependant, un de ses objectifs est d’informer le public sur les AVC. Elle organise en partenariat avec le Ministère de la Santé et la SFNV, des campagnes d’information afin de faire connaître les symptômes de l’AVC et de promouvoir l’appel au SAMU Centre 15 le plus rapidement possible en cas de suspicion. Ces campagnes passent par l’organisation du « World Stroke Day » (Journée Mondiale de l’AVC) afin de sensibiliser la population sur le sujet ou encore par des affiches d’information destinées au public et diffusées par les médecins, les pharmaciens, les paramédicaux [1, 37].

En ce qui concerne les moyens de communication dédiés aux médecins généralistes, il existe déjà dans certaines régions une diffusion des informations sur les UNV et la prise en charge de l’AVC aigu sous forme de plaquette remise par les UNV. Ce dispositif avait déjà été mis en place entre le CHU d’Amiens et les médecins généralistes il y a quelques années. Ce moyen d’information pourrait de nouveau voir le jour dans notre région avec une plaquette propre à chaque UNV et diffusée aux médecins généralistes du territoire défini par l’activité de celle-ci. Elles porteraient les messages importants suivants :

66 • Contacter le 15 dans les plus brefs délais en cas de suspicion d’AVC que soit lors d’une consultation ou d’un appel au cabinet selon les recommandations HAS 2009 [18] ;

• Avoir recours aux UNV en cas d’AVC ;

• Rappel des délais recommandés de la thrombolyse et de la thrombectomie ;

• Coordonnées des principaux interlocuteurs : SAMU Centre 15, neurologue de garde, UNV la plus proche.

Un envoi annuel de cette plaquette aurait sans doute également un meilleur impact sur la diffusion de ces messages essentiels. Nous avons développé un exemple de plaquette pouvant être distribuée aux médecins généralistes (Annexe 5).

Un autre moyen de communication serait de diffuser ces messages importants sur un encart type à la fin des comptes-rendus d’hospitalisation en UNV, qui sont destinés aux médecins traitants. Ces encarts seraient adaptés avec les coordonnées de chaque UNV.

Les informations relatives aux actualités sur le sujet, tant au niveau national que régional, pourraient également parvenir aux médecins généralistes par e-mail, émanant de l’ARS.

Une autre des missions de France AVC et de la SFNV est d’aider à la formation des médecins et des paramédicaux. A cet effet, sont organisées annuellement les Journées de la SFNV, sous forme d’un congrès destiné à tous les acteurs de la prise en charge de l’AVC (médecins généralistes, paramédicaux, …) [1].

Les axes d’amélioration en termes de formation des médecins généralistes à la prise en charge de l’AVC passeraient par l’adaptation de la formation médicale continue via :

En cas d’AVC, chaque minute compte ! Le bon réflexe, selon les recommandations HAS 2009 : - Le médecin généraliste doit contacter le 15 lorsqu’un patient se présente à son cabinet

avec des signes d’AVC aigu.

- Le médecin généraliste doit contacter le 15 lorsqu’un patient appelle au cabinet avec des signes d’AVC aigu (conférence à trois).

Coordonnées utiles : - SAMU : 15

- Neurologue de garde : XX.XX.XX.XX.XX - UNV : XX.XX.XX.XX.XX

67 • L’enseignement de messages clairs et essentiels sans être trop spécialisés en insistant sur la connaissance des délais de la thrombolyse et de la thrombectomie, des UNV, des centres de téléthrombolyse et l’alerte au 15 ;

• Des programmes remaniés régulièrement en fonction des actualités sur le sujet ;

• Des interventions pluridisciplinaires par des médecins généralistes, des neurologues, des urgentistes, … Cela permettrait également de créer des liens entre les différents maillons de la prise en charge de l’AVC et faciliter les échanges. En effet, les participants et les intervenants sont souvent aussi les acteurs de la prise en charge à l’échelle locale ;

• Un temps de partage sur des situations concrètes et vécues lors d’échanges de pratiques ;

• Des formations axées sur un aspect pratique et moins théorique par le biais de scenarii type. Ce type de formation pourrait également voir le jour au centre d’enseignement et de simulation en santé SimUSanté® où il existe déjà ce type de formation à destination du personnel médical et paramédical des urgences [38].

Dans la pratique quotidienne du médecin généraliste, l’usage d’applications pour smartphone notamment pour le calcul du score NIHSS peut être une aide intéressante. Comme vu précédemment ce score est spécialisé et sa réalisation prend du temps lorsqu’il n’est pas maitrisé régulièrement. L’application serait un moyen de calculer tout de même ce score, de façon plus rapide, pour fournir ainsi des informations importantes au médecin régulateur et au neurologue lors de la prise en charge. Des applications de calcul de scores médicaux existent déjà mais nous pourrions imaginer également une application plus complète destinée uniquement à la prise en charge des AVC regroupant :

• Les différents scores utilisés (GCS, NIHSS, FAST pour pouvoir éduquer le patient) ; • Les coordonnées utiles (15, UNV la plus proche, neurologue de garde) en fonction du

lieu d’exercice du médecin généraliste (programme générant les coordonnés en fonction du code postal de l’utilisateur) ;

• Une newsletter sur les événements à venir sur le sujet (World Stroke Day, Journées SFNV, évènements locaux en fonction du code postal) et les actualités ;

• Les dernières recommandations, actualisées si besoin.

Dans le domaine du numérique appliqué à l’AVC, il existe déjà une application, à visée préventive et validée par la SFNV, appelée Riskomètre de l’AVC® [1]. Plutôt à destination

68 du grand public mais pouvant être utilisée aussi par les professionnels de santé, elle est capable de calculer le risque de survenue d’un AVC grâce à l’évaluation d’une série de facteurs de risque et ainsi permettre de développer des mesures préventives afin de réduire ce risque.

Lors de cette étude, il était proposé à la fin de chaque questionnaire envoyé aux médecins généralistes de communiquer leur adresse e-mail, s’ils le souhaitaient, afin d’obtenir les résultats de ce travail de thèse. Ces données seront rendues sous forme synthétique et reprendront les dernières recommandations sur le sujet à titre informatif.

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CONCLUSION

Le médecin généraliste représente un des maillons essentiels de la prise en charge de l’AVC à la phase aigüe, en endossant parfois le rôle de premier recours médical du patient. Même si cette situation est loin d’être quotidienne, les bénéfices pour le patient, d’un point de vue fonctionnel notamment, et en termes de santé publique sont tels qu’il est nécessaire de procéder à une prise en charge optimale, basée sur les recommandations et des connaissances régulièrement mises à jour.

Cette étude nous a permis de mettre en évidence que les grands principes de la prise en charge de l’AVC à la phase aigüe, entrant dans le cadre de la filière neurovasculaire, étaient globalement connus des médecins généralistes en Picardie. Les connaissances plus spécifiques notamment concernant les délais des traitements de référence dans l’AVC aigu que sont la thrombolyse et la thrombectomie restent encore à mettre à jour et reposent sur des recommandations anciennes [22]. L’ensemble de ces résultats sont en accord avec ceux d’autres thèses réalisées auprès de médecins généralistes dans d’autres régions françaises entre 2013 et 2016 [11, 12 ,16].

Ce travail a également mis en évidence que les pratiques des médecins généralistes picards, surtout lorsqu’un patient consultait avec des signes d’AVC aigu, étaient en adéquation avec les recommandations HAS 2009 [18], dont le message principal était l’appel au 15. Il reste encore à favoriser la réalisation d’une conférence à trois entre le patient, le médecin généraliste et le médecin régulateur, lorsque cette situation se présente sous la forme d’un appel téléphonique au cabinet.

Les médecins généralistes sont peu nombreux à avoir réalisé une formation complémentaire au sujet des AVC, surtout par manque de temps. Il est donc essentiel de favoriser d’autres moyens de communication autour de l’AVC en mettant en place des plaquettes d’information issues des UNV locales ou encore en développant une application numérique d’aide à la prise en charge.

De plus, les formations réalisées semblent anciennes et peu contributives en termes d’acquisition de connaissances et de pratiques. Un travail d’amélioration des formations médicales continues reste donc à effectuer en favorisant un enseignement pratique et

70 pluridisciplinaire, permettant ainsi une meilleure communication entre les différents intervenants, acteurs de la prise en charge. Ces formations doivent également être mises à jour régulièrement.

Pour conclure, la filière neurovasculaire est en constante évolution et fait l’objet d’avancées médicales régulières comme nous le prouve les dernières données de l’étude DAWN [32]. Il serait donc intéressant de reproduire un nouvel état des lieux dans quelques années, afin d’observer l’évolution de ce travail, en tenant comptes des actualités à venir.

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ANNEXES

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