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Le but des descriptions qui suivent est de rendre possible une application aussi immédiate que possible.

La désinfection au point de consommation

C’est un principe simple en théorie, mais dont les difficultés de mise en oeuvre demeurent nombreuses.

L'ébullition

Elle est déjà recommandée par le Coran et fait donc partie, dans certaines régions, d'une tradition culturelle installée. Elle implique toutefois des efforts importants pour la collecte d’un combustible souvent mal renouvelable et déjà limité dans les régions subsahariennes où la désertification menace. Il faut environ un kilogramme de bois pour amener un litre d'eau à ébullition. Celle-ci doit être maintenue à gros bouillons pour cinq minute en dessous de 1000m. du niveau de la mer pour tuer ou inactiver les pathogènes qui peuvent être présents dans l'eau. Cette durée doit augmenter de une minute pour chaque dénivellation de 1000m. compte tenu de la différence de température d’ébullition. La déperdition d’eau par évaporation n’est jamais négligeable et augmente avec le temps d’ébullition. Pour cette raison, ce temps n’est que rarement respecté. Le traitement de grandes quantités peut aussi être problématique. Le problème de la contamination durant le stockage n’est que partiellement résolu étant donné que l’eau bouillie doit toujours être stockée avant la consommation.

La chlorination

Elle a l’avantage de protéger l’eau durant le stockage également. Elle nécessite qu'une solution chlorée puisse être obtenue de façon fiable, voir même produite sur place. La solution la moins chère et qui se conserve le mieux (30-60jours) est l'hypochlorite de sodium en solution de 0.5%. Elle peut être produite sur place par différents systèmes d'électrolyse du sel, dont certains fonctionnent à l'énergie solaire. La quantité nécessaire pour inactiver les germes présents dans l'eau varie avec la charge bactérienne de l'eau et avec sa turbidité. Dans une série d'analyses de terrain réalisées en Amérique du Sud et en Amérique Centrale, les quantités nécessaires étaient de 0.5-1.5mg/L (Reiff 1996). Des mesures doivent être réalisées localement afin de déterminer la dose idéale pour une situation donnée. Un contact de 30min du désinfectant dans l'eau est nécessaire à son efficacité.

Les problèmes posés par cette méthode sont les possibilités d’erreur de dosage, qui impliquent un enseignement soigneux de l’utilisation des solutions disponibles, et le goût résiduel, souvent mal accepté.

Il ne faut pas non plus négliger le danger que comporte le stockage d'une solution chlorée dans des habitations où il est souvent difficile voir impossible de tenir quoi que se soit hors de portée des enfants.

31 La stérilisation par le rayonnement solaire

Cette méthode, dont les principes sont connus depuis 1877 (Downes 1877), a refait surface comme prometteuse dans des situations où d'autres techniques de traitement de l'eau sont peu accessibles en milieu tropical (Acra 1980, Ciochetti 1984, De Lorenzi 1989, Acra 1990, Martiny 1990, Joyce 1992, Sommer 1997). Elle repose sur l’effet stérilisant des rayons UV auxquels l’eau est exposée dans des récipients de plastique. Les UVB ne traversant pas le plastique, seuls les UVA ont une action lors de l'utilisation de cette méthode. Afin de garantir une pénétration de toute la profondeur de l’eau, la largeur des récipients ne doit pas être trop importante. La largeur d'une bouteille de PET de 1500cc est adéquate.

Le verre, dont la pénétration par le rayonnement UV n'est pas la même, ne peut pas être utilisé dans ce cadre. Une étude, réalisée au Kenya et utilisant une eau massivement contaminée par Escherichia coli (20x105 CFU/ml), a permis de démontrer une disparition complète du germe viable après 7h d'exposition (Joyce 1996). Si la température de l'eau atteint 45°C, on observe en plus une forte synergie entre les effets du rayonnement UV et de la chaleur (McGuigan 1998, Wegelin 1994). Ceci peut être favorisé en utilisant des bouteilles dont une face est peinte en noir. Le temps d’exposition doit être prolongé si la température ne permet pas de compter sur l'effet de synergie du rayonnement UV et de la chaleur. L'effet des UVB nécessite une turbidité inférieure à 30 NTU. Pourtant, malgré le fait que la pénétration du rayonnement UV puisse ne pas excéder 1cm dans une eau plus turbide, cette technique peut fonctionner par l'effet de la température si sa température de l'eau atteint au minimum 55°C (Joyce 1996). Son efficacité pourrait également être améliorée si l'on augmente le taux d'oxygène dans l'eau en secouant périodiquement les bouteilles (Reed 1997).

Une étude conduite en 1996 auprès d’enfants Massaïs de 5-12 ans a permis de démontrer une diminution de la morbidité liée à la diarrhée infectieuse par cette technique (Conroy 1996). Son efficacité contre Vibrio cholerae a également été démontrée (Sommer 1995).

Cette méthode ne nécessite pas de matériel spécialisé, car des récipients adéquats peuvent être confectionnés à l’aide de bouteilles de PET de 1500cc récupérées. Elle a l’avantage de combiner une technique de stérilisation au point de consommation avec des récipients pouvant directement servir au stockage et dans lesquels l’eau est protégée.

Elle a été introduite dans la Mefou (aire de santé de Ngondi-Mbele) lors d'une étude-intervention en 1998 (McCall et al 1999).

Le lavage des mains

Il s’agit du lavage des mains à l’eau et au savon après la défécation et avant la manipulation de l’eau et de la nourriture. Cette mesure simple peut réduire l’incidence de la diarrhée infectieuse (Khan 1982, Han 1989). Les bactéries entériques survivent sur les mains pour au moins 3h et peuvent être transmises de toutes sortes de façons durant ce temps (Price 1938, Pether 1971). Cette méthode, qui a l’avantage de viser un impact sur la transmission par la nourriture ainsi que sur la transmission par l’eau, implique un enseignement largement diffusé et une quantité d’eau suffisante pour qu’une partie puisse y être consacrée. Il est important ici également de ne pas oublier que l’abondance de l’eau disponible est également liée dans une certaine mesure à sa proximité lorsqu’elle doit être portée jusqu’au domicile.

La modification des récipients de stockage et des habitudes de manipulation de l'eau

Tous les récipients possibles sont aujourd'hui utilisés pour stocker l'eau de boisson dans les régions défavorisées. Ils ne sont souvent pas couverts et l'on a vu que l'eau s'y contamine facilement. La modification des récipients, seule ou en combinaison avec d’autres méthodes, est un moyen de rendre l’eau stockée moins accessible à la contamination.

Un récipient idéal doit protéger l'eau de façon efficace et être facile à utiliser. Sa contenance doit être suffisante mais ne pas le rendre trop lourd à porter une fois plein: des volumes de 10 à 30L ont été recommandés suite à une étude du Center for Disease Controle d'Atlanta. Suite à la même étude, les caractéristiques suivantes sont également recommandées:

• Des poignées et une base stable.

• Un goulot suffisamment large pour permettre un remplissage facile, mais trop étroit pour permettre l'immersion des mains ou d'ustensiles dans l'eau (6-7.5cm de diamètre).

• Un matériel résistant aux impacts et à l'oxydation, facile à laver et transparent.

• Un robinet, lui aussi résistant aux impacts et à l'oxydation, fermant facilement et permettant un débit de 1L en environ 15 secondes.

Nephelometric Turbidity Units

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• Une arrivée d'air de petite taille (valve ou ouverture à bouchon) qui laisse entrer l'air pendant que l'eau coule.

• Des instructions sur l'utilisation du récipient sous la forme d'une affichette claire fixée de façon permanente sur celui-ci, sur un support résistant à l'eau.

• Une certification du ministère de la santé ou d'une autre autorité compétente, elle aussi affichée sur le récipient (Reiff 1996).

La modification des récipients de stockage peut se combiner avec la chlorination: l'utilisation d'un récipient fermé dans lequel l'eau reste en contact avec le désinfectant pour une période prolongée (>8h) et se réchauffe à la température ambiante peut diminuer la quantité de désinfectant nécessaire pour obtenir une eau potable. Ceci présente l'avantage de diminuer le goût résiduel du chlore. Le récipient peut également incorporer -dans le bouchon par exemple- un système permettant de doser la solution chlorée.

Cette combinaison d'interventions a été suivie d'une diminution de 44% du nombre d'épisodes de diarrhée infectieuse par famille lors d'une étude réalisée en Bolivie (Quick 1999). Dans une étude similaire réalisée au Nicaragua, une diminution de 50% de l'incidence de la diarrhée infectieuse à été observée dans le groupe qui a bénéficié de l'intervention (Reiff 1996).

Le raccourcissement de la “ chaîne de l’eau ”

Le rapport entre la proximité de la source et l’incidence de la diarrhée infectieuse a déjà été évoqué plus haut. Elle a deux visages: le premier, le plus souhaitable mais aussi le moins réaliste, est de se donner comme but l'apport d'une eau propre à chaque foyer par un réseau de distribution efficace et sûr, ce qui élimine les problèmes liés au stockage de l'eau. Ce but n’est évidemment accessible qu’en présence de moyens suffisants et de la volonté de les y employer. Les problèmes d’approvisionnement en eau propre aux communautés rurales surgissent en général lorsque ces conditions ne sont pas remplies. Son deuxième aspect mérite que l'on s'y arrête: la disponibilité d'une eau propre à la source ne garantissant pas que l'eau bue soit toujours potable, il pourrait être préférable de renoncer à la qualité pour la quantité et la proximité. La protection et l'aménagement de sources existantes, moins onéreuse que le forage de puits dans les régions comme la Mefou où l'eau n'est pas rare, pourrait s'avérer préférable. Une chaîne de l'eau plus courte pourrait permettre une diminution du nombre de manipulations et du temps de stockage et peut-être aussi une augmentation de la quantité d'eau utilisée par foyer, ce qui facilite une meilleure hygiène de base, notamment le lavage des récipients et des mains. Les résultats présentés ici ne

permettent pas de confirmer ceci mais c'est une piste qui nécessiterait, dans cette région, une étude spécifique.

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