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Chapitre IV : Possibilité d'exporter de l'électricité renouvelable de l'Algérie vers l'Europe

IV.3. Les potentiels de l'Algérie pour approvisionner l'Europe en énergie propre

IV.3.5. Des motivations élevées pour exporter de l'énergie renouvelable vers l'Europe

L'Algérie, le plus grand pays d'Afrique, est l'un des principaux producteurs et exportateurs africains de pétrole et de gaz naturel. L'Algérie détient la dixième plus grande quantité de réserves prouvées de gaz naturel au monde et la deuxième plus grande réserve d'Afrique. Selon l'EIA (Energy Information Administration), l'Algérie détient la troisième plus grande quantité de gaz de schiste au monde après la Chine et l'Argentine. L'Algérie est le troisième plus grand fournisseur de l'UE en gaz naturel (après la Russie et la Norvège) et son quatrième fournisseur global d'énergie. Le pays est connecté à l'Europe à travers trois gazoducs, deux avec Espagne et un avec Italie. Un accord UE-Algérie a été signé en juillet 2013 à Alger, lors d'une visite du président de la commission européenne afin de renforcer cette relation. Alors, pourquoi l'Algérie a besoin d'exporter des énergies renouvelables et a un énorme potentiel en hydrocarbures?

L'économie algérienne est fortement dépendante des exportations de pétrole et de gaz, représentant environ 60% des revenus du gouvernement et 98% de toutes les exportations. Il n'est donc pas surprenant que l'économie algérienne soit fortement affectée par l'effondrement des prix du pétrole ces dernières années en raison de sa dépendance excessive aux revenus des hydrocarbures, ce qui est confirmé par les données sur les recettes d'exportation 2015 (Fig.IV.8).

Fig.IV.9. Production et exportations de gaz naturel et de pétrole en Algérie: 2006-2015 (source de données: [79]).

L'économie algérienne est confrontée à de sérieux défis et son avenir est potentiellement extrêmement sombre même si les prix du pétrole augmentent à l'avenir. Selon l'AIE, il existe de sérieuses lacunes dans le secteur des hydrocarbures algérien en ce qui concerne les considérations à moyen et à long terme. Entre 2015 et 2020, la production de pétrole brut devrait diminuer de plus de 0,2 million de barils par jour [79]. D'autre part, l'Algérie est confrontée à des difficultés croissantes pour attirer l'attention en tant qu'exportatrice de gaz ces dernières années, comme le montre la Fig.IV.9. Cela est principalement dû à la concurrence croissante d'autres exportateurs de gaz, comme le Qatar [80]. Parallèlement, l'Algérie devrait augmenter la consommation intérieure comme cela a déjà été le cas au cours des dernières décennies, réduisant ainsi les marges pour les exportations, comme le montre la Fig.IV.10. Pour cette raison, l'Algérie devrait perdre sa position d'exportateur de gaz naturel d'ici le milieu des années 2030 [81]. De plus, l'exploitation des ressources de gaz de schiste n'est pas claire, principalement pour des raisons environnementales et d'acceptabilité sociale. La méthode utilisée pour obtenir le combustible piégé dans les formations rocheuses de schiste pourrait causer de graves problèmes environnementaux, en particulier dans les réserves d'eau du pays en grande partie désertique.

Les décideurs algériens savent maintenant que les richesses pétrolières et gazières du pays se tariront un jour. Il est donc important de réagir rapidement en adoptant les stratégies nécessaires pour assurer un avenir meilleur au pays. Pour un pays comme l'Algérie qui doit trouver des sources d'énergie alternatives pour contrer sa dépendance aux énergies fossiles, les énergies renouvelables sont devenues l'un des éléments majeurs de sa politique énergétique.

Fig.IV.10. Prévisions de production, consommation domestique et exportations dans un scénario central, bcm/an (source de données: [82]).

En raison de son énorme potentiel de sources d'énergie renouvelables et de sa situation géographique, l'AIE s'attend à ce que l'Algérie puisse un jour exporter de l'électricité solaire vers les marchés européens. L'exportation d'électricité solaire est une source de revenus à long terme pour le pays, qui peut assurer son avenir économique et son développement social. L'Algérie a lancé un ambitieux programme de développement des énergies renouvelables et de promotion de l'efficacité énergétique afin de diversifier ses sources d'énergie afin de répondre à la demande intérieure croissante et d'exporter éventuellement de l'énergie vers les pays européens. Le programme de développement des énergies renouvelables que l'Algérie a lancé en février 2011 vise à installer jusqu'à 22 000 MW de capacités de production d'électricité à partir de sources renouvelables d'ici 2030, dont 10000 MW destinés à l'exportation [83]. En décembre 2011, SONELGAZ, la compagnie nationale d'électricité et de gaz algérienne, a signé un protocole d'accord avec Desertec pour coopérer entre eux afin de partager l'expérience et assurer le succès du programme d'énergie renouvelable. L'Algérie a été le premier pays au monde à adapter un cadre législatif pour les investissements privés dans le domaine des centrales solaires hybrides (solaire et gaz), y compris un tarif de rachat [72]. Le central Hassi R'Mel en Algérie, inauguré en 2011, est le premier central au monde à utiliser la technologie ISCC (Integrated Solar Combined Cycle) [73].

Avec ses abondantes réserves prouvées de gaz et ses conditions idéales pour le développement de projets d'énergie renouvelable, l'Algérie est considérée comme un partenaire essentiel de l'UE dans ses efforts continus pour diversifier ses sources d'énergie et d'améliorer l'efficacité énergétique. "Il est donc tout à fait logique que nous ayons choisi

l'Algérie pour organiser notre premier forum d'affaires avec nos partenaires internationaux", a déclaré Miguel Arias Cañete, commissaire européen chargé de l'action pour le climat et de l'énergie. Cet événement fait partie de la mise en œuvre du protocole d'accord sur le partenariat stratégique dans le domaine de l'énergie, en particulier dans le domaine des énergies renouvelables [84].