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Le mot si chez les

remarqueurs et les

grammairiens de l'époque

préclassique

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1_ Introduction

La langue française, en tant que structure dynamique et complexe, apparaît, à l’instar de la plupart des langues du monde, comme le fruit d’une évolution. En effet, issu du latin, le français est la langue écrite et parlée depuis le IXème siècle. Telle qu’elle se montre clairement dans les écrits littéraires et administratifs qui apparaissaient dès le Xème siècle, la langue française s’est définitivement séparée du latin.

Le français, langue romane, a connu, depuis les plus anciens écrits, des innovations et des transformations de masse considérable. L’étude des mécanismes qui gouvernent l’évolution du français est de ce fait très intéressante dans la mesure où elle permet de mieux cerner le panorama d’évolution linguistique de cette langue. C’est dans ce cadre que s’inscrit le présent chapitre portant sur le fonctionnement du terme si à l’époque préclassique.

Ce chapitre cherche dans ses grandes lignes à examiner le fonctionnement du mot si en français préclassique tout en se fondant sur quelques discussions antérieures. Nous commencerons par les remarques proposées par les remarqueurs de la langue française tels que Ramus (1562 et 1572), Maupas (1632), Oudin (1632), Vaugelas (1647), Chiflet (1659), Irson (1662), Bouhours (1675), Ménage (1675-1676) et Régnier- Desmarais (1706).

Nous envisagerons subséquemment les travaux proposés par certains grammairiens des XXème et XXIème siècles abordant le fonctionnement du terme si au XVIème siècle tels que Brunot (1967), Gougenheim (1974), Marie-Madeleine Fragonard et Kotler Éliane (1994) et Sabine Lardon et Marie Claire Thomine (2009) et au XVIIème siècle tels que Haase (1975), Spillebout (1985) et Anne Sancier-Chateau (1993).

2_ Vue d’ensemble sur les travaux de l’époque préclassique

2_1_ L’apport des remarqueurs

Nous ne pouvons pas ignorer la contribution des remarqueurs dans la connaissance que nous avons des états anciens de la langue française. C’est avec l’apparition de leurs remarques que la conception de la grammaire française est profondément modifiée. En effet, partant du fait que la langue est souvent donnée comme l’image du caractère du peuple qui la parle, les remarqueurs de la langue

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française signalent que leurs tâches consistent à faire ressortir, par l’examen des textes de cette langue, les changements et les développements survenus en français. De plus, il faut souligner que l’apport principal des remarqueurs réside dans le fait qu’ils ont une influence sur les grammaires françaises ultérieures. En effet, leurs remarques sont devenues des références inéluctables pour toute recherche portant notamment sur des faits historiques de la langue.

La langue est conçue, aux yeux des remarqueurs, comme une sorte d’activité artistique dans laquelle l’excellence de la parole ainsi que l’extravagance la plus excentrique de l’expression doivent être démontrées. C’est en ce sens que les remarqueurs de la langue française considèrent l’étude la langue, notamment la Grammaire, comme une activité descriptive basée sur des soubassements d’ordre artistique. En effet, Ramus a clairement défini la grammaire comme « ung art de bien parler, qui est de bien et correctement user du langaige, soit en prosodie ou orthographe »1.

La thèse défendue par les remarqueurs de la langue française est qu’il n’y a rien de plus estimable que le bon sens, la précision et la clarté dans le discernement des formes et des constructions qui appartiennent à la langue de celles qui sont tombées en décadence. L’objectif principal des remarqueurs consiste à exposer au regard de ceux qui veulent acquérir la connaissance de la langue française les normes servant à bien écrire et bien parler l’ensemble des moyens d’expression de cet idiome. Dans la préface de ses Remarques sur la langue françoise, Vaugelas qui signale que son objectif « n’est pas de réformer nostre langue, ny d’abolir des mots, ny d’en faire, mais seulement de montrer le bon usage de ceux qui sont faits, et s’il est douteux ou inconnu, de l’éclaircir, et de le faire connoistre »2. Tel qu’il est signalé dans cette citation, Vaugelas ainsi que d’autres remarqueurs ont fourni un nombre considérable de renseignements servant à guider tous ceux qui veulent bien écrire et bien parler le français.

De nombreuses questions se rapportant à l’orthographe, à la syntaxe, à la morphologie et principalement au style ont beaucoup passionné les remarqueurs de la langue française. Ce faisant, les remarqueurs s’efforcent de régler l’usage de cette langue. Ils incitent les usagers du français à éviter les constructions et les formes jugées incorrectes, voire bizarres. À cet égard, nous citons Vaugelas (1647) et ensuite Irson

1

Ramus, P. (1572), p. 3.

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(1662) qui proposent de s’écarter de ce qu’ils appellent « barbarisme »1

, « solécisme »2 et « équivoque ». Toutes ces notions, pour reprendre les expressions d’Irson, « détruisent d’ordinaire la justesse et la régularité qui se doit rencontrer dans le discours »3. Elles sont en fait perçues comme des fautes et des erreurs, voire des vices, contre la syntaxe, la pureté et la netteté de la langue. C’est pourquoi les remarqueurs se proposent de suivre les principes de pureté et de netteté dans les écrits de la langue française ainsi que dans les façons de parler de tous ceux qui pratiquent le français aux XVIème et XVIIème siècles. Autrement, ils ont cherché à extraire une image « vraie » de la langue de leur temps.

En ce qui concerne les travaux proposés par les auteurs des remarques, nous remarquons qu’il ne s’agit pas de grammaires. Il s’agit en fait d’ouvrages présentant des réflexions et des discussions sur l’usage puis sur le « bon usage » afin de contribuer à la beauté, voire à la perfection, des écrits. Nous rejoignons la position de Irson qui a écrit : « Et ce ne seroit pas sans raison si je la [grammaire] mettois au rang des plus beaux arts, et je luy donnois le nom de Science, par la connaissance des Principes, sur lesquels elle est fondée »4.

Soulignons enfin que cette conception est admise par la plupart des remarqueurs qui se sont fixé comme tâche d’établir, minutieusement, non seulement le bon usage mais aussi le « bel usage » jugé en fonction d’élégance. En un mot, ils cherchent à purifier la langue de toutes les souillures et toutes les ordures.

2_2_ Statut des grammaires des XVI

ème

et XVII

ème

siècles

La naissance de la Grammaire en tant que discipline descriptive des aspects morphologiques, phonologiques, syntaxiques, sémantiques et stylistiques de la langue constitue l’un des faits les plus marquants de l’histoire intellectuelle du XVIème

siècle. Plus précisément, c’est à la fin de ce siècle que la grammaire va chercher à se constituer en discipline autonome grâce à l’effort de théorisation et de conceptualisation qui a animé de nombreux savants et théoriciens de l’époque évoquée. Sur ce point, Brunot a nettement souligné : « on peut dire qu’au commencement du XVIe siècle, il n’y avait

1

Le barbarisme concerne toutes les formes et les constructions dites barbares. Il s’agit de toutes les structures qui n’appartiennent pas à la langue.

2 Le solécisme, appelé aussi « incongruité » (Irson 1662 : 99), est d’ordre syntaxique. Il concerne

essentiellement l’arrangement des mots effectué contre les règles grammaticales.

3

Irson, C. (1662), p. 99.

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pas encore, à proprement parler, de grammaire française. À la fin, au contraire, il en était un assez grand nombre, en latin, en français et en langues étrangères »1. Subséquemment, le développement de la discipline grammaticale fut extrêmement rapide ; développement éveillé par la spécificité et l’autonomie de la langue française.

L’apparition des réflexions grammaticales est intrinsèquement liée au développement de l’enseignement et notamment des sciences. Un tel développement est essentiellement dû au désir que la langue se dote de règles. L’institution de la grammaire française est, plus expressément, animée par la nécessité d’établir des normes pour la compréhension immédiate des écrits et pour la description de cet état de langue. C’est donc principalement le sentiment profond de la codification et de la normalisation de la langue écrite et le zèle d’avoir une langue de qualité capable de traiter les arts et les sciences qui ont contribué à la naissance de la grammaire française afin que le français puisse accéder au rang d’une langue officielle. À ce sujet, Demaizière signale que « le besoin d’en faire une langue noble, capable de servir à la communication entre les savants, fait apparaître la nécessité de lui constituer une grammaire et des tentatives multiples sont faites en ce sens »2. En effet, grammairiens et théoriciens ont publié, tout en se fondant sur un intéressant héritage latin et sur quelques réflexions menées pendant l’époque médiévale, bon nombre d’ouvrages grammaticaux donnant divers aperçus historiques de l’ensemble des phases qu’a parcourues l’évolution du français depuis ses plus vieux textes jusqu’à ses formes les plus modernes.

La grammaire, cette discipline descriptive désignant généralement un ensemble de codes du langage, se donne à voir comme un vaste mouvement de réflexions et de débats sur tous les aspects de la langue. L’objectif3

principal de cette activité scientifique, notamment dans son aspect historique, est de décrire, en particulier, les faits que les textes leur mettaient sous les yeux et de fonder, en général, un système de pratiques langagières partagées par les membres de la communauté linguistique française. Il s’agit en fait de montrer comment les faits grammaticaux peuvent s’expliquer selon un état antérieur. Autrement dit, la grammaire vise à envisager

1 Brunot, F. (1967), p. 124-125. 2

Demaizière, C. (1980), p. 41.

3

Fournier et Colombat, en faisant un parcours parmi les grammaires du français au XVIème siècle, soulignent que les principaux objectifs de la grammaire de cette époque peuvent se résumer en « orner, régler, normer, enseigner, instituer » (2007 : 159). Ceci signifie que les grammairiens de l’époque de la Renaissance cherchent à construire le français comme système, à lui rendre son éclat natif et à lui donner un statut identique à celui du latin.

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comment l’évolution de la langue marche plus vite dans tel cas que dans tel autre et comment une expression, une tournure ou une forme peuvent se maintenir plus longtemps.

Généralement, le terme « grammaire » désigne, dans son acception la plus concrète, la description du fonctionnement morphosyntaxique d’une langue donnée. Toutefois, les grammaires des XVIème et XVIIème siècles ne sont pas semblables à celles d’une science descriptive de la syntaxe ou de la morphologie de la langue en question. En ce sens, nous renvoyons à deux grands théoriciens de la langue française. Nous commençons par Irson qui définit la grammaire, qui traite l’état de la langue de l’époque de la Renaissance ainsi que celle du français dit classique, comme un « Art qui enseigne à bien lire, à bien parler congrûment, à prononcer avec netteté, et à écrire correctement »1. Cette définition va de pair avec celle proposée par Ramus : « Dictes moy doncques que est ce la Grammaire ? C’est ung art de bien parler, qui est de bien et correctement user du langaige, soit en prosodie ou orthographe, c'est-à-dire en vraye prolation ou escripture »2. Aussi, les grammaires des époques évoquées ont un statut distinctement assimilable à celui d’un art dans la mesure où elles se présentaient comme un ensemble de procédés, de manières de faire et de prescriptions adoptés par l’esprit humain.

Cette thèse est admise, à la suite des remarqueurs, par la plupart des grammairiens des XVIème et XVIIème siècles. Brunot (1967) signale ainsi que le travail grammatical du XVIème siècle est fondé, dans l’ensemble, sur ce qu’il appelle « bon usage ». L’auteur cité constate que cette activité demeure incomplète dans la mesure où elle n’a pas encore abouti à une grammaire entière. Pareillement, Anne Sancier-Chateau (1993 : 124-125) postule, en se basant sur les Remarques sur la langue françoise de Vaugelas (1647), que les principes qui incitent l’évolution de la langue de l’époque classique peuvent se résumer en un axiome répondant à trois critères fondamentaux, à savoir la pureté, la netteté et la clarté.

En outre, soulignons que l’époque de la Renaissance et l’époque classique font partie, selon bon nombre d’historiens de la langue française, de deux périodes bien distinctes de l’évolution linguistique. Partant ainsi du fait que la langue constitue en elle-même un ensemble évolutif, nous nous demandons si la langue française du

1

Irson, C. (1662), p. 1.

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XVIIème siècle a su garder quelques caractéristiques de celle du XVIème siècle. De même, nous nous demandons si le français du XVIIème siècle est distinct de celui du XVIème siècle, même si ces bornes temporelles sont souvent approximatives.

Pour pouvoir répondre à ces interrogations, nous proposons, par conséquent, de présenter un tour d’horizon des faits grammaticaux en rapport avec notre objet de recherche de chaque époque de façon autonome et sérialisée. Nous commençons par les descriptions qu’apportent, respectivement, les grammaires qui abordent la langue du XVIème siècle ainsi que celles du XVIIème siècle concernant le mot si. Les descriptions évoquées permettent de connaître la façon dont les différentes constructions dans lesquelles figure le mot si sont répertoriées et de mettre aussi en évidence les propriétés syntaxiques et sémantiques des diverses variations de ce terme. Pour ce faire, nous nous basons essentiellement sur des ouvrages grammaticaux qui ont su rendre compte de tels cas de manière satisfaisante. Ceci va nous permettre d’identifier, de façon générale, l’écart linguistique qui sépare les deux siècles et de tracer, en particulier, le parcours d’évolution qu’a connu le terme si tout au long de ces états de langue.

3_ Les remarqueurs

3_1_ Remarques sur la graphie du mot si

Il est clair que les remarqueurs de la langue française se contentent d’exposer des remarques. Nous commençons par les remarques qui portent sur la graphie du mot

si. Ce sont seulement Ramus (1572) et Vaugelas (1647) qui ont proposé des remarques

concernant l’orthographe du terme en question.

Ramus (1572) a précisé que la particule si ne peut pas s’élider quand elle est suivie d’un nom à initiale vocalique : « si audace, si éloquence, si ignorance, si orgueil,

si ung »1. Ce remarqueur signale de plus que le mot si ne s’élide pas quand il a la même signification que la particule tant : « si ambitieus, si enuieus, si injurieus, si honneste, si utile »2.

Vaugelas (1647) signale que si ne peut plus s’élider que devant les pronoms personnels il et ils. Selon lui, il faut dire « s’il faut, s’il vient, s’ils viennent, et non pas si

1

Ramus, P. (1572), p. 46.

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il faut, si il vient, si ils viennent, comme ecrivent quelques’uns »1. Au contraire, Vaugelas indique que le mot si « ne se mange point », c’est-à-dire ne s’élide plus devant les mots commençant par les voyelles tels que « si après cela », « si implorant », « si entre-nous », « si on le dit » et « si un homme »2.

3_2_ Remarques sur la conjonction si

3_2_1_ Définition et classification

La notion de conjonction a reçu des définitions plus ou moins distinctes parmi les remarqueurs de la langue française. En effet, chez Ramus (1562), la conjonction, orthographiée « conjonxion », est définie comme « un mot sans nombre, par lescel les parties de l’orezon composees sont conjointes »3

. Par contre, Chiflet (1659) donne une définition qui prend en compte le rôle que joue la conjonction dans le texte : « les conjonction servent à lier les mots avec les mots, les phrases avec les phrases »4. Il en va de même pour Irson (1662) puisqu’il la considère comme une particule de liaison : « les conjonctions sont des particules, qui servent à lier les paroles et le sens dans le discours »5. Il s’avère ainsi que la conjonction est conçue comme l’une des parties du discours « indéclinable » servant à conjoindre des constituants dans le discours.

Avant d’évoquer les remarques consacrées à la syntaxe de la conjonction si, nous soulignons que la problématique de la sous-catégorisation de cette particule n’est pas définitivement réglée dans la mesure où les remarqueurs de la langue française proposent différents types de catalogage des conjonctions.

En effet, si nous examinons de près les classifications proposées, nous constatons que la conjonction si peut prendre place, selon la typologie de Oudin (1632), dans le sous-ensemble des « copulatives » ainsi que dans celui des « conditionnelles ». Rappelons que Oudin distingue cinq types de conjonctions6 : les « copulatives » (si,

aussi, et, or, etc.), les « disjonctives » (ou, ni, etc.), les « conditionnelles » (si, autrement, sinon, à condition que, etc.), les « causales » (afin que, pour que, etc.) et les

conjonctions de « discerner » (ainsi, bien que, néanmoins, etc.). 1 Vaugelas, C. F. de (1647), p. 372. 2 Ibidem. 3 Ramus, P. (1562), p. 74. 4 Chiflet, L. (1659), p. 144. 5 Irson, C. (1662), p. 84. 6 Oudin, A. (1632), p. 300-305.

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Quant à Maupas (1632), il rajoute que si peut figurer dans la famille des conjonctions dites « disjoinctives ou dubitatives » ainsi que dans la famille des conjonctions appelées « adversatives ». En effet, ce remarqueur répartit les conjonctions1 en « copulatives » (or, et, si, que, aussi, etc.), « conditionnelles » (si,

sinon, à la charge que, etc.), « disjoinctives ou dubitatives » (ou, si, soit que, etc.),

« casuelles ou rationnelles » (parquoy, pource, à cause que, afin de, etc.), « adversatives » (si, mais, toutesfois, neantmoins, combien que, etc.) et « conclusives » (donc, pourtant, par cela, etc.).

Néanmoins, Chiflet (1659) signale que si n’apparaît que dans la sous-catégorie des conjonctions « conditionnelles ». Ce remarqueur classe les conjonctions2 en « copulatives » (et, aussi, etc.), « disjoinctives » (ny, ou, soit que, etc.), « adversatives » (mais, toutefois, pourtant, neantemoins, cependant, si est-ce que, etc.),

« conditionnelles » (si, à condition que, pourveu que, etc.), « continuatives » (or est il

que, et mesme, et certes, en effet, tant y a que, etc.), « causales » (parce que, attendu que, à cause que, veu que, etc.) et « concluantes » (donc, enfin, c’est pourquoy, de sorte que, si bien que, tellement que, etc.).

À l’instar de Chiflet, Régnier-Desmarais (1706) souligne que la particule si fait partie des conjonctions conditionnelles, c’est-à-dire « celles qui en liant un membre du discours à un autre, servent à apporter, entre les deux sens qu’elles joignent, une condition »3. Il signale de plus que la conjonction si peut figurer, à côté de son emploi conditionnel, dans la liste des conjonctions qu’il appelle « suspensives ou dubitatives » qui servent à exprimer la suspension ou le doute dans le discours.

Régnier-Desmarais (1706) propose un traité des conjonctions4 très pertinent dans lequel il distingue les « copulatives » servant à accoupler deux constituants (et, aussi,

tant, etc.), les « disjonctives » ou « alternatives » marquant une distinction d’ordre

sémantique (ni, non plus, ou, etc.), les « adversatives » exprimant un rapport d’opposition entre deux propositions (mais, cependant, neantmoins, etc.), les conjonctions « d’exception ou de restriction » qui peuvent être mises au même rang que les adversatives (sinon, bien que, à moins que, encore que, etc.), les « conditionnelles » servant à traduire une quelconque condition entre les deux sens qu’elles joignent (si,

1 Maupas, C. (1632), p. 347-350. 2 Chiflet, L. (1659), p. 122. 3 Régnier-Desmarais, F.-S. (1706), p. 697. 4 Ibid. p. 683-734.

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quand, au cas que, à condition que, etc.), les « suspensives ou dubitatives » dénotant la

suspension ou le doute dans le discours (si, quoy qu’il en soit, etc.), les « concessives » (à la vérité, non que, non pas que, etc.), les « déclaratives » usitées pour éclaircir une idée (comme, à sçavoir, c’est-à-dire, etc.), les « interrogatives » dénotant la demande de raison (pourquoy, par quelle raison, à quel propos, etc.), les « comparatives ou d’égalité » marquant une relation de comparaison entre deux propositions (comme, de

mesme que, aussi peu que, etc.), les « argumentatives ou diminutives » liant les

constituants du discours dans un raisonnement (outre que, de plus, au moins, etc.), les « causales ou causatives » exprimant la raison ou la cause (car, attendu que, parce que,

puisque, etc.), les « conclusives » servant à conclure l’argumentation (donc, or, par conséquent, etc.), les conjonctions de « temps et d’ordre » (lors que, dans le temps que, dès que, enfin, etc.) et enfin les conjonctions de « transition » employées principalement

dans la narration (en effet, bref, à propos, etc.).

Les remarqueurs consultés sont donc d’accord, malgré la diversité de leurs classifications, sur le fait que la particule si est conçue comme la marque de la condition par excellence. Cette particule se distingue en fait par des propriétés bien déterminées. Dans ce qui suit, nous allons revenir sur les remarques proposées se rapportant à la conjonction si.

3_2_2_ Remarques sur le fonctionnement de la conjonction si

Notons avant tout que si est donné à voir, comme nous l’avons mentionné, comme la particule conjonctionnelle dont le sémantisme est de dénoter la valeur de

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