• Aucun résultat trouvé

Approche de la grammaire

traditionnelle

69

1_ Introduction

Nous soulignons tout d’abord que, malgré les multiples définitions et les différentes appellations, les grammairiens s’accordent sur le fait que le mot si peut s’employer comme mot-phrase ou comme adverbe ou encore comme conjonction de subordination. Cette polycatégorialité est doublée d’un caractère polysémique. En effet,

si est apte à exprimer maintes valeurs récurrentes telles que l’intensité, la condition, la

concession, l’exclamation, l’affirmation, etc. C’est autour de ces caractéristiques, à savoir polysémie et polyfonctionnalité, largement soulignées, que nous expliquerons le fonctionnement de ce terme. Cependant, du fait de leur variété, les différents emplois que présente si sont rarement regroupés à partir d’une même entrée dans les grammaires. Ceci est dû, peut-être, au fait que si exprime des rapports syntaxiques et sémantiques très hétérogènes en sorte qu’il paraît difficile de saisir son fonctionnement de façon unitaire.

Après avoir consulté les grammaires françaises, nous remarquons, d’une part, que chaque grammaire a eu son développement propre, et d’autre part, que les grammairiens n’ont pas consacré des parties ou des chapitres pour traiter le mot si d’une façon autonome. Au contraire, l’examen de ce terme s’insère dans des problématiques assez larges telles que celles de la phrase complexe ou de la subordination. De plus, ils le traitent dans les chapitres concernant par exemple les problèmes des constructions syntaxiques des adjectifs ou des adverbes. À titre d’exemple, en regardant attentivement la Grammaire méthodique du français (1994), nous remarquons que le traitement du mot si est associé à l’examen très large de quelques notions telles que l’interrogation, l’exclamation et surtout la subordination. C’est essentiellement dans le chapitre réservé à « l’adverbe », dans celui consacré au « groupe verbal », de même dans celui intitulé « phrase complexe : juxtaposition coordination et subordination » et dans également celui consacré aux « circonstancielles » que nous devions chercher la façon dont le terme si est présenté.

Il ressort de cela que la diversité des usages du terme si est décrite par des notions traditionnelles. Partant de cette constatation, la question du métalangage se révèle d’un très haut intérêt. D’habitude, afin de mener à bien toute recherche, il est nécessaire d’aller chercher les étiquettes terminologiques adoptées et les concepts linguistiquement définis. Suivant cette démarche, nous choisissons d’adopter une terminologie dérivée particulièrement des grammaires françaises. Mais, nous nous

70

bornerons seulement à quelques réflexions sur les résultats les plus importants. Ce faisant, nous ne retenons, pour notre part, que ce qui est en rapport explicitement direct avec notre problématique de recherche.

Dans l’immédiat, nous proposons de présenter les principales notions, massivement utilisées, à partir desquelles est traité le terme si. Une telle présentation va nous permettre de déterminer précisément en quoi elles sont adéquates. Subséquemment, nous présentons la façon dont le fonctionnement des constructions introduites par si est décrit par les grammaires consultées. Il s’agit, plus expressément, de mettre l’accent sur la classification, adoptée par les ouvrages grammaticaux, des structures en si ainsi que sur la description de ce marqueur dans ses différentes acceptions. Ce faisant, les grammairiens ont su relever, en se fondant sur des critères essentiellement syntaxiques et sémantiques, les différentes fonctions véhiculées par le mot si.

2_ Étiquettes terminologiques

Autant de termes génériques constituent des points d’appui extrêmement utiles sur lesquels se fondent généralement les descriptions des mots de la grammaire. En effet, adverbe, conjonction, subordination, subordonnée, interrogation, exclamation, hypothèse, condition ― associés automatiquement à l’analyse de si ― sont les principales étiquettes terminologiques qui sont utilisées par les grammairiens dans les travaux sur le terme si. Mais, il semble que ces notions charrient des positions théoriques peu diverses dans le sens où elles reposent parfois sur toute une série de confusions.

En conséquence, avant d’entamer notre travail sur le fonctionnement de ce mot tel qu’il est conçu par les grammaires françaises, il nous paraît utile de revenir sur quelques notions centrales dans notre recherche. Ce faisant, nous évoquerons, respectivement, les notions de conjonction, subordination, subordonnée conditionnelle et/ou hypothétique, subordonnée interrogative/exclamative et adverbe. Il ne s’agira pas pour nous de faire un juste étiquetage mais il convient de noter que notre questionnement portera essentiellement sur la rentabilité de ces notions pour une analyse du mot si.

71

2_1_ Conjonction

La conjonction est, par définition, un terme invariable qui sert à joindre deux mots ou deux groupes de mots. Une telle définition est admise par la totalité des grammairiens. Nous rejoignons la position des auteurs de la Grammaire du français

classique et moderne (1991) qui considèrent que les conjonctions sont conçues comme

« les signes explicites d’une coordination ou d’une subordination grammaticales »1. Cette citation n’est pas sans rappeler que les grammaires, tel qu’il est communément admis, répartissent les termes appartenant à cette partie du discours en deux catégories : celle des conjonctions de coordination et celle des conjonctions de subordination. Cette parenté dans l’appellation même, comme elle est signalée par les auteurs de La

grammaire d’aujourd’hui : guide alphabétique de linguistique française (1986), est due

au fait que « les deux types ont pour fonction commune d’unir des éléments, bien que de façon différente »2.

Le si est rangé dans la catégorie de la conjonction de subordination. Il s’agit d’une « marque explicite d’une proposition subordonnée »3

, pour reprendre les termes des auteurs de la Grammaire Larousse du français contemporain (1989). En termes bien précis, la conjonction si est définie comme un mot-outil invariable qui joue, d’une part, la fonction d’un marqueur grammatical et qui sert, d’autre part, à marquer un lien de dépendance entre deux éléments de fonctions différentes. D’ailleurs, les auteurs de la

Grammaire du français classique et moderne (1991) soulignent que si prend place

parmi les termes qui « servent à construire des propositions non parallèles en en mettant une sous la dépendance d’une autre »4. En d’autres termes, la conjonction si, ayant la

fonction grammaticale d’un subordonnant, permet d’introduire une nouvelle proposition dépendante, subordonnée à une proposition principale.

Dans la Grammaire méthodique du français (1994), les conjonctions de subordination sont réparties en deux sous-ensembles : la conjonction si appartient, d’un point de vue morphologique5, avec les mots que, quand, comme ainsi que d’autres

1

Chevalier, J.-C. Blanche-Benveniste, C. Arrivé, M. et Peytard, J. (1989), p. 405.

2 Arrivé, M. Gadet, F. et Galmiche, M. (1986), p. 139. 3

Chevalier, J.-C. Blanche-Benveniste, C. Arrivé, M. et Peytard, J. (1989), p. 411.

4

Wagner, R. L. et Pinchon, J. (1991), p. 584.

5 À l’instar de Riegel, Pellat et Rioul (1994), les auteurs de la Grammaire du français classique et

moderne signalent que la conjonction si est à ranger, morphologiquement, dans le sous-ensemble des

conjonctions simples auxquelles sont ajoutés certains adverbes tels que comme, comment, combien, où,

72

marqueurs, à la catégorie des formes simples1 des conjonctions de subordination. D’un point de vue syntaxique, les auteurs de cette grammaire soulignent que le subordonnant

si n’assume aucune fonction à l’intérieur de la subordonnée. Cette conjonction peut

fonctionner comme l’équivalent interrogatif du marqueur « que » dans la subordonnée interrogative dans la mesure où elle indique le caractère interrogatif de la proposition subordonnée.

D’ailleurs, dans la Grammaire de la Phrase Française (1993), le mot si figure dans la « famille » des termes2 en qu-3. Cette forme de base qui se trouve dans de nombreux mots subordonnants explique le rapprochement établi entre les phénomènes de subordination et d’interrogation. Dans son article « Subordination et connecteurs » (2000), Le Goffic explique clairement la parenté entre les deux phénomènes : « l’interrogation et la subordination sont à relier en tant que mettant en jeu une même catégorie de marqueurs (les morphèmes en qu-) »4. Dans le même ordre d’idées, Le Goffic indique que ces mots sont importants pour la syntaxe de la phrase parce qu’ils sont « les seuls termes interrogatifs et les seuls connecteurs du français »5. Occupant la position frontale, ces termes permettent également d’enchâsser les propositions subordonnées, appelées ici « sous-phrases ».

2_2_ Subordination

L’une des notions fondamentales auxquelles ont eu recours les grammairiens est évidemment le phénomène de subordination. Il est de même central pour notre recherche dans la mesure où si est communément admis comme conjonction de subordination. Une telle constatation nous incite à chercher une définition « précise » de cette notion d’une part, et d’autre part, une délimitation de sa pertinence en tant que outil de description. Pour ce faire, nous évoquons quelques représentations illustratives

1

Riegel, Pellat et Rioul distinguent, au même titre que les formes simples, les « formes composées ou locutions conjonctives ». Il peut s’agir de : 1) adverbes suivis de que (aussitôt que, alors que, bien que, etc.), 2) prépositions suivies de que (avant que, dès que, pour que, sans que, etc.), 3) constructions participiales (vu que, attendu que, etc.), 4) constructions gérondives (en attendant que, etc.), 5) formes complexes issues de la lexicalisation de groupes prépositionnels (à la condition que, sous réserve que, etc.) (1994 : 478).

2

Le Goffic regroupe ces termes en trois catégories : celle des pronoms (qui, que, quoi), celle des adjectifs (quel, lequel) et celle des adverbes (où, quand, comme, etc.) (1993 : 103-105).

3 Morphologiquement, si ne figure pas dans cette catégorie car celle-ci désigne tous les mots ayant

comme racine qu-.

4

Le Goffic, P. (2000), p. 20.

73

en nous fondant essentiellement sur les descriptions proposées dans les grammaires françaises.

Signalons d’emblée que la définition la plus simple que l’on puisse donner de la notion de subordination est qu’il s’agit d’une relation de dépendance, d’une hiérarchie entre des segments réunis par un élément dudit subordonnant. Mais, il est aussi important de faire remarquer que sa description et son organisation sont divergentes d’une grammaire à l’autre.

La plupart des grammaires traitant la subordination proposent des définitions étayées par certains critères formels. En effet, certains grammairiens postulent une distinction infrangible entre les types de relations interpropositionnelles bien que chaque relation soit marquée par un type particulier de marqueurs. En effet, dans la

Grammaire du français classique et moderne (1991), Wagner et Pinchon signalent une

séparation entre juxtaposition, coordination et subordination. Si, dans la coordination, les membres occupent un rôle égal et sont de même statut, la subordination quant à elle entraîne une relation de dépendance, une hiérarchie entre les segments réunis. En termes plus précis, la subordination « met un terme ou un membre de la phrase dans un état de

dépendance grammaticale par rapport à un terme ou à un membre primaire »1. De surcroît, les grammairiens évoqués soulignent que chaque relation est marquée par des conjonctions particulières. La coordination, au même titre que la juxtaposition, est le mode de combinaison de la parataxe. Au contraire, la subordination relève du mode de combinaison de l’hypotaxe. Seule cette dernière relation impose un rapport de dépendance entre les éléments conjoints. Dans le même ordre d’idées, il est intéressant de faire remarquer que le terme subordination peut s’appliquer, selon Wagner et Pinchon, à d’autres contextes que les constructions introduites par les conjonctions. En effet, selon eux, « une proposition est subordonnée quand sa mélodie, ou l’ordre de ses termes sujet et verbe, ou bien le fait d’être ouverte par un mot de caractère particulier l’empêchent de fonctionner d’une manière autonome et marquent sa dépendance à l’égard d’un support fourni par une autre proposition »2. Cette définition n’est pas sans

rappeler que d’autres constructions, non introduites par des conjonctions de subordination, peuvent rentrer dans cette catégorie.

1

Wagner, R. L. et Pinchon, J. (1991), p. 456.

74

Les définitions de la subordination oscillent entre un simple « rapport de dépendance orientée » et un phénomène d’enchâssement. En ce sens, nous rejoignons

La grammaire d’aujourd’hui : guide alphabétique de linguistique française (1986)

selon laquelle le « terme « subordination » est réservé à des liens entre phrases : une proposition est subordonnée quand elle est membre d’une autre phrase »1. Dans le même ordre d’idées, nous évoquons la Grammaire méthodique du français (1994) dans laquelle la subordination est définie comme « une relation asymétrique de dépendance entre une proposition dite subordonnée (ou enchâssée) et une proposition dite principale (ou matrice), dans laquelle la première joue le rôle d’un constituant »2

. Autrement dit, une proposition est appelée subordonnée quand elle dépend grammaticalement d’une autre proposition, c’est-à-dire lorsqu’elle exerce une fonction par rapport à celle-ci.

Il en résulte qu’il semble y avoir un consensus entre les grammairiens selon lequel la subordination est conçue comme une relation de dépendance3. En résumé, cette opération s’obtient par la jonction de deux propositions au moyen d’un terme introducteur appelé subordonnant qui se présente, symboliquement, sous la forme « qu’ », pour la simple raison que cette forme de base se trouve dans de nombreux mots subordonnants.

Cependant, malgré cet accord, diverses taxinomies4 des subordonnées sont en vigueur. Le Goffic (1993) distingue quatre types de subordonnées en français, à savoir les percontatives, les intégratives, les relatives et les complétives. En fonction du classement établi par cet auteur, il est évident que le terme si est susceptible de deux emplois fondamentaux : il est introducteur d’une percontative comme d’une intégrative. Wagner et Pinchon (1991) répartissent les subordonnées en quatre catégories, à savoir les conjonctives introduites par que, les relatives, les interrogatives indirectes et les

1

Arrivé, M. Gadet, F. et Galmiche, M. (1986), p. 640.

2

Riegel, M. Pellat, J.-C. et Rioul, R. (1994), p. 472.

3 Compte tenu de l’insuffisance du critère de la dépendance utilisé pour différencier certaines

coordonnées et certaines subordonnées, les auteurs de La grammaire d’aujourd’hui : guide

alphabétique de linguistique française proposent deux solutions pour faire face à cette difficulté : ou

bien considérer la coordination et la subordination comme « phénomène unique de lien entre phrases », ou bien opposer, à la manière traditionnelle, les deux notions (1986 : 641).

4

Les auteurs de La grammaire d’aujourd’hui : guide alphabétique de linguistique française présentent un résumé des différents types de classements qui sont adoptés par les différentes grammaires de la langue française. Il s’agit de : 1) classement « morphologique » distinguant la substantive, l’adjective et l’adverbiale, 2) classement par fonctions syntaxiques qui répartit les subordonnées en relatives, complétives et circonstancielles, 3) classement logique dans lequel les subordonnées « sans valeur de vérité propre » se différencient de celles « ayant valeur de vérité propre », 4) classement formel selon lequel nous relevons les conjonctives, les interrogatives, les relatives, les participiales et les infinitives (1986 : 641-644).

75

propositions dépendantes circonstancielles. Dans son emploi conjonctionnel, si est apte à introduire une interrogative ou une circonstancielle. Riegel, Pellat et Rioul (1994) présentent un catalogage selon la fonction syntaxique de la subordonnée. Ils en distinguent trois types, à savoir les relatives, les complétives et les circonstancielles. Il en découle que le si qui nous intéresse peut introduire les subordonnées interrogatives indirectes et les subordonnées circonstancielles. De même, les auteurs de la Grammaire

Larousse du français contemporain (1989) adoptent une typologie des subordonnées

selon la fonction syntaxique de la proposition en question. Ils en distinguent les propositions « sujet et attribut », les propositions « objet », les propositions « complément de nom », les propositions « circonstancielles » et enfin les propositions relatives. Compte tenu de cette classification, les propositions introduites par si prennent place dans la catégorie des propositions objet ― interrogative indirecte ― et les propositions circonstancielles.

2_3_ Subordonnée conditionnelle/hypothétique

2_3_1_ Dimension syntaxique

La subordonnée est généralement vue comme une proposition dont la dépendance est marquée par un terme subordonnant tel qu’un pronom ou une conjonction. D’ordinaire, les conditionnelles ou hypothétiques tombent sous la dénomination des propositions subordonnées circonstancielles. Tel qu’il est mentionné dans la Grammaire Larousse du français contemporain (1989), la répartition traditionnelle est adoptée en fonction de la relation de nature logique exprimée entre la principale et la subordonnée. C’est ainsi qu’une liste de subordonnées se dégage comme les temporelles, les finales, les causales, les consécutives, les concessives, les comparatives, les conditionnelles ou hypothétiques.

Les subordonnées conditionnelles ou hypothétiques s’appliquent généralement à toutes les constructions en si1. Ces subordonnées font partie intégrante du système dit hypothétique. Ce système traduit une action qui ne peut se réaliser que selon une autre action soit que celle-ci exprime certaines conditions, soit qu’elle émette l’idée d’une

1

De nombreux chercheurs signalent que les valeurs hypothétiques sont les plus représentées dans les énoncés en si dans la mesure où cette conjonction n’est pas conçue comme simple marque de l’expression de la condition, mais comme terme générique de la catégorie. Elle fait figure de « mot- joker ». Comme l’a déjà écrit De Vogüé, « si est généralement considéré comme le marqueur prototypique de la condition. De fait, il fonctionne comme substitut universel pour tous les marqueurs de la classe » (1999 : 93).

76

hypothèse. Traditionnellement, l’hypothèse désigne une proposition dont on n’affirme pas la valeur de vérité. Elle se base sur une réalité extralinguistique fausse, vraie ou dont la vérité est inconnue. Telle qu’elle est ainsi perçue, l’hypothèse, appelée parfois condition, parfois supposition voire éventualité, consiste à considérer simplement un fait comme possible sans qu’il en découle nécessairement des conséquences.

Les auteurs de Grammaire méthodique du français (1994) soulignent que les propositions introduites par le marqueur d’hypothèse si ne sont ni subordonnées relatives ni subordonnées complétives. De plus, pour différencier les subordonnées circonstancielles des systèmes corrélatifs, ils se fondent sur le critère de « mobilité » par lequel se distingue le complément circonstanciel dans la phrase simple. En effet, ils indiquent que les consécutives et certaines comparatives ne sont plus mobiles. Cependant, la circonstancielle introduite par si, désignant un constituant qui est censé référer aux circonstances1 de l’action, est généralement mobile.

Dans le même ordre d’idées, les auteurs de la Grammaire du français classique

et moderne (1991) signalent que les hypothétiques prennent place dans ce qu’ils

appellent propositions dépendantes circonstancielles. Celles-ci assument la fonction d’un complément circonstanciel. Elles peuvent donc précéder, couper ou suivre la principale. Le choix de ces dispositions syntaxiques n’est pas neutre, mais il dépend du locuteur. L’hypothétique indique à quelles conditions se fait l’action exprimée par le verbe de la proposition dont elle dépend. Selon la grammaire évoquée, les phrases hypothétiques se répartissent en trois grands sous-ensembles : les hypothétiques « normales », les hypothétiques introduites par si et celles introduites par quand, et enfin les hypothétiques dont les éléments sont liés implicitement. Malgré cette hétérogénéité, les grammairiens cités mentionnent que la conjonction si2 est la marque d’une manière indifférenciée de l’hypothétique. Celle-ci présente le procès exprimé par le verbe principal comme une conséquence qui « se tire de l’éventualité envisagée, de

1

Riegel, Pellat et Rioul postulent que la notion de « circonstance » pose d’épineux problèmes. Ils soulignent les difficultés à déterminer précisément la valeur sémantique pour un exemple comme « s’il venait en visite, on le recevrait généralement bien » (1994 : 505) : s’agit-il d’une conditionnelle ou d’une temporelle ?

2 Les auteurs de la Grammaire du français classique et moderne montrent que l’éventualité, la

supposition, la condition peuvent être explicitées par de nombreuses conjonctions et locutions conjonctives telles que au cas où, pour le cas où, à supposer que, en admettant que, à moins que, à

77

l’hypothèse formulée, ou d’une condition supposée »1, autrement dit, d’un autre fait

conçu comme possible, suppositionnel ou éventuel.

Toutefois, dans la Grammaire de la Phrase Française (1993), Le Goffic se sert de la dénomination de « intégratives adverbiales » pour parler des propositions dénommées habituellement subordonnées circonstancielles. Le choix d’étudier les circonstancielles dans le chapitre consacré aux « adverbes et groupes adverbiaux » permet de montrer que le type des intégratives fonctionne, à l’instar de l’adverbe, comme complément circonstanciel. Dans ce chapitre, Le Goffic aborde les subordonnées en si P. Le mot si est donc susceptible d’introduire une subordonnée

Documents relatifs