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Dans le mois précédant le premier tour des municipales, près de deux jeunes sur trois

Dans le document Baromètre DJEPVA sur la jeunesse 2020 (Page 73-77)

IV. LES JEUNES SE SENTENT MAJORITAIREMENT INVESTIS D’UN DEVOIR

3. Dans le mois précédant le premier tour des municipales, près de deux jeunes sur trois

La participation politique des jeunes a, à l’image de celle de l’ensemble de la population, été bouleversée par la pandémie. Si dans cette 5e édition du baromètre sur la jeunesse, 63 % des 18-30 ans ont annoncé

avoir l’intention d’aller voter, le taux de participation au premier tour des élections municipales 2020 pour l’ensemble de la population est bien inférieur avec 44,7 % et laisse augurer une participation bien moindre de la jeunesse, traditionnellement plus abstentionniste que ses aînés. Au premier tour des élections communales de 2014, 36,4 % des électeurs n’avaient pas voté. En 2020, un sondage de l’IFOP réalisé encore 10 jours avant les élections annonçait que seuls 28 % des électeurs étaient susceptibles de ne pas aller voter aux prochaines élections municipales à cause des risques de transmission du Coronavirus. Toutefois, la crainte du COVID a rattrapé les électeurs et, en 2020, le pourcentage d’abstentionnistes a fait un bond à 55,4 %. Dans un sondage IFOP réalisé le jour du vote, 40 % des futurs abstentionnistes confirmaient que leur décision se fondait sur la peur d’attraper le COVID-19. Entré en vigueur le 17 mars à 12 heures, soit deux jours après le premier tour des municipales, le confinement est venu confirmer les craintes de la population face à la menace du coronavirus et le second tour, initialement prévu le 22 mars, a été reporté.

Les intentions de vote de jeunes interrogés avant le premier tour étaient toutefois proches des taux de participation atteints en population générale en 2014, soit 62,1 % au premier tour et 63,6 % au second tour (Graphique 54).

GRAPHIQUE 54.CETTE ANNEE AVEZ-VOUS L’INTENTION D’ALLER VOTER AUX PROCHAINES ÉLECTIONS MUNICIPALES ?

(EN %)RÉPONSES DES PERSONNES INTERROGÉES AVANT LE 1ER TOUR DES ÉLECTIONS (N = 4 233)

Source : INJEP-CREDOC, Baromètre DJEPVA sur la jeunesse, 2020. Champ : Personnes interrogées avant le 1er tour des élections municipales.

Selon l’enquête Eurobaromètre flash 455 de 2017, 67 % des jeunes Français ont participé à une élection au cours des trois dernières années que ce soit au niveau local, régional ou national. La France occupe

ainsi la neuvième place parmi les 28 pays membres de l’Union européenne et la participation au vote des jeunes Français se situe 3 points au-dessus de la moyenne de l’UE2828. Alors que le nombre de jeunes déclarant être inscrits sur les listes électorales baisse d’année en année (87 % en mars 2017, 79 % en avril 2019, et seulement 76 % des 18-24 ans en mars 2020), les jeunes sont nombreux à avoir l’intention de participer aux élections municipales. Cela contraste avec une défiance croissante à l’égard de la fonction élective et le système représentatif, la désaffection voire le rejet des partis politiques et le désamour avec les institutions politiques. Comment expliquer ce hiatus ?

Les 63 % d’intentions de vote se ventilent entre 38 % de jeunes sûrs d’aller voter et 24 % de jeunes qui déclarent vouloir « probablement » voter. La sociologie électorale nous apprend que la question des intentions de vote est à analyser avec précaution du fait de la désirabilité sociale, qui pèse lourdement sur les réponses. Ainsi, les personnes interrogées ont tendance à surdéclarer leur intention de participation aux prochaines élections29. Dans cette optique, les 24 % de jeunes hésitants et répondant par « probablement » peuvent pour partie être expliqués par cette tendance à la surdéclaration qui fera, par ricochet, baisser la proportion de jeunes ayant réellement l’intention d’aller voter aux prochaines élections municipales.

Anne Muxel pointe à ce propos un paradoxe de la politisation des jeunes. Les jeunes montrent à la fois une défiance persistante à l’égard des institutions politiques et des représentants politiques au niveau national, mais sont plus indulgents avec les maires et la gestion au niveau communal. En effet, le rôle électif d’un maire semble décorrélé de sa fonction représentative et associé à l’idée de « proximité » et de l’action citoyenne directe30. La défiance dans la fonction représentative décroît donc avec le niveau de « proximité institutionnelle », l’échelon local disposant d’un capital de confiance plus élevé que les strates départementales, régionales ou nationales.

En effet, l’enquête électorale 2020 du CEVIPOF montre que les maires de communes inspirent la confiance de leurs administrés : 64 % ont confiance en eux, contre 57 % de confiance dans les conseillers départementaux, 51 % dans les conseillers régionaux, 39 % dans le député (de la circonscription) et 36 % dans le sénateur (de la circonscription)31.

L’effet d’âge des « primo-votants » s’estompe : en sciences politiques, on distingue classiquement, au sein de la jeunesse, les primo-votants dont on fixe l’âge entre 18 et 22 ans des votants plus habitués âgés de 23 à 30 ans. Les premiers, lorsqu’ils sont inscrits sur les listes électorales, se rendent davantage aux urnes, tandis que les seconds sont caractérisés par un « moratoire civique » se traduisant par un retrait un peu plus marqué de la décision électorale. Toutefois, selon Anne Muxel cet écart a eu tendance à se réduire au cours des 10 dernières années et les comportements de ces deux groupes à se rapprocher. Les résultats de la cinquième vague du baromètre jeunesse confirment en effet un nivellement des comportements. Les intentions d’aller voter des 18-22 ans sont identiques à celles de leurs aînés, soit 63 % des personnes interrogées avant le 1er tour des municipales.

28 EUROBAROMÈTRE, European Youth, EB flash 455, septembre 2017.

29 LECA Jean, « Le désenclavement des "études électorales" en France. À propos de l’explication du vote », Revue française de science politique, no 97-5, 1987.

30 MUXEL Anne, Entre indifférence et protestation, à coup sûr une distance est de mise, ANACEJ, 4 mars 2020. 31 CEVIPOF pour AMF, « Enquête électorale française 2020 », Observatoire de la démocratie de proximité AMF-

CEVIPOF/Sciences Po, mars 2020 ; FOUCAULT Martial, « Des maires plus combatifs à quatre mois des élections municipales », Troisième enquête de l’Observatoire de la démocratie de proximité, AMF-CEVIPOF/Sciences Po, novembre 2019.

Le déclassement social fait-il le vote des jeunes ? Bien que la situation sociale ne soit pas stabilisée pour beaucoup de jeunes, l’impact de la position sociale déclarée au moment de l’enquête sur les intentions de vote reflète un schéma bien connu de la sociologie électorale. La conviction d’être sûr d’aller voter aux prochaines élections municipales progresse en fonction du niveau de diplôme : 23 % des non- diplômés déclarent vouloir « certainement » voter, contre 41 % des bac + 4 ou encore 51 % des bac + 5 et plus. Il va de même pour les cadres qui déclarent à 47 % vouloir voter de manière certaine au premier tour, contre 36 % des ouvriers. Le tableau est complété par les jeunes disposant de revenus d’au moins 2 200 euros par mois (72 % vont voter, dont 50 % certainement) contre les jeunes disposant de revenus inférieurs à 1 200 euros par mois (56 %, dont 30 % certainement). Par conséquent, les catégories modestes, qui peuvent parfois éprouver un sentiment de déclassement social, n’utilisent pas davantage le vote comme expression de leur mécontentement social (Graphique 55).

GRAPHIQUE 55.CETTE ANNÉE AVEZ-VOUS L’INTENTION D’ALLER VOTER AUX PROCHAINES ÉLECTIONS MUNICIPALES ? SELON LES INDICATEURS SOCIODÉMOGRAPHIQUES (EN %)–RÉPONSES DES PERSONNES INTERROGÉES AVANT LE 1ER

TOUR DES ÉLECTIONS (N = 4 233)

Source : INJEP-CREDOC, Baromètre DJEPVA sur la jeunesse, 2020. Champ : Personnes interrogées avant le 1er tour des élections municipales.

La satisfaction avec la vie et confiance dans l’avenir influencent l’intention de vote : les jeunes satisfaits de leur vie déclarent plus souvent vouloir se rendre aux urnes pour les municipales que les jeunes insatisfaits de leur situation actuelle : 68 % (dont 43 % oui, certainement) contre 52 % (dont 29 % oui, certainement). Dans cette même optique, le sentiment d’incertitude par rapport à son propre avenir joue aussi. 42 % des jeunes confiants dans leur avenir déclarent vouloir se rendre « certainement » aux élections contre seulement 31 % n’ayant pas confiance dans leur avenir. Ces derniers sont probablement victimes d’un sentiment d’invisibilité sociale plus marqué et fondé sur l’impression que leur participation aux élections ne changera pas le cours des choses (Graphique 56).

47 51 50 38 36 30 23 30 24 22 24 24 26 19 77 74 72 63 60 56 42 Cadres Bac+5 ou plus 2.200€ ou plus Ensemble de la population Ouvriers Moins de 1.200€ par mois Aucun diplôme

GRAPHIQUE 56.CETTE ANNÉE AVEZ-VOUS L’INTENTION D’ALLER VOTER AUX PROCHAINES ÉLECTIONS MUNICIPALES ?

SELON LA SATISFACTION AVEC LA VIE ACTUELLE ET LA CONFIANCE DANS L’AVENIR (EN %)

RÉPONSES DES PERSONNES INTERROGÉES AVANT LE 1ER TOUR DES ÉLECTIONS (N = 4 233)

Source : INJEP-CREDOC, Baromètre DJEPVA sur la jeunesse, 2020. Champ : Personnes interrogées avant le 1er tour des élections municipales.

En effet, une comparaison du vote effectif, réalisée à partir de l’enquête Conditions de vie et aspirations d’avril 2020, montre que les jeunes sont moins nombreux à avoir effectivement voté. 50 % des 18-30 ans indiquent avoir toujours ou assez souvent voté, contre 82 % des plus de 30 ans et 74 % de l’ensemble des Français. En revanche, ils sont 20 % à déclarer ne jamais voter, contre seulement 8 % des plus de 30 ans et 10 % en population générale (Graphique 57).

GRAPHIQUE 57.CES DERNIERES ANNÉES, AVEZ-VOUS VOTÉ ?(EN %)–ENSEMBLE DE LA POPULATION (N = 3 036)

Source : CREDOC, enquête Conditions de vie et aspirations, flash Covid-19 », avril 2020.

43 42 31 29 25 25 24 23 68 67 55 52 Satisfait de sa vie Confiance dans l'avenir Pas confiance dans l'avenir Non satisfait de sa vie

Oui, certainement Oui, probablement

50 16 20 12 2 82 7 8 1 2 74 9 10 6 1 Oui, toujours ou assez

souvent Oui, rarement Non, je ne vote pas Non, je n'ai pas le droit devote Nsp 18-30 ans Plus de 30 ans Ensemble de la population

4.

Le devoir citoyen, première motivation des jeunes pour voter aux

Dans le document Baromètre DJEPVA sur la jeunesse 2020 (Page 73-77)