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3.2 Calcul de l’équilibre économique statique dans FFSM

4.1.2 Un module désagrégé en domaines d’étude

La ressource forestière française est inventoriée par l’Inventaire Forestier National (IFN) depuis 1958. Outre les indicateurs explicités ci-dessus, l’IFN tient également compte de critères géographiques (désagrégation au niveau du département), du type de propriété ou de l’accessibilité pour inventorier la ressource12.

Les résultats d’inventaires de l’IFN confirment la description de la ressource forestière française faite au début de la section. Ils montrent une ressource hétérogène des points de vue de la gestion, des essences et des types de propriétés mais également du point de vue de l’accessibilité à la ressource13. La forêt française est ainsi loin de constituer une entité homogène.

Une conséquence de cette hétérogénéité est qu’elle se traduit par une dynamique elle-même hétérogène. À titre d’exemple, la dynamique de croissance d’un chêne en Lorraine n’a a priori rien en commun avec celle d’un épicéa de montagne ou d’un pin maritime des Landes. Le module ressource de FFSM doit donc prendre en compte ces disparités pour modéliser dynamique forestière. Pour cela, outre la désagrégation de la ressource selon les critères physiques qui distinguent les différentes filières (premier « cahier des charges », confer 4.1.1) la ressource totale doit également être répartie dans différents groupes de dynamique homogène (second « cahier des charges »).

L’homogénéité de ces groupes est bien sûr croissante avec l’échelle de désagrégation : l’idéal serait de représenter la dynamique de chaque arbre de la forêt française. Outre les problèmes numériques que cela poserait, cette approche est impossible avec les don- nées IFN dont nous disposons. En effet, les inventaires de l’IFN s’appuient sur un certain nombre de points d’inventaire. En pratique, cela signifie que l’inventaire (mesure des ef- fectifs ou du volume des arbres en fonction de l’essence, du type de gestion, etc) n’est effectué que sur une partie limitée de la ressource totale. C’est le traitement statistique de ces points d’inventaire qui donnent l’image globale de la ressource. Chaque groupe de dynamique homogène regroupe ainsi un certain nombre de points d’inventaire, nombre qui doit être suffisamment grand pour que la valeur statistique du type de ressource décrit soit suffisante. Autrement dit la ressource doit être à la fois suffisamment désagrégée pour décrire des entités homogènes mais suffisamment agrégée pour répondre à la condition de robustesse statistique.

Nous appelons domaines d’étude le résultat de la désagrégation de la ressource en fonction du double cahier des charges et nous utilisons trois critères pour les définir :

12. La ressource est inventoriée sous plusieurs formes quantitatives (volume de bois, effectif, volume de carbone forestier).

13. Les forêts de montagne par exemple, représentent une ressource considérable mais difficilement ex- ploitable.

1. La région administrative : nous distinguons 22 régions administratives françaises. Du point de vue de la dynamique ce critère permet de distinguer des zones climatiques en général relativement homogènes ; du point de vue de la filière il s’agit d’un critère indispensable l’offre étant calculée au niveau régional. Notons ici que le niveau de désagrégation de l’offre résulte d’un choix. Nous faisons en effet l’hypothèse qu’il y a, d’une part, suffisamment d’hétérogénéité entre les régions dans la ressource et les marchés et, d’autre part, des coûts de transport suffisamment im- portants entre régions pour justifier une désagrégagation de l’offre au niveau régional. 2. L’essence : nous distinguons les feuillus et les résineux. Cette distinction est suffisante pour l’offre puisqu’il s’agit du niveau maximal de désagrégation pour les produits w (BOF et BOR)14.

Ce niveau de désagrégation peut sembler en premier lieu insuffisant du point de vue de la dynamique : la dynamique d’un pin maritime et d’un sapin, tous deux résineux, sont fondamentalement différentes. Toutefois le recoupement du critère région administrative et du critère essence permet de combler partiellement cette lacune. Pour prendre un exemple caricatural, 95 % des résineux de la région Aquitaine étant des pins maritimes, le groupe « résineux » de la région Aquitaine est donc un groupe très homogène du point de vue de la dynamique. En réalité toutes les régions n’ont pas la même homogénéité que l’Aquitaine dans les essences, néanmoins on s’aperçoit que la désagrégation en un grand nombre d’essence n’est pas nécessaire pour augmenter la précision des estimations d’accroissement dès lors que la ressource est suffisamment désagrégée géographiquement (Colin et Chevalier, 2009).

3. Le mode de gestion : nous en distinguons trois : la gestion en taillis simple, la gestion en futaie et les mélanges taillis-futaies. Bien que moins évident que les deux premiers, ce critère fait sens au niveau des deux cahiers des charges. Au niveau de l’offre tout d’abord, la gestion en futaie est traditionnellement destinée à produire du bois d’œuvre alors que la gestion en taillis produit exclusivement du BIBE. Du point de vue de la dynamique ensuite, les arbres issus de taillis sont des rejets de souches qui poussent beaucoup plus rapidement que les arbres issus de semis des futaies.

14. Notons également ici qu’il s’agit d’un choix. Il est possible de représenter une offre beaucoup plus désagrégée, et donc davantage de produits dans le module économique. En pratique ce choix est motivé par des critères d’hétérogénéité (les différents produits considérés sont-ils suffisamment hétérogènes pour être distingués ?) mais découle également de la problématique qui motive le travail de modélisation. Si la problématique concerne le volume de bois produit au niveau national en tant qu’entité physique, un seul produit est nécessaire. Si au contraire, le modèle est développé pour répondre à la problématique du tournage de bois de tilleul en Champagne-Ardennes, l’offre doit explicitement représenter le bois d’œuvre de tilleul. FFSM étant développé pour répondre à des problématiques intermédiaires entre ces deux exemples, la désagrégation en BOF, BOR et BIBE fait sens.

Ces trois critères de désagrégation permettent donc de constituer : 22 × 2 × 3 = 122 domaines d’étude.

Pour chaque domaine d’étude nous distinguons 13 classes de diamètre d’une largeur de 10 cm chacune. La première classe de diamètre est la classe de diamètre 7,5 cm — 17,5 cm, les arbres d’un diamètre inférieur à 7,5 cm n’étant pas répertoriés dans les inventaires. La dernière classe comprend tous les arbres dont le diamètre est supérieur à 137,5 cm. Les classes de diamètre sont indicées par leur diamètre médian (par exemple 12,5 cm pour la classe des diamètres compris entre 7,5 et 17,5 cm).