6.7 Partage et mise à disposition de documents
6.7.2 Les modes de partages
Nous exposons ici les différents modes de partage. Le mode est à choisir en fonction de la tâche à accomplir, des intervenants et du type de document disponible.
Mode dupliqué
Une copie du document partagé pour chacun (coopération lâche). Il n’y a pas de coopération au niveau de l’interaction avec le document dans ce mode. La seule coopération est au niveau de la tâche globale. Ce mode favorise la communication verbale, chacun travaillant «de son côté» sur une instance d’un document, sans voir celle des autres.
Figure 6.9 Chacun possède une version du document (document de travail SpIn)
On peut légèrement étendre ce modèle en créant un mécanisme qui permet de visualiser les documents des autres chez soi, on est alors en mode maître-esclave puisqu’on ne fait que visualiser la version d’un autre. Un outil pourrait alors permettre de copier cette version dans son interface de travail, en écrasant sa copie personnelle. Des icones de couleur devant les clones peuvent permettre facilement de savoir de quelle version chacun dispose (la sienne ou celle d’un autre).
Mode partagé complet
Un document partagé par tous: une seule copie, les actions se répercutent de tous vers tous. Il faut donc insérer des mécanismes de prise de contrôle (coopération stricte).
Si SpIn est dérivable dans n’importe quel mode, nous avons particulièrement utilisé ce mode. C’est celui qui nous semblait induire le plus de coopération et le moins de contraintes pour l’utilisateur, à savoir un mode partagé complet où chacun est tout de même maître du point de vue sur chaque document (voir le dernier chapitre sur l’évaluation). On peut suivre dans ce cas en permanence les évolutions d’un document et intervenir a tout moment.
Modes intermédiaires
Il existe un certain nombre de possibilités entre un partage complet et pas de partage (dupliqué). - Un document partagé par tous, avec la possibilité de faire des copies locales pour le modifier. Il faut insérer un mécanisme de mise a jour de la version partagée, et un mécanisme de copie de la version partagée en version locale.
- Un document chacun avec la possibilité de partager sa version avec un ou plusieurs autres (N versions dont plusieurs partagées par certains). C’est un mode mixte où certains ont une copie locale
et d’autres partagent une même version (Figure 6.10). Il semble difficile avec autant d’instances du document de maintenir une cohérence des différentes vues, la coordination revient alors aux utilisateurs.
Figure 6.10 Chacun possède une version, mais peut la partager avec qui il veut (document de travail
SpIn)
Figure 6.10, UN décide de prendre la version de DEUX pour la manipuler en même temps que lui, la version de DEUX est alors partagée par UN et DEUX, et visualisée par TROIS.
- Un document chacun avec la possibilité de le partager pour tous (N versions) mais un seul document partagé à la fois (N versions dont une partagée par tous). Cela revient à insérer un mécanisme pour passer facilement d’un mode dupliqué à un mode partagé complet à partir d’une version donnée par un des utilisateurs (Figure 6.11).
Figure 6.11 Un document par personne dont une version partagée (document de travail SpIn)
Figure 6.11, DEUX décide de partager sa version, elle est alors affichée dans le bandeau de UN et TROIS, qui peuvent alors visualiser la version de DEUX.
- Un document chacun plus une version commune mise à jour par tel ou tel utilisateur (N+1 versions). L’inconvénient de ce mode de partage est l’existence de deux versions d’un même document dans l’espace de travail de l’utilisateur. Il faut alors travailler sur l’information donnée aux utilisateurs pour une bonne compréhension de l’activité, l’espace unique de travail doit permettre d’en donner une visualisation cohérente avec, par exemple, la version commune placée dans le bandeau.
Ces modes particuliers imposent de créer des outils de coopération spécifiques pour les actions suivantes :
Partage et mise à disposition de documents
partager son document avec quelqu’un ou avec tous, prendre le contrôle d’un document,
et de manière générale, on doit pouvoir passer d’un mode de partage à un autre en fonction des phases de la réunion.
Récapitulatif
On reprend dans le tableau ci-dessous l’ensemble des modes de partage possibles avec les métaphores visuelles qu’il faut prévoir.
Table 7: modes de partages pour N utilisateurs
Mode
nombre
totale
d’instances
du
document
nombre
d’instances
du
document
dans une
interface
nombre de
vues
différentes
du
document
mécanismes de
partage
métaphores
visuelles
dupliqué N (chacun sa version) 1 N - -dupliqué avec prise de vue N 1 (+ 1) N + 1 parta-gée pour voir une autreins-tance
- prise de point de vue sur un autre
document - copie sur la version
locale de la version partagée
- savoir à qui appar-tient la version visualisée en plus chez soi dupliqué avec une version partagée par tous N dont une partagée par tous 1 + 1 d’un autre utilisa-teur partagée par tous N - proposer sa version à mettre en commun - mettre à jour sa
ver-sion locale avec la version partagée - savoir la version de qui on partage dupliqué avec versions parta-geables entre plusieurs utili-sateurs 1..N 1 (personelle ou partagée)
1..N - partager son docu-ment avec d’autres - demander sa ver-sion à un autre - reprendre le
docu-ment en local
- savoir qui travaille sur quelle version - savoir qui copie la version partagée en local partagé + 1 version en copie locale 1+N 1+1 copie locale 1+N - mécanisme pour faire une copie locale
- mécanisme pour proposer aux autres une mise à jour de la
version commune - mécanisme pour prendre la main sur la
version partagée
- savoir qui possède une copie locale
- savoir qui a la main sur la version
partagée - savoir l’origine de
la version partagée
partagé 1 1 1 - prise de contrôle du
document
- savoir qui possède la main sur le
Bilan
6.8 Bilan
Notre modèle d’interface a un rôle de proposition, il ne verrouille pas les problématiques, mais essaye de fournir une réponse à chacune, adaptée au cadre de SpIn. Les primitives de coopérations présentées ici permettent de proposer des services de travail coopératif synchrone. Ils forment un ensemble de base complet indispensable pour créer une situation de travail coopératif.
Il pourrait être ajouté à l’avenir à ces outils de coopération des services plus spécifiques comme : savoir qui partage quoi avec qui,
les informations d’aparté entre interlocuteurs, savoir qui discute avec qui, un outil de vote : public et secret,
des outils de visualisation de données particulières,
les outils d’édition de documents avec vues dupliquées, mécanisme de mise à jour sur parties modifiées en concurrence ou non.
SpIn est une proposition d’interface, nous traitons des problèmes de métaphores visuelles une fois les caractéristiques de la coopération établies. Pour faire de SpIn un outil de coopération complet, il faut continuer à développer des outils de coopération, mais surtout l’activité du clone, pour que ce dernier informe au mieux de l’activité de son utilisateur. C’est dans ce sens que le virtuel peut se substituer aux réunions réelles et améliorer leur efficacité.