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10. Marché des drogues

10.2. Disponibilité et offre

10.2.3. Modalités de trafic, flux nationaux et internationaux, routes du trafic, modi operandi et

10.2.2. Provenance des drogues : production nationale versus production importée

- Des intermédiaires (semi-grossistes), qui acheminent régulièrement sur le territoire français de la résine de cannabis en provenance d’Espagne ou des Pays-Bas. Ce sont des groupes très structurés qui importent aussi d’autres produits illicites (cocaïne, héroïne) même si la spécialisation mono produit reste plutôt la règle. Leur nombre se situerait dans une fourchette comprise entre 689 et 1 504 (Ben Lakhdar 2007a) ;

- Des trafiquants locaux situés à la tête de réseaux de revendeurs chargés d’écouler les produits sur un territoire donné.

Aujourd’hui le marché de la résine de cannabis semble moins dynamique et rentable. Plusieurs raisons sont à l’origine de ce phénomène. D’une part, la concurrence grandissante provoquée par une offre d’herbe produite en France et dans le reste de l’Europe et, d’autre part, la répression menée par les services de police, des douanes et de la gendarmerie qui obligent les trafiquants à démultiplier les zones de stockage et à fragmenter leurs convois. Cela provoquerait une hausse des coûts et par effet mécanique une chute de la rentabilité du trafic.

Héroïne

La tendance à la hausse de la disponibilité de l’héroïne sur le marché français est favorisée par le nouveau dynamisme de l’offre enregistrée depuis dix ans en Afghanistan, pays d’où provient 90 % de l’héroïne consommée en France, couplé à une demande en augmentation depuis quelques années (Cadet-Taïrou et al. 2012).

L’augmentation de la production d’opium et d’héroïne a favorisé le développement d’organisations criminelles, turques et albanaises en particulier, qui importent l’héroïne via la route des Balkans206 sur le territoire français.

Cette importation se réalise selon deux grands circuits. Un circuit où l’héroïne est directement réceptionnée sur le territoire français (est de la France et région Rhône-Alpes) et un circuit indirect par l’implantation de stocks d’héroïne destinée au marché hexagonal dans des pays frontaliers comme la Belgique, les Pays-Bas ou l’Allemagne. Là, l’héroïne est vendue en gros ou en demi-gros à des réseaux de détaillants. En général, ceux-ci sont impliqués également dans le trafic de résine de cannabis importée d’Espagne ou du Maroc et sont implantés dans les cités périphériques des grandes agglomérations urbaines françaises.

À côté de ces réseaux qui relèvent du crime organisé, il existe des réseaux, qualifiés par la police de secondaires, des microstructures composées pour la plupart d’usagers-revendeurs. Ils s’approvisionnent en héroïne dans les pays frontaliers de la France, comme la Belgique et les Pays-Bas. Ces deux pays sont les lieux traditionnels de stockage de l’héroïne qui arrive via la route des Balkans (OCRTIS (Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants) 2009). Tous ces facteurs contribuent au caractère de plus en plus diffus de la présence du produit sur le territoire français.

Buprénorphine haut dosage

La buprénorphine haut dosage prescrite dans le cadre de traitements de substitution à l’héroïne fait l’objet, depuis sa mise sur le marché en 1996, d’un trafic sur le marché parallèle des centres

206 Selon l’ONUDC, 80 % de l’héroïne afghane destinée au marché européen emprunterait la route des Balkans (UNODC (United Nations Office on Drugs and Crime) 2012)

urbains destinés dans la plupart du temps à une clientèle d’usagers extrêmement marginalisés (Toufik et al. 2010). Ce trafic est porté par deux types de groupes :

- un groupe relativement organisé qui, obtenant de multiples prescriptions par le biais personnes éventuellement non dépendantes aux opiacés ou en falsifiant des ordonnances, dispose de quantités importantes de comprimés susceptibles d’être vendues au marché noir mais également exportées ;

- un groupe composé essentiellement d’usagers eux-mêmes substitués, qui se livre à de petites reventes dans le cadre d’un marché non structuré.

En 2010, dans l’est de la France, des cas de trafics transfrontaliers en direction de l’Allemagne ont été rapportés, le comprimé de 8 mg pouvant y être vendu de 25 à 50 € contre 5 € en moyenne en France. En 2011, il semble qu’en dépit des mesures de surveillance prises selon les régions par les caisses primaires d’assurance maladie, l’offre demeure persistante même si des pénuries ponctuelles affectant telle ou telle ville peuvent survenir. La disponibilité du médicament est donc forte, de même que son accessibilité puisque, contrairement à ce qui se passe pour des substances illicites comme l’héroïne ou la cocaïne, il existe dans beaucoup de grandes villes françaises de véritables scènes ouvertes de vente du produit de substitution.

Méthadone

Un marché de la méthadone de rue émerge très progressivement depuis quelques années.

Essentiellement fondé sur des pratiques de dépannage, il prend cependant de l’ampleur au fur et à mesure que la prescription de ce médicament en France s’accroît. En dépit de l’autorisation de la prescription d’une méthadone présentée en gélule depuis 2008 en France, le flacon de méthadone en sirop reste prédominant sur ce marché (Cadet-Taïrou 2012).

Cocaïne

Il existe aujourd’hui trois grands types de réseaux qui assurent la distribution de la cocaïne sur le territoire français :

- des réseaux liés au grand banditisme français et étrangers spécialisés en général dans la vente en gros du produit ;

- des réseaux dits de « cité » implantés dans les quartiers périphériques des grandes métropoles investis soit dans la vente en gros soit de détail ;

- des réseaux d’usagers-revendeurs plus ou moins professionnalisés.

Si les réseaux liés au grand banditisme sont certainement minoritaires quantitativement, ils sont en revanche décisifs pour la mise à disponibilité du produit. Ceux-ci peuvent se subdiviser en deux sous-groupes :

- les trafiquants « hors sol » installés dans les pays de réception de la cocaïne qui arrive en Europe, notamment le sud de l’Espagne, et qui opèrent directement de l’étranger en vendant de grandes quantités de produit à toutes sortes d’importateurs potentiels soucieux de vendre le produit en France ;

- des grossistes implantés dans un microcosme local ou régional français, qui écoulent le produit obtenu en général auprès des organisations relevant du premier groupe auprès de réseaux plus ou moins organisés de détaillants.

À la différence des grossistes implantés dans l’Hexagone, les premiers sont directement en contact avec des organisations criminelles européennes, en général italiennes ou britanniques, ou extra-européennes comme les cartels colombiens ou mexicains (Olvera et al. 2012). Ils sont capables d’importer des centaines de kilos de cocaïne (via notamment le transport maritime) et évoluent à l’échelle transnationale par le biais d’implantations en Amérique latine (Venezuela, Brésil), aux Antilles (Guadeloupe, Martinique, République Dominicaine) et plus récemment en Afrique de l’Ouest.

Au sein des réseaux de trafiquants qui s’approvisionnent à l’étranger, les organisations de cités sont extrêmement présentes du fait de leur expérience accumulée depuis des décennies dans l’importation de résine de cannabis. Elles sont en général relativement proches du grand banditisme du fait des relations d’affaire qu’elles entretiennent avec lui, et une certaine porosité existe entre les deux milieux : les membres les plus « dynamiques » de ces réseaux pouvant intégrer les sphères les plus élevées du crime organisé.

Plusieurs facteurs expliquent l’investissement croissant des réseaux de « cité » dans le trafic de cocaïne : une demande extrêmement dynamique et une rentabilité beaucoup plus grande de ce trafic par rapport à celui de résine de cannabis.

Du côté de la demande, le développement de l’usage de cocaïne dans des milieux populaires, avec lesquels ce type d’organisations, du fait de leur enracinement social, est proche, favorise cette nouvelle dynamique. Depuis dix ans, la chute des prix du gramme au détail, passé de 150 € à la fin des années 1990 à 60 voire 50 €, a facilité l’accès au produit au sein des couches les plus modestes de la population dans un contexte marqué par les transformations des représentations sociales s’agissant des drogues dites dures. Il semble en effet que dans les banlieues ouvrières marquées à la fin des années 1970 par l’épidémie d’héroïne, les tabous liés à l’usage de substances illicites comme l’héroïne et la cocaïne soient en train de s’effondrer et favorisent l’émergence d’une demande endogène aux « quartiers », alimentant en retour une offre locale de plus en plus structurée.

Le niveau de rentabilité beaucoup plus grand de la revente de cocaïne au détail par rapport à celle de la résine de cannabis favorise également la reconversion des trafiquants en direction de cette substance. En effet, chaque gramme de cocaïne vendu au détail permet de dégager, compte tenu des prix pratiqués par les grossistes, une marge d’une trentaine d’euros contre à peine trois euros pour la résine de cannabis.

La troisième grande modalité organisationnelle est celle des micro-trafics animés le plus souvent par des usagers-revendeurs. En général, ceux-ci se lancent dans le deal, dans un premier temps, afin de financer leur consommation personnelle à moindre coût – le gramme de cocaïne acheté en gros est en moyenne deux fois moins onéreux que celui acquis sur le marché de détail − en achetant la cocaïne à un grossiste ou un semi-grossiste, et finissent par constituer des micro-réseaux comprenant quelques clients réguliers.

Ce type de réseaux, du fait de leur modalité d’approvisionnement, a permis de mettre en évidence l’importance des phénomènes transfrontaliers dans la configuration du trafic en France, les usagers-revendeurs n’hésitant pas, quand ils n’ont pas sous la main de grossistes implantés à proximité, à franchir les frontières nationales pour s’approvisionner en cocaïne voire en héroïne dans les pays jouxtant la France (Belgique, Hollande, Espagne). Il est probable que ce type de réseaux, fondé sur un trafic de fourmis, soit quantitativement majoritaire en France par rapport aux réseaux liés au grand banditisme et aux bandes de dealers professionnalisés. Il contribue, à son échelle, à la forte disponibilité de la cocaïne sur le territoire français. L’étude

menée en 2004-2005 sur les procédures d’interpellations pour usage-revente de trafic de cocaïne a d’ailleurs mis en évidence la relative aisance avec laquelle ce type d’organisations peut se constituer (Gandilhon 2007).

Ces micro-réseaux sont en effet favorisés par la forte présence en Belgique, aux Pays-Bas ou en Espagne, de grossistes et de semi-grossistes bien implantés et familiers des techniques de rabattage des « touristes » de la drogue. En outre, comme pour les réseaux plus professionnalisés, les perspectives de gains rapides et importants encouragent le processus : quelques dizaines de grammes importés chaque mois écoulés autour d’une petite clientèle suffisent à assurer plusieurs milliers d’euros de revenus net, dans un contexte où beaucoup des usagers-revendeurs sont issus de milieux socialement et professionnellement marqués par la précarité. Quoi qu’il en soit, ce phénomène des micro-réseaux transfrontaliers semble, au vu des interpellations croissantes et des observations du dispositif TREND, en croissance régulière ces dernières années et semble toucher y compris les régions du territoire français, notamment l’Ouest et le Centre, les plus éloignées des pays de stockage de la cocaïne destinée au marché européen.

Crack et free base

Un second type de cocaïne, présent sur le marché français, circule sous les appellations de

« crack » et « free base ». Ces deux appellations différentes recouvrent en fait un même produit mais des clientèles bien distinctes.

Le crack, contrairement au chlorhydrate, présente la particularité d’être présent sur des marchés bien spécifiques et très délimités géographiquement. En effet le crack est destiné dans l’écrasante majorité des cas à une clientèle d’usagers extrêmement marginalisés et minoritaires – de 15 000 à 20 000 personnes sur toute la France métropolitaine selon certaines estimations (Janssen 2012). Les usagers sont présents essentiellement en région parisienne et dans les départements d’outre-mer (Guyane, Guadeloupe et Martinique) (Merle et al. 2010), même si des cas sporadiques d’apparition de cette substance sur d’autres sites du dispositif TREND, comme à Toulouse en 2010 et 2011, ont pu être signalés. En matière de trafics, il se confirme qu’une partie de l’offre parisienne de crack est de plus en plus le fait des réseaux de personnes spécialisées dans la revente de résine de cannabis, et cela au détriment des revendeurs traditionnels originaires le plus souvent d’Afrique de l’Ouest et notamment du Sénégal.

Contrairement au crack, le produit vendu sous l’appellation free base ne fait pas l’objet d’une revente structurée par des réseaux organisés. Dans la plupart des cas, ce sont les usagers eux-mêmes qui fabriquent le free base. De plus, le produit concerne une clientèle complètement différente de celle des crackers : essentiellement une population de personnes appartenant à la mouvance underground du mouvement techno (nomades, travellers) s’exprimant dans les free parties. Des cas de porosité ponctuelle entre « crackers » et « free basers » ont été rapportés par les sites TREND de Paris et Toulouse en 2010 et 2011 en matière de fréquentation par ces derniers de marché locaux de crack. L’explication résiderait d’une part dans l’impécuniosité de certains usagers de free base, incapable de se procurer de la cocaïne, qui viendraient acheter du crack et d’autre part dans de simples « dépannages ».

Ecstasy

Il semble que la demande moindre d’ecstasy sous sa forme comprimé contribue au désintérêt des organisations criminelles françaises pour le trafic de ce produit (Girard et al. 2010). En 2011, l’essentiel de l’approvisionnement du marché français est réalisé par des microstructures qui

s’approvisionnent à l’étranger (Belgique, Pays-Bas, Allemagne) ou plus rarement auprès de filières relevant du crime organisé originaire d’Europe de l’Est.

NSP et développement du trafic sur Internet

Depuis 2009, les sites de ventes en ligne de produits psychotropes se sont multipliés. Dans le cadre du dispositif SINTES, une typologie des marchés a été dressée. Quatre types de marchés peuvent être distingués. Les deux premiers marchés – celui à destination d’un « public averti » et celui avec une orientation « commerciale » – peuvent être recherchés sur un même site de vente en ligne ou faire l’objet d’une spécialisation exclusive. Les deux derniers marchés – deep web207 et petites annonces − ne sont accessibles que dans des espaces dédiés.

Le marché à destination d’un public averti

Le premier segment du marché des NSP est relativement lisible et transparent et semble être le plus ancien. Les sites appartenant à cette catégorie sont souvent sobres et moins nombreux que les sites de vente plus commerciaux. Les noms chimiques des molécules en vente sont affichés. Les produits sont vendus dans des pochons de plastique sans marketing spécifique.

L’offre s’adresse à un public qui est plus spécifiquement en capacité de relier des effets à des noms de molécules et qui en connait les dosages.

Le marché commercial

A contrario, le deuxième segment du marché est plus commercial. Les sites ou les parties des sites relevant de cette catégorie ont des designs souvent plus attractifs que ceux de la première catégorie. Les conditionnements des produits sont eux-mêmes très colorés et graphiques. Les sites s’adressent parfois explicitement à travers leurs messages publicitaires à un jeune public, notamment à propos des cannabinoïdes de synthèse.

Des molécules ou des mélanges de molécules sont vendus sous des noms commerciaux. Il n’y a aucune mention des contenus en principe actif, ni dans le texte qui présente le produit ni sur son emballage. En général, les produits vendus sont rarement présentés sous forme de poudre, mais sont plutôt conditionnés – c’est le cas des stimulants notamment − sous forme de pilule.

Ce format peut suggérer au consommateur que le dosage est pré-réalisé par le producteur.

Contrairement au premier segment où les produits apparaissent directement sous forme de poudre, cette présentation induit l’idée que le consommateur n’a pas besoin de prendre en compte le dosage des produits. Elle n’incite pas à rechercher des informations sur la composition chimique du contenant et/ou sur les dosages.

En outre, ces sites entretiennent un doute sur le caractère psychoactif des substances proposées à la vente. Par exemple, les cannabinoïdes de synthèse sont parfois présentés sur des débris végétaux où ils sont déposés, invisibles à l’œil nu. Cette présentation peut laisser croire au consommateur qu’il consomme une plante plutôt qu’un produit synthétique. Dans le premier marché, cet « effort » de présentation n’est pas réalisé car les cannabinoïdes peuvent être vendus directement sous forme de poudre, de comprimé ou de pâte.

207 Cette part de l’Internet est appelée « deep web ». Globalement, elle est composée de pages d’annuaires ou internes à des sites.

Il existe toutefois des sites dont la mise en place est assurée par un serveur spécifiquement construit pour ne pas être identifié par les protocoles Internet classiques.

Ces sites peuvent offrir également des produits « dérivés », proches de ceux vendus dans les

« smarts shops » que l’on peut trouver aux Pays-Bas ou dans certains pays d’Europe orientale.

Ces produits dérivés mis en vente peuvent être des boissons énergisantes, des instruments pour la consommation par inhalation, des kits de test toxicologique, etc.

Ce volet plus commercial du marché semble numériquement supérieur au marché à destination d’un public averti. Ainsi, en novembre 2011 l’OFDT a prospecté 32 sites de vente208. Certains sites relevaient uniquement de l’un ou l’autre des deux premiers marchés tandis que d’autres hébergeaient les deux. Il est apparu que les produits à «conditionnement commercial » sans mention de contenu étaient trois fois plus nombreux à la vente que les molécules avec une identification chimique affichée. Ces dernières étaient au nombre de 63.

Il semble également que d’autres différences séparent les sites, ou les segments de site, destiné à un « public averti » et les sites plus commerciaux. Ainsi, les saisies et les collectes SINTES font apparaître que les « conditionnements commerciaux » des NSP contiennent davantage de molécules différentes que les sachets vendus sur les sites pour « public averti ».

Des analyses réalisées par le Service commun des laboratoires (SCL) sur plusieurs conditionnements commerciaux portant la même appellation ont permis de mettre en évidence des mélanges de 5 cannabinoïdes de synthèses209 différents. En revanche, les analyses faites en 2011 par SINTES sur 16 sachets vendus sur des sites pour « public averti » et portant à chaque fois le nom chimique d’une seule molécule, montraient leurs présences effectives et uniques. Ces premières observations devront être confirmées par d’autres analyses.

Le marché du « deep web »

Le troisième secteur du marché est celui de la vente sur des sites non référencés par les moteurs de recherche. Deux sites de ce type ont été fermés par la DEA (Drug Enforcement Administration) américaine entre l’été 2011 et mars 2012.

La spécificité de ce secteur réside dans son accès limité par le caractère confidentiel de l’accès : les internautes ne peuvent s’y rendre que si l’adresse leur en a été communiquée par un tiers.

Ces sites peuvent servir à de la vente de produits psychoactifs via l’utilisation de monnaie virtuelle. Il est possible d’y trouver des produits classés comme stupéfiants, des médicaments disponibles uniquement sur ordonnance ou des NSP.

D’autres sites de ce type servent à mettre en relation des acheteurs et vendeurs proches géographiquement. Cette tendance semble être marginale car elle demande que l’usager soit inséré dans un réseau de consommateurs et dispose de connaissances informatiques.

Le marché composé de petites annonces

Enfin, l’une des dernières facettes du marché est la vente de produits par petites annonces.

L’OFDT a réalisé courant 2010 un travail de recherche qui portait sur « l’accréditation »210 des informations sur Internet à propos des drogues en général. Le travail a permis de réaliser une

208 Les sites ont été sélectionnés selon la méthodologie du « snapshot », c'est-à-dire le relevé des résultats pertinents sur les 100 premières pages d’un moteur de recherche, suite à une requête avec une combinaison de mots-clés.

209 Les cannabinoïdes de synthèse sont des molécules proches chimiques du delta-9-tetracannabinol.

210 Le terme a ici un sens spécifiquement en lien avec le monde de l’édition. Il désigne le processus par lequel le référencement du site est de plus en plus reconnu et fait preuve d’autorité dans le champ qui le concerne.

typologie des sites en ligne relatifs aux NSP (Delprat 2011) et référencés par les moteurs de recherche. La majeure partie des produits phares du moment est ainsi apparue comme disponible sur des sites de petites annonces, insérées dans des catégories génériques. La plupart des annonces renvoient à des adresses basées en Afrique (Nigéria, Cameroun), parfois en Chine. Des sites d’usagers ont réagi en listant les coordonnées et adresses mails de celles qui s’apparentent à des arnaques.

Les quelques informations qualitatives recueillies sur le comportement d’achat des usagers semblent montrer que peu d’entre eux ont réellement recours à ce mode d’approvisionnement.

La présence persistante et massive des sites de petites annonces toutefois interroge.

Stratégie de communication de la part des vendeurs

Les vendeurs développent des stratégies de communications relativement sophistiquées. Les réseaux sociaux comme Facebook ou YouTube servent d’emplacements publicitaires aux produits ou aux sites. Les moyens de communication type Tweeter sont également utilisés.

Des blogs dédiés à une activité sociale et bénévole de rédaction d’articles, les « webzines », servent à éditer des écrits qui ont une apparence journalistique mais qui informent en fait de la disponibilité d’un produit.

D’autres sites, émanant parfois d’institutions publiques, sont « cannibalisés ». Ce qui signifie que les espaces ouverts à une utilisation publique pour l’édition de vidéos ou d’écrits personnels permettent de faire passer des clips et annonces d’ouverture de sites de vente en ligne.

Enfin, des forums généralistes non spécialisés sur les produits ou bien les plates-formes IRC211 sont également des lieux possibles d’échanges d’informations. Ce mode de communication demande à un utilisateur d’être accepté par les autres personnes qui utilisent le même moyen de communication, avant d’accéder à des informations et les partager.