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Chapitre 1 μ État de l’art

2.3 Les relations HAP-plante-microorganismes

2.3.6 Modélisation du prélèvement des HAP par les plantes

Des facteurs de bioconcentration permettent d’exprimer une concentration observée d’un

Figure 9 - Illustration des voies de transfert des polluants organiques, depuis les phases

solide et liquide d’un sol aux différents organes (racines, tige, feuilles et fruits) de la

plante. Kd = coefficient de partition du polluant entre les phases solide et liquide du sol; RCF = facteur de concentration racinaire; TSCF = facteur de concentration dans le flux

de transpiration; SCF = facteur de concentration dans la tige; BCF = facteur de

bioconcentration sur masse sèche ou fraîche (d'après McKone et al. 2007).

Des modèles existent pour prédire le prélèvement de molécules organiques, tels que les HAP, par les racines en considérant leurs concentrations dans l’eau porale et le facteur de concentration racinaireRoot Concentration Factor » ou RCF) :

[HAP]prédits = [HAP]dissous x RCF (Équation 3).

Dans le cas où la concentration des HAP dans l’eau porale n’est pas mesurée directement, il est possible de l’estimer à partir de la concentration en HAP extractibles et des lois de partage comme proposé par van der Heijden et Jonker (2009) et Gomez-Eyles et al. (2012) :

[HAP]dissous = [HAP] (Équation 4),

Où foc représente la fraction de carbone organique du sol et Koc est estimé d’après la relation de

Nguyen et al. (2005) (Équation 2).

Le RCF permet d’exprimer le ratio de la concentration d’un polluant organique dans les racines fraîches sur la concentration de la molécule dissoute dans le sol :

RCF = L (Équation 5).

Le modèle le plus couramment utilisé pour les molécules organiques non ioniques, tels que les HAP, est celui de Briggs et al. (1982) où :

RCF = 100,77LogKow-1,52+0,82 (Équation 6).

Ce modèle a été établi pour le prélèvement et la translocation de pesticides dans l’orge, et ce, en hydroponie. Ce modèle considère que l’efficacité de transfert augmente avec la solubilité de la molécule dans l’eau. Sa formulation se base donc sur l’hydrophobicité de la molécule, exprimée par le coefficient de partage octanol-eau, le Kow. Les composés ayant un log Kow supérieur à 4, comme la plupart des HAP, ont un potentiel important de rétention par la racine (Wild et Jones 1992b) et présenteraient un RCF élevé du fait d’une forte adsorption à la surface racinaire sans pénétration dans la plante (Briggs et al. 1982). Les composés organiques ayant un log Kow

compris entre 0,5 et 3 pourraient pénétrer plus aisément dans la racine, en empruntant les voies de transports des composés solubles (Figure 8). Toutefois, les facteurs impliqués ainsi que les mécanismes de prélèvement des HAP par les racines restent incertains. De plus, dans cette relation assez ancienne, Briggs et al. (1982, 1983) supposent que l’accessibilité des molécules

testées n’est pas limitée. Le modèle ne considère ni la capacité de rétention d’un milieu tel que le

sol, ni la capacité d’accumulation de la plante, et notamment celle des racines.

Des travaux plus récents relient le prélèvement racinaire à la teneur en lipide (Schwab et al. 1998; Gao et al. 2004; Collins et al. 2010; Kang et al. 2010) et en carbone (Zhang et Zhu 2009; Zhan et al. 2013b) de l’espèce végétale considérée. Le modèle de Zhang et al. (2009) complexifie le modèle réactionnel, en distinguant deux compartiments réactifs dans la racine μ les lipides d’une part et l’ensemble des éléments carbonés de la plante d’autre part. Dans ce cas, le terme glucide comprend la cellulose et l’hémicellulose (présentes dans les parois des cellules végétales), les protéines ainsi que les nutriments. Les HAP ont une affinité plus élevée pour la fraction lipidique que pour celle glucidique. Toutefois, la fraction glucidique ne doit pas être négligée car elle est plus abondante que la fraction lipidique. Ainsi, le modèle de Zhang et al. (2009) considère les fractions lipidique (flip) et carbonée (fch) des racines et les coefficients de partition avec les lipides (Klip) et éléments carbonés (Kch) :

RCF = flip x Klip + fch x Kch (Équation 7),

Avec Log Klip = 1,23 Log Kow– 0,78 et Log Kch = 1,23 Log Kow– 2,42. Dans le cas du maïs, on peut utiliser les valeurs déterminées pour le blé par Li et al. (2005) flip = 1,1 % et fch = 15,3 % (Brennan et al. 2014).

Le facteur de bioconcentration sur masse sècheBioconcentration Factor » ou BCF) est donné par la relation suivante :

Le transfert des polluants aux parties aériennes de la végétation représente un enjeu important

pour la sécurité de l’alimentation humaine et animale. Il s’agit donc d’évaluer la capacité des

polluants à être transloqués dans le système aérien des plantes pour améliorer les prédictions de transfert. La translocation racines-feuille des HAP se ferait via le xylème, avec le flux de sève conditionné par la transpiration de la plante, et dépendrait de la solubilité de la molécule (Gao et al. 2009). En considérant une translocation passive, dirigée par la transpiration, l’efficacité du

transport du composant organique des racines vers les parties aériennes peut être exprimée par le facteur de concentration dans le flux de transpirationTranspiration Stream Concentration Factor » ou TSCF), basé sur la concentration en solution du sol et celle dans le xylème après prélèvement par les racines (Briggs et al. 1982) :

= (Équation 9).

Le coefficient peut être associé au log Kowd’après la relation de Briggs et al. (1982) : TSCF = 0,784 e-(log Kow-1,78)²/2,44 (Équation 10).

Un autre facteur de bioconcentration relie la concentration en solution du sol à celle de la tige, c’est le facteur de concentration dans le système aérien Shoot Concentration Factor » ou SCF) :

= (Équation 11).

De la même façon que pour le prélèvement racinaire, Briggs et al. (1983) a proposé un modèle pour déterminer le SCF :

Toutefois, ces modèles n’incluent pas la capacité de rétention des constituants des vaisseaux de la

plante. La sorption des HAP aux parois cellulaires pourrait être un facteur clef du transport des molécules dans la plante (Zhang et Zhu 2009). Plus la lipophilie du composé est élevée, plus

l’accès au flux transpiratoire est difficile, même s’il existe un équilibre de concentration au

niveau de la racine (Briggs et al. 1983). De même, la capacité de détoxification de la plante n’est

pas prise en considération.