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Chapitre III Implémentation et Résultats

III.1 Analyse Diachronique de la structure spatiale de la ville entre 1956 et 2013

III.1.1 Modélisation de la commune de Monastir en 1956

La médina arabo-musulmane s’organise en fonction des activités résidentielles,

militaires, religieuses et agricoles. Les impasses sont des espaces privatifs dont la fonction est la desserte des maisons d’habitation. Elles donnent sur des rues

principales à fonction résidentielles et commerçante (souks), et convergent vers des places ou se trouvent les monuments religieux (Mosquée, Ribat.)

Durant la période coloniale, la physionomie de la médina n’a pas été sensiblement

transformée : les lignes directrices, l’aspect de la voirie et les impasses sont restées

tel quels. (Harzallah, 1980).

La carte axiale de la ville comporte 673 lignes axiales. Les figures ci-dessous montrent un faisceau de couleurs dégradées allant du bleu au rouge, indiquant respectivement les zones des plus ségréguées aux plus intégrées. A l'issue des analyses configurationnelles qui comprennent les analyses quantitatives comme l'intégration globale (HH) et l'intégration locale (R3), les résultats suivants apparaissent.

La carte axiale de l’ensemble de la ville a été générée par le logiciel Depthmap.

Une fois les propriétés syntaxiques calculées, Depthmap affecte un jeu de couleurs allant du bleu (valeurs basses) au rouge (valeurs élevées), permettant de distinguer les lignes axiales les plus intégrées des plus ségréguées. Afin de relever les propriétés morphologiques de la ville, l'intégration globale semble être une mesure caractéristique pour Monastir, la grille urbaine de la ville étant délimitée. En outre, les autres mesures syntaxiques globales (intégration et choix) et locales (contrôle, connectivité et l'intégration locale) donnent des mesures directes pour définir les réseaux viaires à l'échelle globale et locale, respectivement, et permettent

d’évaluer leur importance dans le tissu urbain d'une ville donnée.

III.1.1.1Accessibilité spatiale globale : L’intégration globale (Rn)

La carte axiale d’intégration générée à partir de la carte d’accessibilité présente

une différentiation chromatique des lignes axiales. Elle montre les résultats de l'analyse de l'intégration globale (HH) à un rayon n. Les valeurs d'intégration

globale varient dans un intervalle compris entre 3.016 comme valeur maximale et 0.942 comme valeur minimale avec une moyenne de 1.967. Dans ce qui suit, nous analysons la ville dans l'ordre hiérarchique des valeurs d'intégration globale

(HH) en allant du noyau le plus intégré et qui se présente en couleur rouge sur la carte axiale, aux zones intégrées (orange) au moins intégrées (jaune) aux zones ségréguées (en nuances de vert) au plus ségréguées (en nuances de bleu). La carte a permis de dégager une première zone centrale fortement intégrée avec

des valeurs élevées (de 3.016 à 2.664). Le cœur de l’ancien centre de la médina

est le noyau d'intégration composé d'une série de lignes axiales dans lesquels la plus longue n’est pas la plus intégrée, et elle est recoupée avec un groupe de passage par des lignes axiales.

Figure 46 : La carte d’intégration globale Rn de la commune de Monastir (1956)

Ce noyau d’intégration de la carte axiale est défini par les 10% de toutes les rues avec des valeurs d’intégration supérieures au reste (Hillier, et al., 1987). Ces segments de rue jouent un rôle spécifique dans le réseau urbain au fur et à mesure qu'ils pénètrent le tissu urbain des deux côtés de la ligne axiale centrale. Il semble également que les rues aux valeurs d'intégration élevées constituent l’axe

qui mène de la nouvelle porte Trabelsiajusqu’à La Grande mosquée de la médina.

(Figure 46).

Le deuxième niveau de l'intégration la plus élevée se trouve à l’intérieur de

la médina. Il représente la zone entre le noyau intégré et le système spatial adjacent de lignes de faible intégration vers les lignes axiales les plus séparées des ruelles impasses le long de la périphérie de la commune.

Les zones séparées comprennent les routes périphériques à la limite des murs

d’enceinte de la médina dans les côtés est et ouest principalement. Nous retrouvons en zones ségréguées, les quartiers de cité E-chkol au sud-est et à l’est. La ségrégation s'accentue dans la partie nord-est de la Médina, principalement

Elrbat Jedid qui constitue l’extension la plus récente de la médina. III.1.1.2Accessibilité spatiale locale : l’intégration globale R3

Cette mesure explore des structurations plus localisées, et vise à identifier

l’émergence des centralités secondaires dans une ville donnée, à savoir les zones

de concentrations des activités économiques et commerciales.

La Figure 47 montre les résultats de l'analyse de l'intégration locale (HH) à un rayon

R3. Les valeurs d'intégration locale varient dans un intervalle compris entre 5.49 comme valeur maximale et 1.1 comme valeur minimale avec une moyenne de 3.33. Les résultats montrent que l'aspect de cette centralité locale est de type linéaire, où nous retrouvons des axes intégrateurs à l'échelle locale. Le centre médinal semble avoir un aspect de centralité en maillage, les axes les plus intégrateurs globalement sont également intégrés localement, dont les valeurs des deux mesures d'intégration globale et locale sont respectivement : l'axe A (2.82, 5.49), B (2.98, 4.75), C (3.01,

4.35) et D (2.66, 4.62). L’analyse relève que les zones limitrophes de la médina, essentiellement l’axe qui donne sur ELBled (la zone détruite actuellement de la Medina) sont exposées à une forte intégration locale et globale (Axe A dans la figure 47).

Figure 47: La carte d’intégration locale R3 de la commune de Monastir (1956)

III.1.1.3Choix Global HH : Rn

L'analyse de la carte axiale des valeurs de choix globaux montre des valeurs de

choix élevées avec une moyenne de 2450,71. Les valeurs de choix montrent que la ville de Monastir a un noyau (Choice Core) qui est un noyau entièrement linéaire et connecté à l’ensemble de la médina. Ce noyau regroupe l’ensemble des activités

économiques et culturelles de la ville arabo-musulmane comme le montre la figure 48 (Huileries, commerces, activités artisanales et Souks...).

La figure montre deux axes (C et D) avec une valeur de choix les plus élevées de

l’ensemble du tissu urbain. L’axe C orienté Nord-est Sud-ouest constitue une rue qui

mène vers l’ancienne partie démolie de la médina en 1961 et vers la grande

Mosquée dans la partie Nord. L’axe D a pour aboutissement la deuxième grande

mosquée de la médina. En effet, cela peut être expliqué par l’organisation de l’urbanisme des Medina arabo-musulmane, où l’on interdit la conception d’une voirie

large, cependant, les espaces publics tels que la Mosquée doivent être desservis par la multiplication de plusieurs voiries, sans pour autant concevoir des places publiques qui sont souvent présentées comme le théâtre privilégié de la manifestation de la crise urbaine (Beyhum & David, 1993).

Figure 48: La carte de Choix global Rn de la commune de Monastir (1956)

III.1.1.4Synergie et Intelligibilité

Enfin, la structure locale du tissu urbain en 1956 (figure 49) montre une valeur moyenne de synergie de 0,528 ce qui dénote une corrélation moyenne entre les différentes valeurs d'intégration.

La synergie mesure la manière dont les rapports dynamiques locaux sont conservés par les dynamiques globales. En effet, les patrons peuvent se « contredire ».

L’effet structurant de la dynamique naturelle sur les activités disparait lorsque les patrons d’intégration, mixtes et clairs au niveau local, sont effacés au niveau global. Les études menées par la Bartlett School of Graduates Studies à Londres sur les quartiers européens de Bruxelles montrent que la synergie est la mesure qui témoigne le mieux de la vitalité et de la stabilité des quartiers, fondée sur une cohésion spatiale claire et confirmée, se manifestant comme un préalable essentiel à la naissance spontané de cohésion sociale.

L’intelligibilité est également représentée sous la forme d’un diagramme

de dispersion, en mettant en corrélation l’intégration spatiale globale

et la connectivité des axes de la carte axiale de la commune en 1956. Une bonne corrélation indique ce que l’on « voit » localement (la connectivité

des espaces singuliers) et donne une information correcte sur la structuration

globale des espaces (ce que l’on ne peut pas observer localement) .De même, les valeurs d'intelligibilité révèlent comment la vieille ville de Monastir, modélisée en 1956, où la valeur moyenne du système est de 0,445, présente un système peu intelligible qui reflète une corrélation moyenne entre la connectivité et Valeurs d'intégration moyenne.

Figure 50 : Diagramme d‘intelligibilité de la commune de Monastir (1956)

En fait, l'intelligibilité peut être définie comme l'intégration de chaque espace dans l'ensemble du système. Cette mesure de second degré montre un système peu

intelligible (R²= 0.445). Cela peut être justifié par la configuration de la médina, qui constitue un espace urbain complexe composé d’impasses pour les habitations, ou tous les commerces s’alignent sur l’axe principal qui mène vers la moquée. Un bon équilibre entre synergie et intelligibilité est fonction de la situation spécifique de chaque période. Un territoire intelligible, sans synergie est un territoire en mutation permanente, sans stabilité, rempli d’affectations qui parasitent à court terme les potentialités et dynamique globales. Par contre, un territoire synergique,

peu intelligible, sera ralenti dans sa croissance par manque de ‘roulement’

dans l’occupation. En effet, le système montre une synergie et une intelligibilité

relativement faibles, issues d’un système d’intégration globale élevée.

III.1.1.5Conclusion partielle : La structure spatiale en 1956

En 1956, le tissu urbain était un modèle type d’un urbanisme arabo-musulman. Ce réseau viaire est constitué principalement par des voies réduites en termes de largeur. Il vise à structurer le territoire en parcelles de manière systématique.

L’activité est quasi restreinte à l’intérieur du mur d’enceinte. Nous pouvons lire les deux variables Rn et R3 sur les figures précédentes (Figures 47 et 48).

L’intégration globale (Rn) montre une hiérarchisation des valeurs : les rangs reliés aux voies principales qui mènent vers la Grande mosquée dominent (Rouge),

soulignant son rôle de « pivot » central ou typique d’une médina. Par ailleurs, les valeurs d’intégration décroissent au fur et à mesure que l’on s’éloigne

de ce centre. Sans surprise, les voies périphériques sont moins intégrées par rapport

à l’ensemble du système à l’étude, et principalement la zone Er-rbat qui présente une zone exclusivement résidentielle. L’intégration locale (R3) révèle l’existence de

quelques sous-parties qui constituent des ‘pôles’ secondaires, en particulier dans

la zone limitrophe nord-ouest de la médina. Les diagrammes de synergie montrent un système cohérent et bien organisé dans l’ensemble selon un modèle type

de mono-centre.