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Chapitre III Implémentation et Résultats

III.1 Analyse Diachronique de la structure spatiale de la ville entre 1956 et 2013

III.1.2 Modélisation de la commune de Monastir en 1975

Le président Habib Bourguiba, étant natif de la ville de Monastir, a voulu réaliser une cité toute dédiée à sa gloire (Belkhodja 1998, 33). En 1961, il confie à Cacoub

Monastir de son empreinte, réalisant non seulement le plan d’aménagement

de la cité (1961-1963), mais aussi une multitude d’édifices publics: le marché central (1959), un stade couvert (1960), la nouvelle municipalité (1960), la délégation du Gouvernorat (1960), un collège de garçons (1961), le palais des congrès (1965), le mausolée des martyrs (1965), le mausolée de Bourguiba (1971), la maison du parti (1971), etc. Pour l’aménagement de la ville, il prévoit des transformations

très importantes de la médina. Quasiment au milieu de la cité, il réalise un vaste

aménagement urbain : en étoile, cinq percées rayonnant autour d’un rond-point. La réalisation des différents projets de Cacoub à Monastir fait dire à l’architecte que

la « mutation de cette charmante cité du Sahel en grande station balnéaire moderne. est réalisée» (Cacoub O.C. et asociées et SCET Tunisie,Mohamed V, 1974, p. 12) Pour Bourguiba et son architecte, médinas et Tunisie moderne ne sont pas

conciliables sans un certain nombre de transformations urbaines. Il s’agit

non seulement d’adapter les villes anciennes aux nouvelles exigences

et aux usages d’une société qui a connu des mutations importantes, mais aussi, et peut-être surtout, de les rendre compatibles avec une certaine vision.

Depuis 1956, les transformations subies par Monastir sont profondes et rapides. La ville historique a éclaté sous l’effet d’une rénovation brutale : de nouveaux quartiers se sont édifiés au Sud de la médina, et en direction de résidence estivale ;

la population s’est gonflée rapidement au fur et à mesure que les activités urbaines se diversifiaient (Harzallah, 1982). En 1956, la médina de Monastir concentrait 80% des habitants de la ville. Les opérations de réaménagement ont touché les zones

d’habitation et le quartier EL Bled (1033m) et partiellement autour d’Ed Djebbana

(60m), trois portes historiques. Le grand cimetière musulman a été totalement transformés ; plusieurs tombeaux ont été détruit ou transféré en un autre endroit du

cimetière. La destruction des logements s’est souvent accompagnée du transfert de la population dans de nouveaux quartiers construits dans la périphérie de Monastir.

Un nouveau centre administratif, construit sur les ruines d’El Bled, d’une partie d’El Jebbana et des zones périphériques situées au Sud de la Medina comporte le siège du gouvernorat, le palais des sciences, la mairie des postes et le tribunal. Ces zones périphériques représentent un aspect inachevé en 1980 : les équipements commerciaux, sociaux et culturels et notamment des espaces

résidentielles. ‘Leurs relation avec le centreest médiocre’ (Harzallah, 1982).

Depuis 1956, les transformations subies par Monastir sont profondes et rapides. La ville historique a éclaté sous l’effet d’une rénovation brutale : de nouveaux

quartiers se sont édifiés au Sud de la médina, et en direction de résidence estivale ;

la population s’est gonflée rapidement au fur et à mesure que les activités urbaines

se diversifiaient (Harzallah, 1982). Un nouveau centre administratif, construit sur les

ruines d’El Bled, d’une partie d’El Jebbana et des zones périphériques situées au Sud de la Medina comporte le siège du gouvernorat, le palais des sciences, la mairie des postes et le tribunal. Ces zones périphériques représentent un aspect inachevé en 1980 : les équipements commerciaux, sociaux et culturels et notamment des

espaces résidentielles. ‘Leurs relation avec le centre est médiocre’ (Harzallah, 1982).

Nous nous intéressons dans ce chapitre à la modélisation de la commune de Monastir en 1975 afin de cerner le développement de la ville après de projet de restructuration de la ville et l’aménagement d’un nouveau centre qui comporte l’ensemble des équipements de la ville. L’objectif consiste à faire un diagnostic de

l’état urbain après ce projet d’aménagement alliant l’urbanisme arabo-musulman et rationnel (cités nouvelles).

III.1.2.1 Accessibilité spatiale globale : L’intégration globale Rn

La carte axiale d’intégration générée à partir de la carte d’accessibilité officielle

présente une différentiation chromatique des lignes. Les valeurs d'intégration globale varient dans un intervalle compris entre 3.164 comme valeur maximale et 0.802 comme valeur minimale avec une moyenne de 1.914. Dans ce qui suit, nous analysons la ville dans l'ordre hiérarchique des valeurs d'intégration globale

(HH) en allant du noyau le plus intégré et qui se présente en couleur rouge sur la carte axiale, aux zones intégrées (orange) au moins intégrées (jaune) aux zones ségréguées (en nuances de vert) au plus ségréguées (en nuances de bleu).

La carte a permis de dégager une première zone centrale fortement intégrée avec

des valeurs élevées (de 3.164 à 2.813) au niveau de l’axe limitrophe de la médina

du côté sud. On constate une intégration globale élevée au niveau de la rue qui séparé la médina des nouveaux zones aménagées (Axe A dans la figure 51).

L’axe B qui relie la médina à la nouvelle zone aménagée, comportant l’ensemble

des équipements de la ville, présente à son tour une valeur d’intégration élevé (Rn

Figure 51 : La carte d’intégration globale Rn de la commune de Monastir (1975)

La médina est composée d'une série de lignes axiales dans lesquelles la plus longue

n’est pas la plus intégrée, et elle est recoupée avec un groupe de passage par

des lignes axiales. L’axe le plus intégré au sein de la médina correspond à la Rue Trabelsia (Axe C dans la figure 51) objet de l’intervention urbaine, en effet, cet axe fut élargi en 1963 et devient l’axe le plus intégré de la médina.

Ces segments de rues adjacentes aux rues principales à l’intérieur de l’enceinte

jouent un rôle spécifique dans le réseau urbain au fur et à mesure qu'ils pénètrent le tissu urbain des deux côtés de la ligne axiale centrale. Il semble également que la rue aux valeurs d'intégration élevées constitue la rue qui mène de la nouvelle

porte Trabelsia jusqu’à La Grande mosquée de la médina, ainsi que les rues et

les impasses qui lui sont adjacents.

Les zones nouvellement aménagées (Cité Ech-chkol, cité El-Nour, cité El-Ons et cité Essaada) constituent des valeurs d’intégration relativement moyennes. Elles se situent dans la partie Sud de la médina. Dans des structures orthogonales, ces nouveaux espaces ont des valeurs qui présentent dans leurs périphéries avec la médina des valeurs d’intégration élevées (figure 51).

Enfin, les valeurs d’intégration de la grande partie démolie (El-Bled) ont diminué au

niveau de l’échelle globale et elle est devenue peu intégrée par rapport au système

urbain de l’ensemble de la commune avec les nouvelles extensions.

Dans la carte d’intégration globale, la ‘compétition’ entre la médina, en tant qu’uncentre originel de la ville’ et les nouvelles parties du côté Nord se polarise de

manière assez caractéristique : l’ancien noyau se situe plutôt à gauche de la ligne

de régression de la centralité globale, et les nouvelles zones se situent au Sud. Toutefois, le nouveau centre se trouve en continuité avec le noyau médinal.

III.1.2.2Accessibilité spatiale locale : L’intégration locale R3

Cette mesure explore des structurations plus localisées, et vise à identifier

l’émergence des centralités secondaires dans une ville donnée, à savoir les zones

de concentrations des activités économiques et commerciales.

La figure 52 montre les résultats de l'analyse de l'intégration locale HH à un rayon

R3. Les valeurs d'intégration locale varient dans un intervalle compris entre 5.41 comme valeur maximale et 0.33 comme valeur minimale avec une moyenne de 3.16.

Nous constatons tout d’abord une diminution légère de la connectivité locale du essentiellement à l’extension urbaine de la ville. Les résultats montrent que

l'aspect de cette centralité locale est de type linéaire, où l’on retrouve des axes intégrateurs à l'échelle locale qui sont limitrophes à la médina du côté Nord-Ouest. Cette zone relativement nouvelle semble avoir un aspect de centralité locale en maillage, les axes les plus intégrateurs globalement sont également intégrés localement, dont les valeurs des deux mesures d'intégration globale et locale sont respectivement : l'axe A (2.93, 5.19), B (2.62, 5.28) et C (2.70, 3.98).

L’analyse relève la zone détruite actuellement de la Medina qui avait une forte intégration locale et globale en 1956 perd considérablement son attractivité avec le réaménagement de nouveaux équipements. On constate que cette zone n’est

plus intégrée dans l’ensemble médinal. Cet espace se situe hors de la dynamique

local/global et est donc de nature à diminuer ou affaiblir l’effet de centralité dans

la ville.

III.1.2.3Choix Global HH : Rn

L'analyse de la carte axiale montre des valeurs de choix Rn élevées avec une moyenne de 2997,79. Les valeurs de choix augmentent légèrement en

moyenne par rapport à l’autre carte de 1956. Néanmoins, on remarque que le tissu

urbain ne dispose plus d’un noyau de choix clair comme l’était la configuration

précédente. En effet, la médina a perdu relativement son importance en terme

qu’un noyau autour duquel se regroupaient toutes les activités culturelles et économiques.

L’axe A limitrophe à la médina présente une valeur de choix de 5229. Même si cette

valeur semble être moyenne par rapport à l’ensemble, on constate une amélioration par rapport à sa valeur en 1956. L’axe B présente la valeur de choix la plus élevée du tissu urbain : 102398. Cet axe représente la rue qui relie la médina au nouveau centre réaménagé. En effet, la connectivitéentre ces deux ‘centres’ est assurée par

cet axe.

L’analyse des valeurs syntaxiques du choix nous a permet de constater en premier lieu que les valeurs les plus enlevés de choix sont attribuées au nouveau centre

d’équipements aménagé en 1961. La cité Chkol, caractérisée par des valeurs

du point de vue des flux de piétons. Le centre médinal, est en train de perdre progressivement son importance au niveau de ce flux. Cela peut être justifié par le fait que les équipements les plus importants de la ville ont été déplacés vers le nouveau centre et que la fonction résidentielle devient la fonction dominante de la médina.

Figure 53 : La carte de Choix global Rn de la commune de Monastir (1975)

III.1.2.4Synergie et Intelligibilité

La configuration de 1975 montre une valeur élevée de synergie de 0,73 ce qui dénote une bonne corrélation entre les valeurs d'intégration globales et d'intégration

locales. La synergie a augmenté considérablement entre 1956 et 1975. Ce qui entraine une augmentation de la dynamique urbaine au sein de la ville. Dans des ensembles variés, qui comportent des tracés anciens de type médina et des tracés

orthogonaux issus de l’urbanisme colonial, il est en effet courant de trouver

Figure 54 : Diagramme de Synergie de la commune de Monastir (1975)

Le nouveau centre présente un bon niveau de synergie, inferieur à celle de la médina, mais beaucoup plus élevé par rapport aux autre zones aménagées. Les zones nouvelles demeurent relativement isolées et présentent des valeurs de

synergie faible par rapport à la moyenne de la ville.

Figure 55 : Diagramme d‘intelligibilité de la commune de Monastir (1975)

Cette mesure de second degré montre un système peu intelligible (R= 0.486), ce qui

implique que la navigation n’est pas facile dans le système urbain due à la croissance urbaine de la ville, soit par l’opération de réaménagement de la ville

ou la croissance démographique, Néanmoins, la moyenne d’intelligibilité globale

n’a pas changé entre 1956 et 1975. En effet, l’intelligibilité de l’ancien centre est relativement en régression ainsi que celle du nouveau centre d’équipement

en cours de construction devient en plus importante à l’échelle de la ville.

III.1.2.5Conclusion partielle : La structure spatiale en 1975

Entre 1956 et 1975, un projet d’aménagement de la ville fut élaboré. Ce parcours

de restructuration traverse la médina d’est en ouest avec une destruction d’unepartie de son mur d’enceinte. Sa logique s’impose à une échelle plus grande que celle de la médina, avec la création d’un nouveau centre d’équipement dans

la zone Nord-Est de la ville. L’impact de ce nouveau centre semble marquant par rapport à l’intégration globale (Rn), puisqu’il remet en cause l’importance

de la médina comme le centre le plus important de la commune. L’intégration locale

(R3) montre toutefois que le nouveau centre dans sa section hautement « connectée » (sa liaison avec la médina) devient là un axe d’intégration locale

élevé. En outre, le système montre une synergie élevée ce qui implique une centralité ‘effective’ et une intelligibilité relativement faible, issu d’un système

d’intégration globale élevée ce qui implique une croissance ralentie par le manque de roulement dans l’occupation explicité dans le dernier chapitre par le phénomène de l’économie de mouvement.