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Modèles basés sur le modèle d’Hollerbach

2.2 Modélisation oscillatoire de l’écriture

2.2.2 Modèles basés sur le modèle d’Hollerbach

Les travaux d’Hollerbach permirent à d’autres d’aller plus loin dans cette voie. Singer et Tishby proposèrent un encodage discret des paramètres d’Hollerbach [Singer et Tishby,

1994]. Stettiner et Chazan [1994] suivis par Chen, Agazzi, et Suen [1997] tentèrent quant- à-eux d’améliorer le modèle d’Hollerbach en essayant de contourner ce qui leur semblait être une de ses insuffisances majeures : la dépendance des paramètres du modèle aux points d’annulation des profils de vitesse.

2.2.2.1 Encodage dynamique de l’écriture manuscrite

En 1994, Singer et Tishby [1994] proposèrent un moyen d’encoder l’écriture de manière discrète. Leur encodage permet une réduction par 100 fois du nombre de bits utilisés par rapport à l’encodage initial (positions échantillonnées à temps constant).

Nous allons décrire les étape présentées par Singer et Tishby permettant de passer de l’écriture à un encodage discret de l’écriture. Ils s’appuient sur les équations suivantes :

˙

x = ax(t) sin(ωx(t)t + φ(t)) + c

˙

y = by(t) sin(ωy(t)t)

(2.23)

La principale différence, par rapport aux equations 2.18, est l’absence de phase en y. φ représente donc la différence de phase entre les deux oscillateurs.

Correction de l’orientation de l’écriture L’écriture étant échantillonnée sans con- traindre le scripteur, il se peut que l’écriture ne soit pas droite. L’angle α de cette dérive, permettant par rotation de corriger la pente de l’écriture, est évaluée par une méthode d’estimation statistique [Wald, 1940]. L’ensemble des points xi et yi du signal est divisé

aléatoirement en ensembles de paires {(x2i, y2i), (x2i+1, y2i+1)}. L’estimateur de tan α, ˆW

satisfait alors ˆW =

P

ky2k+1−y2k P

kx2k+1−x2k.

Compensation de pente Ensuite il faut corriger l’inclinaison de l’écriture. Si on note ˜˙

x la vitesse en x après correction de pente, on peut exprimer la vitesse horizontale sous cette forme : ˙x = ˜˙x + A(t) ˙y. Si on suppose A constant alors on peut estimer A par

ˆ A = PN t=1x ˙˙y PN t=1y ˙˙y

, où N est le nombre de points échantillonnés. Malheureusement, pour certains scripteurs, cette hypothèse n’est pas vérifiée, il faut donc estimer la pente localement comme ceci : ˆA(t0) =

PN

t=1x ˙˙yH(t0−t) PN

t=1y ˙˙yH(t0−t)

où H est une fenêtre de Hanning de largeur 5 cycles de ˙y. Finalement, on obtient ˜˙x par ˜˙x(t) = ˙x(t) − ˆA(t) ˙y(t). La figure 2.12a montre un exemple de ce procédé.

Estimation de c Supposé constant par Hollerbach, c est estimé ici par ˆc = N1 PN

i=1x(i).˙

L’hypothèse de la constance de c peut être vérifiée en estimant c sur une fenêtre glissante. De plus, ˙x et ˙y sont divisés par ˆc à des fins de normalisation.

Estimation de ax, ax, ωx et ωy Les paramètres sont constants entre deux points consé-

cutifs d’annulation de la vitesse. Les vitesses angulaires ωx et ωy sont calculées pour cor- respondre au temps entre deux zéros de vitesse consécutifs.

Notons tx/yi les ie zéros de la vitesse horizontale/verticale, et Lx/y

i la progression ho-

(a) Effet de la compensation de pente sur l’écriture. (b) Exemple des positions verticales en fonction du temps : elles semblent ajustées autour de 5 niveaux.

Figure 2.12 – Images empruntées à Singer et Tishby [1994] par : Z tx/yi+1 tx/yi ˆ ax/ysin π

tx/yi+1− tx/yi (t − t

x/y i )

!

dt = Lx/yi ⇒ ˆax/y=

Lx/yi π 2(tx/yi+1− tx/yi )

(2.24)

Discrétisation des amplitudes Tout d’abord, les amplitudes horizontales et verticales sont supposées indépendantes.

En ce qui concerne la vitesse verticale, on remarque que les amplitudes sont quantifiées selon 5 niveaux (voir figure2.12b) satisfaisant certaines contraintes de symétrie (voir Singer et Tishby [1994] pour plus de détails). On note H1,...,H5 ces niveaux et L(t) les niveaux réellement observés. Par ailleurs, on suppose que les niveaux réels sont distribués selon une loi normale centrée en ces niveaux et de variance σ (identique pour tous les niveaux) : L(t) = HIt+ ξ, ξ ∼ N (0, σ). It est une indicatrice qui au t

e zéro associe l’index du niveau

(1, 2, 3, 4 ou 5). On cherche donc à estimer {Hi, σ} avec les données d’observations qui

sont incomplètes (on ne connait pas les It). Nous sommes dans le cas d’une situation d’estimation par maximum de vraisemblance avec données incomplètes. Cela se résout par l’algorithme d’espérance-maximisation [Dempster, Laird, et Rubin, 1977].

Dans le cas de la vitesse horizontale, selon les auteurs, il y a trois types de lettres, fines (i), normales (n) et grosses (o). Cependant il nous semble difficile de différencier i et n, puisqu’une série de "i" symétrisée par rapport à l’axe des x donne une série de "n".

Discrétisation de la phase et de la vitesse angulaire On peut utiliser la phase θ =R0tω(t)dt pour reparamétriser les équations 2.23:

dx dθ = ax(θ) sin(ω(θ + φ(θ)) + c  dt dθ  dx dθ = by(t) sin(θ) (2.25) en supposant ωx ≈ ωy = ω.∆

Singer et Tishby ont remarqué que la phase relative φ prenait valeur dans {±π2, 0}. Par ailleurs, ils ont remarqué que l’on pouvait supposer ω constant. Finalement en corrigeant les amplitudes on obtient une paramétrisation discrète de l’écriture : φ(θ) ∈ {−π2, 0,π2}, ax(θ) ∈ {a1x, a2x, a3x} et ay(θ) ∈ {a1y, a2y, a3y, a4y, a5y}.

2.2.2.2 Modèle oscillatoire à paramètres non constants par morceaux

Selon Stettiner et Chazan [1994], l’approche de Singer et Tishby, utilisant les points de vitesse nulle comme points de changement de paramètres, est problématique pour modéliser statistiquement les paramètres car une même lettre a plusieurs représentations possibles (en particulier en ce qui concerne l’ordonnancement des zéros de vitesses).

Dans leur modèle, s’inspirant de Plamondon et Lamarche [1986], offrant une vision systémique, les vitesses ˆV sont définies comme suit :

ˆ Vx/y(t) = A p1 − ζ(t)2 sin  ω(t)p1 − ζ(t)2t + φexp (ζ(t)ω(t)) (2.26)

où A est le facteur de gain, φ une phase relative fixe, ζ est le coefficient d’amortissement et ω la fréquence propre du système. Tous les paramètres sont continus et changent à intervalles réguliers. Dans ces intervalles, les paramètres sont supposés varier linéairement. Les paramètres sont donc des fonctions affines par morceaux.

Leur but étant de modéliser statistiquement les paramètres, ils ont besoin d’extraire les paramètres de traces réelles. A partir de ce modèle ils définissent le problème d’opti- misation non-linéaire suivant. On définit P le nombre d’intervalles sur lesquels sont basés les paramètres, θ la suite des paramètres est définie par

θ = (A, φ, (ζ(p), ω(p)), p = 1...P ) , (2.27) et le modèle du profil de vitesse :

V = ˆV + v (2.28)

où v est le vecteur erreur. La trace est alors modélisée par : S = Z V = Z  ˆV + v = ˜V (θ) + ˜v. (2.29) On cherche alors θ au sens des moindres carrés :

ˆ

θ = M in

θ (v

Tv) (2.30)

Ce problème peut être traité avec la Méthode de Newton Modifiée (Modified Newton Method, MNM, présentée par Luenberger et Ye [2008]).

Les auteurs proposent ensuite d’utiliser les paramètres extraits par le modèle afin de créer un modèle statistique de l’écriture. Les lettres sont représentées par des distributions à densités mélangées de gaussiennes (Multivariate Mixture Gaussian). Cette représentation leur a permis de faire de la reconnaissance de caractères pour : pour 4 scripteurs et 26 lettres, 99.4% de réussite sur la reconnaissance de caractère et 100% de réussite sur la reconnaissance du scripteur.

Allant encore plus loin dans la relaxation des contraintes imposées sur les paramètres de l’écriture et cherchant à réduire la quantité d’information nécessaire au codage de l’écri- ture, Chen et al. [1997] ont proposé d’utiliser des intervalles à taille variable plutôt qu’à taille constante comme intervalles associés aux paramètres, affines sur ces intervalles (un exemple est montré en figure 2.13a). Selon eux, dans le modèle de Stettiner et Chazan [1994], le fait que la taille des intervalles doive être déterminée de manière empirique (non systématique) est problématique. De plus, il n’y a aucune raison que la taille des segments de l’écriture, ainsi que les instants de changements abruptes de variation de paramètres, soient nécessairement répartis de manière uniforme.

Reprenant les notations précédentes, on note le signal d’erreur (équivalent à v) :

E(t) = V (t) − ˆV (t). (2.31)

Dans ce modèle, la taille de chaque intervalle est déterminée algorithmiquement (par un algorithme de recherche binaire) en même temps que l’estimation des paramètres. Au début un petit bout de trajectoire est utilisé comme intervalle initial. Son erreur E(t) est calculée. Si cette erreur est inférieure à un seuil s, la taille de l’intervalle est augmentée et l’erreur est de nouveau calculée. Si l’erreur E(t) est plus petite que s, la taille de l’intervalle est réduite jusqu’à ce que l’on trouve t0tel que E(t0) ≤ s et E(t0+ 1) > s. La taille du premier

intervalle est alors déterminée, et on recommence avec un nouvel intervalle sur la suite de la trajectoire.

Pour accélérer ce processus d’optimisation (ie. le calcul de E(t)), basé sur la méthode de Powell [Powell, 1962; Fletcher et Powell, 1963], il est supposé que l’espace des para- mètres est borné. La figure 2.13b montre un exemple de trace reconstruite en utilisant les paramètres extraits par l’algorithme précédent : seuls deux intervalles sont nécessaires pour modéliser un "d".

(a) La fonction ω exprimée en fonction du temps est affine par morceaux. Les intervalles sont de tailles variables et déterminés alogrithmiquement.

(b) Comparaison entre un "d" original et un "d" reconstruit en utilisant les paramètres extraits par l’algorithme : seuls deux intervalles sont nécessaires.

POMH

3.1

Le modèle POMH

Contrairement au modèle d’Hollerbach, le modèle POMH est symétrique. En effet, comme nous l’avons vu, dans le modèle d’Hollerbach, les changements de paramètres, supposés constants par morceaux, interviennent tous aux moments d’annulation de la vitesse verti- cale. A l’inverse, pour POMH, les paramètre liés à l’oscillation verticale (resp. horizontale) changent aux moments d’annulation de la vitesse verticale (resp. horizontale). Cette sy- métrie permet, entre autre, de fournir une méthode heuristique, directe et peu coûteuse, d’extraction de paramètres depuis des traces réelles.