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IV. UTILISATION DES PROBIOTIQUES EN SANTE HUMAINE

2. Probiotiques et infections hivernales

2.3. Modèles d’étude chez l’homme

Les épidémies de grippe saisonnières sont particulièrement graves chez les personnes

âgées. De plus, du fait du déclin du fonctionnement de leurs systèmes immunitaires, ces

personnes répondent moins bien aux vaccins par rapport aux adultes et aux enfants.

Nous présenterons dans cette partie quelques études cliniques visant à montrer les

bienfaits des probiotiques sur les infections hivernales. Une première étude concerne la

souche L. casei DN 114-001 testée lors de deux saisons hivernales successives et incluant plus

de 300 personnes âgées volontaires ayant reçu un produit fermenté avec la souche citée (2

bouteilles de 100 g/jour) ou du lait acidifié non fermenté comme placebo. La première étude

pilote a été menée avec 44 sujets pour le groupe probiotique et 42 sujets pour le groupe

62

placebo. Ces sujets ont reçu le produit probiotique ou le placebo 4 semaines avant la

vaccination avec du Mutagrip et 3 semaines plus tard. La deuxième étude confirmatrice a été

menée avec 113 sujets pour le groupe probiotique et 109 sujets pour le groupe placebo. Pour

cette étude, les sujets ont reçu le produit probiotique ou le placebo 4 semaines avant la

vaccination avec du Vaxigrip et 9 semaines plus tard. Les vaccins utilisés sont différents entre

les deux études, de façon à pouvoir inclure dans la deuxième étude les souches de virus

identifiées à la saison hivernale précédente. Dans les deux études, les vaccins contenaient le

virus atténué H1N1 (souche commune aux deux vaccins) et deux souches différentes de

H3N2 et B. Ces études sont aléatoires (le patient recevait au hasard le placebo ou le produit

probiotique), multicentriques (réalisées dans différents centres) et réalisées en double aveugle

(le médecin et le patient ne savaient pas qui recevait le placebo ou le produit probiotique).

La première étude pilote a montré que les titres en Ac grippe spécifiques, la

séroprotection et la séroconversion en réponse à la vaccination étaient plus importantes mais

non significatives statistiquement chez les volontaires ayant consommé le produit probiotique

en comparaison au produit placebo au bout de 3 semaines post vaccination. Les résultats de

cette étude pilote ont été jugés encourageants et ont mené à l’étude de confirmation avec un

nombre de sujets et une durée de consommation du produit probiotique (post vaccination)

plus importants. Cette deuxième étude a confirmé les effets positifs de la prise du produit

probiotique puisque les titres des Ac contre les 3 souches de vaccins ont été augmentés dans

le groupe probiotique comparé au groupe contrôle après 3 et 9 semaines post vaccination. La

prise de probiotique étant de 9 semaines après la vaccination, l’augmentation en titres des Ac

correspond donc à la prise du produit probiotique qui contribue au maintien élevé des Ac

après la vaccination. L’effet bénéfique du produit probiotique est confirmé par les analyses de

séroprotection et séroconversion. Cet effet est aussi dépendant de la souche de virus, puisque

les résultats sont plus prononcés pour les souches H3N2 et B virales (Boge, Remigy et al.

2009).

D’autres souches commercialisées telles que la souche L. rhamnosus LGG et la souche

L. johnsonii La1 ont fait l’objet d’études cliniques, toujours dans le cadre des infections

respiratoires. Elles ont été respectivement testées chez des enfants sains fréquentant des

centres de soin de jour et chez des personnes âgées hospitalisées. Les études étaient aléatoires,

multicentriques et réalisées en double aveugle. L’étude avec la souche LGG a été menée

pendant 7 mois durant lesquels les enfants ont consommé du lait contenant ou non la souche

LGG à une dose de 5x10

5

UFC/ml. Les résultats ont montré une diminution de 17 % de

63

l’incidence d’infections respiratoires avec complications chez les enfants ayant consommé le

produit probiotique. (Hatakka, Savilahti et al. 2001). Une consommation de 12 semaines de

la souche La1 à une dose de 1x10

9

UFC/90g, a contribué à diminuer la durée des infections

respiratoires chez les personnes âgées, en renforçant leurs défenses immunitaires (Fukushima,

Miyaguchi et al. 2007).

Une autre étude a été menée sur 50 adultes sains vaccinés (25 sujets pour le groupe

placebo et 25 pour le groupe probiotique). Ils ont reçu soit des capsules de méthyl-cellulose

soit des capsules contenant 1x10

10

UFC de L. fermentum CECT5716 pendant 28 jours avec

une vaccination au bout de 14 jours. Le vaccin contenant un mélange des souches H1N1,

H3N2 et B. Après les 2 semaines de vaccination, les chercheurs ont noté une augmentation

des LT auxiliaires et des LT cytotoxiques chez les sujets des 2 groupes. Ils n’ont pas noté

d’augmentation du nombre de cellules NK dans le groupe placebo, mais la consommation

journalière du produit probiotique a induit l’augmentation significative des cellules NK 14

jours après la vaccination. Des mesures de cytokines dans le sang ont été réalisées et les

résultats ont montré que i) la vaccination n’induisait pas de production d’IL-12 dans le sérum,

mais 2 semaines après la prise du probiotique, une augmentation non significative d’IL-12 est

observée, ii) la vaccination induit une augmentation du taux de TNF- dans les 2 groupes

mais la prise de probiotique induit plus fortement cette augmentation et iii) pour les cytokines

IL-10 et IFN- , pas de différence significative entre les 2 groupes, mais une tendance à la

production d’INF- dans le groupe probiotique a été notée (Olivares, Diaz-Ropero et al.

2007).

Trois souches probiotiques L. gasseri PA 16/8, B. longum SP 07/3 et B. bifidum MF

20/5 figurant dans le produit Bion3 ont fait l’objet d’une étude clinique visant à évaluer l’effet

de ces souches sur les infections du tractus respiratoire. Cette étude a été menée sur 479

volontaires sains sur deux saisons hivernales (respectivement 242 et 237 participants). Les

souches ont été testées à une dose de 5x10

7

UFC/capsule. Ces capsules contenaient en plus

des vitamines et des minéraux, et le placebo ne contenait que les vitamines et minéraux. Les

deux produits ont été consommés par les volontaires durant 14 jours en absence de prise

d’autres produits probiotiques. La prise du produit probiotique a eu pour effet de diminuer la

durée moyenne d’épisodes infectieux de 2 jours en moyenne en comparaison avec le groupe

placebo et de réduire la sévérité des symptômes. Il a aussi été noté une augmentation chez les

volontaires ayant consommé le produit probiotique du nombre de LT (CD8

+

) cytotoxiques

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dénombrés dans le sang ; mais cet effet ne peut être attribué aux souches probiotiques

seulement, vu que les capsules contenaient des vitamines et des minéraux qui pourraient avoir

des effets immuno-stimulants (de Vrese, Winkler et al. 2006).