3.2.1 Présentation et hypothèses
Ce modèle s’inscrit dans la ligne des modèles de différenciation verticale pure
développés par e.g. Mussa et Rosen(1978),Gabszewicz et Thisse(1979),Shaked
et Sutton (1982),Motta (1993), Wauthy (1996). Les biens vendus sur le marché
diffèrent suivant des caractéristiques de telle sorte que les consommateurs ont
des préférences homogènes sur ces denières. Les consommateurs ont cependant
des dispositions à payer hétérogènes pour ces caractéristiques.
Nous considérons un marché de produits différenciés verticalement dans lequel
deux firmes, notées i = 1,2, offrent à un ensemble de consommateurs deux
produits de qualités environnementales distinctes s
1et s
2. Ces deux produits
sont vendus respectivement aux prix p
1etp
2. Par définitions
1< s
2, avec s
1la
basse qualité et s
2la haute qualité.
Pour simplifier nous supposons que les coûts variables de production sont
nuls, en revanche offrir une qualité environnementale génère des coûts de
déve-loppement qui augmentent avec la qualité. Nous supposons, en particulier, qu’il
existe une qualité minimale s, pouvant e.g. être ,définie par un standard de
qua-lite minimale, tel qu’offrir une qualité supérieure à ce standard génère un coût
3.2. Le modèle 47
fixe de dévelopement C(s) défini par :
C(s) =
1 2(s
2−s
2) si s > s
0 sinon
(3.1)
Nous pouvons noter que la production de la qualité minimales ne génère pas de
coût fixe. Nous supposons que ce coût a déjà été investi et équivaut àC(s) =
12s
2ou alors que la firme productrice de la qualité minimale bénéficie gratuitement
de la technologie développée par d’autres firmes (due e.g. à des spillovers) et n’a
pas besoin d’un investissement pour le développement de cette qualité.
Nous considèrons un continuum de consommateurs dont les préférences sont
décrites dansMussa et Rosen(1978). Les consommateurs sont différenciés suivant
leur goût pour la qualité θ. θ est uniformément distribuée sur l’interval [0,1] (la
densité est égale à 1 ainsi que la masse de la population). Chaque consommateur
achète une unité indivisible des deux biens. Comme dansCremer et Thisse(1999),
l’utilité des consommateurs est définie par la fonction d’utilité suivante :
U(θ, p, s) = θs+γθS
a−p (3.2)
quand le consommateur achète une unité du produit de qualités au prix p.
Le terme γθS
adéfinit une l’externalité positive associée avec la qualité
envi-ronementale moyenne consommée s
a, où l’intensité de l’externalité est mesurée
par le paramètre strictement positif γ. Ce dernier est constant sur toute la
po-pulation des consommateurs.
3Lorsque γ = 0, alors l’utilité de ce consommateur
est seulement affectée par la qualité environnementale qu’il consomme
indivi-duellement. Ce consommateur ne se préoccupe que de sa contribution
environ-nementale personnelle et non de celle des autres. Dans le cas où γ > 0, pour
3. Sans perte de généralité, nous pourions considérer une externalité négative donnée par
γ(s−sa), avec s l’intensité de l’émission de pollution du produit et sa l’effort moyen de la firme dans la réduction de cette émission (voir Lombardini-Riipinen(2005)).
48 Chapitre3. Labellisation par un certificateur privé
un consommateur donné, cela implique que le choix du reste de la population
de consommateurs impacte et détermine son bien-être, même pour des
consom-mateurs qui ne consomment aucun des deux biens. Ainsi tout consommateur a
une utilité de reserve de γθS
a. Comme le comportement individuel n’affecte pas
la qualité moyenne, l’externalité n’affecte pas le choix de chaque consommateur.
L’externalité n’impacte pas la décision des consommateurs sur l’arbitrage entre
acheter à une des deux firmes présentes sur le marché ou leur décision entre
ache-ter et ne pas acheache-ter. Elle n’a aucun effet sur l’équilibre de duopole (voirCremer
et Thisse (1999)). En revanche, dans la mesure où l’externalité entre dans
l’uti-lité individuelle des consommateurs, elle ne peut pas être considérée constante
dans l’évaluation du bien-être social, et plus précisément dans l’évaluation des
politiques publiques.
Comme décrit parDarby et Karni (1973), les biens offerts par les firmes
s’ap-parentent à des biens de confiance, les consommateurs ne peuvent pas évaluer
leur qualité (caractéristiques) ni avant et ni après les avoir achetés et consommés.
D’où la nécessité de la présence d’un organisme tiers pour offrir aux
consom-mateurs les informations sur la qualité des biens par le biais d’un label. Nous
supposons ici que lorsqu’un produit est certifié par un label, les consommateurs
savent avec certitude que la qualité du produit satisfait le standard de qualité du
label.
4Sans label, les consommateurs savent que les firmes n’ont pas d’incitation
à offrir une qualité supérieure à la qualité minimale, ils éspèrent alors acheter
cette dernière.
Dans le mesure où une firme qui s’auto-certifie pose un problème de confiance
et de crédibilité, nous suppose que les firmes ne peuvent pas certifier leurs propres
produits.
5La certification relève de la compétence des certificateurs externes.
4. Remarquons que, différemment deLizzeri(1999), le certificateur a une seule politique de révélation de l’information : il certifie seulement si un produit rencontre ou non le standard du label. En outre, et contrairement à Mahenc (2009), nous supposerons que le certificateur est honnête.