• Aucun résultat trouvé

3.7 Conclusion

Cette présente analyse est une contribution à la littérature économique sur les

labels écologiques. Nous développons un modèle de duopole avec différenciation

verticale tel que les consommateurs ont une disposition à payer positive pour

les biens dont la production respecte l’environnement, et où chaque

consomma-teur est affecté par une externalité positive provenant de la consommation de

l’ensemble des consommateurs. Nous suppons qu’il existe une asymétrie

d’infor-mation sur la qualité des produits entre consommateurs et firmes. Étant donné

que les consommateurs ne sont pas en mesure de vérifier la qualité

environne-mentale des biens, une firme désirant valoriser la qualité environneenvironne-mentale de ses

produits doit nécessairement certifier la qualité de sa production par un

certifi-cateur externe. Contrairement à la littérature économique sur les labels, notre

analyse se concentre sur les certificateurs privés à but lucratif.

Dans cette analyse nous montrons que pour un certificateur privé à but

lu-cratif, le choix du standard de certification dépend de qui détermine les frais de

certification : le certificateur ou les firmes.

17

En d’autres termes, le choix du

stan-dard de certification dépend du pouvoir de négociation des firmes. Sans pouvoir

de négociation des firmes, le certificateur détermine les frais de certifications, les

firmes acceptent ou refusent. Si elles acceptent elles pourront adopter le label.

Avec pouvoir de négociation des firmes, les firmes agissent comme un duopsone

et font des offres aux certificateurs sur les frais de certification. Seules les offres

acceptées donneront lieu à une adoption au label.

Sans pouvoir de négociation des firmes, le standard de certification est le

même que si la firme s’autocertifiait. En effet, il est choisi tel qu’il maximise le

profit de la firme certifiée net du coût de certification. Avec pouvoir de négociation

des firmes, le certificateur propose un niveau de certification inférieur. Ce résultat,

78 Chapitre3. Labellisation par un certificateur privé

nouveau dans la littérature est dû au fait que le certificateur ne peut pas extraire

toute la rente liée à la certification de la firme labellisée. Il laisse à la firme son

profit de réserve correspondant au profit d’une firme non labéllisée. Ceci implique

notamment qu’une fois les frais de certification réglés au certificateur, les firmes

ont le même niveau de profit qu’elles adoptent ou non le label.

Nous montrons également que le standard offert par le certificateur privé reste

toujours inférieur à celui socialement optimal, même lorsque les firmes n’ont

pas de pouvoir de négotiation.

18

Ainsi, nous nous sommes demandés si cette

distorsion pouvait être réduite par des politiques publiques. Ainsi, nous avons

analysé les effets de plusieurs politiques de régulation publique sur le niveau

de qualité des biens échangés, ainsi que sur le bien-être social. Nous montrons

notamment que ces effets sont modifiés par la présence de pouvoir de négociation

des firmes.

Nous montrons qu’une subvention du produit labellisé peut avoir des effets

différents suivant que le frais de certification sont imposés par le certificateur ou

proposés par les firmes au certificateur. Sans pouvoir de négociation des firmes,

une subvention augmente le niveau de standard du certificateur privé le bien-être

social. Avec pouvoir de négociation des firmes, une subvention identique diminue

la qualité environnementale ce qui a un effet direct négatif sur le bien-être social.

Ce résultat s’avère inattendu, car on s’attendait à ce que la subvention du produit

labellisé conduise à une augmentation du niveau de qualité environnementale du

certificateur privé et à un accroissement du bien-être social sans ambiguïté.

Une taxe unitaire sur le produit non labellisé conduit à une diminution du

niveau de qualité environnementale, ansi qu’à une réduction du bien-être social,

et ceci que les firmes aient ou non du pouvoir de négociation. Un tel résultat

montre que les effets d’une taxe unitaire sur la qualité sont plus importants que

les effets "standards" de la taxe sur les prix et la demande.

3.7. Conclusion 79

Comme dans le cas de la subvention, l’effet de la taxe ad-valorem dépend

de l’existence ou non du pouvoir de négociation des firmes. Sans pouvoir de

né-gociation, la taxe n’a aucun effet sur le standard de certification, alors qu’avec

pouvoir de négociation la taxe conduit à une augmentation de la qualité

en-vironnementale et à une amélioration du bien-être social. Remarquons que des

trois politiques de taxation/subvention considérées, seule la taxe ad-valorem ne

conduit jamais à un niveau de standard inférieur. Entre les deux taxes notre

analyse est clairement en faveur d’une taxe ad-valorem et rejette une taxe par

unité.

Enfin, nous mettons en évidence un environnement où l’introduction d’un

label public peut n’avoir aucun effet sur le standard de certification. Le seul

effet que ce label peut avoir c’est de transférer une partie du gain du label du

certificateur vers la firme certifiée, dans le cas uniquement où cette dernière n’a

pas de pouvoir de négociation.

80 Chapitre3. Labellisation par un certificateur privé