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2 Chapitre 1 : Modélisation de la gestion de la matière organique en systèmes agro-sylvo-pastoraux

2.5 Modèle d’action

2.5.1 Calendrier et ajustement des dates de début et de fin des activités agricoles

Dans les trois terroirs étudiés, l’essentiel des cultures sont pluviales. Le calendrier des activités agricoles, représenté en Figure 14, s’ajuste chaque année. La préparation des champs se fait surtout en SSF. Elle comprend l’épandage du fumier dans les champs et le nettoyage de ces champs pour faciliter le passage des semoirs. Plus le fumier est abondant plus tôt son épandage intervient. Le début de la SP est une période de travail intense, les travaux s’organisent selon un système de règles donnant priorité aux cultures vivrières (céréales) et aux champs de case (proches des habitations) pour sécuriser l’alimentation du ménage. Le semis des céréales se réalise avant le début des pluies sur décision d’un comité villageois L’arachide et cultures en association telles que le niébé sont semées aux premières pluies. Un re-semis peut être nécessaire en cas de précipitations trop espacées dans le temps au début de la SP. Les cultures sont matures à partir de fin septembre, selon la précocité des variétés (ex. mil à cycle court de 90 jours versus à cycle long de 120 jours). Les variétés de niébé précoces sont récoltées au cours de la SP, à la période de soudure pour l’alimentation humaine. Plus les stocks d’aliments sont faibles en début de SP, plus tôt les ménages récoltent les cultures secondaires pour une consommation en frais. Les dates de récolte des cultures sont fortement dépendantes de la pluviométrie de la SP en cours.

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Figure 14. Calendrier des activités agricoles et ajustement des dates de début et de fin des activités

Les parties en noir correspondent aux périodes de pleine activité et les parties en dégradés de gris correspondent aux périodes de mises en route et finalisation des activités, variables selon la pluviométrie de l’année en cours ou précédente

Les troupeaux conduits en extensif sont mobiles dans tout le terroir mais limités aux jachères et parcours durant la SP. En début de SSC, la finalisation des récoltes déclenche le pâturage des résidus de culture par les troupeaux (vaine pâture). Dès lors, les troupeaux ont accès à l’ensemble du terroir, les animaux pâturent la journée et sont parqués dans les champs de case la nuit. En SSF les ressources fourragères sont limitées et les animaux parcourent des distances plus importantes dans le terroir pour s’alimenter. Plus la productivité végétale du terroir est basse (cas d’années sèches notamment) et plus tôt les animaux sont complémentés avec les résidus de culture stockés (pailles de céréales et fanes de légumineuses) et plus tôt les arbres fourragers sont émondés (principalement Faidherbia albida). Une partie des animaux est transhumante et généralement présente dans le terroir uniquement pendant la période de vaine pâture. La durée de la vaine pâture est proportionnelle à l’abondance des pluies. Concernant l’élevage intensif, les cycles d’engraissement sont relativement fixes, ils correspondent à des périodes de 3 à 4 mois basées sur l’offre et la demande. La demande en bovin engraissés est fortement saisonnée, elle est forte en SSF et en tout début de SP. La demande en ovins engraissés est fortement dépendante des dates des fêtes religieuses.

2.5.2 Conséquences des ajustements sur l’importance des flux de biomasses

La variabilité de la pluviométrie impacte la production végétale naturelle et cultivée. Une année pluvieuse permettra de produire davantage de ressources végétales qu’une année sèche, ce qui impacte les flux. L’alimentation des troupeaux mobilisant des quantités importantes de biomasses locales, on compare ici qualitativement, pour les deux types de ménage orientés élevage, les différences de flux entre une année pluvieuse et une année sèche (cf. Figure 15).

Pour le type VE, pratiquant l’élevage extensif, l’alimentation animale est essentiellement basée sur les ressources locales. Lors d’une année pluvieuse les flux transitent davantage par le compartiment « sol-plante » que lors d’une année sèche. Lors d’une année pluvieuse, la production végétale est suffisante pour couvrir, au moins la majorité des besoins humains et animaux de l’année. Les parcelles du ménage participent à l’alimentation des autres troupeaux du terroir, tout en bénéficiant de leurs excrétas. Le grenier peut présenter des surplus qui sont vendus ou stockés pour l’année suivante (dans la perspective d’une éventuelle année sèche). Dans le cas d’une année sèche, l’alimentation des animaux sur parcours est réduite. La production est déficitaire et les bilans annuels « entrées-sorties » au niveau des greniers sont nuls à négatifs. Bien qu’une partie des animaux parte en transhumance plus tôt à la recherche de parcours plus dotés en végétation, les ménages sont davantage contraints de complémenter leurs animaux avec les pailles stockées. De même pour l’alimentation de leur famille, les ménages sont contraints d’importer davantage qu’en année pluvieuse.

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Pour le type de ménage RE, l’alimentation des animaux à l’embouche est basée sur l’usage de pailles et de fanes stockées et d’aliments concentrés achetés sur le marché, quelle que soit la pluviométrie. Une année pluvieuse génère davantage de surplus et donc de ventes et de revenus provenant des cultures de rente qu’une année sèche. La disponibilité en fourrages et en trésorerie permet d’investir dans des lots d’animaux plus importants à l’embouche sans acheter davantage de fourrages. Inversement une année sèche conduit à moins d’animaux à l’embouche. Dans les deux systèmes, et particulièrement dans le système VE, une année pluvieuse se traduit par une production plus importante de déjections animales et de fumier. Par conséquent les champs sont généralement fertilisés plus abondamment les SSF qui suivent une SP plus pluvieuse.

Pour les ménages orientés culture (VC et RC), on retrouve la même tendance d’augmentation des imports dans le cas d’une année sèche, toutefois ce chargement est moins marqué étant donné que les activités de culture sont moins dépendantes des biomasses locales (uniquement fumier et déjections) que les activités d’élevage.

Figure 15. Impacts d’une année pluvieuse (gauche) et une sèche (droite) sur les modèles stock-flux des ménages Exemple pour deux types de ménages orientés élevage : un vivrier (haut) et un rentier (bas)

2.5.3 Utilisation d’arbres de décision

Le modèle de décision est formalisé par des arbres de décisions correspondant à des règles conditionnelles « si-alors-sinon » qui définissent, en fonction d’indicateurs divers, les opérations techniques à effectuer chaque jour, ainsi que leur nature, i.e. les quantités de matière à déplacer, les stocks sources et cibles. Ce type de représentation est valable pour les activités de culture (épandage, semis, récolte), d’élevage (alimentation, parcage, achat/vente d’animaux) et de consommation humaine (alimentation, consommation de combustibles). Ici on prend l’exemple de l’activité d’alimentation des animaux, la distribution de fourrages plus précisément. Un arbre décisionnel commun aux deux types d’élevage a été construit (Figure 16). Deux indicateurs sont pris en compte : le besoin en complémentation fourragère des animaux (Q1) et le niveau des stocks de fourrages (Q2). Pour les animaux conduits en extensif, le besoin Q1 est estimé en fonction de la disponibilité des fourrages à la vaine pâture (résidus de culture au champ) et au pâturage (fourrage sur pied dans les jachères et dans les

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parcours). Plus cette disponibilité est élevée plus Q1 est faible. Pour les animaux en embouche les besoins évoluent essentiellement en fonction de l’état d’engraissement de l’animal. Si le besoin n’est pas nul, différentes options sont possibles pour l’éleveur. Si le stock est suffisant, l’éleveur puise dedans. Sinon, différentes opérations techniques sont menées, selon le type d’élevage. Les éleveurs peuvent émonder les arbres pour complémenter leurs animaux conduits en extensifs. Ils n’échangent ou n’achètent des fourrages qu’en cas d’extrême nécessité. Les ménages pratiquant l’embouche ont davantage de trésorerie pour acheter des fourrages, ce qui est la pratique la plus courante, en cas de stock Q2 insuffisants.

Plus tôt le stock de fourrage est vidé (ex. suite à une année sèche, le stock est moins rempli que lors d’une année pluvieuse), plus tôt les opérations d’émondage des arbres et d’import d’aliments (échange ou achat) auront lieu. Le calendrier des différentes opérations s’adapte donc implicitement.

Figure 16. Arbre de décision pour le choix de l'origine et de la quantité Q de fourrages apportés aux animaux