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a) Présentation du MMPI-2.

Le MMPI : Minnesota Multiphasic Personality Inventory, a été créé en 1943 par Hathaway et McKinley. Ces derniers ne se sont pas appuyés sur des théories de la personnalité pour construire leur test, mais leur démarche était plutôt pragmatique, le but étant de repérer les différents troubles psychiatriques. Ils se sont basés sur des études de cas, sur des comptes rendus et entretiens cliniques, sur des observations pour formuler un millier d'items. Pour sélectionner les plus pertinents, ils les ont proposés à un groupe contrôle et à un groupe psychiatrique. Les items différenciant ces deux groupes ont été retenus pour faire partie du questionnaire et ont été une nouvelle fois testés par deux nouveaux groupes. C'est ainsi que sont apparues, dans le MMPI, les échelles cliniques, les échelles de validité et celles de contenu.

En 1989, Butcher, Dahlstrom, Graham, Tellegen et Kaemmer ont révisé ce test et proposent une nouvelle version : le MMPI-2. Plusieurs critiques, récapitulées par Groth-Marnat (1997), ont montré la nécessité de modifier le questionnaire. Ces critiques

portaient sur les items, sur l'échantillon et sur les normes de référence. Le but de Butcher et al. (1989) a donc été de garder la structure initiale tout en supprimant des items inutiles et en reformulant les autres. Ils ont également testé le questionnaire sur un échantillon normatif large et plus représentatif de la population. Ils ont créé des normes pour différencier chaque problème clinique les uns des autres. Ils se sont assurés de l'intérêt de chaque item et échelle et ont proposé des échelles inédites pour une interprétation la plus fine possible. Le MMPI-2 rencontre un réel succès ; il est utilisé dans le monde entier, en particulier dans les recherches anglo-saxonnes.

Le MMPI-2 est une série de 567 questions visant à estimer les caractéristiques psychopathologiques d'une personne telles que l'anxiété, la timidité ou bien encore la dépression. Les items sont classés selon six types d'échelles : 10 échelles cliniques, 7 échelles de validité, 15 échelles de contenu, 28 sous échelles Harris-Lingoes et des échelles supplémentaires. Les 10 échelles cliniques sont : Hypocondrie (1-Hs), Dépression (2-D), Hystérie (3-Hy), Déviation psychopathique (4-Pd), Masculinité-Féminité (5-Mf), Paranoïa (6-Pa), Psychasthénie (7-Pt), Schizophrénie (8-Sc), Hypomanie (9-Ma) et Introversion sociale (0-Si). Les échelles cliniques 3-Hy et 7-Pt sont caractéristiques de la névrose.

Greene (2000), Friedman, Lewak, Nichols et Webb (2001), Graham (2006) mettent en garde sur l'appellation des échelles cliniques car les noms originaux ont été conservés. L'échelle 3-Hy évalue donc l'hystérie telle qu'elle était vue par Hathaway et McKinley en 1943. Or nous avons vu précédemment que le concept d'hystérie avait beaucoup évolué.

b) Les caractéristiques de l'hystérie au MMPI-2.

L'échelle 3-Hy se compose de 60 items (13V et 47F). Les items sont par exemple :

« Je ressens souvent un état de faiblesse générale. » (175-V), ou bien encore « Au cours de ces dernières années ma santé a été généralement bonne. » (141-F). Ils peuvent être répartis selon deux catégories : il y a les items faisant référence aux symptômes et plaintes somatiques et ceux qui reflètent l'image que la personne a d'elle-même : une personne sociable, répondant aux valeurs de la société. Pour Wiener (1948), la première catégorie est l'échelle évidente de l'hystérie tandis que la deuxième catégorie est l'échelle subtile de l'hystérie.

Le contenu de l'échelle 3-Hy étant hétérogène, il est nécessaire, en cas de score élevé, d'analyser les sous-échelles proposées par Harris et Lingoes (1955), pour une meilleure interprétation. Il en existe cinq, décrites par leurs auteurs de la façon suivante :

– Hy1 : Dénégation de l'anxiété sociale : Un score élevé à cette sous-échelle décrit un sujet extraverti, à l'aise dans les relations sociales et peu influencé par les normes sociales. Cette échelle donne donc une idée sur le caractère introverti ou extraverti d'une personne. Les sujets obtenant un score élevé à cette sous-échelle demandent attention, recherchent approbation et affection, dans leurs interactions sociales (Nichols, & Greene, 1995).

– Hy2 : Besoin d'affection : L'obtention d'un score élevé à cette sous-échelle dévoile un sujet demandant beaucoup d'affection et craignant que ce besoin reste inassouvi. Ce sujet, optimiste vis-à-vis d'autrui, perçoit tout le monde comme honnête, sensible et dénie ses propres sentiments négatifs,

– Hy3 : Lassitude-Malaise : Un score élevé révèle un sentiment de faiblesse, de fatigabilité, de tristesse, d'insatisfaction et de difficulté à se concentrer.

– Hy4 : Plaintes somatiques : Un haut score à cette sous-échelle indique que le sujet décrit diverses plaintes somatiques.

– Hy5 : Inhibition de l'agressivité : Un score élevé à Hy5 décrit un sujet investi dans ses relations et mettant en place des mécanismes de dénégation de l'agressivité et de la colère.

Le score T obtenu à l'échelle 3-Hy est considéré dans la norme de l'échantillonnage s'il se situe dans l'intervalle des scores allant de 50 à 65. Au-delà, ce score sera considéré comme élevé et le sujet comme présentant des traits hystériques. L'analyse des scores obtenus aux différentes sous-échelles de Harris et Lingoes permet une interprétation plus profonde et de savoir quelle composante de l'hystérie est la plus présente ou alors d'être prudent sur l'éventuel diagnostic d'hystérie.

L'échelle clinique 3-Hy permet d'évaluer des états de détresse ou de dysfonctionnement. Ainsi, un score élevé à cette échelle révèle une tendance à avoir des réactions dites hystériques face au stress, une tendance à réagir au stress et à l'anxiété par le biais de plaintes somatiques, ces plaintes ayant pour objectif de provoquer et rechercher affection et approbation d'autrui (Castro, 2006). Castro (2006), remarquant que la demande affective est évaluée, fait le lien entre un score élevé à l'échelle 3-Hy et les caractéristiques de la personnalité histrionique et ajoute qu'un score élevé à l'échelle 3-Hy est souvent associé à des scores élevés aux échelles 1-Hs et 2-D.

Friedman, Lewak, Nichols et Webb, en 2001, avancent que l'échelle 3-Hy permet d'estimer la disposition d'une personne à se défendre contre la souffrance, la douleur, en déniant son existence ou en transférant l'attention de celle-ci vers quelque chose de meilleur.

Pour eux, cette échelle est représentative de la névrose. Un score élevé à cette échelle permet de rejeter toute hypothèse diagnostique d'un trouble psychotique, notamment lorsque ce score fait partie des deux scores les plus élevés des échelles cliniques de base du profil.

Pour Graham (2006), l'échelle 3-Hy permet d'identifier les sujets présentant des comportements hystériques lors de situation de stress. Il décrit 28 caractéristiques se retrouvant chez les sujets obtenant un score élevé à cette échelle : une partie de ces caractéristiques concerne les plaintes somatiques, les divers maux, la santé..., une autre concerne le déni, l'évitement de tout type de problèmes ou de situations désagréables, une dernière partie des critères fait référence au caractère infantile, optimiste et naïf des sujets hystériques dans leur relation à autrui.

En 2000, Greene18 propose une interprétation des différents niveaux de scores obtenus à l'échelle 3-Hy. Il décrit les personnes obtenant un score élevé sur l'échelle 3-Hy comme crédules, influençables, superficielles, immatures, naïves, optimistes dans leurs relations interpersonnelles et ayant peu conscience de leurs comportements ou de ceux d'autrui. Greene ajoute qu’ils perçoivent tout le monde comme honnête, demandent beaucoup d'attention, rejettent toute forme d'agressivité ou de conflit, craignent la douleur, sont assez extravertis et rentrent facilement en contact avec les autres, sans pour autant que les relations soient profondes, ces personnes étant égocentriques et manquant d'empathie. Leurs émotions seraient extrêmement labiles. Enfin, ce sont des personnes qui interagiront beaucoup avec le psychologue faisant passer le MMPI-2. A' l'inverse, les personnes ayant obtenu un faible score sont timides, seules, présentent peu d'intérêts pour une activité quelconque, ont le sentiment d'avoir une vie difficile, sont remplies d'amertume. Ces personnes auraient peu de défenses et seraient rapidement démunies face à un environnement difficile.

D’autres échelles du MMPI-2 peuvent aussi étayer l’hypothèse de névrose hystérique. Un score élevé à l’échelle 1-Hs d’hypocondrie révélant des préoccupations somatiques et des scores élevés aux sous-échelles D2 : Ralentissement psychomoteur, et D3 : Dysfonctionnement physique, ne seraient pas étonnant et pourraient être mis en lien avec les préoccupations somatiques et la somatisation, présentes chez les hystériques.

Comme vu précédemment, une tendance à la dépression, causée la plupart par du temps par des déceptions relationnelles, peut s’observer dans les manifestations hystériques.

Ainsi, des scores élevés aux échelles 7-Pt de psychasthénie et 2-D de dépression pourraient apparaitre, notamment à la sous-échelle de Harris-Lingoes D1 : Dépression subjective. Les troubles de la conscience et de la vigilance, quant à eux, pourraient être révélés par un score élevé à la sous-échelle de Harris-Lingoes D4 : Obtusion mentale.

La crainte de ne pas plaire, l’accordance portée au regard d’autrui, l’importance donnée au relationnel, peuvent se retrouver notamment dans les scores obtenus aux sous-échelles D5 : Rumination, Pd1 : Conflits familiaux, Pd4 : Aliénation sociale, et Sc1 : Aliénation sociale. Les scores obtenus à l’échelle 6-Pa de paranoïa et ses sous-échelles peuvent également donner des indications sur le style relationnel, ces scores pouvant témoigner d’une sensibilité et méfiance par rapport à autrui, d’un sentiment d’infériorité, d’un manque d’affection ressenti ou encore d’un sentiment de manque de compréhension de sa famille.

Bien que l’échelle clinique 5-Mf : Masculin-féminin soit critiquable, du fait qu’elle ait été créée en considérant l’homosexualité comme une perversion, le score obtenu peut toutefois donner un indice sur l’identification aux rôles sexuels, peut révéler, ou non, des inquiétudes liées à des problématiques d’identification sexuelle.

Le théâtralisme, l’exagération, la volonté d’attirer l’attention, peuvent être mis en parallèle avec une certaine extraversion, mesurable avec les échelles 9-Ma d’hypomanie et 0-Si d’introversion sociale.

Concernant les échelles de validité, un score en dehors des normes de l’échantillonnage aux échelles L : Lie et/ou K : Correction scale, peut révéler le besoin de se montrer sous un jour favorable pour plaire à autrui, une tentative d’attirer l’attention ou bien encore la tendance à l’exagération observable chez les personnes hystériques.

Nous pouvons également nous attendre à des scores supérieurs aux normes de l’échantillonnage aux échelles de contenu suivantes : ANX : Anxiété, DEP : Dépression, HEA : Health pour les préoccupations somatiques, LES pour l’estime de soi basse expliquant le besoin de réassurance et FAM : Problèmes familiaux.

Il en est de même aux échelles supplémentaires suivantes : A : Anxiété, Do : Domination et Re : Responsabilité. Plus les scores sont élevés aux échelles Do et Re et plus les sujets fonctionnent bien socialement, moins ils sont timides, plus ils sont chaleureux….

III – La procédure et l'exploitation des données.