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C’est à partir de notre quatrième guide présenté ci-après que nous avons conduit nos deux derniers entretiens (annexes C et D). Ils serviront de base avec le premier entretien (annexe B) à l’analyse de notre sujet de mémoire.

Guide d’entretien n°4

Consigne initiale : « Vous avez changé d’environnement de travail dans un même établissement, pouvez-vous me raconter comment ça s’est passé ? »

« Je suis là pour vous écouter, pour comprendre votre histoire. Je vous poserai un minimum de questions pour vous aider à développer vos propos ».

« Nous aborderons tous les changements d’environnement de travail que vous avez connus ». Guide thématique (série des thèmes à explorer au cours de l’entretien).

LE PRECEDENT ENVIRONNEMENT DE TRAVAIL

Espace physique : description de l’environnement proche (dimensions, confort, …), de

l’environnement autour (zones officielles/espaces informels, …), partage de l’espace,

interventions (déplacements des meubles …), distances avec les autres services, la direction,

accès aux différents lieux.

Espace social : interactions avec les collègues, la hiérarchie, l’extérieur, l’organisation collective, le partage des lieux (position hiérarchique, sociale, pouvoir), seuil (spatial, social

et symbolique).

Espace mental : ressenti, vécu, intimité (regard des autres, personnes intervenant dans

l’environnement de travail proche, distinction de son espace par rapport à celui des autres).

Travail : réalisation dans l’espace imparti, organisation, marges de manœuvre entre le

travail prescrit et le travail réel.

Départ : raisons (choix/obligation, changement de travail), circonstances (annonce, …), vécu de la séparation avec les collègues, l’espace physique.

Temps passé dans le précédent environnement de travail.

LA TRANSITION

Déplacement : ressenti, organisation.

Projection mentale dans le nouvel environnement : attentes au niveau de l’espace

physique, des relations sociales, du travail.

Durée de la transition.

L’ARRIVEE

Hospitalité : collègues, hiérarchie.

Environnement de travail proche : pourquoi ce lieu, premières impressions, vis-à-vis des attentes de la personne.

Environnement de travail alentour : premières impressions, vis-à-vis des attentes de la

personne.

Actions : sur l’environnement de travail proche ou sur les alentours.

Interactions interpersonnelles : collègues, hiérarchie.

L’INSTALLATION DANS LE NOUVEL ENVIRONNEMENT DE TRAVAIL

Espace physique : description de l’environnement proche (dimensions, confort,

déplacement…), de l’environnement autour (zones officielles/espaces informels, déplacements…), partage de l’espace, interventions (déplacements des meubles …),

distances avec les autres services, la direction, accès aux différents lieux, vis-à-vis des attentes du sujet.

Espace social : interactions avec les collègues, la hiérarchie, l’extérieur, organisation collective, partage des lieux (position hiérarchique, sociale, pouvoir), seuil (spatial, social et

Espace mental : ressenti, vécu, intimité (regard des autres, …), attentes (espace

objet/espace représenté) personnes intervenant dans l’environnement de travail proche,

distinction de son espace par rapport à celui des autres, vis-à-vis des attentes.

Travail : réalisation dans l’espace imparti, organisation, marges de manœuvre entre le

travail prescrit et le travail réel, changements par rapport à l’ancien poste (collègues, hiérarchie, implication organisationnelle, vie privée, contrôle perçu…), vis-à-vis des attentes du sujet.

Temps passé dans le nouvel environnement de travail.

Si vous connaissez des personnes qui ont souffert d’un changement d’environnement de travail, pourriez-vous m’en faire part ?

Afin de conduire au mieux nos entretiens de recherche, nous nous sommes appuyés sur plusieurs éléments61 : le contrat de communication, la consigne de départ, la prise de notes, les modes d’intervention, la durée et l’issue de l’entretien. Comme nous avons déjà abordé certains éléments dans le premier point de cette partie, nous ne les détaillerons pas tous. En ce qui concerne le contrat de communication, nous avons sélectionné des personnes que nous connaissions déjà afin de faciliter notre première approche de l’entretien. Notre intention est aussi de rencontrer des personnes répondant à des critères différents : homme/femme, d’âges différents, en début/fin de carrière professionnelle, cadre/non-cadre, en entreprise publique/privée. Nous pensons que la diversité des variables est susceptible de jouer sur les réponses. Ceci nous paraît d’autant plus important que le nombre des entretiens est très limité.

Nous avons choisi de personnaliser la consigne de départ : « pouvez-vous me raconter comment » s’est passé votre changement d’environnement de travail. En procédant ainsi nous avons évité l’écueil de notre premier entretien (annexe B) où nous avions enclenché un mécanisme de questions-réponses dans lequel le sujet n’a pas pu s’ouvrir à ses ressentis. La personnalisation de la consigne a été facilitée par le fait que nous connaissions les personnes interviewées. Elles étaient déjà en confiance et qu’il s’agisse de Marie (annexe C) ou d’Olivier (annexe D), elles sont allées plus loin dans leurs propos que nous l’envisagions. C’est ainsi que Marie nous a fait part de son inquiétude face à un futur changement d’environnement de travail et qu’Olivier n’a pas hésité à exprimer avec franchise les difficultés qu’il rencontre dans l’exercice de sa mission. A la fin de l’entretien nous avons élargi notre question de départ afin de consigner d’autres situations où les personnes interviewées avaient été témoins de la souffrance de collègues. Pour chacun des entretiens, nous avons annoncé oralement que nous souhaitions aussi recueillir leur témoignage sur ces situations : « Si vous connaissez des personnes qui ont souffert d’un changement d’environnement de travail, pourriez-vous m’en faire part ? ». Comme cela avait été le cas pour le séminaire du master Ingénierie de la Formation de Formateurs du 25 janvier 2020 (annexe A) où les participants avaient exposé spontanément des cas de souffrance, Marie et Olivier nous ont également relaté d’autres cas.

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Durant l’entretien, le guide d’entretien nous a permis de rayer les points abordés au fur et à mesure, d’en souligner d’autres qu’il faudrait revoir. En effet comme nous avons laissé libre cours à la réflexion de notre interlocuteur, nous avons eu besoin qu’il explicite plus tel ou tel sujet. Nous sommes d’ailleurs étonnés que lors des deux entretiens les personnes ont abordé d’elles-mêmes une grande partie des thématiques que nous souhaitions évoquer.

En définitive, nous avons pu mettre en pratique notre intention de départ : poser peu de questions et utiliser la relance comme mode d’intervention. Maintenant, si nous relisons nos deux entretiens, nous pouvons regarder si spontanément, du fait que nous n’avions aucune expérience, nous avons utilisé un panel varié de relances. Notre idée ici étant d’améliorer notre technique d’interview pour de prochains entretiens. Blanchet dénombre six types de relances qui peuvent être représentées ainsi.62

Déclaratif Interrogatif Réitératif Réfléchit une attitude ou un sentiment implicite Demande une réflexion sur l’attitude ou les sentiments Reformule une attitude ou un sentiment implicite

Réflexif sur les sentiments REFLEXIF Réfléchit un contenu implicite Demande un approfondissement du contenu Reformule un contenu explicite Réflexif sur le contenu REFLEXIF

Complémente Demande une

explication

Anticipe sur la suite du discours

Déductif EXPRESSIF

Donne son point de vue sur la question

Demande une

précision

Répète ce qui vient d’être dit

Incitatif EXPRESSIF Prend position sur un thème nouveau Demande le développement d’un thème nouveau Relance sur un thème nouveau Thématique THEMATIQUE

Acquiesce S’étonne Ponctue APPROBATIF

Pour citer Vilatte (2019), la relance est « certainement l’intervention la plus appropriée pour un entretien. Il s’agit d’une sorte de paraphrase plus ou moins déductive et plus ou moins

fidèle qui est une intervention subordonnée, s’inscrivant dans la thématique développée par l’interviewé. Il s’agit de reprendre ce qui a été dit antérieurement par l’interviewé. La relance s’inscrit, se coule, dans la narration de l’interviewé. La relance ne définit pas les thèmes à évoquer, elle s’inscrit dans le déroulement des énoncés de l’interviewé comme un fragment de contenus subordonnés à ce dernier. C’est un acte réactif, elle tend à favoriser une rétroaction de l’interviewé sur son propre discours, qui l’amène à expliciter davantage sa pensée et à développer le fragment de discours mis en question (contesté) indirectement par l’intervention ». Si nous reprenons l’entretien avec Marie (annexe C), nous avons utilisé le plus souvent le mode interrogatif avec ses quatre registres : réflexif sur les sentiments et le contenu, expressif en demandant une explication ou une précision, thématique et approbatif. En second lieu, nous avons un peu moins eu recours aux relances réitératives, essentiellement de façon incitative, en répétant ce qui venait d’être dit, et thématique, en relançant sur un thème nouveau. Pour cette interview, nous avons très peu utilisé le mode déclaratif sauf pour se positionner sur un nouveau thème ou acquiescer. Cela n’est pas forcément dû à un manque d’initiative de notre part. En effet, nous avons souhaité privilégier l’écoute de la personne sans, par exemple donner notre point de vue sur la question. Néanmoins, nous sentons bien que nous ne sommes pas encore capables d’être dans les registres réflexif et expressif. En effet, il nous est encore difficile de réfléchir sur l’implicite (attitude, sentiment, contenu) en même temps que d’écouter notre interlocuteur. L’implicite étant important à prendre en compte pour notre sujet, ce point reste à travailler.

Pour conclure, nous nous rendons compte qu’il ne peut s’agir de rechercher la diversité à tout prix, les relances sont propres à chaque entretien, en fonction du sujet et de l’interlocuteur. Qu’il s’agisse de l’entretien avec Marie ou de celui avec Olivier (annexe D), nous nous sommes attachés à ne pas couper les silences, à « ne pas faire des relances inappropriées coupant ainsi l’émergence de propos authentiques »63

.

Nous allons maintenant aborder dans la dernière partie de notre mémoire l’analyse de notre sujet à partir des apports théoriques de la première partie et des apports cliniques des entretiens avec Antoine, Marie et Olivier. Avant de débuter l’analyse, faisons connaissance avec eux.