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2.3 Projet de mise en conservation d’un chronographe à l’Observatoire de Besançon

2.3.2 Mise en en place du projet

A ce stade du développement du projet, il importait que la suite des opérations se déroule de façon logique. Nous devions mettre en place une infrastructure de travail adaptée à notre problématique (la « plateforme de travail »), ce qui impliquait que je devais réaliser une étude préliminaire sur l’objet ou les objets sur lesquels nous allions travailler, ce qui impliquait que le choix de ce ou ces objets ait été fait par l’Observatoire.

Le choix de trois objets qui a été fait par François VERNOTTE et Edith BURGEY révèle les critères suivants : la représentativité des objets de l’activité de l’Observatoire de Besançon dans sa spécificité de mesure chronométrique et de détermination de l’Heure, la représentativité de la collection d’objets historiques inventoriés et le potentiel éducatif de démonstration.

Ces trois objets sont des chronographes, c’est-à-dire des instruments permettant d’inscrire l’heure sur un support, en l’occurrence du papier. Ils correspondent aux critères énoncés ci-dessus pour les raisons suivantes :

Ils sont représentatifs de l’activité spécifique de l’Observatoire de Besançon dans la mesure où ce sont des instruments à mesurer le temps. Ceci ne signifie nullement que les autres observatoires en France et dans le monde n’aient pas utilisé des chronographes, bien au contraire, mais surtout qu’à Besançon, leur utilisation était particulièrement importante. Ils sont représentatifs de la collection d’objets historiques inventoriés car les experts de l’Inventaire général chargés de leur inventorisation ont souligné, lors de cette opération, le fait que l ‘Observatoire de Besançon possède une chronologie relativement complète de ce type d’appareils.

Leur potentiel éducatif en matière de démonstration est évident, dans la mesure où les chronographes permettent de reproduire de façon visible le résultat d’observations de phénomènes observés selon des méthodes scientifiques. Dans le cas de la détermination de l’Heure, le lien entre la lunette méridienne et le chronographe est particulièrement éclairant, car on relève précisément au moyen du chronographe le moment de passage au méridien

d’un astre observé à la lunette méridienne. Jusqu’à maintenant, les explications concernant le fonctionnement de la lunette méridienne étaient tout à fait claires en ce qui concerne l’observation de l’astre ; il est évident pour les visiteurs même non spécialistes qu’en observant le ciel avec une lunette on voit des étoiles. Mais illustrer le lien entre ce phénomène et la mesure de l’Heure ne pouvait se faire que par le commentaire que la personne guidant les visiteurs pouvait donner de l’enregistrement de ce moment. La présence d’un chronographe en état de fonctionnement permettrait de donner une démonstration plus accessible de ce lien et de développer un discours plus riche autour de ce genre de méthodes.

Ce choix des objets étant fait, une étude pouvait être engagée sur ces trois appareils. Les éléments importants recherchés par cette étude étaient : les matériaux constitutifs des objets, leurs altérations visibles, une estimation de leur période de fabrication/conception les particularités technologiques des objets, les conditions de conservation du lieu de stockage, sans oublier leur taille et leur poids approximatifs. Voici pourquoi ces critères me semblent importants :

Les matériaux constitutifs et les altérations visibles permettent de prévoir dans quelle direction les recherches en documentation sur les traitements de stabilisation et de protection des surfaces doivent être envisagées. La détection avancée d’altérations sévères peut conduire à réaliser très tôt des tests ou des analyses pour savoir quels seront les besoins en traitement de ces altérations.

L’estimation de la période de fabrication/conception et des caractéristiques technologiques permet également d’orienter la recherche en documentation technique et historique de l’objet. Dans le cas qui nous occupe, cette recherche a permis de mettre tout de suite en évidence des anachronismes dans la constitution d’un objet, qui on conduit à l’hypothèse préalable que cet objet n’était pas dans sa version d’origine.

Un relevé des conditions de conservation du lieu de stockage permet de se prononcer sur l’adéquation entre ce lieu et l’objet. Il peut être intéressant, au moment du diagnostic de l’objet de comparer les causes probables de dégradations de l’objet avec les effets probables de dégradation qu’un lieu de conservation peut (ou non) occasionner.

La taille et le poids sont des paramètres importants lorsque le choix d’un nouveau lieu de conservation où un transport de l’objet sont probables.

Pour des raisons que j’expliquerai à la fin du chapitre 2.5, seul le chronographe Gautier de 1905 a été retenu comme objet de travail jusqu’au bout de ce stage de diplôme, c’est

pourquoi le lecteur ne trouvera que la fiche d’étude préalable correspondant à cet appareil dans l’annexe II17 jointe au présent document.

Parallèlement à l’étude préalable, l’appel d’offre permettant de trouver un responsable pratique de stage a été lancé. Il a été adressé à une sélection de quatre laboratoires ou indépendants actifs dans la conservation-restauration, susceptibles d’avoir une bonne pratique de la conservation et de la restauration des objets techniques. Nous avons pu constater en établissant la liste de ces personnes que même dans un grand pays comme la France, les conservateurs-restaurateurs aptes à intervenir sur des objets techniques ne sont pas légion. Il faut cependant rappeler, que nous recherchions des personnes disposant de l’habilitation de la Direction des Musées de France, ce qui réduit conséquemment le choix. Sur les quatre envois, deux réponses nous sont parvenues, celle d’Olivier MOREL, conservateur-restaurateur sur métaux à Paris et celle de Paul REAL, restaurateur en horlogerie à Lyon.

L’appel d’offre élaboré par l’Observatoire présente des différences notables avec le mandat que nous décrirons au point suivant. Dans ce document, l’Observatoire envisageait «… la restauration et la mise en valeur des divers modèles de chronographes dont dispose l’Observatoire… » , ce qui aurait porté à six le nombre d’objets à traiter. Cette différence s’explique par le fait que quelques semaines se sont écoulées entre la rédaction de l’appel d’offre et son envoi, durant lesquelles le choix « définitif » des objets à traiter est intervenu. Le document aurait évidemment dû être corrigé, mais il ne l’a pas été. En tout état de cause, le genre de compétences que nous recherchions pour cette charge ne dépendaient évidemment pas du nombre d’objets à traiter. Outre le fait d’avoir permis de recevoir deux offres parfaitement valables, cet appel d’offre a permis de projeter une base de mandat sur laquelle les partenaires de la plateforme de travail ont pu discuter, comme nous le verrons au chapitre suivant.

Disposant alors de réponses, l’Observatoire devait prononcer son choix de la personne responsable pour l’exécution du travail. M.VERNOTTE et moi en avons discuté en nous fondant sur les informations récoltées par l’étude préalable et sommes arrivés à la conclusion que les compétences des deux postulants étaient complémentaires et qu’il serait avantageux de partager la maîtrise d’ouvrage en deux parties : ce qui concernerait la problématique de conservation des surfaces métalliques serait confié à M. MOREL, tandis que la problématique de traitement d’un mécanisme de type horloger serait confié à Paul REAL. Ainsi prit forme la « plateforme de travail », reposant désormais sur l’Observatoire, la HEAA Arc et MM. MOREL et REAL.

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