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4.1 Conservation préventive

4.1.1 Etude climatique dans les différents espaces de conservation potentiels

Parmi les demandes du mandat figuraient l’étude climatique de l’espace de conservation prévu pour l’objet traité. Cette mesure vise à reconnaître d’éventuels facteurs de dégradations sur ce lieu et de pouvoir ensuite les signaler voire proposer des aménagements qui permettraient de diminuer les risques de dégradations subséquents. Ce genre d’étude se base essentiellement sur deux sources d’information : les mesures climatiques et l’observation des caractéristiques du lieu. Les moyens à mettre en œuvre sont donc la pose d’instruments de mesure dans les endroits choisis et effectuer le relevé des points critiques du bâtiment, du local puis du conditionnement dans lequel se trouve l’objet. Une fois ces informations récoltées, une interprétation des conditions actuelles de conservation peut être donnée et les points critiques amènent à suggérer des aménagements.

Les constatations faites lors d’une telle étude peuvent également influencer le choix des traitements et la conception du conditionnement de l’objet, ce qui suppose qu’elle devrait se faire avant que des interventions curatives soient réalisées. Concernant le climat, pour parvenir à une somme d’informations représentative, il serait utile de réaliser les mesures sur un cycle saisonnier complet, soit une année.

Dans les conditions de réalisation de ce projet, cette étude n’a pu être réalisée de manière véritablement convaincante. Les raisons en sont les suivantes : étant donné l’importante restriction budgétaire ayant suivi l’annonce du non octroi à ce projet de la subvention de la DRRT, j’ai adopté une attitude prudente vis-à-vis des dépenses n’étant pas immédiatement liées à la réalisation des travaux de traitement, l’étude climatique s’est donc trouvée prétéritée dans le déroulement du projet. Ainsi ai-je renoncé à demander la location d’instruments de mesure. Considérant toutefois que cette enquête était importante, j’ai visé l’objectif de parvenir autant que possible à une bonne approximation des conditions climatiques en utilisant des moyens à disposition à l’Observatoire. J’ai pu trouver un thermohygrographe mécanique à mouvement d’horlogerie dont on m’a assuré qu’il fonctionnait jusqu’il y a peu de temps dans le local des horloges atomiques de l’observatoire,

qui nécessitent un contrôle continu du climat en température et en humidité relative. Comme ce local est à présent contrôlé par des sondes électroniques très précises et qui effectuent l’enregistrement des données automatiquement, ce thermohygrographe était devenu inutile. Cet appareil étant inutilisé depuis cinq ans, j’ai jugé nécessaire de vérifier son étalonnage en le plaçant pendant quelques jours dans le local des horloges atomiques, considérant le climat de ce local comme une bonne référence car l’étalonnage des sondes y est périodiquement contrôlé. La mesure du thermohygrographe a montré un défaut d’environ 2°C et 3,5% d’humidité relative (HR) sur le résultat des sondes. Comme ces deux valeurs correspondent à la même distance sur le papier, plutôt que de risquer un réglage délicat du mécanisme, j’ai préféré rogner le papier sur environ 2mm au niveau du zéro de la bande. Cette méthode que je reconnais être peu académique, a donné un résultat correct après vérification.

Comme un seul appareil ne suffisait pas pour contrôler deux locaux au moins, j’ai acheté dans le commerce un thermomètrehygromètre électronique d’appartement avec sonde externe, que j’ai soumis au même test que le thermohygrographe. J’en ai relevé l’erreur et ainsi les mesure ultérieures ont pu être corrigées. J’ai ainsi pu utiliser trois mesures de température et deux mesures d’humidité. L’inconvénient étant que les mesures de l’appareil électronique n’étaient pas enregistrées. Il a donc fallu opérer par relevés périodiques, avec tout le risque d’oubli que cela suppose !

Sans rentrer dans les détails fastidieux du relevé de toutes les mesures produites par les deux appareils à disposition, on peut se référer à l’annexe II pour consulter huit thermohygrogrammes choisis sur la période d’essai de mars à août 2006. En voici l’interprétation :

N°1 : il s’agit là de l’essai d’étalonnage du thermo-hygrographe dans le local des horloges. La température est maintenue très préciséement, ce qui n’est pas le cas de l’humidité relative. Par relevés périodiques j’ai pu comparer les valeurs de la sonde et du thermo-hygrpgraphe et déterminer l’erreur de ce dernier.

N°2 : Climat dans le bureau méridien où devrait vraisemblablement être conservé le chronographe Gautier après l’intervention. Ce local n’était alors pas chauffé et on constate d’importantes variations diurnes dues à l’exposition au soleil du bâtiment. Ces variations créent des cycles de stress (température) et d’évaporation-condensation (hygrométrie) dans et sur les matériaux. A éviter pour la conservation.

N°3 : Le bureau dans lequel les mesures ont été réalisées étant aussi devenu le local de l’atelier provisoire pour notre projet, il a été nécessaire d’y installer un chauffage électrique

thermostatique. Les variations sont moins amples, mais l’humidité relative peut rester élevé dans le confinement du bureau. En ouvrant la porte l’air peut mieux circuler, mais le cas inverse de ce qu’on lit sur cette bande peut aussi se produire : plus sec dans le bureau et plus humide à l’extérieur. Moins de stress, mais toujours humide, ça n’est pas la solution, mais ça s’améliore.

N°4 : Voici le climat moyen du bureau. Ouverture de la porte pendant les heures de travail, fermeture pendant la nuit, la moyenne de HR reste en-dessous de 60% la plupart du temps. N°5 : En été, par beau temps, le climat est plutôt bon, si l’on considère que l’on conserve de métaux historiques (et non archéologiques), qui plus est des objets composites pour lesquels une moyenne de 50% de HR serait l’idéal.

N°6 : En été toujours, mais cette fois avec un temps humide, l’HR est remontée souvent au-dessus des 60% critiques pour le développement des corrosions.

N°7 : Eté, temps caniculaire. Les métaux sont hors de danger, mais pas les cabinets en bois de certains instruments scientifiques. A surveiller également.

N°8 : Eté, temps ensoleillé, mais avec un cycle de mesure dans la cave où le chronographe Gautier a été conservé au moins depuis les dix dernières années. La HR très élevée est favorable au développement de corrosions, mais des mesures complémentaires avec la sonde électronique ont montré (logiquement) que c’est la zone du bâtiment présentant le plus d’inertie climatique. Les cycles d’évaporation-condensation n’ont peut-être pas été très amples. Cependant, certaines surfaces métalliques nues sur d’autres objets conservés dans cette zone sont passablement corrodées.

Pour éclairer ces constatations, il faut tenir compte de la conception du bâtiment méridien. Ce bâtiment est longitudinal est-ouest et symétrique. La salle d’observation où se trouve la lunette méridienne est au centre du bâtiment. Aux quatre coins, se trouvent quatre bureaux. La salle d’observation est conçue de sorte que lorsque son toit à deux pans puisse être ouvert par la moitié. Elle n’est pas chauffée et ne doit pas l’être, car la différence de température entre l’extérieur et l’intérieur doit être aussi minime que possible pour éviter des perturbations atmosphériques qui faussent les observations à la lunette. Ce local a donc le moins d’inertie climatique possible. Mais c’est pourtant là que sont exposés les instruments scientifiques qui sont montrés au public lors des visites.

Les bureaux, en revanche ont été conçus pour être habitables et étaient prévus pour être chauffés. Cependant, l’ouverture des portes des bureaux les relient au climat de la salle

d’observation, moins en ce qui concerne les bureaux est, isolés par une porte intercalaire. C’est précisément dans l’un de ces bureaux que les mesures graphiques ont été faites, et c’est probablement l’endroit qui offre les meilleures perspective d’aménagement du climat.