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5. Discussion

5.3. Mise en lien avec le contexte suisse

Les programmes de prévention présents dans ce travail ont été développés principalement en Amérique du Nord. Le but de ce chapitre est d'analyser la possibilité d'implanter une telle prévention en Suisse, en tenant compte de l'organisation helvétique.

5.3.1. Services à disposition lors d'une naissance

En Suisse, la grande majorité des femmes accouchent en milieu hospitalier. Un suivi par les puéricultrices ou les sages-femmes indépendantes est proposé à tous les parents à la sortie de la maternité. Le service de puériculture permet aux parents d'aborder les thématiques suivantes en lien avec le nouveau-né : « l'alimentation, les soins à prodiguer, le sommeil, les pleurs, l'éducation, les relations au sein de la fratrie, le bien-être de la famille, la prévention des accidents dans la vie courante » (Office familial Fribourg, 2014). Il peut être sollicité dans toutes situations, hors contexte de maladie. Il donne également des informations aux parents sur l'éducation de leur enfant. Ces prestations sont gratuites (hors frais d'ouverture du dossier) pour les parents d'enfants de moins de cinq ans (Office familial Fribourg, 2014).

Les sages-femmes indépendantes ont, quant à elles, la responsabilité de la mère et de l'enfant. Un suivi à domicile est remboursé par l'assurance maladie de base jusqu'au dixième jour post-partum et comprend en plus trois consultations d'allaitement pendant toute la durée de celui-ci et une consultation pour la mère six semaines après la naissance. A partir du onzième jour post-partum, toute prestation nécessite un ordre médical. Par exemple, les sages-femmes interviennent en cas de problèmes chez le bébé (non prise de poids, etc.) ou chez la mère (en cas de difficultés psychologiques, etc.) (Fédération suisse des sages-femmes, s.d.). Les consultations remboursées par l'assurance peuvent encourager les mères à demander les prestations d'une sage-femme indépendante.

5.3.2. Mise en place d'un programme de prévention

Les programmes de prévention dont il est question dans ce travail se trouvent principalement en Amérique du Nord. En Suisse, aucune prévention formelle du SBS existe mais diverses associations traitent des pleurs des bébés ou de la maltraitance infantile en générale. Au moment de quitter la maternité, les parents reçoivent souvent un enseignement (par exemple sur l'alimentation, l'allaitement ou la mort subite du nourrisson) de la part du personnel soignant. Le contenu des informations à donner se base généralement sur une liste propre à chaque maternité. Faudrait-il, de ce fait, instaurer des lignes directrices ou des règles communes pour cet enseignement et y inclure la problématique du SBS ? Faudrait-il classer les thèmes selon leur importance et en rendre certains incontournables ? Le financement d'une telle prévention provient

des cantons et ainsi l'investissement de chacun est différent. De plus, les institutions publiques et privées ne sont pas soumises aux mêmes règlements. La mise en place d'un programme au niveau national peut, par conséquent, s'avérer compliquée.

Programme

Le contexte suisse et les services à disposition permettent une prévention du SBS quelque peu différente aux programmes existants en Amérique du Nord. Le paragraphe suivant décrit des aspects importants à prendre en compte dans le cas où une prévention serait mise en place en Suisse.

L'enseignement fait aux parents lors de la sortie de la maternité pourrait inclure des informations sur les pleurs et le SBS, comme c'est le cas dans le programme « Take 5 Safety Plan for Crying » (Bechtel et al., 2011). Aborder le SBS à la maternité pourrait pourtant être perçu comme « accusateur » de la part de certains parents. Cette prévention sous-tend que tout parent peut maltraiter son enfant en cas de pleurs incessants. L'étude de Fujiwara et al. (2012) menée au Japon montre que la culture, dans ce type de prévention, doit être prise en compte. Au vu des résultats de l'évaluation du programme, les auteurs émettent l'hypothèse que les mères japonaises ont de la difficulté à penser qu'elles pourraient secouer leur enfant. L'information est ainsi moins bien reçue. En est-il de même en Europe ? En Suisse, l'idée serait d'amener le sujet à travers la thématique des pleurs, comme le fait le programme « Period of PURPLE Crying » (Barr et al., 2009a). Ceux-ci seraient décrits, normalisés et mis en lien avec le développement de l'enfant. Par la suite, les sentiments que peuvent engendrer les pleurs incessants seraient expliqués et légitimés. L'objectif final serait d'éviter les conséquences que peut amener cette frustration à travers un listing de stratégies de gestion des pleurs et de la colère. Le SBS et ses conséquences gravissimes en lien avec la fragilité physique du nouveau-né seraient finalement abordés, sans toutefois que le programme ne se focalise uniquement dessus.

En étant inclue dans l'enseignement à la sortie de la maternité, la prévention du SBS peut faire partie de la charge de travail des infirmières ou des sages-femmes de la maternité. En effet, l'information donnée reste brève. Une formation, similaire à celles déjà existantes dans des services spécifiques comme la maternité, parait néanmoins nécessaire afin de renforcer les connaissances du personnel sur les pleurs et le SBS.

Puéricultrices et sages-femmes indépendantes

plusieurs reprises, en contact avec des professionnels de la petite enfance. Après la sortie de la maternité, les parents peuvent se rendre à la puériculture. Les infirmières spécialisées y travaillant abordent certainement la thématique des pleurs avec les parents. L'occasion serait idéale pour rappeler les sentiments que peuvent engendrer les pleurs, les techniques pour y faire face et le lien qu'il existe avec le SBS. Ces enseignements, contrairement à ceux donnés à la maternité, pourraient rester informels et se baser sur les expériences déjà vécues avec le bébé. Les consultations à la puériculture ont lieu durant la journée uniquement. Ce sont ainsi généralement les mères qui s'y rendent. La problématique de l'inclusion des pères dans la prévention du SBS est une nouvelle fois présente.

La sage-femme indépendante, qui se rend à domicile, peut peut-être pallier à ce problème. En effet, les rendez-vous sont pris en accord avec la sage-femme et les parents. Cette méthode permet-elle un contact plus fréquent entre les pères et les professionnels ? D'un autre côté, ce suivi, remboursé par l'assurance maladie de base, ne dure que jusqu'au dixième jour post-partum.

Dans l'idéal, la prévention devrait débuter à la maternité, être renforcée à domicile par les sages-femmes qui touchent peut-être plus de pères, et finalement être discutée durant les consultations à la puériculture.

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