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5. Discussion

5.1. Limites et critiques méthodologiques des articles sélectionnés

Les recherches choisies pour ce travail comportent certaines limites, citées par les auteurs eux-même, qui peuvent avoir une influence sur l'interprétation des résultats, leur généralisation et leur implication pour la pratique. Les limites détaillées de chaque article sont citées dans les grilles d'analyse en annexe D.Les principales sont discutées ci-dessous.

5.1.1. Limites

Efficacité des programmes sur l'incidence du SBS

Certaines études évaluent l'impact des programmes de prévention sur l'incidence du SBS. Cette méthode d'évaluation peut être une limite car, comme expliqué dans la recension des écrits, le diagnostic du SBS est difficile à poser, les cas ne sont pas toujours répertoriés et le faible taux d'incidence de cette maltraitance peut rapidement biaiser l'interprétation des résultats de certaines études. Dans la recherche d'Altman et al. (2011), les auteurs expriment que, malgré la diminution de l'incidence du SBS trouvée, il n'est pas absolument certain que la cause de cette variation soit la mise en place du programme de prévention. Cette incertitude est une limite inhérente en cas de comparaison entre un groupe historique de contrôle et un groupe d'intervention. De plus, durant la période historique de contrôle, plusieurs hôpitaux de la Vallée de Hudson ont mis en place leurs propres programmes de prévention qui peuvent biaiser les résultats de l'étude d'Altman et al. (2011). Finalement, dans cette région, les cas de SBS ne sont pas spécifiquement répertoriés. Keenan et Leventhal (2010), dont l'étude de cas-témoin évalue l'influence d'une vidéo éducative sur l'incidence du SBS, mentionnent également la limite de cette méthode. A nouveau, la rareté des cas de SBS induit un faible échantillon et par conséquent des résultats difficilement généralisables. Les chercheurs pensent qu'une étude menée sur de nombreuses années permettrait de

répertorier un nombre plus important de cas et donc de réaliser de meilleures statistiques. Une des limites de l'étude de Dias et al. (2005) concerne également l'impact du programme de prévention sur l'incidence du SBS. Les auteurs expliquent qu'il n'existe pas de relation précise entre le nombre croissant de participants à l'étude et le nombre décroissant de blessures crâniennes non-accidentelles, chaque année. Au contraire des recherches citées ci-dessus, Goulet et al. (2009) n'ont pas évalué l'impact du programme canadien PPPSBS sur l'incidence de cette maltraitance et le citent comme limite à leur étude.

Echantillons

Les échantillons choisis par les auteurs des études sélectionnées sont parfois restreints ou peu représentatifs de la population en générale, ce qui rend difficile la transférabilité des résultats. Les différences démographiques statistiquement significatives entre le groupe d'intervention et le groupe historique de contrôle peuvent influencer les résultats de la recherche de Bechtel et al. (2011). De plus, les mères représentent la majorité de l'échantillon des deux groupes, alors que les hommes sont plus à risque de secouer un enfant (Bechtel et al., 2011). Cette participation majoritaire voire unique des mères apparaît également comme limite dans les trois RCT évaluant le programme « Period of PURPLE Crying » (Barr et al., 2009a ; Barr et al., 2009b ; Fujiwara et al., 2012). L'échantillon de l'étude de Deyo et al. (2008), comprenant des pères et des mères de nouveaux-nés, des détenus de prisons et des étudiants de hautes écoles, ne permet pas, selon eux, la généralisation des résultats obtenus. Comme il s'agit d'une seconde analyse du programme, la population n'a pas été choisie par les auteurs, mais est tirée d'une banque de données déjà existante. Russell et al. (2008) évaluent l'influence d'un type de matériel éducatif sur les changements de comportements des parents. Selon eux, un échantillon plus diversifié aurait peut-être induit des résultats différents par rapport à la vidéo « Portrait of Promise » que ceux obtenus avec sa population comprenant essentiellement des femmes blanches ayant un haut niveau d'éducation. Bien que le programme pilote d'éducation des parents en milieu hospitalier, évalué dans l'étude de Dias et al. (2005), a pu toucher un grand nombre de pères, les auteurs citent comme limite la difficulté de tous les atteindre. Coles et Collins (2009) nomment également leur échantillon restreint comme limite à leur étude. Néanmoins, en se basant sur des théories, les auteurs donnent de la valeur aux résultats obtenus. Finalement, Keenan et Leventhal (2010) n'ont pu interviewer que 25,6% des mères faisant parti du groupe de

contrôle. L'absence de réponse des autres participantes introduit un biais dans les résultats.

Récolte des données

Plusieurs études relèvent comme limite le fait que les données récoltées sont basées sur les dires des participants et non sur des faits observables. Dans la recherche de Keenan et Leventhal (2010), les auteurs se sont appuyés sur la mémoire des mères pour relater un fait passé. Il est possible que les mères dont l'enfant a été secoué se souviennent ou racontent différemment l'enseignement qu'elles ont reçu que les mères dont l'enfant n'est pas victime de SBS. Concernant le programme « Period of PURPLE Crying », les mères ont reporté leurs comportements et celui de leur enfant dans un agenda. Les résultats proviennent donc de ces reports subjectifs et non d'observations faites par les chercheurs (Barr et al., 2009a ; Barr et al., 2009b ; Fujiwara et al., 2012).

Moment de l'intervention

Le moment choisi pour l'intervention est cité comme limite par certains auteurs. Goulet et al. (2009) et Dias et al. (2005) expliquent que, peu après la naissance, les parents sont sujets à beaucoup d'émotions qui peuvent diminuer leur réceptivité à de nouvelles informations.

Malgré ces limites mentionnées par les auteurs, les études sélectionnées amènent des résultats intéressants concernant les changements de connaissances et de comportements des parents en lien avec la prévention du SBS. Le calcul de l'incidence restera toujours une limite, puisque le diagnostic du SBS est difficile à poser et que jamais tous les cas ne seront recensés. Les échantillons des recherches sont parfois restreints à une certaine population (mères par exemple), mais contiennent souvent un nombre important de participants, ce qui amène des résultats probants. Pour finir, il semble difficile de mettre en place un autre moyen d'évaluation que les dires des parents pour observer des changements de comportements et ainsi amener des résultats plus objectifs.

5.1.2. Critiques méthodologiques

Au niveau méthodologique, les études sélectionnées pour ce travail utilisent différents outils pour évaluer la pertinence et l'impact des programmes de prévention du SBS. Ces outils, comprenant par exemple des questionnaires ou des interviews, ne sont pas toujours standardisés et n'ont pas tous été validés scientifiquement. Pour permettre la

généralisation des résultats, l'utilisation d'un outil commun et approuvé scientifiquement semble nécessaire. Globalement, les recherches utilisées pour cette revue de littérature ont presque toutes une méthodologie rigoureuse et remplissent pour la plupart tous les critères d'éligibilité mentionnés dans les grilles d'analyse critique d'un article scientifique de Loiselle et Profetto McGrath (2007) (Annexe C). Sur les treize études utilisées, trois sont des essais cliniques randomisés et ont ainsi un haut niveau de preuve clinique. Une revue de littérature a également été choisie pour ce travail en raison de la thématique spécifique qu'elle aborde : l'implication des pères dans les programmes de prévention de maltraitance infantile. Ce sujet, peu abordé dans les autres études, est important lorsque la prévention du SBS est traitée puisque, comme mentionné précédemment, les pères sont les auteurs principaux du SBS. Il s'agit, par conséquent, d'une population que la prévention de cette maltraitance doit cibler afin de diminuer son incidence.

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