Chapitre 1 : Bibliographie
3.2. Couplage peptidique par des carbodiimides
3.3.1.2. Mise en évidence de la conformation ordonnée du xanthane lors de sa modification
3.3.1.3.1. Description des spectres RMN et détermination des taux d’acétate et de pyruvate 172
3.3.1.3.2. Densité de greffage des xanthanes modifiés suivant le protocole à température ambiante 175
3.3.2. Processus de modification à basse température (première étape) 179
3.3.2.1. Influence de la température sur l’efficacité du couplage peptidique 179
3.3.2.2. Densité de greffage des xanthanes modifiés suivant le protocole à basse température
lors de la première étape 181
3.4. Modification chimique du xanthane sous forme désordonnée 187
3.4.1. Choix du solvant pour le protocole de modification 187
3.4.2. Mise en évidence de la conformation désordonnée du xanthane dans le DMSO 188
3.4.3. Protocole de modification du xanthane dans le DMSO 190
3.4.3.1. Choix des conditions expérimentales lors de la modification chimique 190
3.4.3.2. Choix des étapes de purification 192
3.4.3.3. Interprétation des spectres RMN
1H pour les xanthanes modifiés dans le DMSO 192
3.4.3.4. Densité de greffage estimée des xanthanes modifiés suivant le protocole dans le DMSO
196
3.4.3.5. Comparaison de la densité de greffage entre les protocoles de modification sous forme
ordonnée et sous forme désordonnée 198
3.5. Conclusion 200
3.1.Introduction
Ce chapitre décrit les différents protocoles de modification chimique du xanthane mis au point au
cours de ce travail afin de conférer des propriétés amphiphiles à ce polysaccharide.
Pour rappel, le xanthane existe sous deux conformations différentes en solution, suivant les
conditions opératoires : une forme ordonnée hélicoïdale, très rigide, à température ambiante et force
ionique élevée, et une conformation désordonnée flexible à haute température et/ou force ionique
très faible. Ces deux conformations ont des propriétés rhéologiques bien distinctes en solution. Deux
procédés de modification chimique distincts, chacun adapté à une conformation donnée, ont donc
été développés dans le but d’étudier l’influence de ce paramètre sur le comportement du polymère
greffé. Ainsi, la modification du xanthane sous forme ordonnée est réalisée dans l’eau, celle sous
forme désordonnée dans le diméthylsulfoxyde (DMSO). Dans les deux cas, la modification chimique
consiste à greffer des chaînes alkyle linéaires sur le xanthane via une réaction de couplage peptidique
entre une amine et les fonctions acide carboxylique situées sur les chaînes latérales du
polysaccharide. Comme présenté dans la partie bibliographique, la plupart des articles traitant de la
modification chimique du xanthane ciblent comme site de greffage les fonctions hydroxyle de ce
polymère. Ces dernières, très nombreuses, rendent de ce fait délicat le contrôle précis de la
régiosélectivité des réactions mises en jeu et donc des propriétés apportées. L’utilisation d’une
réaction de couplage peptidique, spécifique des fonctions acide carboxylique localisées uniquement
sur les chaînes latérales, permet de s’affranchir de ces problèmes et offre un meilleur contrôle de la
réaction.
Il est également possible de greffer des chaînons hydrophobes sur les fonctions acide
carboxylique du xanthane par une réaction d'estérification. Néanmoins, le xanthane possédant à la
fois des groupements acide et alcool, l’estérification pourrait conduire à une réticulation indésirable
des chaînes de polymère entre elles. L’usage d’une amine porteuse des chaînons hydrophobes lors de
la réaction de greffage élimine cet inconvénient. De plus, la fonction amide résultant du couplage est
capable, tout comme la fonction carboxylique initiale du polysaccharide, de former des liaisons
hydrogène, liaisons qui interviennent dans le maintien de la conformation hélicoïdale du xanthane.
Ainsi, le remplacement des fonctions acide carboxylique par des amides ne modifie pas le nombre de
liaisons hydrogène potentielles, quelle que soit la densité de greffage.
3.2.Couplage peptidique par des carbodiimides
Avant de présenter les procédés de modification chimique du xanthane, quelques rappels sur le
couplage peptidique par l’utilisation des carbodiimides sont effectués dans cette partie.
Le couplage peptidique est une réaction chimique entre une amine et un acide carboxylique
préalablement activé, pour former une liaison amide. Cette liaison est également appelée liaison
peptidique, car elle est majoritairement présente dans les protéines, biopolymères d’acides aminés
très courants dans les systèmes biologiques. Le couplage peptidique tient d’ailleurs son nom de ces
composés. En effet, historiquement, ce type de réaction a été développé pour synthétiser
chimiquement des peptides en laboratoire. De nos jours, le couplage peptidique est utilisé également
dans d’autres domaines que la synthèse peptidique, comme par exemple dans la modification
chimique de polysaccharides
1-5ou encore la fonctionnalisation de nanoparticules
6, 7.
Il faut savoir qu’un acide carboxylique est naturellement peu réactif, car la délocalisation des
électrons rend le carbone du carbonyle peu électrophile. De plus, le groupement OH est un mauvais
groupe partant. Ces paramètres rendent difficiles les réactions directes entre une amine et un acide.
C’est pourquoi le couplage peptidique comprend tout d’abord une étape d’activation de la fonction
acide carboxylique. Cette étape consiste à remplacer la fonction OH par un groupement X à la fois
davantage électro-attracteur et bon groupe partant, afin de rendre le carbone plus électrophile.
L’amine s’additionne ensuite sur le carbonyle, puis le groupement X est éliminé :
Figure 3-1: Mécanisme de réaction d’un couplage peptidique.
Le groupe partant X provient d’une ou plusieurs espèces chimiques qualifiées d’agents de
couplage, comme des carbodiimides, des acylazoles, des sels de phosphonium ou d’uronium
8. Dans le
cadre de notre étude, nous avons utilisé la chimie des carbodiimides pour activer les fonctions acide.
En effet, les carbodiimides sont l’une des catégories d’agents de couplage les plus étudiées et
utilisées en synthèse peptidique. Leur succès s’explique par leur grande réactivité (notamment à base
température), leur disponibilité commerciale (grande variété de substrats, ce qui implique
notamment un large choix de solvants pour les réactions) et leur prix peu élevé par rapport à d’autres
réactifs appartenant à la même catégorie. Les différentes voies d’accès aux fonctions amide via un
Figure 3-2 : Voies d’accès aux fonctions amides via un couplage peptidique avec un carbodiimide (d’après
El-Faham et al.
8).
L’addition de l’acide carboxylique sur le carbodiimide entraîne la formation d’une O-acylisourée.
Cette espèce, très réactive, peut réagir directement avec l’amine pour donner l’amide désiré (voie A).
D’autre voies d’accès, indirectes, sont également possibles. Ainsi, en présence d’un excès d’acide, l’O
-acylisourée forme un intermédiaire anhydride (voie B). Ce dernier est ensuite attaqué par l’amine
pour aboutir à l’amide voulu. L’O-acylisourée peut également se cycliser, et former une oxalozone, qui
réagit par la suite avec l’amine (voie C). Ce réarrangement n'est toutefois possible qu'au sein d'une
molécule présentant deux fonctions amide liées consécutivement. Dans tous les cas, ces réactions
entraînent la libération de dérivés d’urée. Certains de ces dérivés peuvent s’avérer très difficiles à
éliminer. Par exemple, la N,N’-dicyclohexylurée, obtenue par réaction du dicyclohexylcarbodiimide
+
R3N C N R2 R3 NH C O N R2 O R1 Carbodiimide O-acylisourée O R1 OX HOX N O R1 R O Oxazolone R1 O O O R1 Anhydride A B C C NH R1 O R4 Amide E D NH R3 C O N R2 O R1 R1 COOH R1COOH R4 NH2 R4 NH2 R4 NH2 R4 NH2 Dérivé d'urée Dérivé d'urée Dérivé d'urée HOX N-acylurée NH NH O R3 R2 NH NH O R3 R2 NH NH O R3 R2(DCC, R
2= R
3= cyclohexyle) sur un acide carboxylique, est partiellement soluble dans tous les
solvants, sauf l’acide trifluoroacétique, ce qui complique fortement les étapes de purification
8. Pour
pallier à cette difficulté, plusieurs agents de couplage dérivés du DCC, mais solubles dans une large
gamme de solvants (ainsi que leurs dérivés urées), ont été mis au point. Parmi ces réactifs, le
1-éthyl-3-(3-diméthylaminopropyl)carbodiimide (EDAC) est très majoritairement employé en synthèse
peptidique, car ce composé et son urée sont solubles dans l’eau, et, par conséquent, faciles à éliminer
en fin de couplage.
Comme indiqué précédemment, les O-acylisourées sont des espèces chimiques très réactives et
instables. En particulier, elles s’hydrolysent très rapidement dans l’eau pour donner un acide
carboxylique : la constante de vitesse d’hydrolyse
9, à pH = 4,75, est comprise entre 2 et 3 s
-1. Ce
phénomène est beaucoup plus rapide que l’addition de l’amine sur le site actif. L’acide obtenu peut
néanmoins réagir de nouveau avec un carbodiimide pour recréer une O-acylisourée. Par conséquent,
ces cycles d’activation/désactivation de l’acide ralentissent la cinétique d’amidation (et consomment
le carbodiimide). De plus, l’O-acylisourée est le siège d’un réarrangement, comme indiqué sur la
figure 3-2 (voie D). Cette réaction parasite est moins rapide que l’hydrolyse et que la réaction
d’amidation
9. Elle est cependant irréversible, et présente aussi l’inconvénient de former une N
-acylurée
10, qui est inerte chimiquement. La réaction entre l’amine et l’acide devient alors impossible.
Ces deux processus diminuent fortement l’efficacité du couplage peptidique.
Une méthode pour augmenter l’efficacité du couplage est de transformer l’O-acylisourée en un
ester activé (voie E). Ce type de composé présente l’avantage d’être plus stable que l’O-acylisourée.
En effet, il se caractérise par une cinétique d’hydrolyse beaucoup plus lente
11, 12(de l’ordre de l’heure
et non plus de la seconde). La stabilité accrue des sites actifs favorise donc la réaction avec l’amine.
De plus, cette fonctionnalisation offre aussi l’avantage d’empêcher le réarrangement indésirable de
activés sont 10 à 20 fois plus efficaces que leurs analogues utilisant uniquement des carbodiimides
13-16
. Nous avons donc choisi cette stratégie pour modifier chimiquement le xanthane.
L’obtention d’un ester activé est possible par l’ajout, en même temps que le carbodiimide, d’un
dérivé hydroxyle, noté HOX. Ce dérivé est qualifié de co-agent de couplage. Le mécanisme
réactionnel est décrit ci-dessous avec le N-hydroxysuccinimide (NHS) comme dérivé HOX :
Figure 3-3 : Mécanisme du couplage peptidique via un ester activé.
L’étape 1 consiste en la synthèse de l’ester activé. Ce dernier s’obtient en deux phases : formation
de l’O-acylisourée par réaction entre la fonction acide et le carbodiimide (étape 1a), puis addition de
HOX sur la fonction carbonyle, ce qui entraîne l’élimination d’un dérivé urée (étape 1b). L’étape 2 est
la réaction d’amidation, avec formation de la liaison peptidique suite à l’attaque nucléophile de
l’amine, via l’azote, sur le carbonyle (avec élimination de HOX). L’amine peut être ajoutée au milieu
réactionnel avec les agents de couplage
7, 17, 18ou en différé
3, 4, 14. Comme pour les carbodiimides, il
similaires à celle du phénol ou de l’hydroxylamine. Par ailleurs, certains de ces co-agents sont
solubles dans l’eau, comme le N-hydroxysuccinimide.
Comme mentionné précédemment, le couplage peptidique par les carbodiimides, avec ou sans
ester activé, est couramment employé. Néanmoins, même si le mécanisme réactionnel est bien
compris, le choix des conditions opératoires optimales pour ce type de réaction reste sujet à
controverse. En effet, la littérature comprend de nombreux exemples de couplages avec les
carbodiimides, qui se caractérisent par une très grande variété de critères expérimentaux (choix des
substrats, du solvant, des réactifs, des concentrations, de la température, etc.)
1, 2, 4, 7, 12, 14-16, 19-23. Par
conséquent, il est difficile d’identifier avec précision tous les paramètres clefs qui régissent l’efficacité
du couplage. A ce jour, les paramètres identifiés sont le solvant
24, 25, la température
14, 16, 20, la
concentration des réactifs
1, 7, 13, 14, 20, 26, 27et, dans le cas d’une réaction dans l’eau, le pH
14, 16, 20, 26.
Le choix du solvant conditionne celui des agents de couplage à utiliser. Par exemple, en milieu
aqueux, l’EDAC et le NHS sont très majoritairement employés, alors que le DCC, non soluble dans
l’eau, et l’hydroxybenzotriazole (HOBt) comme co-agent sont très courants pour des couplages en
milieu organique. De plus, la nature du solvant impacte également le mécanisme réactionnel, et par
conséquent l’efficacité du couplage. En effet, la formation de la N-acylurée, inerte chimiquement, est
favorisée en milieu polaire
24, 25. L’ajout de co-agents de couplage permet de limiter, voire d’éliminer, ce
phénomène.
L’efficacité du couplage peptidique avec les carbodiimides varie avec la température. La réaction
d’amidation est plus rapide à haute qu’à basse température
11, 19. Cependant, en présence d’eau, une
température élevée favorise également la cinétique d’hydrolyse de l’acide activé
11. En règle générale,
température augmente
14, 16, 20, 26. C’est pourquoi, le plus souvent, le couplage en milieu aqueux est
effectué à 4°C ou à température ambiante. Certains auteurs
4, 18, 21parviennent cependant à réaliser
cette réaction dans l’eau à des températures supérieures. Bejenariu et al.
4, en particulier, remarquent
que la réaction de réticulation du xanthane avec l’hexanedihydrazide est plus efficace à 90°C qu’à
25°C. Ils attribuent ce phénomène à une diminution de la viscosité du milieu pour T > Tm, du fait de la
transition conformationnelle, ce qui facilite l’accès des agents de couplage et de l’hexanedihydrazide
aux fonctions carboxyliques. Dans tous ces exemples néanmoins, l’amine est introduite en même
temps que les agents de couplage dans le milieu réactionnel, ce qui favorise son addition sur l’acide
activé avant hydrolyse de ce dernier.
De nombreuses études mettent en avant l’impact de la concentration des réactifs sur l’efficacité
du couplage. Cependant, ces mêmes études ont été réalisées sur divers substrats et avec des
concentrations en agents de couplage et/ou amines très variables, ce qui rend la comparaison des
données délicate. Par exemple, le ratio n
carbodiimiden
COOH(avec n
carbodiimidenombre de moles de
carbodiimide et n
COOHcelui d’acide carboxylique) peut varier de 0,2
20à plus de 10
13, 22, 26, et le ratio
n
co−agentn
carbodiimidede 0,05 à 20
13, 14, 26. On peut néanmoins remarquer certaines tendances générales. En
premier lieu, l’évolution du rendement selon la concentration des réactifs n’est pas toujours linéaire,
et varie d’un système à l’autre. Ainsi, il a été observé que l’efficacité de la réaction diminue lorsque le
carbodiimide est introduit en large excès par rapport aux fonctions acide carboxylique
7, 20, 26:
l’activation d’un trop grand nombre de fonctions acide favorise la formation de la N-acylurée, inerte
chimiquement
24, 28. Comme vu auparavant, pour limiter ce problème, un co-agent de couplage est
ajouté au milieu afin de former un ester activé. Le plus souvent, l’efficacité du couplage augmente
optimal lorsque le ratio n
co−agentn
carbodiimideest supérieur ou égal à 1, soit dans des conditions pour
lesquelles l’O-acylisourée est censée être totalement convertie en ester activé. Des résultats inverses
existent cependant dans la littérature, sans qu’il soit possible d’expliquer cette divergence. Sehgal et
al.
26, par exemple remarquent que le rendement de la réaction est optimal pour
n
co−agentn
carbodiimide=0,07 , puis diminue avec la hausse du ratio. Dulong et al.
1parviennent au même
constat, pour un ratio optimal n
co−agentn
carbodiimide=0,04 .
Une autre façon de limiter la formation de la N-acylurée est d’augmenter la quantité d’amine
dans le milieu. Cette méthode implique toutefois que l’amine soit ajoutée en même temps que les
agents de couplage. Dulong et al.
27, Sehgal et al.
26et Madison et al.
14constatent ainsi que la densité
de greffage ou la conversion évoluent linéairement avec le ratio n
aminen
carbodiimide, mais jusqu’à une
valeur critique, qui diffère fortement d’un auteur à l’autre. Au-delà de cette valeur critique, la densité
de greffage/conversion reste stable, voire diminue. Au final, malgré les quelques tendances globales
notées, il ressort de la comparaison des données bibliographiques que le choix des conditions
optimales de concentration des réactifs pour le couplage dépend fortement du système acide/amine
étudié, et doit être traité au cas par cas.
Enfin, en milieu aqueux, le couplage dépend également du pH. En effet, la réaction entre le
carbodiimide et l’acide carboxylique est optimale lorsque le pH est compris entre 4,5 et 4,75
17, 27, 29. Le
pH acide entraîne la protonation de l’un des deux azotes du carbodiimide, comme indiqué à l’étape
1a de la figure 3-3. Ce phénomène rend le carbone situé entre les deux azotes plus électrophile et
favorise l’attaque de la fonction hydroxyle située sur l’acide. Globalement, l’étape 1 est donc
avantagée à pH acide. Néanmoins, de telles conditions de pH peuvent être défavorables pour l’étape
2, en particulier quand les amines sont constituées de chaînes carbonées sans groupement
électro-attracteur. En effet, ces amines possèdent des valeurs de pKa qui varient entre 10 et 11. Par
conséquent, elles se trouvent sous forme d’ammonium à pH acide, et réagissent très peu avec l’ester
activé. Les deux étapes du couplage présentent donc des pH optimum qui s’avèrent difficilement
compatibles, ce qui est particulièrement problématique lorsque tous les réactifs sont introduits en
même temps dans le milieu.
Pour contourner cette difficulté, certains auteurs
4, 14, 27utilisent des dérivés aminés de faible pKa,
de façon à exécuter l’ensemble du couplage à pH acide. Dulong et al.
27et Bejenariu et al.
4emploient
ainsi l’hexanedihydrazide (pKa compris entre 4 et 5) pour réticuler respectivement le pullulan à pH =
4,6 et le xanthane à pH = 3. A l’inverse, Bartczak et al.
7effectuent le couplage d’un peptide sur des
nanoparticules d’or porteuses de groupements acide à un pH égal à 9, soit proche du pKa de l’amine à
greffer. Néanmoins, plusieurs études
14, 20, 26soulignent que l’efficacité de la réaction diminue lorsque le
pH du milieu réactionnel est trop basique : le pH trop élevé augmente la cinétique d’hydrolyse de l’O
-acylisourée
30et de l’ester activé
11. C’est pourquoi la majorité des couplages réalisés en une seule
étape s’effectuent à un pH intermédiaire entre le pKa du carbodiimide et celui de l’amine
7, 18, 21, 23, 26, 31,32
. En règle générale, la gamme de pH retenue varie entre 5,5
18, 23, 32et 8
21, 31.
Une autre méthode consiste à faire varier le pH entre les deux étapes. Les agents de couplage
sont d’abord introduits dans le milieu acide, puis le pH est ajusté pour devenir basique et l’amine est
ajoutée (la situation inverse est aussi envisageable). Lewis et al.
16ont testé cette technique pour le
couplage peptidique, via un ester activé, d’un anticorps humain, cT84.66, sur l’acide
1,4,7,10-tétraazacyclododécane-1,4,7,10-tétraacétique (ou DOTA), un agent chélatant. Ils observent ainsi que
la densité de greffage maximale est obtenue quand le pH de la première étape est de 5,5, et celui de
(dichlorhydrate de N-(1-naphthyl) éthylènediamine), une sonde de fluorescence, sur la
carboxyméthylcellulose, est le plus efficace quand le pH est augmenté de 4,75 à 7 entre les deux
étapes.
Pour résumer :
Le couplage peptidique via des esters activés en présence de carbodiimides permet de former
des liaisons amide par un procédé bien connu de la littérature. Ce dernier fait appel à des réactifs
commerciaux bon marché. De plus, il est applicable à des systèmes très divers (de la modification du
polymère à la fonctionnalisation de nanoparticules) et compatible avec une large gamme de solvants
(dont l’eau). Les nombreux exemples bibliographiques indiquent cependant que le choix et
l’optimisation des paramètres expérimentaux dépendent fortement du substrat acide et/ou de
l’amine à greffer. Dans le cadre de ce travail, nous nous sommes appuyés sur cette méthodologie
pour greffer des amines hydrophobes sur le xanthane, sous forme ordonnée ou désordonnée. Dans le
premier cas, la modification chimique est effectuée dans l’eau, dans le second, dans le DMSO, ce qui
implique, à chaque fois, de déterminer les meilleures conditions opératoires pour le trio
polymère/amine/solvant.
3.3. Modification chimique du xanthane sous forme ordonnée
Cette section décrit le processus de modification du xanthane dans l’eau, milieu dans lequel, dans
nos conditions, le polysaccharide est sous forme ordonnée. Plus spécifiquement, deux protocoles ont
été développés : le procédé de greffage à température ambiante et celui à plus basse température.
3.3.1. Processus de modification à température ambiante
3.3.1.1.Description du procédé
Comme mentionné en début de chapitre, le couplage peptidique peut être effectué en une seule
étape, à un pH défini et constant, même lorsque la différence de pKa entre le carbodiimide et l’amine
est importante. Des expériences préliminaires de couplage entre le xanthane et l’octylamine en
appliquant ce type de protocole ont été réalisées. Nous avons testé la réaction à pH = 4,5 (meilleures
conditions pour les agents de couplage), à pH = 7 (intermédiaire entre le pH optimal pour l’EDAC et le
Dans le document
Synthèse et caractérisation de dérivés amphiphiles du xanthane
(Page 166-183)