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4. Quels sont les liens potentiels entre migration et autisme ?

6.1. Analyses qualitatives

6.2.5. Milieux de vie : rural versus urbain

On ne retrouve pas de relation significative entre d’une part, le milieu de vie dans lequel ont grandi ou vivent actuellement le père, la mère ou l’enfant, et d’autre part, le diagnostic d’autisme (milieu rural ou urbain, avec notamment la distance avec une autoroute, soit plus ou moins de 300m).

De même, dans le groupe autiste, on n’observe pas de relation significative entre le milieu dans lequel est né et a grandi l’enfant et la sévérité de l’autisme (quelle que soit l’échelle utilisée, soit l’ADI, l’ADOS, ou la CARS).

Par contre, dans le groupe autiste, on observe une relation significative entre le milieu où vit la mère et la sévérité des troubles autistiques évaluée sur l’ADI-R en ce qui concerne les comportements répétitifs et les stéréotypies (domaine total : F(2.12) = 6.67, p = 0.01 ; milieu rural et plus de 300m de l’autoroute = 7.5 ±1.76, n = 6 ; milieu urbain et plus de 300m de l’autoroute = 6.4 ± 1.7, n = 5 ; milieu urbain et moins de 300 m de l’autoroute = 4.0 ± 0, n = 4).

Le fait que la mère ait grandi en milieu rural est significativement associé à des troubles plus sévères de la communication évaluée par l’ADOS (domaine communication : t(26) = -3.39, p = 0.002 ; milieu rural : 7 ± 1.35, n = 13; milieu urbain : 4.73 ± 2.05, n = 15) et à des comportements répétitifs et des stéréotypies plus sévères, évalués par l’ADI-R (domaine total : t(13) = -2.36, p = 0.03; milieu rural : 7.5 ± 1.76, n = 6; milieu urbain : 5.33 ± 1.73, n = 9). En revanche, aucun des sous-domaines n’est associé à un score significatif.

Lorsque le père a grandi en milieu urbain, des scores significativement moins sévères de comportements répétitifs et de stéréotypies sont retrouvés dans le groupe autiste, évalués par l’ADI-R (domaine total : t(11) = -3.77, p = 0.003; milieu rural : 7.57 ± 1.13, n = 7; milieu urbain : 4.66 ± 1.63, n = 6), et plus précisément des scores moins sévères sont observés pour ce qui est des rituels (sous domaine : t(11) = -2.22, p = 0.048 ; milieu rural : 1.86 ± 0.9, n = 7; milieu urbain : 0.67 ± 1.03, n = 6).

7. Discussion

La migration des parents et/ou des grands-parents ne permet pas, à partir des analyses réalisées sur l’ensemble des enfants recrutés et de leurs parents, de discriminer le groupe autiste du groupe contrôle pathologique (enfants non autistes mais présentant un trouble du langage verbal). Nos résultats sont en accord avec ceux retrouvés par Gillberg et collaborateurs (1996), qui observent également une absence de relation significative entre la migration parentale et le diagnostic d’autisme chez l’enfant (étude comparant 55 enfants autistes à un groupe contrôle non pathologique en évaluant la fréquence de parents migrants dans chaque groupe et ne retrouvant pas de différence non significative). Notre étude suggère que la relation migration-autisme ne serait pas spécifique de l’autisme. Ces résultats soulignent l’importance d’avoir un groupe contrôle pathologique pour tester la spécificité des résultats dans le groupe autiste. Les deux groupes d’enfants ayant pour point commun des troubles du langage, notre résultat principal amène à s’interroger sur les potentiels liens entre migration et troubles du langage, dimension commune aux deux groupes étudiés ; les troubles du langage pourraient alors agir comme un facteur de confusion dans la relation entre migration et autisme. Cependant, dans notre étude, aucune relation n’a pu être établie entre la migration parentale et la sévérité des troubles du langage verbal chez les enfants avec autisme, quel que soit l’échelle utilisée (CARS, ADOS ou ADI-R).

En revanche, une relation paraît possible entre la migration des deux parents (père ET mère immigrés) et la sévérité globale des troubles autistiques, et en particulier des troubles des interactions sociales chez les enfants avec autisme (les résultats tendent à la significativité dans l’étude de la relation entre le statut migratoire et la sévérité des troubles autistiques et sont significatifs lorsque les enfants autistes de pères ET mères immigrés sont comparés aux enfants de parents non immigrés), mais ceci n’a été retrouvé que sur la CARS, et pas sur l’ADOS ni l’ADI-R. On observe aussi significativement plus d’enfants autistes que l’on pourrait s’y attendre lorsqu’il y a eu migration des deux parents (« père ET mère immigrés » comparés à « aucun immigré dans le couple parental »). Nos résultats suggèrent donc que s’il y a une association entre migration parentale et autisme de l’enfant, elle concerne seulement la migration des deux parents (père ET mère immigrés). De

plus, ces résultats ne permettent pas à ce stade de conclure compte tenu des faibles effectifs, des résultats significatifs sur la CARS mais pas sur les autres échelles utilisées (ADOS ou ADI-R permettant aussi d’évaluer la sévérité des troubles autistiques), et du nombre d’analyses statistiques ici réalisées (la significativité des résultats disparaît après correction de Bonferroni).

La relation apparaissant entre la sévérité des troubles des interactions sociales dans le groupe autiste et la migration des deux parents pourrait trouver écho dans un possible vécu cumulatif d’isolement socio-culturel lorsque les parents d’enfants autistes ont tous deux migré, et/ou dans une déconnexion avec leur environnement extérieur. En effet, les migrants qu’ils soient ou non parents d’enfants avec autisme, étaient moins synchronisés avec leur environnement extérieur que l’on pouvait s’y attendre (lorsque les deux parents étaient migrants, aucun couple ne modifiait ses habitudes de vie en fonction des variations diurnes/nocturnes) ; ceci pourrait témoigner d’une possible déconnexion avec l’environnement extérieur chez les migrants, plus marquée lorsque les deux parents seraient migrants. Par rupture avec le cadre externe, l’environnement habituel de la personne, ou encore son enveloppe culturelle, la migration entraîne par résonance une rupture au niveau du cadre culturel intériorisé du migrant, qui se retrouve sans repères, déraciné (Nathan, 1986). Cette rupture, effraction de l’enveloppe culturelle, pourrait se traduire à un autre niveau par une autre rupture, une perte des repères physiologiques. La désynchronisation en rapport avec l’alternance jour-nuit pourrait être le reflet d’une altération dans la sécrétion de mélatonine chez les deux parents migrants, sécrétion qui suit normalement un rythme circadien (cette hormone est responsable du rythme veille/sommeil chez l’individu, sa synthèse étant normalement inhibée par la lumière et stimulée la nuit). Ceci nous renvoie aux travaux de Melke et al (2008), qui ont en effet observé chez des parents d’enfants autistes une absence de variation circadienne dans la sécrétion de mélatonine. Il a été également retrouvé chez les enfants autistes une perte du rythme circadien dans la sécrétion de mélatonine, ainsi qu’une hyposécrétion de mélatonine diurne et nocturne. Ce déficit en mélatonine était corrélé à la sévérité des troubles de la communication sociale (Tordjman, Anderson, Bellissant, Botbol, Charbuy, Camus et al., 2012 ; (Tordjman, Anderson, Pichard, Charbuy, Touitou, 2005). Cette désynchronisation des rythmes physiologiques chez les parents migrants ouvre des perspectives intéressantes.

Néanmoins, aucune relation significative n’a été mise en évidence entre d’une part la synchronisation avec l’environnement extérieur concernant l’alternance jour/nuit chez les parents, et d’autre part la sévérité des troubles autistiques de l’enfant ou encore l’appartenance au groupe autiste ou contrôle.

Dans le groupe des parents migrants d’enfants autistes, nous n’avons pas non plus observé de relation significative entre le vécu de l’expérience migratoire (notamment en ce qui concerne les processus d’acculturation) et la sévérité des troubles autistiques. De même, nous n’avons pas observé de différence significative entre les deux groupes de parents migrants (parents migrants d’enfants autistes et parents migrants d’enfants non autistes mais ayant consulté pour un trouble du langage) dans le vécu de l’expérience migratoire, notamment concernant un possible isolement socio-culturel. Les parents migrants d’enfants avec autisme n’étaient pas significativement plus isolés ni repliés que les parents migrants d’enfants du groupe contrôle. La pression acculturative (en rapport soit avec un processus d’assimilation, ou de rejet de la culture du pays d’accueil, ou encore de métissage) n’était pas non plus ressentie significativement différemment entre les parents des deux groupes.

De même, on n’observe pas de différence significative entre les deux groupes de parents migrants concernant la langue parlée à l’enfant par ses parents à la maison (même langue qu’à l’école ou autre langue que celle parlée à l’école). Ce résultat est à rapprocher des autres études qui ne révèlent pas à ce jour d’effets négatifs du bilinguisme chez les enfants autistes (Rezzoug, 2013). Cependant, nos résultats qualitatifs mettent en évidence que certaines mères d’enfants autistes ne s’autorisent pas à parler leur langue maternelle avec leur enfant (ce qui rejoint les résultats de l’étude qualitative d’Ijalba, 2016), alors que toutes les mères migrantes du groupe contrôle parlent à leur enfant dans leur langue maternelle. Il s’agirait moins dans l’autisme d’un problème en rapport avec le bilinguisme que d’une rupture avec la langue d’origine vécue par l’enfant. Cependant, ce résultat qualitatif n’est pas corroboré par nos analyses statistiques.

Le niveau d’adversité sociale éprouvé dans le pays d’accueil (soit la France dans notre étude), qui pourrait ici être traduit par le niveau de stress des parents migrants à leur arrivée en France et dans les années suivantes, ni ne différait dans les groupes autistes et contrôles migrants, ni n’était associé à la sévérité des troubles autistiques, contrairement au niveau d’adversité sociale ressentie dans le pays d’origine, dont les IDH/IDHI pourraient être le reflet. Nos résultats qualitatifs font

apparaître que cette notion d’adversité sociale dans le pays d’origine est retrouvée comme principale raison motivant la migration tant dans le groupe autiste que le groupe contrôle. Cependant, nous n’avons pas évalué les niveaux de stress en rapport avec cette adversité sociale dans le pays d’origine et n’avons donc pas pu comparer les deux groupes sur le plan quantitatif. L’indice IDH/IDHI représente dans cette étude la variable quantitative qui permettrait le mieux de rendre compte la mieux du niveau d’adversité sociale vécue dans le pays d’origine durant la période pré-migratoire. Or, les niveaux d’IDH/IDHI des pays d’origine ont été retrouvés significativement plus bas chez les parents et grands-parents d’enfants avec autisme comparés au groupe contrôle, reflétant ainsi une adversité sociale plus grande dans le groupe autiste. Lorsque l’on centrait les analyses uniquement chez les migrants, les IDH/IDHI restaient systématiquement plus bas dans le groupe autiste comparé au groupe contrôle, mais la significativité disparaissait en raison des très faibles effectifs. Nos résultats suggèrent donc que les IDH/IDHI contribuent à différencier les groupes autistes et contrôle, mais cette contribution est à pondérer si l’on prend en compte les analyses portant seulement sur les migrants (groupe autiste migrant versus groupe contrôle migrant). Il apparaît nécessaire d’augmenter la taille des effectifs de migrants pour étudier plus finement la relation qui semble se dessiner. Il semble néanmoins intéressant de constater qu’en plus de rester systématiquement plus bas dans le groupe migrant autiste comparé au groupe migrant contrôle, des seuils de niveaux de développement humain étaient atteints. Ainsi, les parents migrants d’enfants autistes venaient de pays où le niveau de développement humain basé sur la valeur de l’IDHI appartenait à la catégorie «basse» (ou «moyenne» si l’on se base sur l’IDH), quand les parents migrants d’enfants avec troubles du langage verbal mais non autistes venaient de pays dont le niveau de développement humain appartenait à la catégorie «moyenne» (ou «haute» si l’on se base sur l’IDH). Ceci témoignerait d’un niveau d’adversité sociale dans le pays d’origine qui pourrait différer entre nos deux groupes autiste et contrôle chez les parents migrants, le niveau d’adversité sociale dans le pays d’origine apparaissant dans notre étude plus élevé chez les parents migrants d’enfants avec autisme. Nos résultats concernant la relation significative entre des valeurs d’IDH bas et le diagnostic d’autisme vont dans le même sens que l’étude de Magnusson en 2012 (étude basée sur des registres de population [Stockholm youth cohort] comparant la fréquence de parents migrants dans un groupe autiste et un groupe contrôle). Il est intéressant de remarquer que

dans certaines études ayant rapporté une association entre autisme et migration, la migration concerne des pays d’origine aux niveaux d’IDH bas, même si ces études ne se sont pas spécifiquement intéressées aux IDH/IDHI (Keen, 2010 ; Becerra, 2014 ; Lauritsen, 2005). De même, il est intéressant de constater qu’une telle relation a été observée concernant la pathologie schizophrénique en situation migratoire. Une méta-analyse retrouve en effet un risque accru de développer une schizophrénie en population migrante de première et seconde génération comparé à la population native du pays d’accueil, surtout lorsque les migrants arrivent de pays en voie de développement (Cantor, 2005). Si nous nous centrons à présent sur le groupe autiste pour étudier les relations entre IDH/IDHI et sévérité des troubles autistiques, il apparaît que les IDH et IDHI de la lignée paternelle (père, grand-mère paternelle et grand-père paternel) sont significativement et négativement corrélés à la sévérité actuelle des troubles autistiques, et notamment à la sévérité des troubles des interactions sociales évaluée aussi bien au moyen de l’échelle CARS que de l’ADOS. Plus les niveaux d’IDH/IDHI sont bas et plus la sévérité des troubles autistiques (score total de la CARS), et en particulier des interactions sociales (CARS et ADOS), est élevée. A noter, les corrélations les plus fortes sont observées pour les grands-parents paternels (voir Tableau n°8). Compte tenu que la moitié des grands-parents paternels ont migré sans le père (père né en France), ces résultats suggèrent, contrairement à Keen et al. (2010), que même en l’absence de migration des parents (ici le père), il existe un risque de troubles autistiques d’autant plus sévères (notamment pour les interactions sociales) que les grands-parents paternels ont migré. Comment comprendre ce risque d’autisme qui serait transmis par la lignée paternelle, et en particulier par les grands-parents paternels ? Cette transmission transgénérationnelle pourrait relever de la transmission d’un héritage génétique avec des mécanismes d’épigénétique et/ou de l’héritage d’une histoire familiale passant par la narration et s’inscrivant dans une filiation symbolique. La transmission de l’histoire d’une adversité sociale (narrativité, surtout par la filiation paternelle), pourrait s’expliquer par le rôle de représentation sociale des hommes dans ces familles migrantes le plus souvent de niveau socio-économiques défavorisés. En effet, comme nous l’avons mentionné en introduction, la migration est perçue non seulement comme un « acte physique » mais aussi comme un « acte psychique » engageant la descendance et transmis aux enfants. Il s’agit ici d’inscrire la migration dans une trajectoire, comme le soulignait Denoux (2007), qui ne peut se limiter à

l’expérience du voyage et au vécu post-migratoire, mais qui inclut aussi le vécu pré- migratoire (Asensi et la Du, 2003). Nos résultats mettent en évidence l’importance de ce vécu pré-migratoire. Si certains auteurs ont développé une théorie migratoire de l’autisme (Gardener et al., 2009 ; Keen et al., 2010 ; Magnusson et al., 2012), il nous semble nécessaire à ce stade de notre réflexion de proposer une théorie « pré- migratoire » de l’autisme. Cette trajectoire s’exprime tant sur le plan biologique, notamment génétique, que sur le plan psychique. Des chercheurs ont émis l’hypothèse selon laquelle l’augmentation du risque de développer un trouble autistique pourrait être due à des modifications épigénétiques au sein de communautés migratoires (Crafa et Warfa, 2015). Notre étude invite ainsi à affiner cette hypothèse et à se questionner autour des modifications épigénétiques précédant la migration, qui pourraient être liées à l’adversité sociale éprouvée dans le pays d’origine. On peut formuler l’hypothèse que l’adversité sociale, entraînerait un stress, indépendamment du trauma potentiel de l’expérience migratoire, et modifierait notamment l’expression des gènes via des mécanismes épigénétiques. Ce stress pré-migratoire, tant psychologique (stress perçu) que biologique (réponses biologiques au stress), n’est pas en rapport avec le voyage et l’expérience post- migratoire, mais il s’agit du stress vécu dans le pays d’origine par les parents et/ou grands-parents. Les changements épigénétiques, secondaires au stress provoqué par l’adversité vécue dans le pays d’origine, pourraient être transmis sur plusieurs générations, et ceci principalement par la lignée paternelle, comme le suggèrent les études d’épigénétique (Franklin et al., 2010 ; Graignic-Philippe et al., 2014 ; Tordjman et al., 2014). Dans notre étude, la relation entre IDH/IDHI et autisme était en effet statistiquement la plus marquée concernant les IDH/IDHI des grands-parents paternels (significativité la plus élevée pour la comparaison des groupes autiste et contrôle, et corrélation les plus fortes pour les relations entre IDH/IDHI et sévérité de l’autisme).

Concernant notre relation testée entre migration et autisme, on observe, in fine, que ce ne serait peut-être pas tant être migrant que venir d’un pays où l’adversité sociale est plus grande qui pourrait constituer un facteur de vulnérabilité. Le fait d’avoir un enfant avec autisme serait ainsi plus en rapport avec l’adversité sociale vécue dans le pays d’origine (dont les indices IDH et IDHI sont le reflet) par les parents et leurs ascendants qu’avec le fait d’avoir migré en soi. Les indices IDH

et IDHI seraient donc des facteurs essentiels, à prendre en compte lorsque l’on souhaite étudier les relations entre migration et autisme.

Dans notre étude, nous n’avons pas retrouvé de relation significative entre le milieu de vie des parents ni de l’enfant et le diagnostic d’autisme. En revanche, le fait que le père ou la mère ait grandi en milieu urbain était associé à des comportements répétitifs et des stéréotypies moins sévères chez les enfants autistes. Plus précisément, concernant le père, le fait qu’il ait grandi en milieu urbain était associé à des rituels et des intérêts restreints chez l’enfant moins sévères, ce qui pourrait témoigner d’une immuabilité moindre. Nos résultats suggèreraient que le milieu urbain serait protecteur par rapport aux comportements et/ou intérêts répétitifs. Ces résultats nécessitent cependant d’être nuancés, en raison des très faibles effectifs. De plus, ils ne dupliquent pas les observations des études de Gillberg (1987) et Lauritsen (2005), dans lesquelles le risque d’autisme est corrélé au degré d’urbanisation du milieu de vie de l’enfant, avec un risque majoré d’autisme lorsque l’enfant vit en milieu urbain. A noter, il s’agissait d’études épidémiologiques basées sur un registre de population. A notre connaissance, il n’y a pas eu d’études sur la relation entre le milieu de vie (rural versus urbain) et la sévérité des troubles de la communication chez les autistes. Il est à ce titre intéressant de constater dans notre étude une association entre la sévérité des troubles autistiques de la communication évalués par l’ADOS et le fait que la mère ait grandi en milieu rural. Ces résultats suggèrent l’existence d’une relation entre la sévérité des troubles de la communication chez l’enfant autiste et l’environnement maternel. Ceci est à rapprocher de l’étude de Grandgeorge (2009) qui met en évidence des troubles moins sévères de la communication, notamment verbale, chez les enfants autistes élevés par une mère avec un haut niveau d’éducation.

Enfin, notre étude présente certaines limites. Elle a en effet été menée à partir d’effectifs de petite taille. Seules deux familles ont migré durant la période périnatale, du fait de la faible taille des effectifs. Or, il a été observé que la grossesse constitue la période où la vulnérabilité au stress de l’épreuve migratoire est la plus accrue (Magnusson et al., 2012). Notre étude risque ainsi de sous-estimer, du fait du très faible nombre de migrations maternelles durant la période périnatale qu’elle comprend, les effets de l’expérience du voyage et du vécu post-migratoire sur le

développement de troubles autistiques. De plus, la relation observée entre le statut migratoire et la sévérité des troubles autistiques n’est significative que sur une seule échelle (CARS) et n’a pas été retrouvée sur les autres échelles évaluant la sévérité des troubles autistiques (ADI-R ou ADOS), ce qui diminue la force des résultats obtenus. Enfin, de multiples analyses statistiques ont été effectuées, et de ce fait des corrections de Bonferroni ont été nécessaires, ce qui limite la significativité de nos résultats.

8. Conclusion

A notre connaissance, la présente étude est la première à évaluer la relation entre migration et autisme en population clinique en ayant recours à un groupe contrôle pathologique. Les études antérieures sont pour la plupart basées sur des