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Metz: nouvelles interconnexions entre réseaux et acteurs

C. Le paysage: une approche métaphorique comme échelle de l’énergie

II. Metz: nouvelles interconnexions entre réseaux et acteurs

« La deuxième condition de l’évolution des paysages qui puisse, à terme, se voir choisie par les

habitants, est celle d’un réel partage de la gouvernance. Sur le terrain, au sens propre du principe

de démocratie, cette question fondamentale « qui gouverne quoi ? » n’est que très peu débattue et

réellement résolue en matière de planification et d’aménagement du territoire »

L’agenda 21 affirme le rôle déterminant des autorités locales dans la mise en œuvre des principes du développement durable et in- cite ainsi les élus à concevoir des programmes d’actions à l’échelle de la collectivité. Ils se posent comme des sortes laboratoires du dé- veloppement durable. C’est dans une même idée que nous arrivons dans cette seconde partie : la question du paysage dans la manière de repenser les échelles fait forcément réfléchir à la justesse du pé- rimètre d’action dans la planification de l’énergie. Elle nous amène à réfléchir le local par rapport au global. Au fond, le territoire, qu’est-ce que cela englobe ? Proposons alors un découpage, celui de la région. Il est évident que les lignes abstraites et arbitraires de nos décou- pages administratifs portent leurs limites, néanmoins réfléchir à cette échelle permet plusieurs choses : de réfléchir dans un espace aux similitudes géographiques (relief, vents, ressources) ; dans une légis- lation en théorie assez coordonnée (paramètre faisant partie intégrante de notre capacité à planifier l’énergie) ; sans perdre de vue la plus petite échelle, architecturale (capacité à faire des allers-retours entre planification territoriale et urbaine). On peut constater que l’échelle locale a été la plus pertinente pour mettre en action un développe- ment plus durable, grâce à des modes d’action reposant à la fois sur l’évaluation des politiques, la consultation des citoyens, l’approche

intégrée des enjeux environnementaux, sociaux et économiques. Avec cette intuition que l’échelle régionale se montre très adaptée, posons-nous à présent sur un cas d’étude. L’idée est de comprendre, très concrètement, comment les pouvoirs publics d’une métropole planifient la transition énergétique en liant réflexion urbaine et territo- riale.

Nous allons alors nous attacher à regarder la transition énergétique à Metz, en Lorraine, dans son périmètre d’action inter- départemental. Le terrain d’étude choisi est intéressant pour sa vo- lonté publique de penser la transition énergétique autrement : en se liant de manière importante à sa régie (c’est-à-dire son énergéticien à l’échelle régionale, appelé UEM), il a ainsi été possible d’enclencher des démarches ne se rentabilisant que sur un temps bien plus long. De plus, chaque nouveau projet de la collectivité s’inscrit dans une ambition territoriale énergétique globale. Cela passe par un certain nombre de mesures, tant sur les réseaux de flux d’énergie que sur les transports ou sur le développement des points de productions hors de la ville. Toutes ces mesures en font un terrain assez exemplaire en France. Il faut notamment remarquer que Metz est une ville marquée par sa longue occupation allemande. Nous noterons dans un premier temps les différences fondamentales entre politiques énergétiques

allemande et française, et les développements parfois opposés qui en découlent. Puis nous regarderons de plus près ce qui fait les par- ticularités messines dans les politiques énergétiques, pour enfin ré- fléchir plus largement sur le développement futur, mais proche, des nouveaux systèmes de réseaux et les changements qui pourraient en découler.

La France, depuis le milieu du XXème siècle, se positionne en matière d’énergie dans un système centralisé, contrôlé par l’Etat. Metz, après près d’un siècle d’occupation allemande, reste encore marqué par une politique en de nombreux points très différente, où les régions occupent une place prédominante. Et c’est bien d’ailleurs cette Histoire qui fait en partie son originalité. La collectivité a conti- nué sa collaboration avec sa régie UEM, qui même au-delà de l’ouver- ture à la concurrence de 2008 a su se maintenir et même se renouve- ler. De ses différences d’origine vient entrer en compte l’appartenance aujourd’hui commune aux deux pays à l’Union Européenne, dont les directives prennent une place de plus en plus importante au sein de ses Etats membres. Il semble donc nécessaire de commencer par une lecture des raisons et principes des systèmes énergétiques français et allemand pour amorcer ce cas d’étude, d’autant que les raisons qui ont initié ces développements respectifs ne sont plus forcément d’actualité et, dans le cas français, cette centralisation pourrait même être un frein non négligeable dans la transition énergétique.

a. Le jacobinisme français

Déjà, posons d’emblée que nous parlons de système éner- gétique, et non d’énergie et ou politique énergétique. Nous entrons dans un principe qui englobe à la fois la production et les besoins (ou l’usage) ; donc un système où le premier facteur réagit sur le second et inversement1. L’initiation d’un modèle de production éner-

gétique ne devient rentable que si sa consommation entre dans les mœurs et notre quotidien, pour faire simple, cela passe par son ac- ceptation généralisée. Le système centralisateur français se fait no- tamment beaucoup de pair avec la pensée sur le nucléaire, et donc sur une pensée essentiellement productiviste. C’est éventuellement ce qui nous fait passer à côté des notions de sobriété énergétique et de maîtrise des usages.

L’énergie, un outil politique

EDF a été créé en 1946 par Marcel Paul, membre du parti communiste français, par le moyen de la nationalisation des biens de 1450 entreprises de production, de transport et de distribution d’énergie électrique. Cette nouvelle société nationale hérite donc de

1.Dessus Benjamin, en- tretien par LINDGAARD Jade, L’énergie souffre d’une « centralisation considérable », MEDIA- PART, novembre 2014 2. SEM: Société d’écono- mie mixte

3. LIVE Working, a cut- ting-edge technique, 50 years of French History, http://www.rte-france. com/webapp/serect-en/ part1.html#, RTE et SE- RET

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