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Étude prospective Delphi-Régnier : identification des risques,

4.2 METHODES PROSPECTIVES

Nous avons montré dans l’état de l’art que le nombre de cas d’application de l’in-dustrie 4.0 pour le pilotage inl’in-dustriel des PME était faible, nous n’avons trouvé que 23 articles répondant à nos critères.

Afin d’identifier les CSF, une enquête de terrain serait complexe à mettre en œuvre, car il faudrait trouver de nombreux cas d’application. Actuellement, le nombre de PME ayant mis en œuvre l’industrie 4.0 reste faible et complexe à iden-tifier.

Il ne semble pas y avoir de justification scientifique évidente pour identifier les risques, opportunités et facteurs critiques de succès concernant l’exploitation de l’industrie 4.0 pour le pilotage industriel des PME. Dans le cadre de recherche scientifique, il est parfois possible d’effectuer une démonstration permettant de valider un résultat sans procéder à une expérience, mais ce n’est pas le cas pour l’exploitation du concept industrie 4.0 dans les PME. Ainsi, Helmer et Dalkey (1963) estiment qu’en l’absence de justification scientifique valable, le jugement d’experts peut s’avérer pertinent.

Afin de répondre à notre objectif, notre recherche s’appuie sur une méthode fai-sant appel à l’avis d’experts, la méthode Delphi via les abaques de Régnier. Nous décrions dans la section suivante la méthode de Delphi, puis les abaques de Ré-gnier.

4.2.1 METHODES DELPHI

La méthode Delphi fait référence à l’oracle de Delphes, la Pythie étant remplacée par les experts. Cette méthode est née dans les années 1950 à la « Rand Corpora-tion », développée par O. Helmer et N. Dalkey (Gordon and Helmer, 1964). L’ob-jectif de cette étude était de prévoir méthodiquement « l’orientation des

tendances technologiques et scientifiques à long terme, et leurs effets probables sur les sociétés ».

La méthode Delphi se fonde sur deux principes fondamentaux :

• l’anonymat des résultats ; et

• l’indépendance des jugements.

La méthode Delphi visait à supprimer l’effet néfaste de l’influence entre experts qui se créaient lors de réunions en face à face. La méthode Delphi a pour finalité de mettre en évidence des convergences d’opinions d’experts et de dégager un accord sur des sujets précis (Maleki, 2009).

La méthode Delphi consiste à interroger un panel d’expert d’horizons divers. Cette consultation se distingue de la simple interview, en ce sens qu’elle implique le res-pect d’une série de démarches, dont les principales sont les suivantes :

• l’élaboration d’un questionnaire soumis aux experts ;

• le dépouillement et le traitement des réponses ;

• à partir de ces réponses, l’élaboration d’un nouveau questionnaire soumit aux mêmes experts à qui on révèle les réponses au premier questionnaire, et à qui il est demandé d’introduire des nuances ou de donner les raisons de leur choix ; et

• le respect des principes précédents jusqu’à l’obtention de tendances com-munes et précises (consensus et dissensus).

Dans le cadre d’une méthode Delphi classique, le traitement statistique des ré-ponses impose que les questions abordées puissent être positionnées selon leurs notations comprises ou non dans un intervalle moyen établi sur la base de toutes les réponses (par exemple en évaluant la médiane et un intervalle interquartile).

Une enquête Delphi est donc conditionnée par l’utilisation, pour chaque donnée, d’une échelle quantitative (nombre, quantité, date, distance par exemple). Dans notre cadre d’étude, l’information recherchée est essentiellement qualitative.

C’est pourquoi nous avons décidé d’utiliser une méthode de traitement de l’infor-mation associant la méthode Delphi avec un processus de gestion des données qualitatives, à savoir l’Abaque coloré développé par le docteur François Régnier (Maleki, 2009). Nous décrivons cette méthode de traitement au sein de la section suivante.

4.2.2 ABAQUES DE RÉGNIER

L’abaque est une technique originale qui exploite une échelle de couleur pour re-cueillir les opinions des experts concernant des affirmations choisies dans des termes précis, concis, concrets et pertinents.

Pour exprimer leur opinion face à une affirmation, les experts ont le choix parmi 7 couleurs comme l’illustre le Figure 19 :

• vert : l’expert est tout à fait d’accord avec l’affirmation ;

• vert pâle : l’expert est en accord avec l’affirmation ;

• orange : l’avis de l’expert est mitigé ;

• rouge pâle : l’expert est en désaccord avec l’affirmation ;

• rouge : l’expert n’est pas du tout d’accord avec l’affirmation ;

• blanc : ne peut pas répondre ; et

• noir : ne veux pas répondre.

Figure 19 : présentation des réponses possibles pour une affirmation donnée5

5 Source :

http://www.ressources-prospective.com/gerpa2/recherche-prospective/exploration-Ce système repose sur l’analogie avec les feux de signalisation codifiée pour la circulation routière. Les feux tricolores indiquent une transparence dans les ré-ponses, alors que le blanc et le noir indique une opacité.

L’information collectée apparaît sous la forme d’un diagramme coloré qui apporte une dimension complémentaire au langage écrit ou parlé. Cette lecture permet d’obtenir une information claire et intuitive rapidement. L’information ainsi stockée constitue un ensemble de microdécisions individuelles. Ainsi, l’avantage de cette technique est la rapidité de résumer les opinions et la visualisation colo-rée des résultats qui facilite la prise de décision.

Cette technique est exploitée principalement lors de réunion entre experts, favo-risant l’initiation d’un débat orale. Par exemple, en interrogeant sur les causes d’un choix tel que « vert claire », « et pourquoi pas vert foncé ? ». Cependant, nous adaptons dans notre recherche cette technique à l’étude Delphi dont l’ano-nymat est l’un des principes fondamentaux. Ainsi, nous n’utiliserons l’échelle de couleurs uniquement pour ses atouts visuels, mais pas dans le but d’initier une discussion avec (et entre) les experts.

Dans le cadre de notre recherche, nous avons exploité l’outil open source Color Insight (http://www.colorinsight.fr/) permettant de créer les questionnaires, de collecter les réponses et d’organiser les représentations colorées pour faire res-sortir immédiatement les consensus et dissensus et les affirmations présentant des avis mitigés.