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Mesures de pauvreté et d’inégalité en Tunisie : Les résultats de l’enquête nationale sur le budget et la consommation des ménages

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Les formules mathématiques respectives associées pour le calcul des inégalités inter-groupes et des inégalités intra-groupes se présentent comme suit :

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Section 3. Mesures de pauvreté et d’inégalité en Tunisie : Les résultats de

l’enquête nationale sur le budget et la consommation des ménages

Depuis les années 1990, de nombreuses études ont été réalisées pour étudier l’évolution du niveau de vie des ménages en Tunisie (Ayadi et al., 1995 et 2001 ; Banque Mondiale, 1990 et 2003; Bibi, 2003 et 2005). Ces études reposent principalement sur les résultats issus des travaux de l’Institut National de Statistique (INS) qui réalise, tous les cinq ans, une enquête nationale sur le budget et la consommation des ménages.

14 La valeur de Shapley est un concept de solution couramment employé dans la théorie des jeux coopératifs. On considère un ensemble N constitué de n joueurs qui doivent se partager un surplus ou un coût. La question à

L’INS et la Banque Mondiale sont les deux principales sources de travaux empiriques traitant de la pauvreté en Tunisie. Bien qu’utilisant la même définition des besoins nutritionnels et caloriques de base en termes physiques, ces deux organismes développent chacun une approche spécifique qui se distingue l’une de l’autre par la méthode d’estimation des seuils de pauvreté alimentaire et des dépenses non alimentaires pour les zones rurales et urbaines15.

Ces deux méthodes d’estimation des seuils de pauvreté aboutissent à des résultats profondément différents. Alors que le seuil de pauvreté est deux fois plus élevé pour les zones urbaines que pour les zones rurales selon l’INS, il n’est que de 18% plus élevé selon la Banque Mondiale.

En effet, depuis les années 1980, la méthodologie d’estimation du seuil de pauvreté de l’INS n’a pas changé. Toutefois, entre 2010 et 2011, l’INS a entrepris d’ajuster sa méthodologie d’estimation du seuil de pauvreté afin de prendre en compte l’évolution de la population et les progrès scientifiques réalisés16. Un seuil de pauvreté spécifique a été estimé pour chacune des trois strates définies dans l’enquête auprès des ménages : les grandes villes, les petites et moyennes communes et les zones non communales. Ce seuil tient compte des modes de consommation des tunisiens et du coût de la vie dans les différents lieux de résidence.

Cette nouvelle approche d’estimation du seuil de pauvreté permet de déterminer deux seuils de pauvreté : un seuil haut ou seuil de vulnérabilité et un seuil bas ou seuil de pauvreté extrême. Afin d’obtenir des seuils de pauvreté que l’on puisse comparer à ceux des années antérieures (2005 et 2000), les seuils de 2010 ont été déflatés en utilisant les indices des prix à la consommation. Le Tableau suivant présente la valeur des seuils bas et des seuils hauts de pauvreté.

Tableau 1.1. Seuils de vulnérabilité et seuils de pauvreté extrême (en dinars par habitant et par ans)

Strate Seuil de vulnérabilité Seuil de pauvreté extrême

2000 2005 2010 2000 2005 2010 Grandes villes 902 1038 1277 534 615 757 Moyenne communes 818 941 1158 518 596 733 Zones non communales 581 669 820 405 466 571

Source : Institut National de Statistique

15 Voir Ayadi et al. (2004) et PNUD (2004) pour avoir plus de détails sur la méthode d’estimation du seuil de pauvreté selon la méthode de l’INS et celle de la Banque Mondiale.

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En effet, que ce soit avec l’approche de détermination du seuil de pauvreté de l’INS ou celle de la Banque Mondiale, les conclusions générales, qui se dégagent des études de la pauvreté, montrent que la Tunisie a connu une réduction substantielle du niveau de la pauvreté sur la période 1975-2010. Elles s’entendent sur le fait que les régions Ouest du pays regroupent la majorité des personnes pauvres. Toutefois, il importe de signaler que, si l’on excepte l’année 2005, ces deux organismes ont abouti à un résultat différent concernant la répartition de la pauvreté entre les zones rurale et urbaine. Pour l’INS, la pauvreté est un phénomène urbain, tandis qu’il s’agit d’un phénomène rural pour la Banque Mondiale.

Si l’analyse de la pauvreté a fait l’objet d’une attention particulière, il existe peu d’études sur les inégalités en Tunisie. Les travaux existant se limitent à calculer un indice d’inégalité à l’échelle du pays17.

Les conclusions tirées des études traitant de la pauvreté et de l’inégalité en Tunisie ne peuvent-être confirmées que si elles sont robustes aux choix du seuil de pauvreté et des mesures de la pauvreté et de l’inégalité. En d’autres termes, un choix différent du seuil de pauvreté et de la mesure de la pauvreté et de l’inégalité pourrait inverser les résultats. Une telle sensibilité nous oblige à nous assurer que nos classements de la pauvreté et de l’inégalité sont robustes aux choix du seuil de pauvreté et des mesures de la pauvreté et de l’inégalité.

Pour vérifier la robustesse des comparaisons de la pauvreté et de l’inégalité, il est possible d’employer les tests de dominance stochastique. Ainsi, l’objectif de cette section est de réaliser une analyse de la pauvreté et de l’inégalité en Tunisie qui se fonde sur la théorie de la dominance stochastique.

Après avoir présenté les données utilisées, nous dresserons un profil de pauvreté et d’inégalité selon les caractéristiques des ménages.

3.1. Les données utilisées

Afin d’élaborer le profil de pauvreté et d’inégalité en Tunisie, nous utilisons les données provenant des enquêtes nationales sur le budget et la consommation des ménages. Ces enquêtes quinquennales sont réalisées par l’Institut National de Statistique (INS) à partir de la même population présente dans les recensements. Neuf enquêtes ont été ainsi réalisées depuis l’indépendance : 1975, 1976, 1980, 1985, 1990, 1995, 2000 et 2005 et 2010. En dépit de la fréquence régulière de ces enquêtes, leur accès aux chercheurs académiques a été très limité.

Toutefois, après la révolution tunisienne, nous avons pu accéder aux données des enquêtes les plus récentes à savoir l’enquête de 2005 et celle de 2010.

La présente étude se base sur des données correspondant aux enquêtes de 2005 et 2010 qui ont porté sur un échantillon théorique de 13392 ménages tiré selon un sondage aléatoire stratifié à deux degrés. Ainsi, la base de sondage qui est constituée par le fichier des données du Recensement Général de la Population et de l’Habitat de 2004 est stratifiée selon deux critères géographiques : le gouvernorat et le milieu d’habitat. Ce dernier est stratifié comme suit : les grandes communes, les moyennes communes et le milieu non communal. Il a été décidé, à l’échelle de chaque strate, d’opérer par un sondage aléatoire à deux degrés pour le tirage de l’échantillon des ménages de l’enquête. Au premier degré, un échantillon d’unités primaires (grappes) est tiré proportionnellement à leur taille en nombre de ménage tels qu’ils ont été recensés. Au second degré, dans chaque unité primaire (ou grappe), douze ménages sont tirés selon un tirage aléatoire simple.

Toutefois, il convient de remarquer que sur les 13392 ménages échantillons tirés, un effectif de 11281 ménages a été effectivement enquêté, soit 84.2% de l’échantillon initial du tirage.

En plus des détails très fins sur les dépenses des ménages, ces enquêtes renseignent sur leurs caractéristiques sociodémographiques telles que la taille du ménage, le niveau d’instruction du chef de ménage, sa catégorie socioprofessionnelle, le milieu et la région de résidence du ménage.